(leola), the pain will go away.

tw : idées suicidaires, drogue et overdose.
They say that the time will heal it, the pain will go away -- @Leola Lowery
Ça faisait plus d’un an que Lily était morte maintenant. On disait souvent que le temps finissait par effacer toutes les blessures, mais même un an plus tard, Elwyn, il avait l’impression que rien n’avait changé. Son épouse lui manquait toujours autant et il n’arrivait simplement pas à joindre les deux bouts. Il y avait des jours où ça pouvait aller et d’autres où il avait l’impression de traverser un véritable enfer. Malheureusement pour lui, l’enfer était plus fréquent que les jours tranquilles. Il avait beau essayer de lutter, le poids des peines finissait toujours par avoir le dessus. Il se sentait faible Elwyn, il le savait pathétique. Entre l’estime de lui-même qui était clairement mauvaise et la dépression qui n’en finissait pas, il était évident qu’il était souvent mal en point le blond. Il faisait de son mieux pour lutter contre tout ça, mais c’était clairement plus facile à dire qu’à faire, si bien que parfois, au bout du rouleau, il n’arrivait plus à garder le cap et à agir comme il le devrait. Il avait un comportement dangereux, Elwyn, autodestructeur, évidemment, alors qu’il usait de la drogue et buvait parfois à l’excès. Un comportement qui pourrait facilement lui coûter cher et bien souvent, il se disait que ce ne serait pas une mauvaise chose si ça devait lui arriver. Il y avait bien Zoey pour le motiver, mais si la présence de sa fille était efficace les jours où ça allait, ce n’était pas la même chose quand, au contraire, il avait l’impression que plus rien n’allait.

Ça avait été dans un jour comme ça qu’il avait été Elwyn, la veille. Fatigué, déprimé, complètement au bout du rouleau. Il avait eu envie de se foutre en l’air sur le chemin du retour, persuadé que sa vie n’en valait pas la peine. Pensée omniprésente dans sa tête par moment et qui rendait tout plus compliqué. Il avait quand même réussi à rentrer chez lui, mais au lieu d’aller chercher Zoey chez sa voisine – et nourrice – il était allé chez lui. Il avait besoin de la seule chose qui l’aidait à voir la vie de façon un peu moins sombre – temporairement seulement – sa dose d’héroïne. Il n’avait pas été spécialement en manque et pourtant, il avait été tremblant, sur les nerfs, vraiment pas bien. Il ne savait plus trop ce qu’il avait fait, Elwyn. Il avait entendu des coups contre sa porte, la voix de sa voisine, puis plus rien. Le noir total. Il n’avait aucune idée de la suite des événements, ni du temps écoulé depuis le moment où il s’était enfoncé la seringue dans le bras, jusqu’à celui où il avait ouvert les yeux dans une chambre d’hôpital. Encore dans les vapes, il soupira en regardant autour de lui. Il détestait les hôpitaux. On allait le laisser sortir rapidement – pas question de bloquer un lit pour un toxico – sans se priver pour lui faire la moral et le juger. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans cette situation, alors il connaissait bien, Elwyn. Il se demandait bien qui avait pu le sauver cette fois. Il aurait préféré que personne ne s’en mêle pourtant, il aurait préféré qu’on le retrouve mort et qu’il ait enfin la paix. Mais ce n’était pas le cas. Il était encore bel et bien en vie et la suite des événements n’allait pas l’aider à avoir davantage la volonté pour se battre pour sa vie. Les jugements, la culpabilité, ça n’aidait pas beaucoup et pourtant, il savait qu’il allait y avoir le droit. Les paupières à peines ouvertes, encore ébloui par la lumière de la pièce, il finit par apercevoir quelqu’un, un visage qu’il ne tarda pas à reconnaître. « Leola ? » Autant demander, après tout, au point où il en était, peut-être qu’il hallucinait.

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Il y avait des moments comme ça où il ne trouvait plus la force de se battre, Elwyn. Il était fatigué et tellement démoralisé par son quotidien qu’il avait tendance à juste vouloir abandonner. Il pensait à Lily et il réalisait à quel point la vie était terne, amère et difficile depuis qu’elle n’était plus à ses côtés. S’il devait faire le point sur sa vie, de toute façon, il n’en ressortait qu’une profonde déception. Il avait été heureux avec Lily, mais ça ne représentait qu’un moment éphémère dans son existence. Le reste de sa vie était juste merdique à souhait. Il était un pauvre gars pathétique, misérable, né au mauvais endroit et qui n’avait pas réussi à en sortir. Il y en avait qui y arrivait. C’était le cas de sa sœur, de Luanna aussi, mais lui, fallait croire qu’il n’était qu’un raté, du début jusqu’à la fin. Pauvre type qui n’avait pas réussi à se sortir de la merde dans laquelle il était né. Il était aussi pitoyable que sa mère et pourtant, il passait son temps à la juger, à la maudire pour la vie qu’elle lui avait imposée. Les chats ne faisaient pas des chiens, de toute évidence. Sa sœur était une exception, peut-être qu’elle tenait plus de son père que de leur mère. Difficile à dire, tous les deux, ils n’avaient pas le même père, mais ils étaient inconnus au bataillon, l’un comme l’autre. Myra avait eu plus de chance que lui, ou plus de courage, tout simplement.

Lui, il était faible et lâche. Un pauvre type qui était tombés dans de mauvais travers et qui n’avait même plus envie de lutter. Y avait un moment où les pensées sombres, le manque d’estime de soi, la dépression, ça devenait trop lourd à porter et les conneries étaient plus graves qu’à l’accoutumée. Il n’avait pas réfléchi Elwyn, il n’avait pensé à rien d’autre qu’à la peine qu’il ressentait et il avait fait une connerie. Ce n’était pas vraiment volontaire, mais difficile de prétendre que ce n’était qu’un accident. Y avait toujours une partie de lui, plus ou moins conscience selon les jours, qui voulait en finir pour de bon. Y avait un moment quand il avait perdu connaissance où il avait cru que c’était fini et le sentiment avait été plus agréable que flippant, ça en disait long sur ce qu’il ressentait. Finalement, il avait fini par rouvrir les yeux, dans une chambre d’hôpital, probablement le lieu qu’il détestait le plus au monde. Une chance pour lui, on allait pas le garder longtemps. Ils ne bloquaient pas les lits pour les toxicos. C’était gâcher une place pour quelqu’un qui n’en valait pas la peine et ce serait pas lui qui essaierait de les convaincre du contraire. Les yeux ouverts il avait plus ou moins reconnu Leola, pas sûr d’être complètement réveillé. Pourtant elle lui répondait, c’était probablement qu’elle était vraiment là. Il soupira à sa question. « Mieux que jamais. » Ironie non dissimulée dans ses propos, c’était pas la grande forme et ça lui donnait clairement envie de se refoutre une dose dans les veines. « Je devrais la remercier. » Encore ironique, parce qu’il aurait préféré qu’elle ne le retrouve pas. Ça aurait été plus simple comme ça. Il détourna le regard, fixant le plafond alors qu’elle évoquait Zoey, qu’il entendait, mais qu’il ne voulait pas voir. Il était con, probablement égoïste et lâche, mais il se sentait quand même coupable vis-à-vis de la petite. « Elle devrait pas, cet endroit craint. » Il détestait les hôpitaux depuis toujours Elwyn, encore plus depuis que sa femme était morte, probablement dans ce même hôpital, un peu plus d’un an plus tôt.

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Il avait toujours eu ce mal en lui Elwyn, cette impression que la vie n’en valait pas la peine et que dans le fond, il serait mieux mort. Ça le hantait depuis l’adolescence, peut-être même avant. Il n’était pas un gamin particulièrement désiré au contraire. Il était plus un problème dans la vie de sa mère que sa plus grande joie. C’était à se demander pourquoi elle ne l’avait pas abandonné dans un coin après l’avoir mis au monde. Pourquoi elle n’était pas allée se faire avorter le jour où elle avait compris qu’elle allait avoir un bébé. Il doutait qu’elle l’ait vraiment aimé sa mère, qu’elle en ait eu un jour quelque chose à faire de lui ou de sa sœur. Et il avait grandi comme ça Elwyn, persuadé d’être un fardeau dans la vie de sa mère, persuadé qu’il pourrait disparaître du jour au lendemain, elle n’en aurait rien à faire. La preuve, ça faisait des années qu’il ne lui avait pas adressé la parole, pas un mot pas une visite, elle pourrait être morte qu’il n’en saurait rien et l’inverse était vraie aussi. Il avait grandi avec le rejet de sa mère et les coups de ses beaux-pères. Forcément, il était bousillé jusqu’à l’os depuis sa plus tendre enfance et le fait d’avoir réussi à s’en sortir pendant un temps, d’avoir trouvé le bonheur et la volonté de construire une vie bien différence de ceux à quoi il était prédisposé ça rendait la chute encore plus violente.

Depuis la mort de Lily, c’était devenu trop dur de tenir le coup. Il ressemblait à sa mère et ça le dégoûtait le blond. Son estime personnelle était déjà au raz des pâquerettes, mais en plus, y avait des moment où il se détestait complètement. Clairement, pour remonter la piste y avait du boulot. Tellement de boulot que ça semblait impossible et de toute façon, la plupart du temps, il n’en avait pas envie. Les rares moments où il se disait qu’il fallait qu’il se bouge, c’était en observant sa fille et même là, l’addiction reprenait trop vite le dessus et le cercle vicieux continuait de tourner. Il devrait probablement aller voir un psy, mais il n’avait pas envie qu’on le juge et l’impression que le monde entier le jugeait constamment, ça faisait partie de ses nombreux problèmes. Paranoïa qui découlait de la dépression ou de l’usage des drogues ; peut-être des deux. Il venait de se réveiller à l’hôpital après une overdose, pas certain que ce soit une bonne chose que son corps se remette à fonctionner. Sa voisine aurait dû le laisser dans sa merde. Commentaire qu’il garda pour lui. « Tu parles, c’est un coup à faire des cauchemars ça. » Pas besoin de se voir dans la glace pour savoir qu’il devait faire peur à voir. Lui en tout cas, il continuait de tourner la tête de l’autre côté, parce qu’il ne voulait pas la voir Zoey. Il n’était pas un bon père, mais il l’aimait profondément sa fille. Il aimerait que ce soit suffisant pour combattre le reste, mais les blessures étaient trop profondes, trop douloureuses et lui, il était à bout de force. Alors est-ce que c’était un accident ce qui lui était arrivé ? Probablement pas. « J’en sais rien. » Il avait été mal, vraiment mal avant de rentrer chez lui, c’était un fait et il n’était pas particulièrement heureux d’avoir survécu. « On va dire que ça en été un, financièrement, je peux pas me permettre d’être envoyé en psychiatrie. » Il en aurait bien besoin pourtant, mais il n’avait pas les, moyens pour ça et pas l’envie non plus. La facture d’hôpital allait encore faire mal, pas la peine d’en rajouter. Maintenant qu’il était réveillé ce n’était sans doute qu’une question de minutes avant qu’on le foute dehors de toute façon.

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Il était épuisé le blond. Épuisé par cette vie qui ne lui avait jamais laissé beaucoup de répit, ou juste assez pour qu’il se dise que la roue avait tournée, que les choses allaient changer, qu’il allait enfin pouvoir être heureux et avoir une jolie vie. Il y avait vraiment cru Elwyn, pendant tout le temps qu’il avait été avec Lily, son mariage avait été simple, mais beau, il l’avait rendu vraiment heureux et il s’y était accroché avec beaucoup de force Elwyn et quand Lily était morte c’était toute sa vie qui s’était effondré. Maintenant, il avait l’impression d’être complètement à bout. Il n’avait jamais été vraiment heureux avant de rencontrer Lily, mais puisqu’il n’avait pas la sensation d’avoir connu le bonheur, ça rendait les choses plus facile à accepter. Il avait été dépressif déjà à l’époque, mais il avait eu un peu moins de mal à affronter son quotidien. Depuis la mort de son épouse, c’était une autre histoire. Maintenant, il savait ce que c’était le bonheur et ce le voir retirer cruellement par la mort de Lily, un jour qui aurait dû venir renforcer le bonheur qu’ils connaissaient tous les deux, c’était de la torture. Il n’y arrivait pas le blond. Ça faisait plus d’un an qu’il essayait de lutter contre toute cette douleur, mais le fait était qu’il n’y arrivait pas. Il n’y arrivait plus en tout cas. Il était trop fatigué, trop déprimé, trop blessé par son quotidien et par moment, il voulait juste que tout ça s’arrête.

Une partie de lui l’avait voulu quand il était rentré chez lui avec ce besoin de se payer un trip à l’héroïne. Il ne pouvait pas le nier, une partie de lui en avait eu envie, une partie de lui avait choisi d’augmenter la dose dans la seringue. Ça pouvait être une erreur de jugement, une maladresse, le manque qui pousse à faire ce genre de connerie. Mais y avait aussi le mental, la peine qui ne cessait pas malgré les mois qui s’écoulait et le fait que par moment, il n’en pouvait vraiment plus. Il souffrait trop. C’était injuste pour sa fille, il en avait bien conscience et dans le fond, la culpabilité, elle n’aidait pas non plus à aller mieux. Il ne pouvait pas la regarder pour le moment le blond, préférant tourner le regard, malgré sa fille qui l’appelait. « Je suis quand même pas à mon avantage. » Elle l’avait vu mieux que ça après tout Leola, physiquement comme psychologiquement dans le fond. Il devait avoir une sale gueule, parce qu’il venait de se réveiller après une overdose, alors clairement, il n’était pas sous son meilleur jour. Est-ce qu’il l’avait fait exprès. En partie oui. Mais il se contenta de se dire qu’il n’en savait rien. De souligner que c’était mieux que ce soit un accident. Il ne pouvait pas se payer des soins psychologiques et il n’en avait pas envie de toute façon le blond. Pas envie de se poser devant un mec qui allait le juger pour ses choix. « Non ça ira. » Il n’avait pas envie de demander la charité à Leola. Il lui devait déjà beaucoup pour ce qu’elle avait fait après la mort de Lily, pas besoin de s’ajouter plus de dettes que ça. C’était plus blessant qu’elle ne pouvait l’imaginer, Leola, de s’entendre dire qu’elle, elle pouvait lui payer une thérapie. C’était débile, mais l’égo – aussi petit soit-il – il en prenait un coup. « J’ai pas envie de voir un psy de toute façon. » Besoin, sûrement, mais l’envie n’était clairement pas là. Pas de temps à perdre avec ça, de toute façon, il était un cas désespéré le blond, certain que même le meilleur des psys ne pourrait rien pour lui.

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Il avait une vie compliquée Elwyn. Un genre de malédiction qui planait au dessus de sa tête depuis qu’il n’était né. Il aurait aimé réussir à s’en sortir, comme Luanna l’avait fait ou comme sa sœur l’avait fait. Il fallait croire qu’elles avaient toujours eu plus de force et de courage que lui. Elles avaient eu de l’ambition toutes les deux, des rêves qu’elle voulait accomplir. D’aussi loin qu’il se souvienne, lui, il n’y avait jamais rien qui l’avait motivé. Luanna avait voulu le pousser à aller à l’université persuadé qu’ils pouvaient régler le problème financier que ça représentait, d’une façon ou d’une autre. Mais il n’avait pas eu la moindre idée de ce qu’il pourrait étudier. Même dans un monde parfait où il aurait eu les moyens de faire des études, Elwyn, il ne savait pas ce qu’il aurait voulu faire. C’était probablement ça son problème, il n’y avait absolument rien qui le motivait. Même gamin, il n’avait pas été du genre à envisager de faire tel ou tel métier, à changer d’avis tous les deux jours. L’ambition était une chose qui lui avait toujours fait défaut. Clairement, il n’avait jamais rien eu envie de faire de sa vie, alors forcément, y avait jamais rien eu pour le sortir de sa misère. Si. Il y avait bien eu une personne. Lily. Sa grande histoire d’amour. La seule qu’il ait jamais connue dans le fond. Elle, elle l’avait motivée, elle lui avait donné envie de faire quelque chose de sa vie.

Mais Lily, elle n’était plus là. Tout ce qu’ils avaient prévu de faire ensemble, ça avait été beau et motivant, mais sans elle il avait tout perdu. Elle l’avait fait revenir de loin quand même, pour le pousser à vouloir se marier, à vouloir un enfant alors même qu’il n’avait pas franchement la fibre paternelle. Aussi étrange que ça puisse être, il avait été vraiment présent pendant sa grosse, le genre de futur papa qui venait parler au bébé au dessus du ventre de son épouse. Enthousiaste à l’idée d’avoir un bébé. Mais tout ce bonheur qu’ils auraient dû avoir, il s’était brisé quand Lily était morte. La situation était particulièrement horrible après tout. Elle était morte en donnant la vie à leur fille et c’était incroyablement injuste. Le plus beau jour de leur vie s’était transformer en un véritable cauchemar dont il voudrait se réveiller le blond. Il aimait sa fille, mais au final, sa naissance marquait la pire chose qui lui soit arrivé. C’était injuste aussi pour elle, la petite n’y était pour rien et jamais il n’avait blâmé Zoey pour ce qui était arrivé à sa mère. Elle mériterait d’être heureuse cette petite, avec deux parents l’aimant et au lieu de ça, elle n’avait qu’un père qui souffrait tellement qu’il avait juste envie d’abandonner. Il avait survécu à son overdose. Il avait survécu un jour de plus, mais honnêtement il ne savait pas combien de temps ça allait durer. Y avait des moments comme ça où il n’avait plus la force de se battre. « Certains le sont jamais. » Lui, en particulier. Loin de la perfection, en effet, il était surtout une épave bonne pour la casse. Un gars pathétique qui se laissait sombrer parce que lutter était devenu trop difficile. Un psy peut-être que ça l’aiderait, mais le chemin serait long et cher et il n’avait pas les moyens. Comme quoi, quand on avait pas de fric, on n’était vraiment pas voué à s’en sortir. « Je suppose qu’il faut quand même un minimum de volonté pour que ça serve à quelque chose. » De la volonté, lui, il n’en avait pas beaucoup et sans doute qu’en face d’un psy, il aurait bien du mal à parler. Il avait connu des thérapies lors de ses cures et ça avait toujours été difficile de s’ouvrir. Il l’avait fait, motivé par l’envie de sortir de là, il l’avait fait en disant bien ce qu’on voulait qu’il dise et pas forcément ce qu’il ressentait. Probablement pour ça que ça n’avait jamais été très efficace ces fichues cures. Il laissa échapper un soupire à la question de de Leola, elle n’aurait clairement pas la réponse qu’elle voudrait. « Rien. » Il n’y avait rien à faire de toute façon, juste survivre un jour de plus. Le suivant et ceux d’après, jusqu’à la prochaine fois, jusqu’au moment où son corps ne tiendrait plus la route. S’il voyait les quarante ans, ce serait déjà bien, presque un miracle même, vu son mode de vie. « Je crois qu’y a un moment faut juste se rendre à l’évidence et admettre qu’y a rien à faire. » Les cures n’avaient jamais fonctionnées, il n’y avait que Lily qui avait réussi à l’aider et Lily elle n’était plus là. De toute façon, à quoi bon aller mieux ? « Même si par miracle, je finissais par aller mieux, y aurait toujours cette épée de Damoclès au dessus de ma tête. C’est un parcours du combattant pour s’en sortir et il suffit d’un rien pour retomber. » Il savait bien de quoi il parlait. Il en avait chié, même avec Lily à ses côtés pour complètement décrocher et il avait fallu d’une seule fois, une seule dose, aussi infime soit-elle, pour qu’il retombe en enfer.

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Il n’avait pas envie de s’en sortir dans le fond, Elwyn. Souvent, il se disait qu’il n’en voyait pas l’intérêt de toute façon. Pour Zoey ouais. Parce qu’il l’aimait. Mais il était persuadé qu’il n’avait rien de bon à lui apporter. Même s’il devait réussir à se sevrer, s’il n’était plus, juste un pauvre type, complètement accroc à l’héroïne, ça ne ferait pas de lui le père de l’année. Il était un peu comme sa mère dans le fond Elwyn, plus à même d’être un problème, un boulet à la cheville que son enfant serait obligée de se traîner toute sa vie, que quelqu’un qui puisse lui offrir une belle vie. Il avait une image de lui négative et il était dégoûté par la vie, deux éléments qui, clairement, ne l’aidait pas à voir le verre à moitié plein. Il était vraiment au plus mal le blond et rien n’y faisait, il n’arrivait pas à lutter pour que ça aille mieux. Quand on était incapable de voir la lumière au bout du tunnel, en même temps lutter devenait compliqué. Il avait été particulièrement mal aujourd’hui , assez pour faire n’importe quoi. C’était un accident, c’était ce qu’il avait dit à Leola, mais dans le fond, est-ce que ça en était vraiment un ? Au fond de lui, il savait bien Elwyn, qu’il y avait eu une partie de lui ce soir qui avait cherché plus qu’un trip à l’héroïne. Un moyen d’en finir une bonne fois pour toute, mais ça n’avait pas fonctionné.

Il était encore là. A l’hôpital, même s’il savait qu’on le mettrait vite dehors. Ce n’était pas un problème, il n’avait de toute façon pas l’intention de s’éterniser à l’hôpital. Il n’aimait pas cet endroit. Il avait toujours détester les hôpitaux, pour les nombreux séjours qu’il avait pu y faire à cause de la drogue, mais encore plus, depuis que Lily était morte. C’était dans cet hôpital qu’elle était morte sa femme, alors pas question de s’y éterniser. « Ouais, c’est ça. » Pas la peine de débattre là-dessus pendant des plombes, de toute façon, il faudrait bien plus que quelques belles paroles pour lui redonner un peu d’estime de lui. Une thérapie, peut-être que ça pouvait être une bonne chose pour les gars comme lui. Mais il n’avait pas les moyens de payer pour ça et de toute façon, il n’avait pas envie d’aller se confier à un psy, comme si c’était une solution miracle pour tout arranger. « J’ai ni l’un, ni l’autre. » Pas de volonté, pas d’envie. La différence entre les deux restait bien maigre d’après le blond. Mais il n’avait pas envie de se lancer dans un débat là-dedans. Aucun débat ne l’intéressait de toute façon. Il voulait juste rentrer chez lui, dormir et voir de quoi demain sera fait. Sans motivation, évidemment, parce que les jours qui défilaient n’étaient jamais franchement motivant. « J’en ai pas envie. » Là encore, on pouvait le dire, pouvoir et vouloir, ce n’était pas la même chose. De toute façon, dans ce genre de situation, chaque réussite était incroyablement difficile à atteindre, souvent extrêmement douloureuse, aussi bien physiquement que moralement et la rechute était si facile qu’il y avait de quoi se démotiver très vite. Il avait fait plusieurs cures, pour toujours rechuter. Il n’y avait qu’avec Lily à ses côtés que ça avait été vraiment efficace. « Non, je crois pas. Si c’est pour juste attendre qu’un nouveau drame le tombe sur la gueule, non merci. » Il avait déjà assez donné le blond. Le plus beau jour de sa vie s’était transformé en le pire jour de son existence. Chaque moment de bonheur avait été détruit par la mort de Lily. Un drame que personne n’avait pu prévoir. Une complication rare que personne n’avait su éviter. Ça arrivait. C’était comme ça. Il aurait dû simplement accepter les choses et aller de l’avant. Il en était incapable le brun. Sa vie était comme ça. Un enchaînement d’emmerdes. S’en sortir, c’était juste se préparer à chuter de nouveau et il ne voulait pas de ça Elwyn. « Je t’ai déjà dit que tu perdais ton temps. » Ils avaient déjà eu cette discussion de toute façon tous les deux. Ça ne les avait mené nulle part. C’était la même choses aujourd’hui, juste la même conversation qui se répétait et rien n’allait changer.