MARLEY › made of stardust. (DÉLAI JUSQU'AU 06/01)

(one) welcome to the foster system. t'as quatre ans. si petite, si innocente. et pourtant tu viens de vivre le plus gros traumatisme qu'un enfant pourrait vivre. tu viens de perdre tes parents, les deux personnes qui constituaient ton monde entier. qui représentaient tout à tes yeux.  tu les as perdus à jamais, et tu retrouves seule. toute seule. personne pour t'accueillir, personne pour t'aimer et t'élever. alors comme des milliers d'enfants avant toi, tu te retrouves dans l'engrenage d'un système qui veut bien faire, mais qui est dépassé. t'es plus qu'un dossier posé sur un bureau plein à craquer, un nom parmi tant d'autres dans cette pile, une invisible dans la masse. t'es placée dans une première famille d'accueil, puis une seconde. elles se succèdent, mais jamais t'arrives à t'y faire ta place. jamais t'arrives à enfin la trouver, ta place. cigarette, drogue, alcool, maltraitance, intimidation, menaces... les coups défilent, les maisons aussi. t'as pas de chance, marley, tu tombes à chaque fois sur pire. alors t'apprends à encaisser, à mentir. dire que ce bleu, c'est parce que t'es tombée à vélo. que ce bras cassé, c'est d'avoir couru dans les escaliers. parce que tu sais que quand la situation est dénoncée, le pire est à venir.

(two) when life lets you down. le temps continue de passer. t'as quasiment seize ans, ça fait quelques années que t'es au même endroit. mais c'est ni une maison, ni une famille à tes yeux. des parents d'accueil sans scrupules, quatre autre enfants. et t'as qu'une seule envie, c'est partir loin de là. alors une nuit, c'est ce que tu fais. t'attrapes les quelques affaires qui t'appartiennent dans un sac. c'est pas grand chose dans le fond, juste l'essentiel. juste de quoi survivre pendant quelques temps, le temps de trouver une solution. tu marches sur la pointe des pieds et t'approches du second lit de la pièce, réveillant gabriela. la petite, la douce gabriela. la seule personne qui compte pour toi. elle a deux ans de moins que toi, tu veux pas la laisser seule là. alors elle te suit et toutes les deux, vous vous fuguez loin de cette endroit malveillant. sauf qu'après quelques jours dans la rue, on vous retrouve. t'a eu seize ans depuis, t'es placée dans un foyer pour jeunes tandis que gabriela est envoyée dans une autre ville sans que t'aies la moindre info à son sujet. tu l'as plus jamais revue et tu regretteras à jamais, la sensation abominable au ventre de l'avoir abandonnée.

(three) taking matters into your own hands. malgré ta séparation avec gabriela, ce foyer a été une vraie chance pour toi. plus de parents d'accueil mal intentionnés, juste des jeunes en quête d'une vie nouvelle et des adultes prêts à les aider. vous étiez huit filles, entre seize et dix-huit ans. tu pouvais te reconnaître en chacune d'entre elles. et même si vous aviez pas l'impression d'être une famille pour autant, vous saviez que vous pouviez compter les unes sur les autres. au foyer, t'as eu le droit d'avoir ton premier petit boulot. c'était pas grand chose, mais chaque dollar gagné, tu le mettais de côté pour te construire un avenir digne de ce nom. t'étais pas du genre à vouloir t'acheter des fringues ou du maquillage chaque semaine, le strict minimum, ça te convenait. par contre tu savais que sans argent, tu tiendrais pas très longtemps le jour où t'aurais dix-huit ans et que tu devrais quitter le foyer. le jour où tu mettrais les voiles, direction la nouvelle-orléans.

(four) life's so much easier online. la seule chose que tu t'es réellement acheté avec ton salaire, c'est un ordinateur. très vite tu t'es sentie bien plus à l'aise dessus que tu l'avais jamais été avec des gens dans la vie de tous les jours. t'as appris à t'en servir rapidement, même si rapidement que t'as même été plus loin que la majorité des gens qui découvrent le net. tu savais pas trop ce que c'était, le hacking, toi t'étais juste curieuse au début. curieuse de connaître le fonctionnement de tout ça. puis t'as réalisé que tu pouvais t'introduire dans des failles, en créer, bref, que tu pouvais y faire un peu ce que tu veux au fond. t'as découvert nombre de choses que t'aurais probablement pas dû. et si au début c'était pas tant intentionnel, ça l'est devenu. parfois, pour être en accord avec tes valeurs et pour exposer à la vue de tous les torts et les combines de gens peu scrupuleux. parfois, plus tard, pour gagner un peu d'argent de poche en réalisant des manipulations de clients intéressés par certaines données que tu pouvais leur fournir. aujourd'hui, l'informatique a plus aucun secret pour toi.

(five) like a chameleon. avec le temps, tu t'es forgée de vraies capacité d'adptation. fallait bien, avec tout ce que t'as pu vivre, que tu sois capable de t'acclimater au moindre environnement. alors t'es devenue un caméléon, capable de faire fi de n'importe quelle situation. tu te débrouilles, tu fais ce que t'as à faire. tu peux être aussi discrète qu'une petite souris autant que tu peux faire des vagues, tu peux être invisible autant qu'être plus impétueuse qu'un torrent. mais la plupart du temps, t'as cet air blasé, lassée, habitué. d'ailleurs, t'as ce qu'on appelle la resting bitch face, mais c'est pas ta faute si t'as l'air de prendre de haut le reste du monde. c'est juste l'expression de ton visage quand tout est normal.

(six) home sweet home. après avoir passé trois ans en colocation, à vingt-et un ans, t'as finalement pu te payer ton petit chez-toi. rien de bien fancy, juste un petit appartement où tu peux vivre comme tu le sens et surtout, où tu peux être seule. ça t'épuise d'être constamment entourée, t'es pas vraiment à l'aise avec les autres jeunes de ton âge. un peu de temps en temps ça va, mais sinon ça draine toute ton énergie. t'en as fait un endroit où tu te sens bien, où tu peux te reposer à toute heure de la journée et de la nuit. et y a deux ans, t'es tombée nez à nez avec newton, qui est très vite devenu ton compagnon. newton, cet adorable chat de gouttière qui est littéralement tombé de l'escalier de secours par ta fenêtre, s'invitant chez toi par la même occasion. c'est ainsi que tu l'as baptisé comme l'auteur de la loi de l'attraction universelle. comme toi, newton est un vrai solitaire, mais c'est un vrai amateur de câlins quand l'envie lui prend.

(seven) brb, just doing the bare minimum. ça fait maintenant un peu plus d'un an que t'as rejoint le staff du moon bar en tant que serveuse. t'as fait différents petits boulots en parallèle du hacking, histoire d'avoir un job légal en couverture. t'es passée par employée dans une arcade, dog-sitter ou encore mascotte dans une chaîne de fast-food. autant dire que tous les petits boulots existants, tu les as probablement faits. et un jour, tu tombes sur une annonce d'un bar en te baladant dans le vieux carré. le fameux moon bar. tu pousses la porte pour te présenter et dire que t'es intéressée par le job recherché. t'as déjà été serveuse par le passé, l'alcool ça te connaît et t'es clairement plus un oiseau de nuit que de jour. après bon, t'es plutôt du genre à faire le strict minimum, mais au moins tu le fais bien. et même si t'es pas l'employée du mois, t'es un bon élément et tu t'entends plutôt bien avec tes collègues.

(eight) all i see is fire. tout est parti en fumée. enfin presque. quand le feu s'est déclaré à cause d'un court-circuit dans ton salon, t'as couru attraper newton et cette boîte qui contient tous tes petits trésors, ces souvenirs que t'as accumulés avec le temps. et ton ordinateur qui traînait sur ton lit aussi, même si finalement t'as eu la chance de voir ta chambre plutôt épargnée grâce à la rapidité des pompiers. mais ça, tu pouvais pas le savoir quand t'as vu les flammes dévorer tes rideaux. à l'exception de la chambre, tout le reste de l'appartement y est passé. t'es pas forcément matéraliste, après tout t'as passé ton enfance et ton adolescence à bouger avec un simple sac rempli de quelques affaires. mais t'avais enfin un endroit à toi, t'avais pu t'acheter des trucs avec l'argent que t'as gagné à la sueur de ton front (et aussi grâce à quelques clics de souris) et t'as presque tout perdu. ça te rend triste marley, mais c'est la vie. c'est comme ça aussi que t'as rencontré charlie, ta nouvelle coloc. elle est intervenue sur l'incendie et voyant que t'avais nulle part où aller, t'as embarquée pour t'héberger quelques temps avec newton. et finalement, même si t'étais pas forcément dans l'idée de retenter une colocation, t'es restée. c'est un peu chaotique avec charlie, mais c'est sympa aussi.

(nine) i make no apologies, this is me. t'es indépendante, fière, solitaire et peu sociable. ouverte d'esprit, intelligente, et sensible aussi, bien qu'on ait l'impression que rien ne t'atteigne. t'es parfois sans-gêne, t'as souvent l'air blasé, pourtant t'es un vrai marshmallow dégoulinant d'amour et de sincérité à l'intérieur. mais ça, tu le montres pas, parce que t'es forte, et que les sentiments, c'est de la faiblesse. t'es clairement aussi obstinée et têtue qu'une mule, tu supportes pas qu'on te marche sur les pieds ou qu'on te dise quoi faire. tu n'hésites pas à user de tous les moyens pour arriver à tes fins, cette chienne de vie t'a appris que tu ne pouvais compter que sur toi-même. et quoi qu'on puisse penser de toi en te voyant, une fois que t'accordes ta confiance, c'est pour la vie. au fond, t'es quelqu'un de bienveillant, d'empathique et de juste. t'as un coeur en or, marley.

(ten) all the little things. le noir est ta couleur fétiche, même si t'es un peu plus encline à mettre de la couleur depuis quelques temps. pourtant tu sors jamais sans avoir l'ongle de ton auriculaire gauche peint en noir et parfois, t'aimes bien porter cette teinte en rouge à lèvre aussi. ☆ tu mâches un chewing-gum environ 85% de ton temps éveillé. ☆ comme beaucoup des habitants de la ville, t'aimes particulièrement l'ambiance régnant dans le vieux carré. tu t'y sens bien et c'est probablement le seul endroit sur terre où l'être humain te semble tolérable. ☆ t'es un vrai bec à sucre, même si on dirait pas ça de toi. manger sainement, c'est pas trop ton truc. tu sais qu'il faudrait le faire, mais dans le fond, tu finis toujours par craquer par un bon beignet. ☆ t'adores le thé. littéralement. t'as envahi la cuisine avec tes sachets en vrac et tu manques jamais ta tisane du soir. ☆ tu dors encore avec la peluche de ton enfance, ça te rassure en quelque sorte. t'as ce besoin de tenir dans ta main la patte de cet ours tout rapiécé avant de t'endormir.