sweetest thing ((lucius & wilma))

Douce cascade de boucles sombres ruisselantes sur son visage, Mica sortait de la salle de bain serviette autour de sa taille. Épuisé par une journée à jouer les modèles, dur est la vie d’une nature morte. C’est un peu ce qu’il est le temps que les pinceaux ou doigts transcrivent l’émotion pour façonner l’art. Œuvre qui n’est pas encore au point, mais la muse ne pouvait s’attarder plus longtemps. Elle laisse courir sur elle le temps, mais ce soir, l’œuvre a invité une amie. Il doit encore préparer à manger, mais son corps lui semble lourd d’épuisement. Traversant l’appartement pour rejoindre son immense garde-robe débordant de tenue variée, Mica s’habilla en vitesse, une tenue plus apte à la vie dans son intimité. Il ignore si Lucius viendra ce soir, tout dépendra de son entrainement, comme toujours. Un t-shirt des Sex Pistols sur le dos, troués et déchirés comme si les mites avaient décidé de s’en régaler au point où on découvrait plus sa peau qu’elle n’en était réellement habillée. Un baggy lousse sur ses hanches, accentuant les os de son bassin et chevilles bien serrées pour être certain que le pantalon ne se fasse pas totalement la malle, Mica se mit au fourneau. Loin d’être un dieu en la matière et encore plus question vitesse, la muse sursauta en entendant sonné, manquant de peu de s’écorcher le doigt avec la lame étincelante de ce couteau affamé. Il vole dans son propre butin une carotte qu’il glisse entre ses lèvres tout en allant déverrouiller l’entrée principale pour laisser la jeune femme entrer. Le loquet fut tourné pour la faire entrer dès qu’elle aura monté les marches ou pris l’ascenseur et ainsi rejoint l’appartement des deux garçons. Des colocs à leurs lèvres lorsqu’on leur demandait quelle était leur relation. Pas des amis. Des colocs. Curieux. Mensonge, surtout. Deux chambres. Un seul lit occupé depuis des mois. Ils se taisent. Plutôt est-ce Mica qui garde le secret de qui partage sa vie. On toque, il beugle « C’est ouvert, j’suis dans la cuisine. » Suffit de suivre l’odeur pour le trouver grignotant une autre carotte.

Recette improvisée. Recette réinventée. Les mains plongées dans la popotte, l’esprit concentrer sur le moment présent se délectant du fumet que lui renvoi ses casseroles. Pas vraiment un fin cuisinier, mais assez pour faire un plat mangeable et surtout qui ne se résume pas à mettre des pâtes dans une casserole. Le temps file et se distord, il ne voit pas l’heure arriver, ni même le temps de dire qu’il pourrait peut-être se changer pour accueillir son amie. Rien de tout cela, il reste ainsi vêtu dans cette dégaine un peu trop évocatrice de ses formes. On toque. Il beugle. Trop concentrer sur ce qu’il fait pour aller ouvrir la porte, manquerait plus qu’il rate quelque chose et que le tout crame sous son regard. Il entend les pas de la brune résonner sur le parquet. Carotte à ses lèvres, il croque dans celle-ci, alors qu’il entend la voix de cette dernière courir à son oreille. « Parce que pour toi une carotte c’est un apéro ? » demande-t-il en haussant un sourcil. Mais son expression se brise et se déconfit, alors qu’elle souffle d’autres paroles qui le laisse pantois. « Tu veux dire que pour toi cette carotte peut être soit un apéro soit la métaphore d’une teub ? Wilma tu pense beaucoup trop loin ou alors t’es carrément en manque ma vieille ! C’est qu’un légume et un mec qui a faim en cuisinant. » Sa voix ne sonne pas comme un reproche, elle ondule sous le ton de la plaisanterie, un rire qui file doucement entre ses lèvres. C’est l’une des facettes qu’on ne voit pas tous les jours avec Mica. Tout du moins, si on est pas de son entourage, puisque sa carrière lui a surtout donné une image plus glaciale. « Mais si tu es si pressée à prendre l’apéro, on peut ouvrir une bouteille ou se sauter dessus si tu es trop en manque ! » Large sourire qui se trace sur ses lèvres, clin d'œil un peu trop pour ce simple repas, mais il en profite le bougre.

hj// comme vu avec Sophie je poste avant elle pour laisser le temps à Lucius à arriver et pas directement après Wilma

Entraînement qui dure depuis de longues heures, les muscles sont fatigués, le moral aussi. A force de transpirer, de courir, de s’arrêter et de retranspirer, Lucius commence à avoir froid. Son estomac s’éveille, il commence à en avoir marre de refaire les mêmes mouvements encore et encore pour perfectionner son geste. C’est nécessaire, il le sait bien. L’équipe a besoin de renouvellement et de travailler de nouvelles stratégies de jeu, mais il a la sensation que pour aujourd’hui ils en ont assez faits. Puis quelques minutes après un dernier soupir, les coachs semblent du même avis. Quelques applaudissements pour se féliciter mutuellement, des tapes amicales dans le dos, puis les conversations se tournent vers d’autres sujets plus légers. Les fêtes de fin d’années qui approchent, les prochains déplacements pour les matchs, les histoires de couple avec des descriptions un peu trop graphiques au goût de Lucius. Enfant de chœur qui n’a jamais été habitué à cela, même adolescent il faisait attention à la manière dont il décrivait sa petite amie. Elle était une personne avant d’être un corps, et s’il pouvait parler librement de celui qui occupe son lit aujourd’hui, il dirait exactement la même chose. Et en pensant à Mica, qui l’attend sûrement dans leur appartement, il hésite quelques instants. Devrait-il sauter la douche dans les vestiaires pour rentrer plus tôt ? Il reviendrait tout poisseux et collant, ce qui ferait sans aucun doute râler son petit-ami, mais il pourrait l’attirer sous le jet d’eau pour profiter de retrouvailles. L’idée est alléchante, mais finalement il suit le mouvement, un peu perdu dans ses pensées. Machinalement il se déshabille, entre dans les douches, sans trop participer aux conversations. Il se fait finalement réveiller par une serviette qui le percute en pleine tête, ce qui le fait rire. « Tu rêves déjà à ton lit Montoya ? » « T’as même pas idée ! Je suis prêt à aller directement à la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin. » La citation n’est pas à prendre dans le contexte de Peter Pan, mais bien littéralement. Il espère déjà pouvoir dormir longtemps le lendemain matin, si son homme à bouclette n’a rien de prévu en tout cas.

C’est les cheveux mouillés qu’il quitte les vestiaires en saluant ses coéquipiers. Peu importe ce qu’ils ont prévu pour le reste de leur soirée, Lucius lui pense déjà à plusieurs heures calmes, relaxantes, avant de rejoindre Morphée. Mais après un trajet plutôt calme, il est surpris de se rendre compte que l’appartement ne l’est pas autant qu’il le pensait. Des voix résonnent, et discrètement le sportif pose ses affaires dans l’entrée avant de suivre les échos. Il arrive seulement pour entendre cette dernière phrase équivoque. Se sauter dessus, ça n’a pas dix mille significations, surtout lorsque c’est accompagné de ce clin d'œil dont Mica a le secret. Il se sent légèrement mal à l’aise Lucius, mais c’est avec un large sourire qu’il finit d’entrer dans la cuisine pour se faire connaître des deux occupants. « Je ne pensais pas que c’était ce genre de soirée. Je peux repasser plus tard si vous préférez. » Le ton est à la blague, évidemment. Il ne montre rien de ce pincement qu’il ressent au cœur. Il n’y a que sourire pour son colocataire et son amie, avant qu’il ne se rapproche d’elle pour lui dire bonjour. « Salut Wilma, ça fait plaisir de te voir. » Il aurait préféré en être prévenu avant, mais ça il ne le lui dira pas à elle. C’est un mot qu’il glissera à Mica une fois qu’ils seront seuls, pour éviter de dire plus en détail toutes les autres choses qu’il ressent pour lui. Dieu sait qu’il y en a énormément, mais c’est justement celui à qui Lucius évite de les dire. « Ça sent bon en tout cas. Il y en a assez pour moi aussi ? » Sourire adressé au chef, sans doute pour tenter de l’attendrir pour qu’il le nourrisse. Mais loin de lui l’idée de s’inviter à une soirée à laquelle il n’a pas été convié. Si Wilma et Mica désirent être seuls, il ira manger dans sa chambre - leur chambre.