Un costume pour la dame. // Alisha

[ UN COSTUME POUR LA DAME ]

Le temps de la connerie était passé. Calhoun devait se reconnecter à la réalité. Qu'importe qu'elle soit douloureuse. Il n'avait pas rejoint Clémentine il y a trois ans, ce n'était pas pour le faire maintenant. Aurait-il seulement le courage de laisser derrière son Adelphie ? De mourir ? Probablement pas. Même si ses aînés avaient des vies bien chargées : le couturier espérait toujours avoir une place. N'est-ce pas le souhait de la plupart des êtres humains ? C'est parce qu'il était encore en vie qu'il devait se lever, s'habiller et aller à la boutique pour travailler. Les factures n'allaient pas se payer seules.

Puisque la vie devait suivre son cours : le voilà à s'occuper d'une commande. Il y avait déjà passé plusieurs jours sans se lasser de ce projet. Calhoun essuyait bien souvent les plâtres, mais il apprenait de chaque erreur fort heureusement. Sa persévérance était assurément quelque chose d'apprécié par Iago. La commanditaire était une jeune femme pleine de vie : le genre qui a le sourire contagieux. Pour sûr que Calhoun l'appréciait. Elle pouvait se vanter d'avoir déridé un peu son visage. Sur beaucoup de points, elle lui faisait penser à Clémentine : de quoi réchauffer son esprit devenu glaçant.

Iago venait de fermer la boutique, il était resté un peu plus tard pour pouvoir l'aider à terminer le costume pour Alisha. Calhoun envoya un message pour lui proposer de passer maintenant si elle le voulait avant de terminer les dernières coutures. La proposition acceptée, le créateur habilla en mannequin féminin avec une chemise, un veston puis les autres pièces. Ajoutant un nœud papillon pour parfaire le tout : il entendit quelqu'un frapper. Mettant un paravent devant pour garder la surprise : il s'élança pour aller lui ouvrir.

"Bonsoir Alisha." Souriant, il laissa rentrer avant de refermer derrière elle. Tous les rideaux étaient tirés. Iago n'aimait pas recevoir des clients après la fermeture : tout le contraire de Calhoun. Il aimait bien trop son travail pour ne pas valoir bien le faire et rendre heureux le client. "Merci d'être venu. J'avais hâte de vous montrer le résultat final." Il s'était particulièrement appliqué. Alisha était une inconnue pour lui et pourtant, elle croyait en son talent naissant. Une chose précieuse pour Calhoun qui manquait de confiance en soi. "Venez, c'est par ici." Il lui fit signe de la suivre : "Vous êtes prête ?" Souriant de plus bel, il poussa le paravent pour dévoiler le rendu final. "Comme convenu, j'ai utilisé les matériaux que vous avez choisis."

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[ MAGOUILLES & SAUVETAGE ]

@Alisha Gautier et @Calhoun Braithwaite

La patronne lui avait donné quelques jours de repos après l’incident du bar et Alisha comptait bien les utiliser à bon escient. Il était hors de question qu’elle se morfonde des heures durant, encore et encore. Certes, elle s’était pris quelques coups dans la gueule à la sortie de son travail, c’était douloureux, voir même traumatisant, de quoi lui rappeler son enfance sous l’égide d’un père violent. Mais Alisha n’aimait guère broyer du noir, ce n’était point dans sa nature que de laisser les larmes noyer sa bonne humeur.

D’un geste souple, elle récupéra son téléphone qui venait de l’informer qu’un être humain tentait de communiquer avec elle. Un doux sourire se peignit sur ses lèvres lorsqu’elle se rendit compte que c’était son couturier préféré qu’il lui proposait une cession d’essayage nocturne, comment pouvait-elle refuser ? Elle accepta promptement et fit en sorte de se rendre présentable pour son couturier. Certes, elle avait encore une poignée d’heures de disponibles avant le fameux rendez-vous, mais vu sa lenteur escargot des derniers jours, il fallait mieux prendre de l’avance.

L’esprit bouillonnant de curiosité à imaginer quelle création Calhoun pouvait lui présenter, Alisha ne vit clairement pas les heures passées et manqua presque d’être en retard. Elle s’empressa de descendre dans le salon pour vérifier que ses deux boules de poils favorites ne mourraient ni de soif ni de faim et prit ensuite la direction de l’entrée pour disparaître hors de la maison.

La voilà parvenue à destination. « Bonsoir Calhoun. » répondit-elle en écho, cet éternel sourire rayonnant plaqué sur les lippes. « Et j’avais hâte de découvrir le résultat ! » Elle entra dans la boutique non sans de curieux coups d’œil, ci et là. Elle lui suivit bien sagement dans la pièce, mains dans le dos tel un enfant sage. « On ne peut plus prête ! » Son regard noisette se posa alors sur la création ainsi dévoilée et sa bouche s’ouvrit d’admiration. Ses pas l’entraînèrent plus proche du modèle et la voilà qui tournait autour, captant les moindres détails. « Vous avez toujours ce don de me surprendre de la plus belle des manières. Vous avez fait un travail dingue ! » s’émerveilla-t-elle, posant son regard sur le couturier. « Je peux ? » demanda-t-elle, bien trop impatiente de voir le rendu sur elle.

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[ Un costume pour la Dame ]

@Alisha Gautier et @Calhoun Braithwaite

Calhoun ne n'attendait pas à ce qu'Alisha accepte à cette heure tardive. Il se promettait de la ramener si jamais elle venait. Cela serait la moindre des choses. En espérant que cela dissuade quiconque de s'en prendre à elle. Malheureusement, les femmes devaient vivre avec une peur qu'il ne connaissait pas. Imbus, impétueux de sa part, mais il était comme ça. Chaque altercation était une chance pour lui de se battre. D'en découdre avec la terre entière. Dans les mauvais jour, il espérait qu'un coup de poings mal placés le renverrai dans les bras de sa Clémentine. Un doux rêve, un satait qui décalait directement de sa culpabilité.

Quand il travaillait, cependant, il ne pensait pas à tout cela, au contraire. Calhoun se sentait renaître. Il avait l' impression de servir à quelque chose en un sens. La commande d'Alisha avait sincèrement été un des projets qui l'a le plus inspiré. Il était donc enjoué de pouvoir lui présenter cela.

L'emmenant dans l'arrière boutique, le cœur battant à tout allure, les mains moites : une part de lui - pour ne pas dire tout son être - était anxieux et à la fois impatient. Enlevant le paravent, il la laissa regarder la commande. Calhoun espérait sincèrement avoir tapé dans le mile.

"Vraiment ?" Demanda-t-il avec dans sa voix plein d'espoir. Il ne voulait pas mal interpréter ces paroles."Bien sûr !" Soulagé, heureux, il déboutonna la veste pour montrer l'intérieur. "Je me suis permis de mettre le plus possible de poches." Parce qu'on en avait jamais assez. "Vous voulez l'essayer ? Je me suis permis de mettre une chemise blanche qui devrait être à votre taille." Il montra d'un geste du menton les cabines. "Comme ça vous pouvez me dire si je dois faire des retouches." Le travail n'était pas terminé tant que le client n'était pas satisfait. "En tout cas je suis ravis que la première impression soit bonne." La peur de décevoir, de ne pas être assez, n'était jamais loin.

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