{Wiluna} - New York nous voilà

J'en tremble encore. Prostrée sur ma chaise, le regard tantôt perdu dans le vague, tantôt perdu sur mon cher Viktor. Comme s'il pouvait m'apporter une réponse à cette foutue question que je me pose : j'ai réussi ma soutenance, ou pas ?! Des centaines et des centaines d'heures de travail, un dossier de plus de 150 pages, des entretiens Zoom avec des archéologues dans toute l'Europe, lecture de dizaines de rapports d'expéditions, sans parler des différents travaux de chercheurs... Je m suis bousillé la santé, physique et mental, pour pondre mon dossier de très exactement 153 pages. Cette thèse, c'est mon bébé, et me voilà aujourd'hui dans le flou le plus total, sans savoir si mon bébé à fait son effet. Je crois que oui, comment il pourrait en être autrement ? J'ai mis tout mon cœur dans ce travail ! On attendait de moi que je présente ce travail colossal pendant trois quart d'heure, et après j'ai passé une heure et demi à répondre aux questions du jury. Ils avaient l'air très intéressés, et plutôt enjoués. Mais peut-être qu'ils étaient simplement avenant ? Je sais pas, je ne sais plus rien, et le stress est entrain de me bouffer. Comment je pourrais me regarder dans une glace si j'ai raté ma soutenance et que je dois recommencer l'année prochaine ? Je crois que je ne pourrais jamais me remettre d'un tel échec.

Dire que je suis épuisée est un euphémisme. Je ne dors presque plus depuis que j'ai passé l'épreuve il y a trois jours. Mes idées s'embrouillent. La fatigue me fait parfois un peu vaciller quand je suis debout, alors je reste la majeur partie du temps assise, à me repasser en boucle tout ce qu'il s'est passé dans cette salle. C'est tout mon avenir professionnel qui se joue sur cette thèse. C'est ce qui fera de moi une archéologue chercheuse, ou une ratée qui doit repasser son examen. J'ai posé des vacances à la caserne, je savais que je ne serai pas en état de travailler. Et comme si Wilma s'était douté de quelque chose, elle m'a dit qu'elle m'emmenait en vacance avec elle, mais la destination est restée un mystère. Pour la « surprise ». Je dois dire que je ne m'attendais pas à ce qu'elle me propose ce genre de chose. Après tout, elle et moi, c'est très récent. Et l'attachement se fait de plus en plus fort, même si je n'ai pas pu être très présente pour elle ces derniers jours à cause de ma soutenance. L'épreuve approchant, je me suis littéralement enfermée chez moi. Plus aucun contact avec l'extérieur, jour et nuit je travaillais. Je m'en veux un peu, mais visiblement, elle, elle ne m'en veut pas. Elle doit bien comprendre l'importance de tout ça, et je lui en serait éternellement reconnaissante.

Mon sac est prêt à partir, mais pour partir où ? Rendez-vous à l'aéroport pour l'enregistrement des bagages... La dernière fois que j'ai pris l'avion, c'était pour quitter ma belle Australie avec mes parents. Maintenant, je n'ai clairement pas les moyens de prendre l'avion. Déjà que mon estomac se serre tellement j'ai faim... Je n'ai rien mangé depuis hier midi. Faut dire que mes placards sont encore vides. Mais bientôt, si ma thèse est validée, je vas enfin pouvoir gagner correctement ma vie, du moins assez pour manger à ma faim et peut-être même m'acheter de nouveaux vêtement. En attendant, j'enfile mon vieux t-shirt un peu détendu et dont le blanc n'a plus rien d'éclatant, et je mets un pointe de maquillage avant de récupérer mon gros sac de voyage. Il est l'heure de prendre le bus.

« Désolée de pas pouvoir t'emmener avec moi Viktor... Je te raconterai tout à mon retour promis ! »

Ça me fait bizarre de le laisser derrière moi, mais bon, il est assez grand pour veiller seul sur l'appartement non ? Le trajet en bus me permet de mettre de côté ce qui me stress pour me concentrer sur Wilma et notre « relation » naissante. Les choses semblent se stabiliser entre nous. Elle a tenue parole, elle ne m'a pas abandonnée après cette nuit-là. Elle est toujours présente dans ma vie. On se parle régulièrement, on apprend à se connaître, à s'apprivoiser. Et ce voyage à deux sera sûrement bénéfique. Elle reste tellement mystérieuse, comme si elle mettait une barrière entre nous, faisant attention à ne pas trop m'en révéler à son sujet. Je ne peux pas lui en vouloir ni la forcer, mais j'espère qu'elle réussira à se confier à moi. Je vacille un peu en descendant du bus, me tenant à un mur pour reprendre mon équilibre. Il faut vraiment que je dorme. Et que je mange, accessoirement. Mais pour l'instant, direction l'endroit indiqué par Wilma. L'aéroport est grand, mais heureusement j'ai un bon sens de l'orientation et je la retrouve assez facilement, elle est si belle.

« Wilma ! » Je presse le pas, un sourire immense sur le visage avant de lâcher mon sac comme un vieux sac à patate pour me jeter dans ses bras. C'est bête, j'ai l'impression de ne pas l'avoir vu depuis bien trop longtemps. Un baiser rapide sur ses lèvres, ma main qui caresse sa nuque, elle m'a manqué. « Bonjour toi... Tu sais que tout ces mystères sur ce voyage me rendent folle ? » Je rigole un peu, regardant autour de nous pour enfin trouver l'écran qui annonce notre destination. « New York ?! Tu m'emmène à New York ?! »

Je m'empresse de l'embrasser à nouveau, folle de joie. Je n'ai, au final, jamais visité les États-Unis. Je ne connais que la Nouvelle-Orléans, rien de plus. Alors, allez à New York, c'est complètement fou ! Je me demande si on pourra visiter le musée d'Histoire Naturelle ? Je n'ose pas demander... J'imagine qu'on a tout notre temps pour discuter du programme. Cette fille est une merveille...                        

Petite lune. Ce surnom me fait frissonner. Pas d’effroi, loin de là. D'autre chose. Elle est la première à m'appeler comme ça, et j'avoue que c'est très agréable. Cette impression d'être spécial à ses yeux, c'est une sensation enivrante. Après tout, elle est aussi spéciale à mes yeux. Mais nous avons encore tan à découvrir l'une de l'autre, tant à se dire. Depuis qu'on s'est rencontrées, il n'y a pas si longtemps que ça, on n'a pas vraiment eu le temps de beaucoup se voir. Faut dire que j'ai été pas mal occupée avec ma thèse. Mais ce petit voyage à deux nous sera sûrement bénéfique. Heureusement qu'elle l'a gagné à la loterie, je n'aurai jamais accepté qu'elle paye un voyage entièrement de sa poche. Appelez ça de la fierté mal placée si vous voulez, pour moi c'est juste une question de respect. En attendant, c'est à New York qu'elle m'emmène, et l'évocation d'un spa dans notre hôtel me fait son petit effet faut bien l'avouer.

« Est-ce que, à tout hasard, juste comme ça par curiosité... Le musée d'Histoire naturelle est au programme ? »

Yeux de biche en action, il fallait bien que je pose la question. Ce musé, je rêve de le voir depuis longtemps ! Après tout, je vais être archéologue non ? N'importe quel archéologue qui se respect à envie d'Aller à ce musée ! J'espère vraiment qu'on pourra y passer une journée. Oui, une journée. Parce que clairement la visite va être longue ! Et est-ce que ça suffira ? Il faudra bien, je ne vais quand même pas lui imposer deux jours de musée !

L'enregistrement des bagages est rapide, après tout c'est un vol interne, alors même si j'ai un passeport Australien, ça ne prend que quelques minutes. Nous passons ensuite par la sécurité où nos sacs sont vérifiés et où on passe sous le portique de sécurité habituelle, puis nous voilà dans la zone d'embarquement. Ma ma vient timidement se glisser sur la sienne, mes doigts demandent l'accès aux siens pour s'entremêler. Je ne suis pas du genre à me cacher comme pourrait le faire d'autres couples de même sexe pour des raisons malheureusement évidentes de sécurité. Même si nous sommes en 2022, croire que les couples homos sont pleinement « acceptés » est une dangereuse erreur. Les agressions continuent d'augmenter d'année en année, et je ne parle même pas de la loi du Gay Panic qui légalise le meurtre des homosexuels dans ce pays, comme en Australie, si une personne se sent « menacée » par un ou une homosexuelle. Non, c'est pleinement compréhensible que certains veulent se cacher, et je suis bien placée pour le savoir avec mon viol, mais non, je ne me cacherai jamais. Je suis comme je suis, et je suis fière d'être aux côtés de Wilma, même si tout ça est très récent et naissant.

« Tu sais, je n'ai pas pris l'avion depuis que je suis arrivée d'Australie avec mes parents il y a pas mal d'années maintenant. Ce n'est que la deuxième fois pour moi. Et... Je suis contente que ce soit avec toi Wilma. »

Porte d'embarquement trouvée, on s'assoit au milieu des autres voyageurs, ma tête se posant sur son épaule alors que je ferme les yeux. J'adore son odeur, elle est apaisante. Avec elle, je me sens tout simplement bien. Et j'espère qu'elle aussi. Mais la fatigue commence à avoir raison de moi, je manque beaucoup trop de sommeil, et je ne parle même pas de ma « mal nutrition » qui n'arrange pas ma fatigue. Alors je pense que je plane un peu pendant quelques instants, parlant sans vraiment réfléchir à mes mots.

« C'est la première fois que tu voyages avec quelqu'un ? Je veux dire, avec une amoureuse ? Enfin... C'est ce qu'on est, non ? »

Oui, pour que j'en arrive à sortir de telles choses devant la porte d'embarquement de l'aéroport, c'est que vraiment je n'ai pas toute ma tête. Quelle idée franchement... Comme si c'était le lieu approprié pour parler de ça.                          

Ses mots résonnent dans mon esprit à moitié présent. Je suis fatiguée, mais assez consciente pour profiter pleinement de ses mots. J'ai l'impression d'être une ado qui tombe amoureuse pour la première fois et qui découvre naïvement ce que c'est que de se mettre en couple. C'est pourtant stupide, je suis loin d'être une ado, et ce n'est clairement pas la première fois que je me mets en couple. Tout comme je ne suis pas du genre à être une guimauve quand je suis en relation. Je pense que là, c'est le manque de sommeil et l'épuisement dû à ma soutenance de thèse qui me rend aussi... Bancale ? Je vais me reprendre, il faut juste que je dorme un peu. Et je suis sûr que cette nuit, à New York, dans ses bras, je dormirai mieux que jamais.

« C'est ce que tu représentes pour moi aussi... On va aller loin, j'en suis sûr. »

Et j'espère que je resterai la seule Lune dans son ciel. En tout cas, je crois que je m'assoupis car c'est la voix dans le haut-parleur qui me fait sursauter et me réveil, il est temps d'embarquer. En bisou sur la joue de Wilma, et nous voilà debout pour faire la queue avec les autres passagers. Billets présentés, en une dizaine de minutes nous nous retrouvons à nos places dans l'avion largement plus petit que celui que j'avais pris pour venir aux États-Unis. Cela pourrait en inquiéter plus d'un, mais statistiquement parlant, on a largement plus de chance de mourir dans un accident de voiture que dans un accident d'avion, alors je préfère profiter que de m'inquiéter. Et puis, je suis avec Elle.

« Désolée de m'être assoupie toute à l'heure, je crois que je suis vraiment épuisée. Je n'ai pas fermé l’œil depuis ma soutenance... »

Autant dire que ça commence à être long ! Mais oui, aujourd'hui, ça sera différent. Et je compte bien profiter au maximum de chaque instants de ce voyage. Ceinture bien serrée, je reprends sa main en attendant patiemment le décollage qui ne serait tarder. Je me demande ce qu'elle a prévu comme programme pour notre séjour ? Quoi qu'elle ait prévu, je suis sûr que ce sera super. Et puis, elle a prévu la journée de demain pour le musée d'Histoire Naturelle, cette attention me touche particulièrement. Une future archéologue. Si jusque là mon cœur balançait entre le métier de pompier et celui d'Archéologue, maintenant que je suis sur le point d'avoir mes résultats de soutenance, et donc mon diplôme si tout va bien, mes doutes semblent s'être envolés. Archéologue. Ce mot prononcé entre les lèvres de Wilma pour me qualifier m'a frappé de plein fouet. Oui, c'est que je rêve d'être. Et si j'ai une admiration, une passion dangereuse pour le feu, je crois que cela ne peut pas faire le poids face à ce métier qui me semble destiné. Mes yeux pétillants sur la sublime femme à mes côtés, je ressens tellement de reconnaissance envers elle. Pour sa patience, tout d'abord. Cela ne doit pas être facile pour elle d'être avec quelqu'un comme moi, quelqu'un de meurtris. Mais aussi pour le fait qu'elle voit en moi la personne que je suis destinée à être. Et ça, ça vaut tous les trésors du monde pour moi.

« Wilma ? Je... Je pense que dès que j'aurai mon résultat de soutenance, je poserai ma démission à la caserne. Je ne peux plus me permettre d'être sur deux fronts... Je veux me consacrer à l'Archéologie. »

L'adrénaline que me procure le métier de pompier va me manquer, il y a cette part de moi qui aime risquer sa vie pour sauver celle des autres. Un métier à haut risque mais tellement gratifiant. Et ces flammes... Ces flammes dévorantes qui avalent tout sur leur passage, qui semblent posséder leur volonté propre. Le feu est intelligent, le feu bouge, évolue. Parfois, il se cache pour repartir plus grand et plus fort là où on ne l'attendait pas. Être aux premières loges, face à lui, est un privilège hypnotisant. Le feu va me manquer... Mais, ce manque je pourrais le combler avec tant d'autres choses. Mon temps libre, je ne veux plus le passer à chasser le feu, je veux le passer avec Wilma et évoluer avec elle. Je suis sûre qu'on a encore tant de choses à vivres. Et enfin, notre avion prend son envol alors que mon sourire n cesse de s'agrandir.

« Merci pour ce merveilleux cadeau, Wilma. Tu avais raison, tout à l'heure. Je suis sûre qu'ensemble, on va vivre de grandes choses. Et j'ai hâte de commencer cette aventure à deux par cette escale à New York. »

Des aventures, on va en vivre pleins. New York n'est que la première étape d'une très longue liste. Je vais l'Avoir mon diplôme. Il est plus proche que jamais. Je vais l'avoir, je vais me faire embaucher comme archéologue chercheuse à l'Université. J'aurai un salaire de professeur chercheur. Et je partirai sur des sites de fouilles plusieurs mois par an. Et avec enfin un salaire correct, je pourrai moi aussi faire des cadeaux à ma douce Wilma.

Pour la première fois, je vois enfin le bout du tunnel...                              

Dire que Wilma est attentionnée et surtout attentive est un euphémisme, elle fait les choses à la perfection pour le moment, et je m'en sens presque gênée. Car moi, je suis loin d'être parfaite, je le sais. Déjà pour ce qui est du feu qui doit brûler en elle, je ne suis pas sûre d'être capable de jouer les pompières pour l'instant, c'est pas faute d'en avoir envie. Mais la tournure me fait bien rire, j'adore son humour. Et honnêtement, j'aime l'idée que ce genre de feu interne la consume, cela veut dire que je lui fais de l'effet, ce qui est très positif ! Je me penche pour venir déposer un baiser sur sa joue, près de ses lèvres, et murmure à son oreille.

« Je crois que je vais laisser le feu gagner encore un peu de terrain avant de venir essayer de l'éteindre... »

Je pose ma tête sur son épaule comme elle me l'a proposé, et je ferme les yeux pour profiter du vol dans cette position, me reposant tout contre elle. Profitant de sa chaleur, de son odeur. Le sommeil ne me gagne pas de suite, j'écoute d'une oreille attentive son petit programme en mode aventuriers, ne manquant pas de rigoler encore. Elle a bien réviser en effet, et je trouve ça très mignon.

« Je pense avoir une préférence pour Lara Croft faut bien l'avouer. Si tu te mets en petit short et débardeur comme elle, je ne réponds plus de moi ! »

Raffermissant ma prise autour de son bras, je finit par m'endormir sans même m'en rendre compte alors que l'avions est stabilisé dans les airs. Un sommeil sans rêve, reposant. Sa présence à mes côtés y est pour beaucoup. Avec elle, je peux lâcher prise, je sais qu'elle est là, qu'elle veille sur moi tout comme je veillerai sur elle à chaque fois qu'elle en aura besoin. J'ai l'impression de dire des choses vraiment stupides d'ailleurs, tant notre rencontre est récente. Comment en si peu de temps je peux ressentir une telle confiance, comment je peux à ce point lâcher prise ? Nier qu'il s'est passer quelque chose entre nous de manière très naturelle serait totalement à côté de la plaque. Et si chacun des évènements de notre passé, aussi durs soient-ils, étaient arrivés dans le seul but nous faire nous rencontrer. On en revient au débat éternel que se pose les Hommes depuis toujours : sommes nous réellement maîtres de notre destins, ou celui-ci est-il écrit à l'avance ? Je crois que nous n'aurons jamais de réponse. Mais quand j'ouvre les yeux, j'ai une réponse claire : Wilma est là, à mes côtés. C'est tout ce que j'ai besoin de savoir.

« Désolée, j'ai dormi longtemps ? On atterri bientôt ? »

J'ai vraiment hâte d'arriver et de profiter de tout ça avec elle !                               

Il y a quelque chose d’irréel à se réveiller aux côtés de Wilma, qui plus est dans un avion sur le point d'atterrir. Tout est si nouveau, si frais, tel une lune de miel douce et délicate qui ne demande qu'à être consommer. Pourtant, il y a encore tant de mystère qui entour cette femme que j'accompagne. Des fois, je me demande bien comment on a fait pour en arriver là en si peu de temps. Comment un simple verre dans un bar peu amener à un voyage à New York ? Gratuit, surtout. Oui, il y a bien quelque chose d'irréel. Peut-être que je me retrouve dans un conte de fée, semblable à ceux qu'on raconte aux petites filles le soir avant de dormir. Vous savez, les contes sexistes où les femmes ont toujours besoin d'être sauvées par un homme courageux car naturellement seules elles sont incapables de se sauver elles-même. Sauf que là, le prince charmant est une princesse nommée Wilma, et son cheval est un avion de plusieurs tonnes. Y'a pas à dire, la modernité ça à son avantage !

Les yeux rivés par le hublot, ma main serrant celle de ma petite amie, j'admire la grandeur de la ville qui s'offre à nous. Elle et toutes ses possibilités sans fins. Si je suis bien plus accès Athènes, Thèbes ou encore Sparte, les villes modernes ont aussi leur intérêt. Bien qu'amoindri, naturellement. Ce n'est clairement pas dans une ville comme New York que je vais déterrer une glorieuse Xiphos datant de l'âge du bronze et utilisée par les guerriers dans la Grèce Antique. Non, rien de tel ici. Mais les activités modernes ne manque pas, et je suis sûre qu'on trouvera bien quelques aventures au détour des rues bondées et animés de la célèbre cité américaine. Mais avant toute aventure, il y a bien une chose qu'il ne faut jamais sous-estimer : l'heure du repas ! Et mon estomac grogne tellement fort en sortant de l'avions que mes joues prennent immédiatement une teinte écarlate alors que mon regard se veut fuyant. Il faut dire que je ne me rappelle même pas quand était mon dernier vrai repas. On ne peut pas vraiment dire que ce que j'avale ces derniers temps ce sont des repas, juste des trucs qui traînent parmi les rares produits qu'il reste dans mon frigo et mes placards. L'argent manque, mais bientôt ça sera de l'histoire ancienne. Il faut y croire, je vais avoir un résultat positif pour ma soutenance, et je vais pouvoir entamer ma carrière d'Archéologue et de professeur chercheur à l'Université. Et avec mon premier salaire, je compte bien offrir un petit quelque chose à Wilma. Cela ne sera pas grand chose, juste symbolique, mais ça me tient à cœur.  

« Eh bien, vu qu'il y a des coins pour manger un peu partout, autant manger ici tout de suite, et comme ça on aura plus qu'à profiter ensuite ? »

Surtout que je ne sais pas où se trouve notre hôtel, et donc combien de temps de route il nous reste. Et il faut absolument que je mange sinon je vais m'écrouler.  Alors va pour le repas ! Oh rien de bien fou, j'entraîne la femme la plus belle de la ville, si ce n'est du pays, jusqu'à un petit restaurant français de style brasserie et je commande une grosse omelette avec une salade en accompagnement. Nutritif, et pas cher ! Ça sera parfait. Et naturellement, j'ai beaucoup de mal à détacher mes yeux de ceux de Wilma. C'est étrange cette capacité qu'elle a de me faire sentir comme sur un petit nuage. Je sais, c'est ultra cliché et je me gifle mentalement pour ça, mais... Je le ressens vraiment comme tel. Ce voyage nous sera bénéfique, et qui sait, peut-être qu'il débloquera notre petit problème d'intimité. Ma main viens trouver la sienne, entremêlant nos doigts dans un sourire timide. Elle mérite tellement mieux qu'une fille un peu bancale comme moi. Mais je ne compte pas m’apitoyer sur mon sort plus longtemps. Cette histoire me hante depuis des années maintenant. Il est grand temps que j'avance dans ma vie privée et intime. Ces femmes Spartiates sont un vrai exemple à suivre...

« Je n'arrive pas à croire qu'on est à New York ! Tu sais, je suis heureuse de pouvoir vivre cette aventure avec toi. Une fois nos affaires posées à l'hôtel, on pourra allez explorer les alentours qu'en penses-tu ? Et demain... Ça sera l'aventure au musée avec ma Lara Croft personnelle. »

L'imaginer déambuler dans le Musée d'Histoire Naturelle dans une tenue ressemblant à celle de la célèbre exploratrice à le don de m'émoustiller ! Faut avouer que Wilma a un corps de Déesse, et je ne serai pas étonnée qu'Athéna elle-même la jalouse ! Mais que la déesse de la guerre prenne garde, cette sublime jeune femme est à moi, rien qu'à moi. Hors de question de la partager ! Et je dois me battre contre monts et prétendantes pour la garder au près de moi, je le ferai sans hésiter. L'amour, c'est une guerre perpétuelle. Rien n'est jamais acquis, il faut se battre pour protéger et ravivez la flamme, encore et toujours. Jusqu'au dernier jours, jusqu'au dernier soupir. Ah l'amour... Tant d'hommes et de femmes sont mort pour lui. Est-ce romantique ou effrayant ? Je n'ai pas encore décidé.

« Bientôt, je serai enfin archéologue... Je n'ai pas encore mon résultat de soutenance mais, je le sens au fond de moi. Je vais réussir. Mon rêve est sur le point de se réaliser et... J'ai tant de mal à y croire ! Quand j'aurai enfin un salaire convenable, tu crois qu'on pourrait envisager de... Tu vois ? Enfin, si l'idée de vivre aussi avec Viktor ne te rebute pas trop ? »

Bordel dans quoi je m'embarque moi ?! À peine atterrit et même pas encore quitté l'aéroport que je lui propose qu'on emménage ensemble d'ici quelques mois ? Ah l'amour... Responsable des pires folies !                                      

Qu'est-ce qu'il m'a prit franchement ? Je crois que je me suis un peu trop laissé emporter par l'euphorie du moment. Être ici, avec elle, me sentir bien, avoir cette certitude que je touche mon rêve du bout des doigts, tout ça m'a fait un peu m'enflammer. Pourtant, il est trop tôt. Je le sais. Elle le sait. On commence tout juste notre histoire, ça ne sert à rien de mettre la charrue avant les bœufs. Heureusement, elle gère très bien la situation, de manière magistrale même. Comme elle le dit si bien, chaque chose en son temps ! Et je pense qu'on a beaucoup de choses à vivre avant de penser à emménager ensemble. Déjà, que je me stabilise professionnellement, et que j'en sache un peu plus sur elle.

« Tu as raison, excuse-moi. Profitons ! »

J'apprécie sentir ses doigts caresser ma peau, c'est rassurant, agréable. Et de toute façon, nos assiettes nous sont rapidement apportées. Comme je l'imaginais, l'omelette est absolument appétissante, et bien accompagnée avec sa salade. Je souhaite un bon appétit à ma sublime voisine de table avant de me mettre à manger. Faut dire que j'avais vraiment très faim ! On ne le dira jamais assez : c'est important de bien manger. Je dirai même que c'est vital. Après tout, nous sommes ce que nous mangeons. Mangez mal, vous serez en mauvaise santé régulièrement. Mangez bien, et à vous les 100ans ! Tout ça pour dire, ce petit break pour se rassasier est vraiment le bienvenu.

« Dis-moi Wilma, je me demandais, comment en es-tu venue à être fossoyeuse ? C'est un métier qui t'as toujours intéressé, ou tu y es arrivée par hasard ? »

Autant commencer tout de suite à faire connaissance non ? On ne va pas seulement se regarder dans le blanc des yeux. Et puis, j'ai envie d'en savoir plus sur elle, sur ce qu'elle aime, sur le pourquoi elle est qui elle est. Si ça se trouve, elle va se révéler être une psychopathe à la recherche de la victime parfaite et je suis tout en haut de sa liste ? Ici, à New York, personne ne se souciera de moi, et je suis sûre qu'avec son métier elle sait comment faire disparaître un corps. Autant dire que je ne pars pas gagnante ! Du moins, dans l'éventualité très peu probable que ma petite amie soit une tueuse en puissance. Ce dont je doute grandement. Non, pas ma douce et calme Wilma. S'il y a bien une personne avec qui je ne me sens pas en danger, c'est avec elle.

« On prend un taxi jusqu'à l'hôtel ? Ou le bus ? New York me fait un peu penser à Sydney... Mais Sydney était quand même bien moins... Je ne sais pas... Mégapole ? Je suis sûre que tu aimerais Sydney. Faire son footing sur les bords de l'Océan Pacifique, c'est quelque chose ! »            

Et c'est là que je me tais et replonge un peu honteuse dans mon assiette. J'ai encore trop parlé ! Bon sang qu'est-ce que je peux être une pipelette quand je m'y mets. Faut dire que l'Australie me manque un peu parfois, mais mon avenir n'est pas là-bas. Il est ici, tout du moins, il est à la Nouvelle-Orléans. Un pied à la NO, et un pied en Grèce. L'Australie, c'est mon passé, et cela doit le rester. Vivre au passé n'apporte jamais rien de bon, il faut regarder plus loin au devant. L'avenir n'attend que d'être construit, et je n'ai pas de temps à perdre avec ce qui est révolu. Enfin, je dis ça, mais ce qui me fait vibrer c'est justement de vivre au passé, en étudiant l'Histoire et en la déterrant. Je suis une femme très paradoxale !  En tout cas, assiette terminée, je m'enfonce dans ma chaise avec mes mains sur mon ventre bien remplie. Que ça fait du bien ! Et hors de question qu'elle paye tout !

« On demande l'addition et on file découvrir notre hôtel ? J'ai hâte de voir notre chambre. »

Notre chambre... C'est normale que tout d'un coup j'ai une furieuse envie de l'embrasser ? J'imagine que oui !                              

C'est marrant de voir comment nous avons choisi notre orientation professionnelle d'une manière aussi radicalement différente. Moi en laissant parler une passion dévorante, presque obsessionnelle, et elle par un simple jeu de hasard, répondant à la première annonce qu'elle a vue. Y a t'il une méthode meilleure que l'autre ? Non, je ne pense pas. Je pense qu'au fond, nous avons tous des envies et des attentes différentes au sujet de notre vie professionnelle. Certains comme moi on besoin de répondre à un appel intérieur, celui qui ne peut mener qu'à un seul endroit, telle une destinée qu'on ne peut renier, telle une épopée épique comme seuls les grecs savaient les écrire. Et d'autres, ils sont plutôt des caméléons, ayant la capacité de se plaire dans plusieurs domaines, si ce n'est tous les domaines. Une capacité d'adaptation incroyable ! Dans un sens, je l'envie. Pouvoir se satisfaire de n'importe quel métier du moment d'en avoir un, c'est un sacré avantage dans la vie. Personnellement, si on me disait que je ne peux pas être archéologue, que je devais trouver autre chose, je crois que ça serait comme perdre une partie de moi. Perdre la raison qui me fait me lever tous les matins, perdre cette étincelle qui me donne cette furieuse envie de vivre chaque nouvelle journée comme une aventure. Je ne crois pas que je pourrais m'adapter à un autre métier au final, mon cœur serait brisé. Je suis née pour être archéologue, c'est le but ultime de ma vie, pour le meilleur et pour le pire.

« Je te trouve fascinante Wilma ! Avoir une telle capacité d'adaptation c'est assez incroyable. Tu sais, la notion de Destin à été en quelque sorte inventée par les Grecs. Tout du moins, ce sont les premiers à y avoir fait mention. Ils l'appelaient la Moira, et les trois divinités associées ont hérités de son nom : les trois Moïras. Tout ça pour dire, pour eux, rien ni personne ne pouvait échapper à la Moira, pas même les Dieux. Une fois que ton destin est écrit par les trois Moïras, tu ne peux y échapper. Ce qui est assez marrant, c'est que des siècles plus tard, les peuples scandinaves avaient exactement le même concept. Le Destin étant écrit par les Trois Nornes sous la forme d'un fil qu'elles tissent jour après jour et dont même les Dieux ne peuvent s'échapper. C'est fascinant de voir que deux peuples fondamentalement différents et éloignés aussi bien géographiquement que par le temps aient la même conception d'une même chose, tu ne trouves pas ? Au fond, peut-être que ta Moira à toi, c'était d'être la fossoyeuse de la Nouvelle-Orléans ? »

Merde. J'ai trop parlé. Encore. Pour cacher ma gêne, je prends quelques gorgées de mon verre d'eau, évitant le regard de ma douce Wilma. J'ai peur qu'elle me trouve chiante à déblatérer comme ça mes trucs d'Histoire. C'est tellement plus fort que moi, ça sort tout seul. J'ai l'impression parfois d'être habitée par une petite entité qui prend le contrôle de mon corps dès qu'un petit détail me ramène à un fait historique. Et le pire ? Quand ça m'arrive, je ne m'en rend même pas compte. Tout du moins, je m'en rend compte beaucoup trop tard. J'ai envie de m'excuser car je parle trop et que ça doit être chiant, mais au final je ne dis rien, cela vaut mieux ! Mieux vaut... Passer à autre chose. Ouais, voilà. Genre passer au moyen de transport pour l'hôtel. Et visiblement, ça sera en métro. Pas de soucis, ça sera rapide et moins cher qu'un taxi. Quant au jogging au bord de l'océan, je lui offre un sourire immense à cette idée. Oui, voir Sydney avec elle un jour serait un privilège. Après tout, même si ma vie est aux États-Unis maintenant, je n'en suis pas moins Australienne, c'est mon pays, et il aura toujours une grande importance dans mon cœur. Si les choses se passent aussi bien que je le crois avec Wilma, alors j'aimerai un jour partager ça avec elle. Et comme visiblement il faut aussi passer par la case dessert, je me laisse prendre au jeu et commande une salade de fruits au serveur. Léger et bon, parfait pour mon estomac déjà bien rempli.

« Ça se voit tant que ça que je meurs d'envie de t'embrasser ? Moi qui pensais être un minimum discrète, c'est raté ! » Je rigole de bon cœur, prenant à nouveau sa main chaude et douce. « Tu sais, t'embrasser en publique ne me dérange pas c'est juste que... Je ne peux m'empêcher de me dire que même aujourd'hui encore il y a tellement de gens mauvais et hostiles à la différence. On ne fait pourtant rien de mal, aimer ne devrait jamais être un problème. Mais après ce que j'ai vécu, j'avoue qu'une part de moi ne peux s'empêcher d'être méfiante. »

Oui, l'embrasser en publique ne me dérange absolument pas, je n'ai pas honte d'être avec elle. Et je n'aurai jamais honte. Il y a juste ce stress persistant dû à mon expérience. Mais j'ai déjà embrassé des filles en publique, et je compte bien faire de même avec Wilma ! Et puis, je suis sûre qu'avec le temps, les baisers seront bien plus nombreux. Avec elle, je sens que je vais avancer, évoluer. Et qui sait, peut-être qu'elle aussi elle cache de sombres douleurs qu'elle arrivera à soigner à mes côtés ? Il y a cette lueur dans son regard... Mais comment lui en parler ? Quand le moment sera venue, j'imagine. Mais pour l'instant, il est temps de faire un sors à cette salade de fruits !

« Miam ! Il faudra qu'on aille se faire une promenade à Central Park pendant notre séjour. À ce qu'il paraît, c'est vraiment sympa. »

Il y a tellement à voir et à faire dans cette ville, je sens qu'on ne va pas avoir le temps de s'ennuyer ! De toute façon, du moment qu'on est ensemble, je sais que tout sera parfait... Surtout dormir dans ses bras.    

                               

Ce qui est agréable avec Wilma, c'est que je n'ai jamais l'impression d'être jugée. Notre échange reste très naturel, et elle sait me mettre à l'aise en toute circonstance. Même quand j'ai l'impression de me ridiculiser, ce qui n'est donc pas négligeable. Et il faut dire que sa réflexion sur le Destin tient la route en ce qui concerne la communication entre les diverses civilisations. Et sa non-croyance en ce même Destin est tout à fait compréhensible. Après tout, pour des personnes de notre époque dite moderne c'est très dur d'admettre que nous ne contrôlons pas nos vies. Appelons ça de la fierté ? Là où les peuples anciens faisaient preuve de plus de modestie, ils avaient compris où était leur place, ils avaient compris que leur existence ne dépendait pas uniquement d'eux mais plutôt d'un tout. Au fond, que l'on croit ou non au Destin n'a absolument aucune importance, puisque nous ne saurons jamais le fin mot de l'histoire. On peut se dire que tout ce qui nous arrive dans la vie et tous nos choix sont là uniquement pour nous emmener à un point bien précis décidé à l'avance pour nous. Ou on peut se dire qu'on est les seuls maîtres de nos vie et donc que tout ce qu l'on fait et décide ne résulte que de nous même. Qu'importe la pensée que l'on choisi, le résultat sera toujours le même. C'est ça qui rend cette notion de Destin si fascinante. Quant à mon avis sur la question eh bien... J'imagine que c'est un savant mixte des deux. Je suis plutôt agnostique alors... L'incertitude et le questionnement sont mon quotidien.

« Quelle que soit la route que tu décidera d'emprunter, le moment venue je serai là pour te soutenir. »       

Que dire de plus ? Un couple, ce n'est pas seulement des sentiments l'une pour l'autre, c'est aussi une sorte de partenariat entre deux personne. Deux personnes qui décident de faire la route ensemble dans la même direction et qui se soutiennent mutuellement dans les projets, communs ou non, et dans les difficultés de la vie. Alors oui, si un jour elle décide de changer de métier, je serai à ses côtés, ça me semble être d'une grande évidence. Tout comme le fait de vouloir l'embrasser ici et maintenant, et si je le pouvais, aux quatre coins du monde. D'ailleurs sa plaisanterie ne manque pas de me faire rire de bon cœur, surtout en l'imaginant dévorer mes lèvres pour baver dessus. Bon sang Wilma que j'aime ton humour ! Et on pourrait même faire un footing ensemble à Central Park ? Je pourrais en profiter pour lui montrer un peu mes capacités physique, on ne sait jamais, ça pourrait lui faire son petit effet !

« L'idée d'un petit footing ensemble à Central Park me plaît beaucoup ! Que je te montre un peu ce dont je suis capable. »

Petit clin d’œil espiègle, je m'amuse un peu de la situation. Si je peux douter de moi sur beaucoup de choses, ce n'est clairement pas le cas au sujet de la condition physique. Entre la boxe que je pratique de manière très assidue et l'entraînement régulier des pompiers, je connais mes capacités et je compte bien continuer à les entretenir.
Nos desserts engloutis et notre note payée, je me réjouis du délicat et agréable baiser qu'elle m'offre. Honnêtement, je ne me soucis même pas des gens autour de nous, je profite juste de ses lèvres auxquelles j'ai bien peur d'être devenue totalement accro ! Sa main dans la mienne et mon sac dans l'autre, on fini par quitter les lieux pour gagner le métro. On trouvera bien en endroit pour notre café. Je n'aime pas trop prendre le métro de manière générale. J'en ai un mauvaise image relativement stéréotypée. Sale, qui pue, remplie de gens pas toujours très nets et pas toujours très honnêtes. Alors bien entendu, je tiens fermement mon sac et je n'hésiterai pas à boxer le premier qui osera essayer d'y toucher. C'est MON sac, pas celui du premier Marcel Dupont du coin.

« Tu sais, je crois que je vais avoir beaucoup de mal à dormir cette nuit. Je vais tellement gamberger sur la journée au musée de demain que mon esprit risque de m'empêcher de dormir. Promis j'essaierai de ne pas gâcher ton sommeil. »    

Je rigole un peu en lui embrassant la joue d'un air innocent. J'ai bien une idée de comment on pourrait occuper notre nuit si le sommeil ne vient pas mais... J'imagine que cela se fera naturellement. Ma douce Wilma...

                               

Un massage... Est-ce qu'elle sait l'effet qu'elle me fait en me disant ça ? Je suis parfaitement corruptible, je l'assume totalement. Et les massages, ça fait partie des choses auxquelles je ne peux pas résister. Et en toute honnêteté, je suis incapable de me rappeler quand est la dernière que j'ai eu droit à un tel traitement. Faut dire que la majeur partie du temps, je n'arrivais pas jusqu'à ce stade d'intimité... Bref, dans tous les cas, je me mordille la lèvre inférieur en la regardant, imaginant déjà ses mains sur moi. C'est moi ou il fait chaud ici ?

« Toi, tu sais me parler Wilma... »

Un peu trop bien même ! Dans tous les cas, en sortant du métro, nous arrivons assez rapidement à notre destination, un hôtel plutôt luxueux dans une grande tour comme New-York sait si bien faire. De tout là-haut, la vue doit être assez incroyable, tout particulièrement de nuit. Faut dire que les vue citadines nocturnes sont généralement assez romantique. Si tant est que des lumières artificielles à perde vue soient romantiques... Toujours est-il que la plupart du temps, c'est beau ! Et que dire du programme ? Spa tout l'aprem ? Je suis carrément partante !

« Commençons par le Spa et ensuite... On fera tout ce que tu veux... »

Je lui murmure ces derniers mots à l'oreille, non sans un petit regard complice, et nous récupérons les clés de notre chambre. D'ailleurs, la chambre, on en parle ? Je n'ai jamais dormis dans une chambre aussi magnifique. Et la chance nous souris, nous sommes assez haut pour avoir une vue sublime sur la ville grâce à la baie vitrée. Y'a pas à dire, nous allons passez un séjour de rêve ici. Je pose mon sac près de la baie vitrée, observant un instant les tours de la ville et tout ce qu'il est possible de voir, me perdant un instant dans mes pensées. Tout ce luxe, ce n'est pas mon milieu. Mes parents n'ont jamais eu beaucoup d'argent, et moi encore moins. J'avoue être un peu mal à l'aise... Mais mon sourire sur cette magnifique femme qui m'accompagne se veut pourtant tendre et plein d'affection. Qu'importe le malaise, je suis avec elle, c'est tout ce qui doit importer.

« Cet endroit est magnifique... Merci encore Wilma de m'offrir un tel cadeau, une telle opportunité. Je te l'ai déjà dis mais, je suis heureuse de vivre cette aventure à tes côtés. » Je l'embrasse tendrement, enroulant mes bras autour de sa nuque, profitant quelques instants d'un petit moment de tendresse. « Allez, le maillot de bain pour le spa ne va pas s'enfiler tout seul ! »

Tout en rigolant, j'ouvre mon sac pour récupérer mon maillot et je file dans la salle de bain où je m'empresse de me déshabiller et de me faire une petite toilette rapide avant d'enfiler mon maillot. J'attache mes cheveux dans un chignon plus ou moins bien fait, espérant que Wilma appréciera la vue. Oui, je veux lui plaire. Aujourd'hui et tous les jours qui suivrons jusqu'à aussi loin que possible. En sortant de la salle de bain, je me sens beaucoup plus timide que prévu alors je prends nerveusement une serviette pour me « cacher ». Ce qui est parfaitement ridicule car elle a déjà vu une bonne partie de mon corps lors de notre échange enflammé la nuit de notre rencontre et qu'en plus, j'ai envie qu'elle me voit, j'ai envie de voir que je lui plaît. Mais bon, ça se saurait si les réactions humaines étaient toujours logiques.

« Je suis prête... »  
                               

Les escaliers, ça me va. Six étages à descendre, ce n'est pas insurmontable. Alors j'accepte C'est assez étrange comme sensation de se rendre dans le SPA d'un hôtel luxueux quand on vient d'un milieu plus que modeste. Si mon physique n'est absolument pas source de complexes, c'est plutôt le fait d'avoir l'impression de ne pas être à ma place, comme si les personnes nous entourant allaient venir me voir pour me dire que l'hôtel premier prix se trouvait plus loin au bout de la rue. Pourtant, Wilma ne semblait pas se préoccuper de ce genre de chose. Que ce soit la présence des autres clients, ou ma situation financière plus que précaire. C'est triste à dire, mais de nos jours les personnes avec peu de moyens sont stigmatisées et souvent mises de côtés dans notre société de surconsommation. Avoir trouvé une femme qui ne me juge pas sur ça est une vraie libération. Dans tous les cas, je retire aussi ma serviette et la pose aussi sur le porte serviettes, puis je la laisse m'entraîner avec elle dans le jacuzzi où nous sommes pour le moment seules. L'eau chaude et les bulles sont vraiment agréables et je ne peux retenir un profond soupir d'aise une fois confortablement installée.

« C'est la première fois que je rentre dans un jacuzzi, et c'est bon, c'est adopté ! » Rigolant un peu, je me penche pour déposer un baiser rapide sur ses lèvres avant de me réinstaller. « Je crois que je pourrais bien y prendre goût ! Tu as déjà fait ce genre d'activité ? C'est quelque chose de commun ? »

Ma question est peut-être naïve, mais j'avoue que je ne sais absolument pas si c'est une activité courante d'aller au SPA. Pour moi, je vois ça depuis toujours comme une activité de luxe inaccessible, destinée aux personnes d'une classe sociale plus élevée et que je n'atteindrai jamais. Et pourtant, me voilà ici, à barboter dans l'eau avec ma petite amie.

« L'eau est tellement agréable... En sortant d'ici on doit avoir froid non ? Faudra peut-être que je te demande de me réchauffer ? » Clin d’œil complice, faut avouer que d'être peu vêtue à ses côtés donne quelques idées et autres envies. « Tu crois que le spa est ouvert la nuit ? »

Moi ? M'imaginer me glisser dans le spa de nuit avec Wilma pour s'adonner à quelques plaisirs charnels romantiques dans un jacuzzi ? Non... Bon d'accord, un peu quand même. Mais je n'y crois pas trop. Déjà parce qu'il y a peu de chance que le spa soit ouvert de nuit, cela semble assez logique. Mais aussi parce que rien ne dit que j'arriverai à passer le pas avec ma douce. Pas faute d'en avoir envie ! Non, l'envie n'est clairement pas un problème. C'est ailleurs que ça pèche. Et j'espère que je pourrais bientôt offrir à Wilma ce qu'elle mérite, la matérialisation physique de l'affection mutuelle que nous nous portons.

« Alors... En vrai on peut faire quoi, dans un spa ? Je veux dire, à part faire trempette dans une eau divinement chaude et bouillonnante ? C'est pas dans les spa qu'il y a... Tu sais les endroits où il fait super chaud faire faire transpirer ? J'ai mangé le nom. »

Qu'importe si je suis ridicule, je n'y connais rien dans ces trucs ! Habituellement, plutôt que de prendre soin de mon corps avec tout un tas d'attention diverses, je suis plutôt du genre à le maltraiter à coups d'abdos, de pompes, de musculation, sans oublier les coups que je me prends à la boxe. Alors là, je suis dans l'inconnu et je ne demande qu'à tout découvrir !