best tinder date ever | LEOLA

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@leola lowery
Il connaît les risques de l’amour. Ça déchire les cœurs, ça arrache les vêtements, ça défonce les gueules. Mais c’est qu’il a l’amour du risque, Tony. Il peut pas s’empêcher, les jolies femmes séduites au coin du bar, en bas de la rue, l’illusion de la séduction qui l’enivre et le fait basculer à l’époque du road trip où il se laissait guider simplement par ses envies. C’était que maintenant, il se laissait glisser sur les réseaux, sur les trucs de rencontre bateaux parce qu’apparemment, c’était comme ça qu’on séduisait désormais selon les jeunes. Les femmes commençaient à avoir peur des hommes qui séduisent dans les bars, elles les trouvaient beaufs et parfois psychopathes. Elles veulent des rencontres du destin et Tinder avait peut-être permis cela. Si ça matchait, c’était le destin alors. Et si ça ne fonctionnait pas en vrai, alors le destin avait changé d’avis et elles changeaient d’avis aussi. Qu’est-ce que c’est compliqué les femmes ! Quoique, les hommes aussi.
Il sortait la belle tenue et le bon parfum pour quelque chose qui n’allait durer peut-être qu’une soirée, mais qu’importe, il avait besoin de se changer les idées. Avec des envies de sortir les violons et les trompettes, il avait tapé dans le restaurant qu’il aimait le plus en ville - non, pas le club de jazz de Karim & Isaac - mais le Marigny Brasserie, à côté du club. Il y connaissait les gens là-bas et avoir une table un peu en avance pour le négociateur qu’il était, il savait qu’il allait faire effet. La belle Leola était une demoiselle très jolie sur les photos et cultiver dans les messages ; peut-être qu’au fond, c’était elle, the one. Mon cul, oui ! Tu sais très bien comment ça va se finir ce soir : soit dans ton lit, soit avec une claque ornée d’un verre d’eau dans la gueule parce que t’as été trop lourd. C’était pas faux. La tournure des évènements dépendait plutôt d’elle, pas tellement de lui. Mais d’une certaine façon, il voulait tenter les nouvelles rencontres et le grand jeu.

À l’entrée du restaurant, le costard sur les épaules, la chemise fantaisie, l’impatience au bout des doigts, il l’attend comme l’attend un homme près de l’autel dans l’église, s’apprêtant à voir entrer sa future femme à travers les portes grandes ouvertes, sous la musique délicieuse du mariage. Sauf qu’elle allait sûrement sortir d’un taxi dans une robe pas aussi merveilleuse que celle en ivoire, et qu’elle sera probablement en retard, les cheveux ébouriffés, lui crevant de froid dehors. Peut-être qu’il aurait dû au moins rentrer ? Valait-elle vraiment la peine de perdre ses doigts ?

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@Anthony Walker
( outfit ) Elle ne sait pas si elle peut dire, qu’elle a encore de l’espoir, Leola. Elle croit qu’à ce stade, il faudrait un miracle, pour lui faire quitter son célibat. Elle ne sait plus vraiment si c’est ce qu’elle cherche. Elle espérait trouver l’amour, le grand, le vrai, le véritable – mais dans le fond, elle croyait déjà l’avoir trouvé. Seul hic : il ne voulait pas d’enfants, et pour Leola, c’était inconcevable. Elle avait eu tort de ne pas le lui dire, de ne pas le prévenir, sans doute. Mais elle croyait, naïvement, que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, que c’était presque écrit sur son front. Elle voulait être pédiatre, après tout, quand elle avait connu Clay. Mieux : elle voulait déjà poursuivre une spécialisation en néonatologie, c’était son rêve, son objectif depuis qu’elle s’était lancée dans ces études interminables. Elle voulait soigner les enfants, mais surtout les bébés, les nouveaux-nés. Comment avait-il pu imaginer, qu’elle ne voudrait pas être mère ? Elle ressasse encore, Leola. Ça fait plus d’un an que c’est fini, et elle ressasse encore, c’est vrai, parfois – parce qu’elle se sent toujours impuissante, quand elle y repense. Parce que ça la dépasse toujours. Parce qu’elle regrette un peu, sans doute. Et pourtant, ces derniers temps, elle a quelqu’un d’autre dans la tête, quelqu’un d’autre probablement dans la peau. Mais ce n’est pas comme si c’était une option, ce n’est pas comme si elle l’envisageait sérieusement, de toute façon. Elle se l’admet seulement tout juste, Leo – alors, non, elle ne veut pas se laisser aller à ces sentiments naissants. Elle ne veut pas se laisser songer à Elwyn de cette façon. Parce que de toute manière, ça ne pourra que se finir mal. Peut-être a-t-elle un faible pour les causes perdues, finalement.

Elle veut se vider la tête – elle n’est pas là pour trouver l’homme de sa vie, même si elle s’en persuade. Ces derniers temps, elle est de toute manière trop déçue par ses matchs Tinder, pour croire que ça aboutira un jour vraiment à quelque chose. Elle y croyait vraiment, au début, la blonde. Un peu naïve, peut-être. Elle avait suivi ses amies qui l’avaient poussée à s’inscrire. Mais elle a vite compris que tout le monde ne cherchait pas forcément du sérieux, sur ce genre d’appli. Et ça l’a gênée, au début. Mais maintenant, peut-être, de moins en moins. Elle s’y fait sans doute, elle s’adapte – décide de profiter davantage de l’existence, de sa liberté. Parce qu’elle est libre maintenant, hein ? Elle est venue à bout il y a quelques mois de son fellowship, et elle n’est coincée dans aucune histoire sérieuse. Peut-être qu’elle peut s’amuser, alors – et tant pis, si ce n’est pas vraiment son genre. Malgré tout, il y a toujours en elle, l’espoir que ça marchera – elle mentirait, si elle prétendait que ce n’est pas le cas. Alors, aussi détendue se veut-elle ce soir, elle se demande quand même si tout pourrait changer aujourd’hui, stupide romantisme, ou stupide désespoir, tout est relatif. Tout ce qu’elle sait, c’est que la nervosité s’empare d’elle, à mesure qu’elle approche du lieu de rendez-vous, convenu avec Anthony. Ce sera bientôt le moment de voir, s’il est comme elle se l’image, suite à leurs échanges – ou si, une fois de plus, elle a idéalisé les choses. Elle trouve une place où se garer, non loin de la brasserie, et se hâte ensuite jusqu’à celle-ci. Elle rejoint l’entrée du restaurant, et c’est là qu’elle le voit, le retrouve, Anthony. « Oh, hey. » fait-elle, en souriant. Elle l’a reconnu, bien entendu, grâce aux photos – mais elle ne sait pas, elle imaginait peut-être qu’il serait déjà à l’intérieur, ou pas encore arrivé, histoire qu’elle ait le temps de se préparer psychologiquement, parce que là, elle se sent un peu trop nerveuse pour l’instant. « Leola. » Comme si ce n’était pas évident. Mais il faut bien faire les choses convenablement, non ? Elle a peut-être ses principes, Leola. Certains, du moins. « Tu dois crever de froid ici. » Au vu de la saison et des températures, c’est le constat qu’elle en fait. Et elle s’en veut, à présent, espérant qu’il ne l’a pas attendue trop longtemps. « On y va ? » s’enquiert-elle alors. Peut-être sera-t-elle moins nerveuse, si elle peut grignoter – ou boire, d’ailleurs – quelque chose. Elle l’espère, en tout cas, Leola.

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@leola lowery
Tony, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, n’a jamais cru en l’amour ; il a bien vu ce que ça faisait sur son père et n’avait jamais eu envie de se poser à 25 ans pour se marier avant la trentaine, avoir des gosses, un toit, le chien, la bagnole et tout ce qui va avec. Tony, il a jamais fait les choses dans l’ordre. Une crise d’adolescence à son père quand il était à l’aube de la trentaine, un road-trip à la même période quand les autres se mettent à acheter leur propre maison, à se trouver un travail et à avancer dans la vie, quand il ne faisait que voyager pendant près d’une dizaine d’années. Il n’avait jamais voulu s’attacher à ne serait-ce qu’un morceau de chair humaine, de peur de finir comme son père alcoolique et complètement perdu. Il n’avait connu que ça dans sa vie : la cruauté de l’amour quand il disparaît. Autant de ne pas s’attacher directement plutôt que de souffrir de la manière dont son père a pu souffrir de l’amour.
Alors Tony, il ne profite du plaisir de la chair que pendant une nuit, jamais vraiment plus. Il y a néanmoins toujours quelques exceptions à la règle, des personnes qui le marquent suffisamment pour que ça se réitère mais jamais pour parler de couple. Il ne sait pas ce que c’est et ne saura probablement jamais ce que signifie d’être la propriété de quelqu’un.

Le froid lui mord les tripes et lui fait se frictionner les mains entre elles pour se persuader qu’il n’a pas froid. Mais il ne sent déjà plus ses orteils, le bout de son nez et ses oreilles. Enfin, la jeune femme blonde apparaît, plus belle encore que sur les photos. Une grâce particulière qui lui offre sur les lèvres un sourire particulièrement charmeur. « Je sais. » Évidemment qu’il savait au moins comment elle s’appelait. Il ressentait son malaise et tâcha de lui enlever aussitôt ce sentiment. « Ne t’en fais pas, il fait pas si froid que ça. » en lui souriant, même si en son fort intérieur, il rêvait d’aller se mettre au chaud. « Tu es ravissante. » Ce n’était pas juste un compliment balancé : il le pensait. « Après toi, princesse. » En s’engageant derrière elle, frôlant son dos de sa main droite. Les deux jeunes gens pénétrèrent enfin dans l’enceinte de l’établissement, au plus grand bonheur d’Anthony qui n’en pouvait plus d’être dehors. C’est ça de vouloir trop jouer les gentlemen. Se glissant à l’intérieur du restaurant, il indiqua sa réservation et le duo fut amené près de la fenêtre au fond du restaurant. Le serviteur s’empressa de tirer une chaise pour la jeune femme mais Tony l’arrêta dans son élan. « Laissez. » Il attrapa à son tour la chaise pour la tirer. « Je t’en prie. » l’invita-t-il à s’asseoir. Ses doigts froids effleurèrent la peau de la jeune femme mais il n'y prêta aucune attention. Il pris lui-même place sur sa chaise. « J’espère que le lieu te convient. Je me disais qu’on verrait peut-être la neige tomber si cela arrivait. » Quelques secondes plus tard, le serveur revenait avec les cartes. Après un remerciement, il demanda : « Alors, dis-moi, pourquoi est-ce que tu es sur Tinder ? Tu cherches pas le grand amour quand même ? Ne t’attends à rien de la part des hommes sur ce genre de réseaux. Méfie-toi des intentions de chacun d’entre eux. » lui conseilla-t-elle. Il n’y a que des hommes comme moi sur ces conneries. Mais elle avait l’air d’une douceur que l’on voulait prendre dans ses bras pour la protéger. Il ne pouvait s’empêcher de jouer les sauveurs. « Même moi. Je t'en voudrais pas si tu le fais, t'inquiète. »

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@Anthony Walker
Elle doit admettre qu’il y a quelque chose d’excitant, à ces dates qu’elle enchaîne, plus ou moins, par moments. Au moins, ça la fait sortir, Leola, au moins, elle voit un peu d’autres personnes, d’autres hommes, en-dehors de l’hôpital. Elle a le sentiment d’avoir une vie, pour une fois, et ça ne lui fait peut-être pas de mal. Elle pense encore à son ex, pourtant – ou plutôt à l’histoire qu’ils avaient, à la nostalgie qui en découle. Elle se dit qu’il lui manque, parfois, mais c’est peut-être plus ce qu’ils avaient, qui lui manque désormais. Le fait de compter pour quelqu’un. D’avoir quelqu’un à retrouver, à la fin de la journée. Quelqu’un avec qui faire des projets. Fonder une famille. Peut-être qu’à trop chercher, elle se ferme elle-même les portes, Leola – à trop attendre, elle ne trouve pas, l’âme-sœur. Elle sait aussi, que ce n’est pas aussi simple que ça, de trouver quelqu’un, de faire des rencontres qui donnent lieu à des histoires qui fonctionnent. Avec Tinder, elle a bien compris que ce n’était finalement pas si compliqué de rencontrer des gens – ce qui l’est, c’est davantage de trouver quelqu’un avec qui ça collera vraiment, quelqu’un qui n’est pas là que pour une partie de jambes en l’air, avant de ne plus donner signe de vie. Elle utilise pourtant toujours l’appli, Leola, elle ne l’a pas désinstallée, elle ne s’est pas désinscrite, elle n’a pas encore baissé les bras, peut-être pas assez déçue pour ça. Mais surtout, avec le temps, elle s’est autorisée un peu plus de légèreté, donné le droit de s’amuser – même si, au fond, il y a toujours l’espoir.

C’est une romantique, de toute façon, Leo, et elle le restera probablement toujours. Il y aura toujours l’espoir, que l’homme qu’elle rencontre, puisse être le bon. Mais ça se passe toujours un peu de la même façon, finalement. Elle n’est pas de ceux qui diraient que le romantisme n’est plus ce qu’il était, parce qu’elle pense qu’il n’a jamais véritablement changé. C’est juste qu’elle, elle n’était auparavant pas habituée aux sites de rencontre et aux dating apps dans le genre, avant que ses copines ne la poussent à s’y mettre. Elle se demande même comment elles ont pu y arriver, comment elles ont pu la convaincre, alors que ce n’est vraiment pas son genre – à elle, la romantique qui ne vit que pour son boulot, qui cherche désespérément l’homme de sa vie, qui voudra des enfants surtout, la fille peut-être un peu coincée, un peu timide et surdouée, qui n’a pas franchement l’habitude d’attirer l’attention. Alors ouais, passer à Tinder, ç’a été un grand changement, pour elle. Mais elle continue, Leola. Elle s’adapte, et pas trop mal – au moins, elle voit du monde, elle fait des rencontres, et elle aime ça. Et si ça doit se finir sur l’oreiller, se limiter à la nuit, tant pis. Elle est parfois déçue que ça s’arrête là, parfois pas, mais peu importe. Parce qu’au moins, ça lui change les idées. Parce qu’au moins, c’est plus simple qu’une histoire longue et sérieuse, à gérer en plus de son travail – les coups d’un soir trouvent bien mieux leur place, dans son emploi du temps. Mais la romantique n’est jamais loin, elle ne fait que la faire taire, en général. A partir du moment où elle comprend comment les choses peuvent ou non se terminer. Alors quand elle arrive, rejoint Anthony, elle se demande instantanément, dans quelle catégorie elle pourra le ranger. Déjà, il l’attend dehors – c’est positif, se dit-elle. Moins pour lui, sans doute, quand bien même il répond qu’il ne fait pas si froid, avant de la complimenter. « Oh. Merci. Toi aussi. » Elle sourit, sincère – rougit un peu aussi, peut-être. Et elle s’exécute, alors qu’il l’invite à entrer dans le fameux restaurant – restaurant réputé, elle en a déjà entendu parler mais n’a jamais pu y dîner. Jusqu’à aujourd’hui, du moins, et ça, elle le doit à Anthony. Celui-ci ne tarde pas à faire part de sa réservation au maître d’hôtel, et on les guide jusqu’à leur table. Anthony intervient lorsque le serveur souhaite tirer sa chaise, pour le faire à sa place – et c’est une Leola un peu surprise mais toujours souriante qui s’assied alors. « Merci. » Elle n’est pas très loquace pour l’instant, mais ils n’ont pas non plus encore tellement eu l’occasion d’échanger, tous les deux. C’est tout de suite plus simple, une fois installés, le serveur reparti. « Oh oui, c’est parfait. J’en ai beaucoup entendu parler, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’y venir avant. Merci pour la réservation, d’ailleurs. » Le restaurant est en tout cas magnifique, et elle est impatiente de goûter les plats qui font la réputation de l’endroit. Elle va pouvoir avoir tout le loisir de choisir, Leola, parce que le serveur revient avec les cartes – et elle ne perd pas de temps pour y jeter un coup d’œil. Elle relève toutefois le regard, prise de court par les mots d’Anthony, par sa franchise. « Au moins, les choses sont claires. » plaisante-t-elle, en lâchant un rire. Elle ne s’y attendait pas, et ça l’amuse, en vérité – après des mois à utiliser Tinder, elle ne prend plus autant à cœur les rendez-vous qu’elle peut avoir, ne se blesse plus en comprenant que les hommes face à elle ne sont pas à la recherche d’une grande histoire. « Pour être tout à fait honnête, c’est ce que je cherchais à l’origine. » Autant faire preuve de la même franchise. Ne pas jouer un rôle, prétendre être ce qu’elle n’est pas. Elle a aussi employé le passé, Leola. Parce que les choses ont un peu changé, de son côté. Peut-être aussi parce qu’elle développe des sentiments, de plus en plus, pour quelqu’un d’autre. « Mais j’ai bien compris comment Tinder fonctionne, ne t’en fais pas. Alors je ne suis plus vraiment dans cette optique-là. » Encore un peu. Mais elle profite davantage. Elle s’envoie en l’air, et ça ne lui fait peut-être pas de mal. « C’est gentil de prévenir, mais j’en suis tout à fait consciente, ne t’inquiète pas. » Et par extension, elle a bien compris qu’Anthony, elle pouvait le changer de catégorie, aussi. « Tu sais ce que tu vas prendre ? Tu as quelque chose à conseiller ? » s’enquiert-elle, montrant la carte qu’elle tient entre les mains. Autant profiter de la soirée, quelle qu’en soit l’issue.

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@leola lowery
C’est plus fort que lui, Tony, il peut pas s’empêcher de faire glisser la franchise gentiment au milieu des maux. Il veut à la fois jouer le mystérieux sans laisser planer les faux espoirs - un plan qui, visiblement, porte ses fruits jusqu’ici. Il passe son temps à mater des culs, assis au coin du bar en train de boire son scotch, en pensant aux courbes généreuses qui tomberont dans son lit ce soir. Il joue les gentlemen pour faire tomber une fille auprès de lui une soirée de plus, le tombeur qui n’a pas encore trébuché sur les marches de l’amour, qui s’y refuse conformément à ses principes, de peur de finir comme son père. Il est loin d’être un romantique qui idéalise la question de l’amour, Tony, parce que depuis son plus jeune âge, il y croit pas. Il sait que ça défonce les cœurs, que ça tue à petit feu son père qui, depuis maintenant quarante ans, n’a jamais pu se remettre du décès de sa mère. Quarante putains d’années à rentrer du boulot pour daigner jeter un regard crevé et partiellement inquiet à son fils avant de se glisser sur le canapé, miroitant devant des émissions télévision sans intérêt, vidant une nouvelle bouteille de Jack, énième du mois, on les compte même plus à force et son boulot d’inspecteur lui suffit bien à payer le loyer de l’appartement - parce qu’il a dû se résoudre à vendre la maison qu’il avait acheté avec sa femme.

Tony, depuis ces moments d’enfance ratés avec son père, il s’est juré de ne jamais sombrer comme lui, de jamais tomber dans l’addiction d’un corps et d’une âme. Et pourtant, il avait glissé dans les méandres de son coeur, il s’était accroché à cette âme dérobée, il lui avait offert une partie de son cœur avant de s’arracher en road trip, parce qu’il savait qu’il pouvait pas lui donner ça. C’était pas un beau cadeau, c’était le pire à foutre sous le sapin. Valait mieux pas rester là. Alors Anthony, la seule fois où il aurait pu complètement succomber à l’Amour avec un grand A, il avait déguerpi la queue entre les jambes à des milliers de kilomètres. Mais ça le travaillait depuis son retour. Trouver la bonne personne, c’était pas chose aisée. Et impossible à définir au premier coup d'œil ou après seulement quelques mots échangés. Il pouvait pas dire, là, comme ça, assis devant elle, plongeant dans ses yeux bleutés, si elle ferait un soir ou plusieurs. Au moins un, c’était certain. Et sûrement que ça finirait comme ça, c’était bien mieux ainsi. « Y’a pas de quoi. » Il faisait les choses en grand, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu’il avait envie de se taper un bon resto, pour une fois. Arrêter de divaguer dans les bars, pour finir au Snug à mater à son insu les beaux yeux d’Isaac. « Tant que tu files pas à l’aveuglette là-dedans, moi ça me va. » Comme si ça allait changer quelque chose. Il jouait un rôle ce soir, il le sentait. Celui de l’humble gentleman ; parce que certains soirs, il avait envie de réellement plaire, de profiter de la soirée sur la durée, de prendre son temps juste pour ce date là, pour qu’il sorte de l’ordinaire - parce que le pire dans tout ça, c’est que la routine, ça le faisait terriblement chier. « Je prends toujours la sélection du chef, je le laisse me surprendre et à chaque fois, je n’ai que de très bonnes surprises. Si tu as les surprises, t’as qu’à me suivre. » Ça sonnait comme une mise au défi, quelque chose qui ne parlait pas tellement pour le choix de leur repas mais qui se glissait déjà subtilement dans l’après. « Après la légère discussion qu’on a eu sur le site, je dirai qu’on peut éviter les questions banales du genre : âge, métier, position préférée. Leola. » l’interpella-t-il pour capter toute son attention. « Qu'est-ce qui te transcende dans la vie ? Je veux dire, un sport, une envie, un truc plus … particulier ? » Il voulait pas tourner autour du pot ce soir sur les questions banales. Il voulait que ce date change des autres et ça passait par des questions surprenantes qui savaient bien mieux divertir que des interrogations on ne peut plus mondaines.

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@Anthony Walker
C’est l’envie d’oublier, qui l’amène là. C’est aussi, l’espoir de trouver l’âme-sœur, l’espoir d’être surprise, l’espoir de trouver l’homme de sa vie. C’est l’envie de s’échapper un peu de l’hôpital, là où elle passe un peu toute sa vie, là où elle ne risque pas de trouver le père de ses enfants – alors que ceux de ses patients, ne sont évidemment pas des options. C’est encore, le besoin d’aventure, le besoin de rompre avec le quotidien. Parce qu’elle a l’impression, par moments, que sa vie est terriblement répétitive, que les jours se ressemblent. Au travail, ce n’est pas le cas, pourtant : chaque jour est différent, rythmé par ses petits patients, par les difficultés et complications qu’ils connaissent, il faut s’occuper d’eux, il faut parfois leur sauver la vie. Mais quand elle rentre chez elle, c’est toujours pareil. Elle retrouve toujours son appartement vide et silencieux, sa solitude et son célibat, son petit train-train quotidien. Elle aimerait pourtant rompre avec tout ça, Leola, elle aimerait vivre à nouveau une belle histoire, passionnée mais parfois, terriblement banale – elle aimerait, comme n’importe qui, avoir quelqu’un à retrouver après une longue journée, quelqu’un qui pourrait l’écouter, la soutenir, la rassurer, lui changer les idées, quand la journée s’est par exemple mal passée. Quelqu’un à qui elle apporterait la même chose. Elle avait tout cela, avec Clay, elle l’avait, et elle a peut-être été bête d’y renoncer. Mais aurait-elle pu renoncer à son envie d’être mère, même par amour ? Elle ne le sait pas, Leola. Elle ne le pensait pas, en tout cas, et c’est pour cela qu’elle est partie. Aujourd’hui, elle a par moments l’impression, de rechercher plus un potentiel père qu’un compagnon. Tous n’ont pas envie d’être parents, et elle a le sentiment, vraiment, que c’est ça, la plus grande difficulté, finalement.

Elle est peut-être, aussi, exigeante. Mais elle a raison de l’être, non, Leola ? Elle ne sait pas, mais elle se pose souvent la question. Même quand elle essaie de baisser ses attentes, elle se rend bien compte qu’elles reviennent toujours à un moment ou l’autre – tout le monde, ne lui plaît pas forcément. Ou tout le monde, n’est pas envisagé comme un partenaire sur le long-terme. Elle a fini par se lancer dans les histoires d’un soir, peut-être par désespoir, peut-être pour en profiter un peu, surtout. Pour oublier sa solitude, son célibat, échapper à une vie trop normale. Connaître un peu, l’aventure, l’imprévu. Voilà, pourquoi elle est là – voilà, pourquoi elle continue d’utiliser Tinder. Qu’est-ce que ça va donner, avec Anthony ? Elle ne sait pas trop, Leo. Il a l’air poli, sympathique, très gentleman, mais, pour l’heure, elle ne sait pas trop qu’en penser, ne sait pas trop comment ça va se terminer – du moins, jusqu’au moment où il fait preuve d’une très grande honnêteté. Ça la surprend, mais ça l’amuse, un peu. De toute façon, à ce stade, elle n’a plus vraiment espoir que ses dates mènent à autre chose qu’une histoire d’un soir, ou de plusieurs. Peut-être que ça enlève un poids, de savoir dès maintenant, où ça va mener. Peut-être que c’est mieux comme ça, que ce serait mieux si ça se passait toujours ainsi. C’est tout de suite moins stressant, quelque part. Elle se concentre quand même sur la carte, parce qu’après tout, à défaut de trouver l’homme de sa vie, dans ce restaurant, elle peut au moins partager un bon repas en compagnie d’Anthony. « Très bien, j’te suis. La vie manque cruellement de surprises, je trouve. » La sienne, en tout cas. Peut-être qu’elle n’est pas assez aventureuse, Leola. Elle n’a pas vraiment le temps, non plus, ou elle ne le prend pas – tout est peut-être relatif. Peut-être devrait-elle prendre plus de risques, dans sa vie. Ça ne pourrait pas lui faire de mal. Elle lâche un rire, un rire franc, aux mots d’Anthony – définitivement surprise, par son absence de tact, qu’il semble assumer. Elle voit donc, quel genre d’homme il est – peut-être pas de ceux qui l’intéressent, ou peut-être que si. De toute façon, ça tombe bien, parce que l’issue de la soirée est plutôt claire, à ce stade. « Je suis tout à fait d’accord. » Ce n’est pas vraiment drôle, autrement. Et puis, à quoi bon, de toute façon ? A quoi ça sert, à ce niveau ? « Hm. Ça va pas te paraître spectaculaire. Mais ça reste mon boulot, ce sera toujours mon boulot. » C’est toute sa vie, même si ça peut paraître ennuyeux, aux yeux des autres. Mais c’est sa passion, sa vocation – c’est pour cela, qu’elle fait ça, Leola. Ce n’est pas pour rien, que ça lui a pris quatorze ans. Elle a tout donné, elle n’a rien lâché, et ce n’est pas demain, que ça va changer. Non, jamais. « Parce que y’a franchement rien de plus beau que d’aider quelqu’un, de le sauver. Probablement que je vis que pour ça. » C’est comme, sa raison d’être, même. Dans son cas, il est question surtout des nouveaux-nés, parce qu’ils ne viennent pas toujours au monde dans de bonnes conditions, dans une bonne santé, malheureusement. « J’pourrais aussi te citer la lecture, parce que j’ai toujours passé des heures dans les bouquins en tous genres, depuis que j’suis gosse. Mais c’est pas pareil. » Ouais, ça ne la transcende pas, et elle n’a même plus vraiment le temps de lire, aujourd’hui. Mais son boulot, c’est la plus belle chose au monde, pour elle – parce qu’elle sauve des vies. Parce qu’elle est faite pour ça. « Et toi ? » Elle est curieuse, au fond. Peut-être que c’était une bonne question, de la part d’Anthony, une question qu’on ne pose pas souvent, finalement, parce qu’on n’y pense pas. « Une préférence, niveau vin ? Ou en boisson, tout du moins, je n’sais pas si tu bois ou aimes le vin. » Elle ne le connaît pas beaucoup, Leo, après tout. C’est bien pour cela, qu’ils sont là, après tout.

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@leola lowery
Tony, il avait toujours vécu un peu dans le danger sans s’en rendre compte. Il n’avait pas une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, mais il y avait toujours eu une atmosphère étrange régnant autour de lui. C’était le genre de gars sans gêne capable de tout plaquer du jour au lendemain sans raison. C’était l’impulsion et l’âme d’enfant qui prenaient possession de son être. D’abord, l’impulsion venait s’insinuer dans ses veines pour faire sortir la Bête grognant dans ses entrailles. Souvent, elle le guidait, elle le poussait à faire des choses un peu folles. C’est la faute de la Bête, pas la mienne. Comportement de gamin. C’était elle qui avait fait de lui, dans sa jeunesse, le gamin qui laisse l’alcool s’insinuer dans son sang pour prendre possession de son âme. C’était elle qui avait sniffé les lignes blanches sur la table, qui avait avalé les pilules généreusement offertes en boîte de nuit. C’était elle qui lui avait foutu des seringues dans le bras, elle qui était passée de lèvres en lèvres avant de passer de lits en lits. Elle qui avait eu la folie de la route et du road-trip, elle avait fait chavirer son coeur pour un premier homme, elle qui foutait le bordel dans sa vie.
Puis y’avait la Culpabilité. Celle-là même qui lui répétait sans cesse que tout ce qu’il avait fait, c’était mal. Elle jouait une voix terrible, lui rappelant constamment qu’il fallait qu’il arrête de faire le con. Qu’il était un poison pour l’âme et pour les yeux, une défaillance de l’humanité, de ceux dont il ne faut pas toucher l’épiderme et encore moins s’accrocher à son coeur. Il fallait l’éviter à tout prix, il ne fallait pas tomber dans les risques. Puis y’avait l’Enfant. L’Enfant qui voulait des choses puériles de toute évidence. Grimper une barrière, sombrer dans l’illégalité, frôler le danger, s’en rapprocher le plus possible parce que le risque et l’adrénaline étaient ses moyens de survie. Ses seuls moyens de survie apparemment.

Il ne fallait pas qu’elle évoque ce besoin de changements, de surprises, Leola. Oh, non, il ne fallait surtout pas qu’elle le tente, qu’elle réveille la Bête et l’Enfant qui, jusqu’ici, sommeillaient encore en lui. Elle avait fait l’erreur pourtant et désormais, elle n’aurait pas le temps de comprendre la demoiselle, car ça grimpait, ça montait, ça prenait possession de son être. Doucement ... mais sûrement. Il se retient de renchérir. Terrible erreur. Il l’écoutait, d’une oreille moyennement attentive, conscient de ce qui se réveillait dans son corps, refusant de les écouter. C’était pas le moment. Non, pas maintenant. « C’est beau. » Un peu bateau, pas très transcendant quand on sait ce qu’il a fait de sa vie, mais l’intention est incroyable. Il espérait un jour être encore plus transcendé par son travail, comme elle. Mais on lui avait refusé qu’il fasse ce qu’il avait toujours voulu faire : résoudre des enquêtes. On avait privé le gamin et il avait fait un caprice, avant de se calmer et de se tourner vers quelque chose qui y ressemblait en certains points. « J’aurais aimé faire un boulot qui me passionne autant que toi. » La Bête grimpe encore. L’Enfant n’est pas loin derrière, ils atteignent les épaules. « Si j’avais fini inspecteur de police, j'aurais été comme toi. Mais la vie a fait que. » Ses yeux se perdirent un instant dans le vide, seul petit moment de faiblesse, avant qu’il ne se ressaisisse. « Leola, j’ai … » La Bête et l’Enfant s’insinuaient déjà dans son cerveau. Il se leva et attrapa sa main. « Viens. » Il sentait qu’elle allait dire quelque chose sur leur réservation, alors il la coupa de court. « T’en fais pas pour ça, je m’en occupe. On me connaît ici. » On savait qu’il pouvait partir sans prévenir mais ça ne lui avait jamais porté préjudice. « Tu veux des surprises, tu veux un peu de piment et de folie dans ta vie ? »

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@Anthony Walker
Dans le fond, elle rêve d’une vie simple et paisible, Leo. Mais elle sait qu’elle n’y aura pas le droit – que son travail, sa carrière, ne le lui permettent pas. Elle a sacrifié beaucoup, pour cela. Elle a passé un temps fou, à préparer ses examens, à réviser encore et encore, jusqu’à pas d’heure. Elle s’est donnée corps et âme, dans ce projet de sa vie. Et pendant tout ce temps-là, elle a délaissé l’amour, peut-être aussi certains de ses amis. Clay est arrivé dans tout ça, est parvenu à se faire une place dans sa vie, pourtant, au moment où elle ne l’attendait pas. Mais il est l’unique exception, parce que les autres histoires, elles ne fonctionnaient pas. Parce que les autres, elle s’en fichait, Leola. Elle avait autre chose dans sa vie, de plus important, qui prenait bien plus de temps. Ça ne la gênait pas, toutes ces années. Ça ne la gênait surtout pas, quand elle avait Clay, quand ils étaient fiancés. Mais elle est partie, et depuis, elle se prend un peu la réalité en pleine face, Leo. Elle est seule, voilà tout – elle est seule, et elle l’a cherché, peut-être. Elle est seule, et à vrai dire, ça ne lui déplaisait pas, avant. Ça n’avait pas d’importance, parce qu’elle avait autre chose en tête. Mais maintenant qu’elle peut profiter, elle peine à le faire. Enfin, elle commence à avoir l’habitude maintenant, mais elle ne sait pas vraiment si tout ça, c’est elle. Elle s’amuse, Leola, elle essaie de ne plus se prendre la tête – de relativiser, quand elle comprend que son date de la soirée n’a pas l’intention de construire quoi que ce soit de sérieux avec qui que ce soit de sérieux. Elle passe de belles nuits, en charmante compagnie, avant de s’évaporer au petit matin. Mais au fond, l’envie de construire quelque chose de sérieux, est toujours là. Alors, à un moment ou l’autre, elle est toujours déçue, Leola. Peut-être plus encore ces derniers temps, parce qu’elle comprend qu’Elwyn a pris une place bien trop importante dans son cœur. Mais qu’importe. Elle ne sera pas déçue ni déprimée, ce soir – elle peut bien, quand même, profiter d’une bonne compagnie et d’un bon repas. Elle se dit quand même qu’elle va probablement avoir l’air bien rasoir, face à Anthony, quand elle ne peut que répondre son travail, à sa question. Mais c’est la vérité, pourtant, c’est ce qu’elle est, Leo. Elle ne se définit probablement qu’à travers ça, parce qu’elle a vraiment le sentiment, depuis toujours, que c’est une vocation. « Je suis désolée pour toi. » Elle n’ose pas insister, l’interroger, lui demander pourquoi il n’a pas pu devenir inspecteur, ou tout du moins, se lancer dans la police. Probablement que s’il avait voulu développer, il l’aurait fait. Et puis, ils ne connaissent pas tant que ça – il est probablement trop tôt, pour les confidences, même s’il n’y en aura probablement pas, de toute façon. Il a été clair sur ses intentions, après tout, Anthony. « Ce n’est jamais trop tard. J’espère que tu auras un jour l’occasion de faire quelque chose qui te passionne comme ça, que tu t’épanouiras. » Et elle est sincère, Leo. Dans le fond, elle l’est toujours. Peut-être ne devrait-elle pas, face à certains, parce que ça pourrait lui jouer des tours. Elle est peut-être un peu fragile, dans le fond, sur le plan des sentiments. Peut-être qu’elle se fera mal, un jour, avec Tinder. Cela dit, elle ne sait pas si ça peut être pire que maintenant, alors qu’elle s’est attachée à un homme, accro à la drogue. Mais ce n’est pas le moment d’y penser. De toute façon, Anthony la tire bien vite de ses pensées, se levant, attrapant sa main, lui demandant de venir. Elle le regarde, un peu interloquée, Leola. Elle ne comprend pas bien ce qu’il veut dire, ni faire. « Euh… D’accord. » Elle est prise au dépourvu. Mais elle se lève, se laisse entraîner, dieu seul sait où. Devrait-elle se méfier ? Anthony lui inspire, malgré tout, étrangement confiance. Tant pis pour le restaurant, alors. Peut-être la convainc-il, avec la seule aura de mystère entourant ses mots. « Hm… Pourquoi pas. » Elle hésite, un instant, et ça s’est entendu à sa voix, mais finalement, elle a vite retrouvé son assurance, Leola, ponctuant ses mots d’un sourire. « Tu penses à quoi ? » Elle doute d’en avoir la réponse, cependant. Elle en doute, parce qu’après tout, s’il s’expliquait, Anthony, ce ne serait plus vraiment une surprise.

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@leola lowery
Les idées s’emmêlent dans sa tête, la folie s’insinue dans les veines et c’est peut-être bien la première fois qu’elle l’enivre autant alors qu’il n’a encore rien ingéré. Y’a pas de drogue qui glisse dans son sang, aucune substance de ce type, pas même une goutte d’alcool. On pourrait pas le voir plus sobre que ça, Anthony ; réel effort qu’il a fait après sa discussion avec Isaac. Trouver la femme de sa vie, peut-être. Lui laisser une chance au détour d’un date. Deux êtres assis l’un en face de l’autre, et le myocarde qui pourrait déraper ; mais Anthony reste lui-même, fidèle au poste, le gamin dans le coeur. Il avait pas tellement une âme d’enfant, on dirait plutôt qu’il est resté dans une espèce de crise d’ado, à vouloir son indépendance. Une liberté acquise dès son plus jeune âge et qu’il ne souhaite plus perdre. Une vie de faire des conneries de jeunes, à chercher le danger et l’adrénaline enivrante se déverser dans ses veines. En regardant la demoiselle qui se tenait en face de lui, il se surprenait à vouloir tenter. Elle avait pas forcément l’air d’une femme qu’on bouscule dans le quotidien. Elle semblait toute timide avec un air très organisé. Il ne savait pas pourquoi la blonde dégageait cela vis-à-vis de lui mais c’était bien l’une des raisons qui lui donnait envie de tenter le coup : le surprendre pour mieux la séduire. Tenter des choses ce soir parce qu’il en avait envie. Alors il lui avait pris la main pour l’extirper de sa chaise et vivre l’instant présent plutôt que d’attendre que la vie tombe à leurs pieds. Elle s’excuse concernant la vie qu’il n’a pas eu, celle qu’elle a la possibilité d’avoir. Le rêve qui lui appartient comme une réalité tandis que l’homme n’en reste qu’au rêve. « Oh, t’as pas à t’excuser, je le vis bien. » qu’il lui répond en rigolant. Et pourtant, il ne le vit plus aussi bien que ça maintenant que Elijah est entré dans sa vie, maintenant qu’il a compris que cet espoir inaccessible avait été offert à son jumeau, son miroir. « Mon métier actuel me plaît malgré tout. » conclut-il avec un sourire qui fait s’envoler les incertitudes sur ses envies. Il n’a pas envie de s’apitoyer sur son sort lors de ce date, il veut faire une folie. Il sent son hésitation, il la comprend parfaitement, mais la confiance qu’il émane de lui doit sûrement l’aider à le suivre. « Tu verras. » lui lance-t-elle avec un regard mystérieux. Il l’emmena jusqu’à sa voiture. « Bon, on a quelques rues à traverser par contre. Je nous emmène en 2.2 avec Baby ou on marche. Mais c’est long. » Il désigna sa voiture, une Impala sombre. « Doit y avoir une demi-heure de marche. Ah attends, je crois que y’a une ligne qui va jusqu’où je veux t’emmener. On y va en bus si tu préfères ? »

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@Anthony Walker
Les autres, ça les amuse, ses dates. Les autres, ce ne sont pas tous ses amis, ses proches, mais une petite partie. Parce qu'il y en a, parmi eux, qui l'ont poussée à s'inscrire. Elle leur faisait peut-être pitié, après sa rupture avec Clay - et ce, même si elle l'avait sans doute cherchée, parce que c'est elle qui l'avait décidé. Ils lui avaient dit, que Tinder lui permettrait de se changer les idées, de passer peut-être à autre chose. C'est peut-être le cas, elle n'en sait trop rien - dans le fond, son cœur s'est déjà mis à battre pour un autre, un peu plus fort. Mais elle continue ses rendez-vous, a encore l'espoir de trouver la perle rare, l'âme-sœur, ou tout du moins, quelqu'un avec qui peut-être tenter une histoire. Qui sait. Leola, elle a décidé de se laisser porter. De ne pas se mettre trop la pression, même si elle le fait déjà, dans le fond. L'important, c'est encore de passer une bonne soirée, non ? Elle essaie, en tout cas, de son côté. D'oublier ses rêves et ses envies pour l'avenir, peut-être terriblements banals, pour vivre quelque chose d'un peu plus original, quitte à ce que ce soit éphémère. Au moins, les applications de rencontres lui permettent justement d'en faire, parce que ce n'est pas à l'hôpital, dans le service où elle travaille, qu'elle va pouvoir faire des rencontres, Leola. Pas parmi les jeunes papas, qu'elle va trouver souvent quelqu'un de libre, de disponible, d'intéressé. Et dans le fond, c'est peut-être mieux - plus simple avec quelqu'un qui n'a pas d'enfants, non ? Elle peut au moins, comme ce soir, dîner dans un beau restaurant, en charmante compagnie. Discuter avec Anthony, faire plus ample connaissance, aller du moins plus loin que ce qu'ils ont déjà pu se dire sur l'app. Ça l'intrigue, ce qu'il lui dit, mais elle préfère ne pas insister, ne pas paraître indiscrète, toujours un peu trop polie, sans doute. « Tant mieux, c'est l'important. C'est peu commun, en plus, non ? Quoique, c'est sans doute de plus en plus courant. Comment tu t'es tourné vers ça ? » Elle est curieuse, après tout, Leola - elle ne mime pas de quelconque intérêt, le sien est tout à fait sincère. C'est peut-être bien ça, son problème : elle donne toujours un peu trop d'elle, dans tout ce qu'elle fait. Enfin, elle a retenu qu'il était game master, elle n'y connaît pas grand-chose, alors elle se pose des questions, Leo. C'est fait pour ça, un dîner, aussi. Du moins, le dîner est ce qui était prévu, mais Anthony semble avoir une autre idée, désormais. Une idée qui l'intrigue - peut-être qu'il a raison. Ce serait peut-être bien de mettre un peu de piment dans son existence. « Wow, quel suspense. » Mais ça l'amuse, ça la fait rire aux éclats. Elle ressent de l'adrénaline, un frisson d'excitation, tandis qu'ils s'envolent en vitesse du restaurant. Dehors, elle retrouve vite le froid de l'hiver, qui lui mord les joues. Il lui propose de prendre sa voiture, qu'il lui montre d'ailleurs alors qu'ils arrivent à son niveau. « Belle voiture. » commente-t-elle en la détaillant, rapidement, avant de se tourner vers lui. « Mais qui dit que je peux te faire confiance ? C'est vrai, tu ne me dis pas où on va, j'te connais à peine... Qu'est-ce qui me dit que t'es pas un psychopathe ? » Elle n'est pas sérieuse, pourtant. Elle lui fait confiance, il n'a pas l'air malintentionné, et au pire... elle pourrait bien envoyer un sms à Anna, histoire de, et on pourrait tracer son téléphone de toute façon. Mais elle n'en est pas vraiment là, Leola, elle le taquine, c'est tout. « Allez, on peut prendre ta voiture, ça ira très bien. » Et puis, surtout, ce sera le plus simple.

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@leola lowery
Il avait besoin de piment, de folie. Y’avait l’adrénaline qui montait dans ses veines, elle filait dans tous les sens comme un coup d’électricité qu’il venait de recevoir. Peut-être bien qu’il venait de se faire frapper par la foudre. Oui, oui un beau milieu d’un restaurant, les yeux dans les yeux avec une demoiselle blonde tandis qu’il pensait peut-être bien à d’autres trucs. Les dates, pour lui, c’est fait pour faire de nouvelles rencontres, pour se taper une meuf pas comme les autres. Ce date surtout, c’est bien pour faire plaisir à Isaac, qui n’arrête pas de lui rabâcher qu’il doit essayer de laisser une chance aux filles qu’il rencontre. Il doit bien y en avoir une, là, quelque part, au milieu d’entre toutes, qui est la perle rare. Peut-être bien qu’elle est déjà sous ses yeux, s’il apprenait un peu à creuser plutôt que de survoler simplement pour passer du bon temps le temps d’une soirée.
Il survole, Antho, il plonge pas. Il apprend pas à connaître. C’est un regard dans un bar, des verres qui tintent et les rires qui volent aux éclats. Y’a pas beaucoup de discussion, surtout beaucoup de charme et de séduction. Puis ça finit avec les draps froissés. Oui, c’est comme ça qu’il arpente la ville et la vie, Antho. Pourtant, quarante ans passés et une vie bien merdique, jamais posée, jamais calmée. « Tant mieux, c'est l'important. C'est peu commun, en plus, non ? Quoique, c'est sans doute de plus en plus courant. Comment tu t'es tourné vers ça ? » Il hausse les épaules comme si c’était pas très important, la raison. « L’amour des énigmes. » qu’il déclare mystérieusement.

Il scrute la demoiselle à sa place et le coup de folie qui le prend soudainement s’empare de la main de la jeune femme pour l’emmener avec lui. Comment mieux lui expliquer son métier qu’en y allant ? « Mais qui dit que je peux te faire confiance ? C'est vrai, tu ne me dis pas où on va, j'te connais à peine... Qu'est-ce qui me dit que t'es pas un psychopathe ? » Il lève aussitôt les yeux au ciel. C’était justement pour ça qu’il lui proposait toutes ces alternatives … « Mais c’est … — Allez, on peut prendre ta voiture, ça ira très bien. » Elle le faisait marcher, hein, c’est ça ?
Large sourire étendu sur ses lèvres, il glisse dans l’Impala et fait gronder le moteur. Il ouvre la portière de Leola, fermée à clé de l’intérieur, et l’invite à monter d’un geste de la main. Durant le trajet jusqu’à son lieu de travail, il tenta un sujet pour ne pas laisser le blanc s’installer, mais tint le suspens jusqu’au bout. « T’aimes la folie … mais t’aimes l’adrénaline ? La peur ? » Pied au plancher, il se gare finalement devant l’Escape Game et sort les clés du magasin. « Viens, on va passer par derrière, on sait jamais. » Il l’emmena à la porte de l’autre côté du bâtiment, porte qu’il empruntait généralement pour prendre sa pause. Il existait aussi une troisième issue, destinée à la sortie des clients une fois la session terminée. Il poussa la porte dans un grand fracas et alluma les lumières. « Je te présente mon antre. » lança-t-il sur le ton d’un animateur. Il s’approcha d’une porte en particulier sur laquelle était inscrit “ Le Sous-Sol “. « Un date dans une Escape Room, t’y crois toi ? » Il la scruta du regard avant d’ajouter. « Nan, sérieusement, ça te tente d’essayer ? »

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@Anthony Walker
Tinder, c’est la seule façon qu’elle a trouvée de faire des rencontres. De les caser, plutôt, dans son emploi du temps. Elle aurait pu le faire à la old-fashioned way, mais elle est du genre à considérer qu’elle n’a pas tout ce temps à perdre. Qu’elle a bien mieux à faire. Ou pas assez de temps, pour tout gérer. C’est cela aussi, la vie d’adulte. Qu’est-ce que ça donnerait, en prime, si elle n’était pas célibataire ? Peut-être que ce n’est pas plus mal ainsi. Mais elle n’est pas heureuse comme ça, Leola. Elle, elle est romantique – alors elle veut de la romance. Elle a ses rêves aussi, aussi naïfs peuvent-ils être. Alors elle s’y accroche, comme elle peut. Tinder ne rime pourtant pas vraiment avec romantisme, dans le fond. C’est pour cela que ça amuse ceux qui l’entourent, en-dehors de ses amies qui l’ont poussée les premières à se lancer là-dedans. Mais elle continue de le faire, par habitude peut-être. Par désespoir, sans doute. En attendant qu’un jour, l’un de ses dates soit différent. Mais ça n’a rien donné jusqu’à présent. Rien de très concluant. Elle continue, pourtant. Parce que ça la fait quand même sortir, voir du monde. Parce qu’elle ne va pas cracher contre un peu de compagnie, même juste pour une nuit.

Alors elle est venue ce soir, rencontrer Anthony. Il n’est pas le premier, pas le dernier sans doute – elle a vite compris qu’il était assez direct et qu’il ne serait pas de ceux avec qui elle aurait une chance. Tant pis, ou tant mieux : au moins, les choses sont claires dès le début, il n’y a pas de quelconque attente. Sans doute que ce devrait être toujours aussi clair – ce serait alors, bien plus simple. Mais si tout était toujours annoncé, peut-être que ce genre de dates n’auraient même pas lieu. Elle ne regrette pas d’être là, Leola, au final. Elle ne regrette pas, parce qu’elle aime quand même rencontrer de nouvelles personnes, sans qu’il n’y ait forcément d’enjeu potentiellement amoureux, derrière. Et en l’occurrence, il l’intrigue, Anthony. Assez pour qu’elle se laisse tenter, qu’elle se laisse aller à le suivre, dieu seul sait où. Elle le taquine un peu, à ce sujet, alors qu’en réalité, elle ne se méfie pas de lui – chose étrange, elle lui fait confiance. Et pourtant, elle ne le connaît pas tant que ça, voire presque pas. Toujours est-il qu’elle monte à bord de sa voiture, à son invitation, et se retrouve bientôt sur le siège passager. Puis la voiture démarre, sans attendre. « L’adrénaline? Oui, j’adore ça. Même si généralement, la peur prend justement le dessus. » Il y a beaucoup de choses, pour causer l’adrénaline – assez pour qu’elle s’en tienne à distance, en général. Elle aime sa vie paisible, Leola, surtout parce qu’elle ne fait pas un boulot facile – elle n’a pas envie qu’en-dehors de celui-là, ce soit plus riche en émotions encore. Mais ça ne veut pas dire qu’elle est tout à fait contre. Au contraire. Ce soir, elle veut bien se laisser tenter par la folie, l’adrénaline. Par ce qu’Anthony peut bien avoir à lui proposer. Il finit par se garer, devant ce qu’elle imagine être son lieu de travail. Elle quitte la voiture, se laissant entraîner par le Walker, qui lui explique qu’ils vont passer par derrière. Elle le suit avec curiosité, Leola, et finit par entrer dans l’escape game, quand il ouvre la porte. « Merci. J’ai hâte de la découvrir. » fait-elle, sourire aux lèvres, amusée par la situation et par ce ton qu’il adopte en lui présentant le lieu. Elle regarde tout autour d’elle, captivée. Puis tourne la tête, quand il se remet à lui parler. « Disons que je n’y aurais jamais pensé. » Mais ça ne veut pas dire que c’est une mauvaise idée. Elle, ça lui plaît. « Je ne sais pas du tout dans quoi je m’embarque, mais… allons-y. » Ce serait dommage de changer d’avis maintenant. Et puis, de toute manière, Leo, elle n’en a pas envie. Elle est bien tentée de voir en quoi ça consiste.

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@leola lowery

Anthony n'avait jamais dit non à un brin de folie, à un coup d'excès, à une pointe d'extravagance dans sa vie. C'était même lui qui les provoquait, qui allait chercher ce piment dont il était féru, potentiellement incapable de suivre une vie tranquille, assis dans son canapé à ne rien faire ou allant au travail en s'ennuyant. L'ennui était peut-être le pire ennemi du jeune homme qui ne supportait pas cet état où il trépignant d'impatience. Il avait besoin de vivre sa vie à cent à l'heure, ayant constamment besoin de cette dose d'adrénaline. Elle devenait comme une drogue. Peut-être était-ce pour cette raison qu'il tombait si facilement dans la consommation de substances illicites. Les drogues avaient eu sûrement l'effet escompté quand il était plus jeune. Aujourd'hui, elles ne semblaient plus suffirent, comme si, leur effet si longtemps utilisé, ne lui faisaient plus rien désormais.
L'ennui des drogues commençaient à le menacer. L'ennui de tout en général. L'ennui de passer d'une femme à l'autre, l'ennui de son travail qui pourtant lui foutait autrefois les jetons, l'ennui de sa … non impossible de s'ennuyer de sa belle voiture. Ce n'était même pas envisageable. Rien que lorsqu'il était parti en road trip en Europe, il n'avait pas supporté de la laisser à la Nouvelle-Orléans et s'était excusé auprès de sa belle voiture pendant des heures pour être sûre qu'elle lui pardonne.

Enfin, malgré cela, il continuait de chercher ce grain de folie dans les gens qu'il rencontrait. Il continuait de tenter de le faire naître chez une personne, de lui souffler la formule magique pour que soudainement, il tombe sur une personne aussi perchée que lui.
Leola, son date, y semblait d'ailleurs plutôt réceptive. Elle n'avait pas rechigné à monter dans sa voiture - quoique, elle l'avait tout de même un peu taquiné. Puis il l'avait emmenée sur son lieu de travail en passant par-derrière pour éviter de se faire suspendre par quelqu'un d'autre - son patron, par exemple. La simple idée de faire quelque chose un peu dans le "non-moral" ou dans l'illégalité le faisait déjà vibrer. Il ouvrit la porte de la porte " Le Sous-Sol " avec une excitation sans nom. Il aurait presque été capable de sautiller sur place comme un enfant à côté de Leola mais il se retint.
Il ouvrit délicatement la porte sur une pièce qui était la reproduction d'une chambre d'un tueur en série. « L'Escape Game, en gros, c'est une heure dans une salle avec des énigmes. Ton but, c'est de réussir à sortir en les résolvant. Voici le sous-sol de l'horreur dans la tanière de Satan. Je t'ai pas demandé, mais si tu es claustrophobe, on peut aussi changer de salle … » Il ferma les yeux et prit soudain une voix grave et descriptive. « Le plus grand serial killer du siècle David Parker vous a fait prisonnier dans le sous-sol de sa maison qu’il surnomme « La tanière de Satan ». Ce tueur en série possède déjà à son actif 50 meurtres et les 8 prochains sur sa liste… c’est ...VOUS ! Sa spécialité : AFFAMER, DÉCOUPER, OPÉRER, TORTURER, MANGER SES VICTIMES ! Son profil psychologique : PERVERS NARCISSIQUE, PSYCHOPATHE NEVROTIQUE, CANNIBALE. Vous vous retrouvez dans le sous-sol de David Parker, il vient de s’absenter pour une heure afin de repérer ses prochaines proies… Échappez-vous de la room en faisant preuve de courage et d’esprit d’équipe pour ne pas devenir les prochaines victimes du tueur et vivre les pires heures de votre vie dans le sous-sol de l’horreur. » Après avoir récité ce qu'il devait apprendre pour le présenter à chaque fois aux clients, il se tourna vers Leola, le regard intense. « Alors, toujours prête à relever le défi ? »

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@Anthony Walker
Les rendez-vous tendent à se ressembler. Et on ne l’avait pas prévenue, Leo. Ses amies, l’ayant si joyeusement poussée à s’inscrire sur Tinder, à tenter sa chance, avaient omis de lui préciser comment cela se passait. Avaient omis de lui préciser, qu’une fois qu’un match avait eu lieu, tout ne se passait pas forcément comme elle l’espérait. Leola, elle s’était dit qu’ensuite, ils iraient boire un café, boire un verre, dîner. Faire un tour en ville, peut-être, dans n’importe quel endroit faisant office de lieu de rendez-vous, finalement. Mais ce qu’elle ignorait, avec sa naïveté et son romantisme habituels, c’est que, là où elle cherchait à connaître les hommes avec qui ça matchait, eux n’attendaient généralement rien de plus qu’une partie de jambes en l’air, derrière.
Elle a fini par comprendre, tout de même. Pas non plus complètement stupide. Pas non plus innocente. Et au bout du compte, elle s’est laissé tenter, Leola. Au bout du compte, elle a commencé, elle aussi, à vouloir profiter de la vie. Profiter des relations sans lendemain. Pourtant, elle a toujours l’espoir de rencontrer quelqu’un – l’espoir que quelqu’un change la donne, à un moment ou l’autre. Elle ne peut rien faire de plus, de toute façon. Tinder, ça reste pour elle le meilleur moyen de faire des rencontres, pour le moment. Ce n’est pas à l’hôpital qu’elle le pourrait, ce n’est pas si simple là-bas, et puis, après tout, elle y est pour travailler. Pas pour trouver l’homme de sa vie. Alors elle essaie de moins se prendre la tête, à propos de ses rendez-vous Tinder. D’être un peu moins désespérée, d’avoir un peu moins d’attentes. L’important, au fond, reste de passer un bon moment.

Les dates tendent à se ressembler. Et celui-ci semblait en bonne voie pour ressembler aux autres – si ce n’est, qu’ils le passaient dans un restaurant où elle n’avait jamais mis les pieds, un restaurant dans lequel aucun autre ne l’avait emmenée, ni ne l’emmènerait jamais. Mais la soirée a pris un grand virage vers l’inconnu, vers le risque, vers l’adrénaline. Anthony a soudainement semé un peu de folie dans leur dîner, l’entraînant loin de ce restaurant, avant même de commander, de commencer à manger. Elle ne sait pas où il l’emmène, mais elle lui fait étrangement confiance. Et ils finissent par atterrir, après un petit trajet en voiture, à l’escape game où travaille justement Anthony. Elle le suit jusque l’arrière de l’établissement, puis à l’intérieur, jusqu’à une salle bien particulière. Autant dire que maintenant, ça change de tous ses précédents dates – devenant même le plus original de tous. Anthony lui explique alors le fonctionnement de l’escape game. « Okay, je vois. Et non, je n’suis pas claustrophobe, t’inquiète pas. » Alors ça devrait relativement bien se passer, en principe. Enfin, tant que ça ne devient pas oppressant, mais elle en doute. Elle écoute avec curiosité la suite, Leola, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres, tandis qu’elle écoute les explications de son acolyte. « C’est très joyeux, tout ça. » commente-t-elle, non sans lâcher un rire malgré tout. Cela dit, elle doit admettre que l’intrigue est bien trouvée et que ça pique un peu plus sa curiosité. « Toujours prête, oui. J’imagine que tu ne vas pas pouvoir me donner un coup de main ? » fait-elle, sourire en coin. Sans doute pas, parce qu’il est le maître du jeu. Mais puisqu’elle est seule, au lieu de faire partie d’une équipe, elle doute de s’en sortir en une heure, Leola – tant pis, dans le fond, ce n’est pas le plus important. Ce qui est certain, c’est qu’elle aime le goût du défi et que leur date a pris un tournant soudainement très intéressant.

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@leola lowery

Ses proies étaient souvent naïves et peu intéressantes mais elles avaient l’avantage d’être belles. Assez pour des coups d’un soir. Leola lui semblait différente. Assez pour qu’un coup de folie lui traverse l’esprit. Elle était très jolie, une beauté blonde douce et timide qu’il aimait beaucoup mais un peu trop … douce et timide justement. Il avait envie de la déloger de sa zone de confort, de la pousser dans ses retranchements ou au moins, tenter une approche différente pour ne pas se contenter d’un simple restaurant barbant.
Ainsi, il avait décidé de l’emmener à son escape game. Elle avait commencé à se dévoiler en lui faisant une légère blague à l’entrée du véhicule - de quoi le rassurer - puis ils étaient entrés dans la fameuse salle délirante du serial killer David Parker. Il lui avait décrit les lieux et les enjeux avant de la laisser un peu dans la nature. Comme elle n’était pas claustrophobe, il était rassuré. C’était déjà ça de pris. « Nickel, alors. »
Toute cette soirée prenait un tournant surprenant et sûrement décisif.
Ce n’était plus un date.
C’était un jeu.
Un jeu dans lequel y’a le goût du risque, l’adrénaline, l’original, loin de la banalité des rencontres dans les bars. Et il ne semblait pas être le seul à apprécier cette sortie inattendue. Il devinait dans ses rires et son sourire qu’elle se plaisait ici, tout comme lui. Lorsqu’elle le questionna à propos d’un possible coup de main, il lui fit un léger sourire taquin.
— Ça peut se négocier. Étant donné que les gens sont généralement à plusieurs et que tu es toute seule, je peux te faciliter la tâche pour que tu sortes en moins d’une heure.
Il vérifia quelques derniers préparatifs et enclencha le chronomètre qui lui indiquait le temps imparti.
— Tu peux y aller ! Je vais rester avec toi dans la salle pour te guider, quand même. N’hésite pas à fouiller partout pour trouver des codes, des clés, des … morceaux de papiers, des objets, tout ce qui pourrait te servir pour ouvrir la seconde salle.
Il pointa du doigt la seconde pièce qui ressemblait à un bureau. Un carreau était cassé et la clé semblait plutôt loin. Dans la pièce principale assez effrayante, de laquelle ils devaient s’enfuir.
— Ah oui, j’ai oublié un léger détail.
Il attrapa la paire de menottes qui était accrochée et attacha Leola à une barre en métal qui était plus ou moins fixée à un mur.
— C’est aussi comme ça que tu dois commencer l’aventure, lança-t-il en haussant les épaules, comme pour se dédouaner de la difficulté de l’épreuve.

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@Anthony Walker
C’est ce dont elle avait besoin. Un peu de piment, un peu de risque, dans sa vie. Elle ne la qualifierait pourtant pas de plan-plan, Leola – elle aime ce qu’elle fait, et dans le fond, son boulot lui demande bien assez de self-control et lui cause bien assez d’adrénaline comme cela. Mais elle a tout de même une vie, en-dehors. C’est le problème, en réalité : en-dehors de son travail, elle peine à trouver comment exister. Peut-être parce qu’elle accorde bien trop d’importance à sa quête d’amour, ou plutôt, à sa quête de maternité – à trop chercher une grande histoire, elle semble encore moins la trouver. Elle a fini par se résoudre, Leo, plus ou moins. Par accepter que les dates gagnés avec Tinder ne débouchent généralement sur rien. Alors, faute que ça marche, elle se dit qu’elle peut au moins en profiter. Que l’appli lui permet au moins de sortir, de rencontrer du monde. Et qui sait, peut-être qu’un jour, ça marchera. Peut-être qu’un jour, quand elle s’y attendra le moins, Leola trouvera. Ou peut-être qu’elle trouvera, là où elle ne s’y attend pas. N’est-ce pas toujours ainsi que cela se passe ?
Ce n’est pas ce soir qu’elle le trouvera. Mais à la place, elle gagne quand même quelque chose. Un peu de piment, un peu de risque, un peu d’improvisation. Elle avait sans doute besoin d’aide pour cela, Leola. Elle qui calcule tout, tout le temps. Elle, si organisée, sans doute trop. Ce n’est pas toujours si mal, de changer les plans. Ça peut même faire plutôt du bien. En tout cas, elle ne regrette pas de l’avoir suivi, Anthony, ce soir.

Peu à peu, elle prend un peu plus d’assurance. Elle ose un peu plus être elle-même – peut-être parce que, justement, ce soir n’est pas décisif pour l’avenir. Ce rendez-vous, comme tant d’autres, ne débouchera pas sur une idylle – et quelque part, tant mieux, parce que c’est comme si toute pression s’était enlevée de ses épaules. Voilà pourquoi elle se sent un peu plus à l’aise, Leo, pourquoi elle prend un peu plus confiance. Et, sans trop savoir comment, elle se retrouve dans cet escape game où Anthony bosse, alors qu’il n’y a personne, qu’il fait obscure dehors. En un rien de temps, les voilà dans la première pièce et Anthony lui explique les règles du jeu. « C’est gentil de ta part. Surtout que je n’sais pas trop ce que je vaux à ce genre de jeu. » répond-elle en riant doucement. Pourtant, elle est comme une gosse, curieuse et un peu impatiente de découvrir ce qui l’attend. Anthony, d’ailleurs, enclenche le chronomètre : elle a donc une heure pour sortir de la pièce. « Okay, je note. Tout peut être un indice. » Elle a compris le principe, ce n’est pas la mer à boire non plus. Ça l’intrigue, Leola, ça l’amuse aussi, ça la fait rire déjà. Elle ne peut s’empêcher de regarder autour d’elle, le décor, les objets parsemés ici et là. Mais Anthony se remet à parler, et alors qu’elle tourne la tête vers lui, il attache l’une de ses mains à une paire de menottes accrochée à une barre en métal. « Vraiment ? » fait-elle, faussement outrée, avant de rire. « Dans un autre contexte, ce serait un peu bizarre. » Cela dit, peut-être pas tant à côté de celui-là – si on lui avait dit qu’un rendez-vous finirait dans un escape game, Leola, elle n’y aurait pas cru. « J’imagine que la clé doit être pas loin, sinon ça va être compliqué. » remarque-t-elle, en regardant déjà autour d’elle. Avec sa main libre, elle essaie de tâter le mur, de voir s’il n’y a pas une pierre qui s’enfonce ou quelque chose comme ça. Rien, pourtant. Elle continue de regarder autour d’elle, sans succès. « Et alors, quand les gens sont plusieurs, ils sont tous attachés comme ça ? » Elle rit doucement, à nouveau. S’intéresse au concept du jeu, en même temps, et au métier d’Anthony. Ça l’intéresse, tout cela, parce qu’elle ne connaissait pas, Leola.

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@leola lowery

tw : horreur. drogue.

Il ne savait pas pourquoi il avait subitement décidé d’emmener Leola à son travail en plein milieu de la nuit. Il se rendait compte, maintenant qu’elle était là, qu’ils venaient de passer d’une table de restaurant à un escape game dans le noir, à deux, pour un jeu qui se faisait généralement à six et dont il connaissait désormais presque toutes les combines par coeur. Et finalement, rien que de penser à cela, il se disait que c’était carrément insolite. Que dans sa vie, tout n’était question que d’adrénaline, comme s’il n’était pas capable de vivre une vie paisible. Il aurait quand même pu proposer autre chose à la jeune femme, mais il avait fallut qu’il la jette dans un escape game. Cela n’a pourtant pas l’air de la déranger, à la voir rigoler. Il a même le sentiment de remarquer une part d’impatience dans son regard, comme si cette bouffée d’adrénaline qu’il lui transmettait avait des aspects positifs. Pourtant, il avait vécu cela avec Lexa. C’était le besoin de danger qui l’avait foutu à nouveau dans la drogue et l’alcool. Sans elle, peut-être bien qu’il ne se serait pas remis à se piquer - quoique, il le faisait avant de la revoir. Il cachait désormais fréquemment le creux de ses bras avec une manche. Seulement, à être seul tous les deux dans une pièce sombre, il commençait à avoir chaud. Déjà parce que Leola était belle, mais surtout parce qu’il s’agissait d’un endroit fermé.

Il remonta machinalement ses manches. « En effet, tout peut être un indice. » Il aimait voir les esprits en effusion. Ce genre de moment où l’on plaçait toute sa concentration en soit, on l’on ne pensait à rien d’autre qu’à sortir de cette pièce. Le temps mettait une pression supplémentaire, de quoi faire craquer certains groupes. Oh, il en avait vu, des gens qui se battent, qui se gueulent dessus, qui n’arrivent pas à communiquer et qui restent coincés jusqu’à la fin du temps imparti. Même si ces cas étaient rares, ils n’étaient pas impossibles. Néanmoins, une chose était sûre : Leola et lui n’en arriveraient pas à ça. « Le jeu c’est le jeu. » lui dit-il en l’attachant. « Oh, on peut s’arranger après pour ça. » lança-t-il en s’approchant d’elle, un sourire aux lèvres. Après tout, il était venu pour ça à la base : profiter d’un bon moment avec une fille et pourquoi pas partager une nuit sans lendemain l’un à côté de l’autre. « En effet, elle n’est pas loin. Reste à savoir si tu seras capable de la trouver. » L’astuce ? Eh bien, Anthony se trouvait juste devant la clé, embêtant un peu Leola, l’empêchant de la trouver. Près d’elle, il y avait aussi un buffet, avec de nombreux tiroirs. Possible que quelques documents pour les prochaines énigmes s’y trouvent. Est-ce qu’elle était prête pour cela ? Ce n’était que des énigmes de calcul et de déduction, mais il espérait qu’elle s’en sorte assez bien. Après tout, dans cette chambre, il fallait principalement trouver des clés, des codes et des objets pour s’en sortir, rien de sorcier.

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@Anthony Walker
Ce n’est pas ainsi qu’elle imaginait les choses, qu’elle imaginait la soirée, qu’elle imaginait ce rendez-vous. Elle doit l’admettre – ce n’est pas un rendez-vous comme les autres, cela change de d’habitude. Cela ne lui fait peut-être pas de mal, non plus. Peut-être a-t-elle besoin, finalement, que l’on bouleverse un peu son quotidien. Elle ne pourrait indéniablement pas être avec quelqu’un, avec qui elle ne s’amuse pas, Leola. Elle ne pourrait pas mener une vie de couple – ni une vie tout court – complètement plan-plan, parce que ce n’est pas son genre. Elle a ses rêves, sans doute une vision bien idyllique de l’amour, son envie d’avoir une famille, mais non, le plan-plan, ce n’est pas pour elle. Définitivement pas. Il faut croire que personne n’est jamais fait pour elle, aussi, parce que Leola reste désespérément seule. A tel point qu’elle se soit laissé aller à s’inscrire sur Tinder, à guetter les matchs, à tenter les rendez-vous, même si ceux-ci mènent rarement quelque part. Ou rarement à plus qu’une nuit sans lendemain. C’est déjà bien. Elle continue quand même, Leo. Elle a appris à avoir un peu moins d’attentes. A apprécier de s’envoyer en l’air avec un inconnu, de temps à autre. Finalement, elle a bouleversé ses habitudes. Et cela ne peut pas lui faire de mal.

Mais ce date-là n’est définitivement pas comme les autres. Ce date-là sort un peu plus du cadre, s’éloigne des conventions. Et elle aime étrangement cela, Leola, elle apprécie en tout cas. Elle se laisse transporter, elle s’amuse, elle rit, et c’est tout ce qui compte. Et tant pis, si ce n’est pas l’homme de sa vie, tant pis si ça la mène nulle part. Au moins, sur le moment, elle en profite. Peu à peu, elle se met un peu plus à l’aise. Et, alors qu’elle se retrouve dans cet escape game, elle est curieuse, impatiente, un peu comme une enfant. Elle s’amuse de ce jeu qu’elle découvre, peu à peu. « Très bien. » Déjà, elle observe tout autour d’elle le décor conçu spécialement pour le jeu. Décor de qualité, décor bien détaillé – tout est fait pour que l’immersion soit totale. « Je vois, rien n’est fait pour faciliter les choses. » Elle lâche un rire, Leo. Parce que dans le fond, ça l’éclate un peu plus, cette difficulté. Elle ne fait pas un job des plus simples, après tout. Et elle a toujours aimé devoir se surpasser pour combattre les difficultés. C’est presque comme si elle avait cela dans le sang, Leola. Maintenant, elle est là, les mains attachées, à devoir visiblement trouver une clé pour se libérer, avant de pouvoir vraiment mener son enquête. « On verra ça. » répond-elle, léger sourire en coin, avant de poser son regard sur l’ensemble de la pièce, avant de chercher plus spécifiquement autour d’elle. Parce que la clé se trouve forcément à proximité, alors cela ne doit pas être bien sorcier de la trouver. Anthony le confirme, d’ailleurs. « Ça ne doit pas être facile, ton job. J’crois qu’à ta place, j’aurais trop envie de donner des indices aux gens. » Elle serait du genre à être aussi dégoûtée qu’eux s’ils rataient, ou s’ils passaient à côté de la fameuse clé. En tout cas, elle se remet vite à ses recherches, Leo, jetant un coup d’œil aux tiroirs du buffet se situant à proximité. Mais tout ce qu’elle trouve, ce sont des feuilles qui, pour le moment, ne l’intéressent pas. Ce qu’elle cherche, Leo, c’est une clé, après tout. Elle continue de regarder autour d’elle, dubitative, réfléchissant sans un mot, tâtant les objets, les murs. Sans succès. Jusqu’à ce qu’un éclair de génie la saisisse. « Attends, y’a quoi derrière toi ? » demande-t-elle à Anthony, se rendant compte qu’elle n’a peut-être pas tout vu.

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@leola lowery

tw : horreur. drogue.

Anthony, il avait une impression de renouveau et de changement à l’idée d’emmener un date sur son lieu de travail. Ça lui était venu assez impulsivement, comme si y’avait rien de plus évident en présence de la demoiselle. Parce qu’elle lui plaisait, mine de rien et qu’il avait pas simplement envie de faire un resto, discuter de tout et de rien, chercher à connaître la personne en tâtonnant le terrain pour voir si ça matchait ou non avant d’essayer de la ramener chez lui. Anthony, il n’en avait que faire des conventions de date et des à priori. Il préférait casser la routine, tout le temps. Parce qu’il n’aimait pas la routine et qu’il faisait les choses impulsivement parce qu’il ne savait rien faire de mieux que d’improviser : alors il avait improvisé une partie d’escape game à deux où il était le maître du jeu - comme d’habitude, me direz-vous. Mais tout semblait différent, dans cette ambiance. Il était question d’éclat de rire, de concentration, de proximité. L’environnement était sombre, un brin flippant mais particulièrement intéressant : le lieu parfait en somme pour le déroulement du date actuellement.

Impulsif, mais un peu réfléchi quand même. Il n’aurait pas emmené n’importe qui ici. Elle lui avait tapé dans l'œil, Leola. Il avait envie de casser sa routine, de lui faire découvrir des choses, de lui ouvrir un monde nouveau loin du sien. Il la voit regarder autour d’elle tandis qu’il la détaille. Elle a un visage d’ange qu’on ne rencontre pas souvent et dans la pénombre, une part de mystère semble l’entourer. Elle a un côté inaccessible à faire chavirer le plus cœur de pierre le plus dur des hommes. Son rire est clair, enivrant. Il lui donne presque envie de l’entendre rire toute sa vie - sauf qu’il n’y aura pas toute une vie pour ça, seulement toute une soirée. « À force, on s’y fait à cette frustration. Puis, je leur donne des indices quand ils ne s’en sortent pas. Je voudrais pas qu’ils restent coincés non plus. » qu’il lui avoue. Lorsqu’il voit le regard de Leola s’arrêter soudainement sur lui, il a le sentiment qu’elle a compris. Avec un sourire aux lèvres, il se détache du mur pour lui faire découvrir un meuble avec un tiroir unique. Il s’efface, passe à côté d’elle en soufflant près de sa joue. « Plus qu’à te détacher et à trouver les autres indices dans la pièce. Pour t’aider, il doit y en avoir cinq. Le cheminement te permettra d’ouvrir la porte de la seconde pièce. Cherche bien … » qu’il glisse à son oreille, si proche qu’il sent son parfum enivrant. Puis il vint s’asseoir sur le lit du supposé assassin en attendant qu’elle trouve les indices.

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@Anthony Walker
Peut-être qu’à trop chercher l’homme de sa vie, elle se condamne à ne pas le trouver. Peut-être qu’elle a trop d’attentes, Leo, ou qu’elle est tout simplement trop exigeante. Peut-être encore, qu’elle manque juste de patience. Elle n’en sait trop rien, à vrai dire. Elle est peut-être bien trop désespérée dans sa quête, Leola. Elle devrait se laisser le temps, sans se mettre la pression – sans penser à sa foutue horloge biologique qui continue de tourner. Mais elle n’y arrive pas vraiment. Le temps passe et rien ne change, et dans le fond, elle n’a probablement pas l’envie ni l’énergie de tout recommencer à zéro. Cela met du temps à se construire, une histoire. Du temps qu’elle n’a pas l’impression d’avoir. Elle continue ces rendez-vous alors, qu’elle obtient parfois après un match sur Tinder. Mais elle n’est pas très convaincue, la blonde. Alors même si elle essaie de paraître détachée, de profiter de la vie, c’est parfois plus facile à dire qu’à faire. Mais ce soir ? Ce soir, pour une fois, elle s’amuse, elle se lâche un peu plus et elle ne se pose pas trente-six questions. Anthony a su la mettre à l’aise, et finalement, elle n’est pas mécontente de se retrouver dans cet environnement, la blonde.

Après tout, elle n’a rien à perdre à rester là. Rien à perdre à profiter de la soirée, en délaissant tout le reste – toutes ses inquiétudes, tous ses doutes, toutes ses prises de tête, et puis son travail et tous ses tracas du quotidien. C’est agréable aussi, quand les choses sont simples, quand on ne prend pas la tête. Elle aimerait bien qu’on lui donne la solution, à elle, pour ne plus le faire. En tout cas, dans l’immédiat, elle s’amuse pour de vrai, Leola. Même si elle galère un tantinet, à ne pas trouver la clé pour se libérer des menottes qu’Anthony a attachées autour de ses poignets. Mais le jeu l’intrigue, tout de même. Et elle se dit que ce doit être à la fois être passionnant pour Anthony, mais aussi très frustrant, comme job. « C’est vrai ? S’il y a des indices, alors ça va, c’est déjà ça. » répond-elle, sourire en coin. « Sympa le décor, en tout cas. » Il y a un véritable effort qui semble être fait pour garantir la meilleure immersion possible. Et encore, c’est le premier escape game qu’elle voit, Leola – elle sait qu’il y en a sur tous les thèmes, toutes les intrigues, et elle imagine aisément combien rivaliser d’ingéniosité pour proposer des décors adéquats.
En tout cas, elle finit par comprendre qu’il y a quelque chose, là, derrière Anthony. Elle lui demande ce que c’est, et il s’écarte alors, sourire aux lèvres, révélant un meuble avec un seul tiroir. Il s’approche d’elle pour lui glisser à l’oreille quelques informations supplémentaires, d’une façon si particulière qui ne la laisse pas de marbre. « Okay, c’est noté. » Et sans attendre, elle ouvre tant bien que mal le tiroir, trouve la fameuse clé et ne tarde pas à se libérer des menottes, tandis qu’Anthony, lui, part s’asseoir sur le lit installé là, pour parfaire le décor. Elle commence à chercher autour d’elle, Leo, alors. Ouvre tous les tiroirs possibles, dans un premier temps. Pourtant, elle s’arrête. « Est-ce que tu caches encore des indices ? » demande-t-elle, l’air faussement soupçonneux, en indiquant le lit sur lequel il est assis. Qui sait, peut-être qu’il y a des indices dessous, qu’en sait-elle. Elle est tout à fait novice à ce jeu, Leo.

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