This is Sparta ! ... Ou pas (Aiden / Luna)

Qui dis printemps, dis saison des amours et retour des beaux jours ! Bon, pour les amours, cela ne me concerne pas, je suis parfaitement heureuse et épanouie dans ma relation avec Wilma, cette femme incroyable qui sait me combler à tous les égards. En revanche, pour ce qui est des beaux jours, j'ai toute la peine du monde à cacher mon enthousiasme face à la végétation florissante et au gazouillis intempestif des oiseaux. Alors après mon derniers cours de la journée, je décide de prendre un peu sur mon temps libre pour aller arpenter les rues animées de la Nouvelle-Orléans.

L'odeur ici m'a toujours captivée. Elle mêle avec une perfection assez incroyable des touches marécageuses venue des bayous alentour à des notes plus fleuris de ce début de printemps avec des odeurs créoles notamment issu de nourritures traditionnelles que l'on peut trouver assez facilement un peu partout. Cela fait de nombreuses années maintenant que j'ai quitté mon Australie tant aimée pour venir m'installer ici, je devrais être habituée à toutes ces odeurs, à ces bâtiments à l'architecture si typique, ou encore au rythme de vie si différent de ma terre natale. Pourtant, chacune de mes sorties en ville semble être la première, mon regard enjoué et pétillant appréciant tout ce qui se donne à ma vue.

Mon vieux et fidèle sac étant déjà bien plein, je le soulage en portant quelques dossiers dans mes bras. Rien de bien fou, quelques copies d'étudiants et mon dossier pour mon chantier de cet été. J'ai encore pas mal de choses à étudier avant le départ, notamment sur la datation des sols et l'analyse des poteries retrouvées sur place. J'espère qu'une fois là-bas, je pourrais trouver quelques mosaïques, ou avec beaucoup de chance, un squelette. Peut-être ai-je trop d'attente ? Mais c'est mon premier, comment ne pas être pleine d'attentes ?!

Je m'arrête devant quelques vitrines, et naturellement devant celle d'un antiquaire. Je n'entre pas, c'est bien trop de tentation pour mon petit porte-feuille. Cela dit, le plaisir des yeux reste gratuit, heureusement. Je vois quelques objets intéressants, mais à mon grand désarroi tout est trop récent. Je crois que c'est inscrit dans ma génétique : ce qui me fait vibrer, c'est l'antiquité. Comment pourrai-je aller contre ma nature ? Je reprends donc ma marche, ayant presque l'envie de fredonner tant j’apprécie cette journée. Il ne manquerait plus que Wilma me fasse une visite surprise ce soir pour que ma journée soit absolument parfaite en tout point. Tout du moins, c'est ce que je pensais avant d'avoir cette désagréable impression d'être suivie. Alors bien entendu, je regarde derrière moi pour voir deux hommes probablement de mon âge, je ne sais pas trop, qui me suivent d'un peu trop près à mon goût. Et d'ailleurs, le fait que je me sois retourner semble les avoir décidés à m'aborder. Qu'ils aillent voir ailleurs !

« Hey on peut te payer un verre ? »
« Non, sans façon, merci. »          
« Allez juste un ! »
« J'ai dis non. »
« J'habite pas loin si tu veux. »  
« C'est toujours non. Laissez-moi. »

Je ne supporte pas ce genre de situation. Cela me rappelle de trop mauvais souvenirs, et sans vraiment m'en rendre compte je me renferme sur moi-même, agrippant un peu plus fermement mes dossiers dans mes bras. Je ne suis pourtant pas une petite chose fragile. J'ai été pompière plusieurs années, j'ai vu de nombreuses choses horrible pendant ce laps de temps. Et je fais de la boxe thaï depuis un bout aussi, je suis largement capable de me défendre. La femme que je suis aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la femme que j'étais la nuit où je me suis faite violer. Et pourtant, si Wilma à réussi à me faire avancer, le traumatisme est toujours là, bien enfoui au fond de moi, tel un mal latent qui attend la moindre petite occasion pour refaire surface et prendre le contrôle de mon esprit meurtrie. Les flashs de son visage, celui de cet homme, celui qui à détruit une part de moi cette nuit-là. Comment réagirait une femme Spartiate face à ces deux hommes ? Je le sais bien. Les femmes spartiates étaient redoutables. Elles avaient exactement la même formation militaire que les hommes. Il va sans dire qu'aucune de ces femmes ne se serait laissé importuner de la sorte sans en découdre. Oui mais voilà... Paralysé par mes souvenirs, je dois bien me rendre à l'évidence : je ne suis pas une spartiate.

Peut-être devrai-je trouver refuge dans une boutique ? Ils seraient obligés de me lâcher...