le style se développe en une marque, la mode est éphémère - 22.01.22 - dale & paloma

[ le style se développe en une marque, la mode est éphémère. ]

20 janvier 2022

L'ouverture de sa boutique approchait à grands pas désormais. Paloma Gartzea s'affairait depuis son arrivée en ville le mois dernier à parfaire son installation ici. La Nouvelle-Orléans comme un nouveau départ dans sa vie. Un retour aux sources aussi, Paloma s'était changée en femmes d'affaires et peut-être qu'elle avait trop délaissé le côté artisanal de son métier de couturière. Ce samedi serait consacré à la pose des écrans qu'elle avait acheté auprès d'un.e agent commercial.e de chez Panasonic. Paloma n'avait aucune connaissances pointues dans le milieu de l'high tech et peu lui importait la marque des écrans qui seraient accrochés sur les murs de sa boutique, ça faisait travailler quelqu'un de cette ville donc sa mission était remplie.

Sa boutique occupait tout le rez-de-chaussée de ce charmant bâtiment du vieux carré. À l'intérieur, une ambiance s'inspirant de ses origines françaises et espagnoles, en accord total avec la Nouvelle-Orléans. Un mélange parfait pour la collaboration entre la marque Gartzea et la ville, un partenariat initié et proposé par son ex-amant, le nouveau maire de la ville, @Laurie Bogart, qui sera certainement présent à l'inauguration de sa boutique.

Des murs aux pierres apparentes, des étagères en bois, des tapis venus d'Europe, des portants de vêtements encore vides mais qui accueilleraient bientôt ses quelques créations, d'anciennes et des nouvelles, spécialement préparées pour l'occasion. Près des caisses, des vitrines pour exposer quelques modèles phares de sa marque et des bijoux ou accessoires qui attireront l'oeil de celles et ceux qui seraient désireux de parfaire leur look. Tout prenait forme. Petit à petit.

Dale était déjà venue, quelques temps après que Paloma ait prit possession des lieux, pour lui présenter leurs "produits" et chiffrer un devis. Une seule demande de la part de Paloma : que ça ne ressemble pas à une boutique quelconque comme on en trouve dans les coins les plus riches des capitales ou d'ailleurs. Loin de moi l'idée de vouloir vivre sur les Champs-Elysées, avait-elle dit. Elle ne voulait pas que ça soit agressif, préférant une ambiance chaleureuse et familiale, plus propice à la détente et aussi plus ouverte à tout types de clients.

Ainsi, deux grands écrans qui couvraient une bonne partie du mur derrière les caisses étaient en train d'être installés par des poseurs. Ici et là quelques écrans plus petits, qui diffuseraient non pas des images de mannequins trop lisses ou trop parfaits mais des images plus reposantes, plus agréables, de la Nouvelle-Orléans et des petits coins de nature dont elle regorge. Une façon pour elle de se faire accepter plus facilement par les habitants de cette ville et de s'y sentir chez elle, mais aussi de faire en sorte que le client se sente plus proche d'elle et soit tenté d'acheter. Telle était sa stratégie marketing.

Donc dans tout ça il y a aussi ce qui me servira à l'étage ? demandait-elle à Dale, 1m87. (L'étage lui servait d'atelier et de bureaux.) Paloma n'avait pas mit plus de trois secondes pour se rendre compte du potentiel que Dale aurait dans le milieu de la mode en la voyant entrer dans sa boutique la première fois : iel avait l'attitude, le regard, iel avait le truc qui faisait la différence entre un.e mannequin interchangeable et une image de marque. Elle ne lui en avait pas encore parlé, elle sentait en Dale une force qu'il valait peut-être mieux ne pas réveiller tant que la confiance ne serait pas établie entre les deux partis. Mais le courant passait finalement bien entre ces deux là. Peut-être que Paloma avait réussi à estomper les à priori de Dale quant à ce que pouvaient être les gens de la mode. Paloma savait rester simple, ne se prenait pas pour quelqu'un de meilleur qu'un.e autre, et ça faisait son charme. En général l'espagnole de naissance savait se faire aimer. Sauf dans son milieu, mais ça c'est une autre histoire. Ce sera parfait ! Qu'est-ce que tu en penses ?

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@Paloma Gartzea
Dale suivait du regard les gars chargés d'installer les écrans que sa cliente lui avait commandé quelques semaines plus tôt, sans rien dire. Iel était entré‧e à leur suite, saluant Paloma - iel l’appelait par son prénom car elle l'avait appelé‧e Dale en premier ; iel supposait que les gens dans la mode se parlaient peut-être un peu toutes ainsi - et avait pris le temps de détailler à nouveau le rez-de-chaussé du bâtiment pour en apprécier les éléments. Le style se trouvait bien souvent dans les précisions, les subtilités ; ellui appréciait de découvrir des aspects cachés des gens en prenant le temps de décortiquer leurs styles vestimentaires. D'aucuns disaient que Dale était une personne un peu superficielle, attaché‧e au style plus qu'à la substance. Mais pour lui, le style était la substance : il y avait tant de choses qui se disaient à travers une choix d'une veste ou les couleurs d'un chemisier. Paloma avait, pour les deux ou trois fois où Dale l'avait rencontrée, une allure incroyable et forçait le respect chez lea rouquin‧e. Brune ténébreuse, statuesque qui portait sa quarantaine comme une parure, elle avait secrètement tant impressionné Dale qu'iel n'avait pas trop su quoi lui dire une fois la vente conclue et le devis chiffré. Un sacré devis à vrai dire, mais elle avait les moyens de ses idées.

L'ambiance était chaleureuse et travaillée, très personnelle. Iel sourit très simplement, le regard attiré ça et là par les briques apparentes ou encore les tapis aux motifs européens avant de se concentrer sur les écrans qu'iel avait vendu à Paloma, suivant les travailleurs du regard durant leur installation derrière la caisse avant de se pencher sur les vitrines contenant les bijoux et accessoires de la marque de la brune. "Oui, comme convenu", répondit tout de go l'agent commercial en se relevant lentement et tournant le regard vers la propriétaire des lieux. Iel revint à elle en fourrant les mains dans les poches de son costume en tartan Vivienne Westwood, avec cet air toujours un peu distant qu'iel avait même lorsqu'iel était aimable. "De l'ensemble ?" Dale eut l'air surpris‧e que Paloma lui pose ce genre de question mais la considéra sérieusement en refaisant un tour de la pièce, "Ça change, c'est chaleureux. Le parcours client est vraiment bien pensé mais tu as l'expérience pour ce genre de chose, donc rien d'étonnant" Malgré son côté froid, Dale était la franchise-même. "Honnêtement, ça m'attire en tant que client‧e même si je n'ai pas trop eu le temps de me pencher sur ta collection actuelle", un peu bêtement intimidé‧e par ce qu'iel venait de dire, Dale détourna le regard pour fixer n'importe quoi sauf Paloma et garder sa contenance avant de se masser la nuque comme à chaque fois qu'iel devenait nerveux‧se. Iel ne portait que des vêtements masculins et craignait de se pencher sur la question si c'était pour ne rien trouver car lea rouquin‧e était affreusement difficile en matière de vêtements. "l'installation s'est faite sans encombre ?", iel demanda par politesse avant de redevenir professionnel‧le, sortant quelques papiers qu'iel tendit à Paloma, "les garanties et l'accord final. Tu as bien fait de choisir des SQ1H, les gens ne pensent pas toujours aux reflets du soleil. D'habitude mes clients sont plus attirés par les murs d'images, mais c'est clinquant. Ceux-là sont parfaits pour l'utilisation en continue, la luminosité du rétroéclairage est optimisée de manière à allonger la durée de vie du produit. Tu ne seras pas déçue sur le long terme, tu verras."

Pourquoi se sentait-iel comme un enfant qui déclamait une récitation apprise par cœur face à une adulte ? C'était un moyen que Dale avait toujours eu pour tromper la nervosité, se recentrant sur les produits et leurs capacités, assurant qu'iel les connaissait bien et était professionnel‧le.

Spoiler:

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