(calhoun) Confidences et citrouilles

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Les sourires et les rires fusaient autour d’Helena. Le sien rejoignait la cohue des enfants qui jappaient de joie face à leurs sacs pleins de bonbons et de chocolat. Une journée de pause dans la création des costumes de la troupe de danse. La britannique met sa créativité au service de l’orphelinat de la ville, cousant plusieurs costumes pour tous les enfants bénévolement. C’était plonger dans son enfance et adolescence. Quand elle dessinait, cousait après les cours les costumes de ses petits frères. Astrid n’a jamais aimé cette fête, estimée dégradante pour ses fils qui ne pouvaient s’abaisser à fêter ça, encore moins s’amuser. C’était Hector qui s’était rebellé le premier avant que Calhoun tienne tête à leur mère. Nostalgie saisit la cadette à regarder les enfants courir dans leur costume, à repenser à Calhoun à cet âge. Innocent et si naïf, déguisé et maquillé. Il était bien trop mignon et son coeur déborde d'amour sous l'afflux des souvenirs. Le goûter d’Halloween touche à sa fin et la jeune femme se met à donner un coup de main pour ranger le tout avant d’attraper son propre butin pour se joindre à un évènement un peu plus calme mais beaucoup intimiste : dîner improvisé avec son petit frère.

Devant une vitrine, Helena ajuste son reflet ; rajuste ses oreilles pointues et peaufine le filet de sang dessiné à la peinture sur le coin des lèvres. Elle décide de garder sa couronne ornée de cristaux sombres et grenat, une elfe vampire, c’est tout ce qu’elle avait trouvé dans ses placards et son atelier. Costume fabriqué à la va vite, prenant surtout le temps sur ceux des enfants. Ces derniers d’ailleurs, la remercient chaleureusement, l’embrassent avec cette candeur qu’elleux savent avoir. Le coeur plein de magie et de chaleur, Helena se rend au point de rendez-vous où Calhoun et elle se sont donné·e·s rendez-vous. Le jeune homme en vue, la cadette filoute se glisse silencieusement derrière lui avant de sauter d’un bond devant lui. « BOUH ! » Son rire prend la suite de son cri strident avant de passer ses bras autour de son cou. « Bonsoir, mon petit frère adoré » Sourire au coin, comme pour ne pas s’attirer ses foudres et le faire fondre. Sourire dont elle a le secret, faiblesse de ses frères. La sœur s’étire sur la pointe des pieds et dépose un baiser de profil à son frère, pour ne pas lui mettre du faux sang partout. « Tu m’as pas attendu trop longtemps j’espère » Main qui se glisse dans la sienne pour l’entraîner à sa suite. Pourquoi la réserve naturelle ce soir ? Eh bien parce qu’elle s’habillait pour Halloween et que les sentiers étaient décorés dans différents thèmes. C’était à voir puis iels pourraient se poser tranquille dans un coin s’iels le voulaient. « J’ai rapporté mon butin avec moi et comme je suis une grande sœur adorable et gentille, je partagerai avec toi » Sourire amusé sur les lèvres alors qu’iels s’engouffrent sur un sentier éclairé par des citrouilles creusées et sculptées en visages effrayants. « Comment tu vas, Caly ? » Le visage qui se tourne vers lui, le scrute, le fixe. Ciel qu’il avait grandi. Où était passé le gamin qui lui courait autour en criant ? Que le temps passe trop vite.

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@Helena Tucker

La semaine d’Halloween avait déjà commencé. Iago avait insisté pour que Calhoun porte un costume. Il avait longtemps hésité, mais avait finalement opté pour se transformer en Jack the Pumpkin King. Cela lui a permis de travailler sur la confection de costumes puisque celui qu’il arborait avait été fait de ses mains. Pour l’occasion, il avait demandé une faveur à des gens dans le monde du spectacle pour lui faire son maquillage et cacher ses cheveux pour qu’il apparaisse chauve. Un sentiment très très étrange, encore plus quand il s’est regardé dans le miroir, mais qui a eu le don de faire rire toutes les personnes autour : lui y comprit. Fin près, il alla donc travailler et eu les applaudissements de Iago qui avait pris le costume de Jafar et avait sur son épaule un faux perroquet rouge. Calhoun en fit même une blague, en lui demandant pourquoi il n’avait pas une photo de lui sur la tête de l’animal. Ce qui lui a valu une petite tape amicale sur l’épaule.

Il était convenu qu’après sa journée de travail, il retrouve sa sœur. Il ne savait pas encore trop où elle voulait l’emmener, mais Helena avait toujours de bonnes idées et il lui tardait de voir son aînée. Il avait beaucoup de choses à lui dire, s’étant même décidé à parler de Billy même si rien n’était encore joué. Cependant, le fait que pour la première fois son cœur s’affole n’était pas une mauvaise chose. Au contraire. Sans oublier Clémentine, tout le monde le poussait à avancer et peut-être qu’il était plus prêt qu’il ne le pensait. Sursautant, n’ayant pas entendu sa sœur, il se tourna et alla dire quelque chose, mais elle le serrait déjà doucement contre elle. Une étreinte plus que bienvenue : comment lui résister. Calhoun aimait par dessus tout sa soeur et il ne pourrait plus jamais vivre sans elle. Il devait rester à ses côtés.

“Bonsoir grande sœur.” Il embrassa sa tempe, puis essuya le maquillage blanc. “Tu es toute belle comme ça !” Il n’était même pas étonné qu’elle soit déguisée. “Pas du tout, je viens d’arriver. Même si j’aurais dû attendre, je l’aurai fait patiemment.” Ce n’était pas un soucis. Il était prêt à tout pour Helena. Serrant sa main, il la laisse le guider. “Aaaaah ! Là on parle sérieusement !” Il rigola : “Je n’ai rien prévu malheureusement, mais je me suis dit qu’on pourrait manger une pizza si on a faim. Je t’invite.” Parce que les sucreries ne nourrissaient malheureusement pas. La question de sa sœur la fit sourire, pour une fois il n’avait aucune ecchymose à cacher ou des coups. Il libéra la main d’Helena pour passer son bras autour de ses épaules. “Je vais bien.” Et il ne mentait pas. “NOLA sera peut-être la ville qui me permet de guérir…” Il voulait y croire. “Je vais reprendre mes études de médecine.” Il commençait par-là. Inutile de parler du chantage maternel : Helena ne méritait pas d’entendre le prénom de leur mère. “Et… J’ai rencontré quelqu’un.”

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@Calhoun Braithwaite et Helena Tucker

Rien ne la rendait plus nostalgique que la fin de l’année qui approche. Tout commence par Halloween, les sourires et les bonbons. Puis rapidement tout dégringole. Vient Thanksgiving, puis Noël. Les moments qu’on passe en famille, même si les Braithwaite ont leur scissure. La plus grande porte le nom d’Astrid et jette chacun·e de ses enfants dans des tourments. Chacun·e son fardeau et malgré les tentatives dérisoires de leur mère de les monter les un·es contre les autres, l’union demeure entre les trois enfants Braithwaite. L’entente peut parfois être bancale mais l’amour est présent. L’amour les a aidé à surmonter le vide et le froid de la grande villa. L’amour les a aidé à supporter, à se soutenir. Hélas le temps passe si vite, fait souvent trembler son petit coeur de nostalgie, d’un spleen tantôt léger, tantôt plus lourd qui griffe son moral. Sa relation avec Hector n’a jamais été réparée et le manque de son aîné demeure, ne laisse que les souvenirs en seul ciment d’une fondation qui part à la dérive. Et dans la danse des remémorations, le souvenir de Calhoun plein d’innocence, de ce sourire si ensoleillé passe et passe dans ses pensées. Le temps a disséminé ses épreuves le long de leurs chemins, n’a pas épargné son petit frère dont le sourire s’est étiolé. Malgré ses efforts pour gommer les tristesses, Helena le voit dans son regard, dans l’absence des fossettes qui se creusent et sont gages de sourires sincères. Astrid a su le brider aussi, éteindre quelque lumières dans ses pupilles et le sang a toujours tourné plus vite quand l’aînée s’en rendait compte. Colère contre leur mère et contre elle-même ne jamais savoir comment le préserver totalement.

Dans l’embrassade de son frère, la même question tourne dans sa tête « Ai-je été et suis-je une bonne grande sœur ? » Le doute subsiste mais pèse moins dans le compliment que son benjamin lui offre. Une main se passe son crâne chauve, un rire s’échappe d’entre ses lippes. « Je peux en dire tout autant pour toi, mon coeur. Je pensais pas que le crâne rasé t’irait » Sa main qu’elle garde dans la sienne comme une promesse qu’elle aurait aimé ne jamais rompre mais hélas, la vie en veut autrement. « Pizza et des bonbons, ce soir, c’est gastronomique » Il relâche sa main pour retrouver une autre proximité, celle de son bras qui se noue autour de ses épaules. Privilège qu’il possède désormais qu’il est ce bel et jeune homme qui grandit, qui laisse Helena nostalgique des premières années. Quand il tenait entre ses bras, quand il courait en couche avant de lui grimper dessus. « Bien, bien ? » Demande-t-elle en sondant son regard, y lire s’il dit la vérité ou tente de la rassurer. Le reste arrive. Le reste la laisse avec un sourire timide. NOLA pourrait être la ville où il pourrait guérir et pourquoi ? L’information lui fait très plaisir mais n’est pas complète. Tant de questions se percutent dans sa tête, questions qu’elle veut lui poser mais elle se mord la langue, le laisse terminer. « Pardon ? » Le regard étonné, les sourcils qui se froncent légèrement avant la bouche qui s’ouvre totalement à la dernière information. « Quoi ??? » Helena secoue la tête, trop d’informations en même temps, elle ne sait pas quel bout prendre en premier. « T’es pas indulgent avec ta vieille soeur et ses neurones » Les sourcils froncés, Helena s’écarte un instant, juste pour faire les cent pas, et parler toute seule « Attends, attends … les études médecines mais ça ne lui plaît pas, il n’y est pas heureux mon petit frère. Donc c'est forcément ... Ah bordel ! » L’index qui se pointe vers son frère alors qu’elle se retourne vers lui d’un coup « Je suis sûre que c’est Maman qui t’embobine. Elle t’a dit quoi encore pour que tu flanches ?? Me mens pas ! Je sais que tu n’étais pas heureux en médecine » Un grognement sort de sa bouche alors qu’elle peste contre leur mère dans sa barbe qui n’existe pas. Helena avait moins de rapports avec sa mère depuis son mariage, bien qu’Astrid continuait de la dénigrer quand la famille se réunissait. Des remarques, des emails ou des sms, Astrid n’était jamais bien loin et arrivait toujours à lui rappeler combien Helena n'était et ne serait jamais à la hauteur. « Tu veux que j’aille la voir ? Tu veux que je règle ça ? Elle n’a pas à dicter ta vie » Bien qu’elle l’aie fait avec Hector et elle, qu’elle leur a pourri la vie. Se rapprochant de Calhoun à nouveau, ses mains se posent sur son visage, s’enfoutant d’être tachée par son maquillage. La brune voudrait tellement son bonheur, qu’il soit libre d’être qui il veut, de choisir sans avoir l’ombre de leur mère sur le dos. « Elle nous a pourri la vie à Hector et moi. Je ne veux pas qu’elle en fasse de même avec toi » Pouces calés sur sa joue, elle lui sourit. « Qui est ce quelqu’un dis-moi ? Raconte-moi » émotion qui la gagne alors qu’elle lâche son butin pour prendre son frère dans ses bras, le serrer contre lui, le visage enfoui dans son cou. « J’aimerai tellement que tu sois heureux, Calhoun, tu le mérites »

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@Helena Tucker

“Moi non plus, je ne savais pas que je le porterai aussi bien.” Il passa sa main d’ailleurs sur la partie lisse qui couvrait ses cheveux bouclés et toujours impeccablement bien coiffés. “Je ne me suis pas reconnu quand elles ont fini le maquillage, tu sais ?” Calhoun avait eu la chance d’avoir dans ses contacts des professionnels. Les plans sur la gastronomie étaient alléchants. Pour une fois, ils pouvaient bien faire des écarts non ? “Comment rester éveiller toute la nuit et tenté de croiser le vrai Jack Skellington hein ?” Une question évidente pour lui qui estimait que l’Etrange Noël de Monsieur Jack était un film de Noël. Passant son bras autour d’elle, Calhoun pouvait dire qu’il allait bien oui. Une première depuis longtemps, mais son cœur était apaisé. Il y avait toujours des démons qui menaçaient de sortir du placard, mais ils étaient plus faciles à contenir, assez tout du moins pour qu’il puisse enfin respirer. Et comme il savait être incapable de mentir à sa sœur, elle avait toujours la plus criante des vérités. Helena pouvait lire en lui comme un livre ouvert. Dissimuler quoi que ce soit était futile. Ne sachant pas réellement par quoi commencer, Calhoun décida de faire une pierre deux coups et de parler de Billy ainsi que de la reprise de ses études en médecine. Devant l’étonnement de sa sœur, il fronça les sourcils. S’attendant au pire, mais ne sachant pas quelle partie l’outrageait le plus… “Tu me connais, je passe jamais par quatre-chemins.” Même si cela voulait dire ne ménager personne, son aîné était-elle réellement surprise ?

Son regard suivait les cent pas de Helena tandis que ses mains trouvèrent les poches de son pantalon rayés blanc et noir. Son sourire se perdit dans une mine plus sérieusement quand il vit sa grande sœur le pointer du doigt. Le fait qu’elle utilise ce mot, Maman, lui glaçait le sang et il se redressa instinctivement. Elle n’était pas une mère. Elle était une harpie. Un monstre sous les traits d’une femme séduisante qui utilise le chantage émotionnel pour paraître aimable. Il sortit sa dextre de sa poche pour encercler l’index d’Helena. “On ne montre pas du doigt, ce n’est pas poli.” Commença Calhoun. “Non, ce n’est pas elle qui m’a fait flancher. C’est un deal que j’ai fait avec elle. Un ami avait besoin d’argent pour se sortir d’une affaire dangereuse pour lui et sa famille, je lui ai demandé les fonds. En échange, je devais reprendre les études. Ce qu’elle a oublié de me faire jurer, c’est que je devais les réussir. Elle ne se rends pas compte que je suis ses manipulations à la lettre et qu'elle en est maintenant la victime.” Calhoun n'avait aucun remord. Plus maintenant. Il hocha négativement la tête à sa demande : “Ne lui donne pas cette satisfaction. Reste loin d’elle et tu devrais arrêter de l’appeler Maman.”

Il relâcha la pression de son doigt pour re glisser sa main contre sa jambe : au chaud. Calhoun avait pris en main sa vie depuis longtemps, grâce aux combats dans les bas-fonds. Quelque chose qu’Astrid ne pouvait pas accéder, ne pouvait pas changer. C’est en se battant à la nuit tombée qu’il a appris comment gérer sa vie, son destin. Piteusement, vue que Clémentine en a été victime, mais cela est une autre histoire. Quand Helena était partie, la meilleure partie de lui l’avait suivi. Quand sa fiancée avait été assassinée, la dernière partie qui valait la peine d’être aimé s’était envolé. Aujourd’hui, il se reconstruisait… Doucement, mais sûrement, dans l’espoir qu’il y est à nouveau quelque chose à apprécier dans ce cœur déserté par l’amour et l’espoir. Celui d’être heureux. Helena s’approcha vivement de lui, encerclant son visage. Calhoun n’eut aucun mal à soutenir son regard. Il n’était plus cet enfant désespéré, effrayé d’être abandonné. Il était devenu un homme bien plus froid qui gardait malgré tout un côté sentimental pour sa sœur aînée.

“Elle m’a déjà pourrie la vie, Helena.” Quelques mots prononcés, mais qui étaient criants de vérité. Son Adelphie n’avait aucune idée de l’enfer dans lequel il avait été plongé quand ils sont partis. Elle l’avait laissé derrière créant cette personne qu’il tentait de cacher pour ne pas blesser Helena. Se pardonnerait-elle seulement si elle savait ce qu’il faisait une fois la nuit tombé ? Ce qu’Astrid avait endommagé dans son cerveau d’enfant, d’adolescent ? S’il était un jeune adulte au bord du précipice : l’influence maternelle était le poids lourd de l’équation. Calhoun n’avait plus rien à avoir avec celui qu’elle avait quitté ce terrible jour. Il ne lui en voulait pas. Elle s’était préservée et c’était ce qui comptait. Ses propres démons, il gérait et la seule personne à blâmer était leur harpie de mère qui continuait de vouloir faire de Calhoun l’héritier parfait à défaut d’avoir dans son cœur Hector ou bien Helena.

Calhoun s’approcha pour embrasser le front de sa sœur. Un geste tendre, qui se voulait réconfortant : “Ne t’en fais pas pour moi hm ? Je sais comment la gérer.” Un savant mélange de prétention, d’acceptante, de fausses abdications pour la laisser croire qu’elle avait la main haute alors qu’elle était la grande perdante. “Et je préfère te parler de Billy plutôt que de Medusa.” Il retrouva son sourire : “Je l’ai rencontré par hasard.” Inutile de préciser où et comment. “Puis je ne sais pas… Ça a fait clic.” Calhoun et les mots, cela ne faisait jamais bon ménage. “Elle m’apaise. Elle est différente.” Elle lui faisait penser à Clémentine sur beaucoup de points et une part de lui voulait croire que c’était un signe qu’il était temps de passer à autre chose. “On n’est pas ensemble, on ne s’est même pas encore réellement embrassé. Je préfère qu’on prenne notre temps. Plutôt qu’on s’affole et on retombe de haut.” Calhoun le savait, son cœur ne survivrait pas à un tel échec.

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@Calhoun Braithwaite et Helena Tucker

Sa main qui court à sa suite, effleure la partie lisse de son crâne. L’illusion est pleine, on y croirait presque. Les apparences sont parfois si malléables, peuvent tout cacher. Comme la comédie qu’Astrid leur imposait, d’être cette petite famille bourgeoise parfaite quand rien ne l’était. Quand les mots tranchants était un quotidien où Helena se fanait, perdait chaque fois un peu plus ses couleurs. « J’ai pas besoin de croiser le vrai, c’est toi dans mon coeur » Cheesy à souhait peut-être. En faire des tonnes, peut-être mais l’affection est grande, colosse et malgré tout, la cadette Braithwaite a cette sensation qu’aucun mot ne saura jamais exprimer totalement cette tendresse qu’elle ressent pour son benjamin, ce qu’elle lui dévoue, ce qu’elle lui dédie. Prendra toujours à coeur ce qu’il vit, ce qu’il endure et ce qu’il lui confie. La brune soupire mais hoche la tête, son frère avait bien raison. Il ne passait jamais par quatre chemins alors ce n’est pas une surprise mais prenant tout à coeur, elle n’arrive jamais à se préparer à tout. Un défaut qu’elle n’arrive pas à modifier, à effacer.

Le contact contre son index fait l’effet d’un seau d’eau froide, lui permet de redescendre un tantinet et de ranger son index. « Arrête, tu sonnes comme elle » Le coeur qui se serre sous les mauvais souvenirs qui montent. Pas une remontrance, pas un pique pour blesser son benjamin. Juste une constatation, un mélange rapide et éphémère du passé et du présent. Combien de fois Astrid l’avait reprise sans s’arrêter là, l’enfonçant encore plus en lui reprochant d’être une imbécile qui ne retient rien. De ne jamais savoir se tenir. La digne fille de son bon à rien de père. « Tu es malin, Calhoun » Jamais Hector et elle n’avaient su faire ça : inverser la vapeur et manipuler Astrid à leurs tours. Iels avaient préféré fuir et se défaire d’elle. « Mais fais attention à toi, c’est tout ce que je te demande. Que ce soit avec Astrid ou bien la situation dangereuse dont tu sors ton ami. Je sais que tu loyal, je sais que tu es totalement indépendant et amène de faire tes propres choix, je sais que tu me diras aussi de ne pas m’en faire mais je ne sais pas faire ça. Et tu viens d’énoncer plusieurs termes qui suscite ça : besoin d’argent. Affaire dangereuse. Astrid. » Helena tente pourtant de se contenir, de tenir une tête droite et froide mais l’inquiétude vient, que pourrait-elle faire ?

Épaules qui se haussent avant qu’elle lui jette un regard teintée de résignation et à la fois d’une tristesse muette. « Je n’ai déjà plus de père. Tu as encore le tien, celui d’Hector et moi nous a abandonné. Je ne suis pas encore prête à être une orpheline » Pourtant Helena sait qu’elle devrait cesser de l’appeler maman, Astrid a tout été sauf ça. Mais malgré les blessures, les plaies d’estime d’elle-même qui cicatrisent lentement, la solitude lui fait peur. Bien-sûr, Adriel est là, leur quotidien la comble. Calhoun est là aussi et peut-être devrait-elle ne plus avoir peur. Puisque ce sont eux sa réelle famille. Peut-être bien … Peut-être. Pupilles se voilent d’un rideau de tristesse, les larmes ne montent pas. La trentenaire les cadenasse au fond d’elle, dans cette cave où tant d’émotions sont enterrées pour ne pas ressentir. Pour tenir le coup de toutes ces années à vivre sous le toit Braithwaite. Et même si aujourd’hui, elle n’en a plus vraiment besoin, elle ne cesse d’y retourner comme une sale habitude. Et pourtant, pourtant, aujourd’hui, elle pourrait montrer toutes ces émotions si elle le voulait mais les habitudes sont rudes. Elle apprend mais a encore ces réflexes d’hiver. Elle ne dit rien, laisse le silence confirmer les dires, avouer ses fautes d’avoir été absente. Avouer ses manquements de n’avoir pas su changer la donne pour lui. Elle sait, elle sait la terrible vérité. Astrid l'a bousillé, comme elle a bousillé Hector puis elle.

Paupières closes quand elle cueille le baiser sur son front, comme une caresse offertes à la brûlure de ses remords. Faible sourire qui contourne la réelle tristesse et la camoufle. « Tu sais bien que je m’en ferai toujours mais je te laisse gérer » Parce qu’il est un adulte maintenant et qu’il faut qu’elle apprenne à se retirer, même si ça lui en coûte. « N’oublies juste pas que je suis là, moi aussi j’ai de l’argent de côté si jamais t’en as besoin. Puis je suis juste là tout court aussi » Il n’y a pas qu’Astrid qui a réussit dans la vie, combien même elle avait hurlé tant de fois à Helena qu’elle ne ferait jamais rien de sa vie comparé à Hector. Qui est drogué et qui ne l’est pas aujourd’hui ? C’est tout ce qu’il y a à dire. Son attention se greffe à lui alors qu’elle sort un bonbon de son sachet avant de le gober, hochant la tête. Il lui faut ce bonbon pour tenir sa langue, le laisser parler et ne pas l’inonder de questions, ne pas le couper. Pendant qu’il lui raconte, Helena lui prend la main, balance les leurs en cadence de leurs pas. Elle se dit qu’elle doit profiter. Profiter. Profiter. Car bientôt, une autre prendra plus de place et c’est ainsi qu’est fait la vie. « Le hasard fait parfois les plus belles rencontres. J’ai rencontré Adriel ainsi. Le clic veut tout dire » C’est un match, c’est un feeling qui se perd et se partage. Sourire contagieux de Calhoun, en fait naître sur les lèvres de la sœur ainée. Un mélange de mélancolie, la balançant dans ses propres souvenirs, quand elle tombait amoureuse d’Adriel. Mélange d’émotion, de voir son petit frère parler ainsi, comme une porte entrouverte pour laisser enfin passer la lumière. Un soleil aux rayons encore timides mais au moins il en accepte les chaleurs. « C’est beau comment tu parles d’elle » Un coup d’épaule complice qu’elle lui donne. « Garder la tête froide, c’est se préserver encore un peu. Prendre le temps, c’est bien. Faut juste trouver la bonne mesure, ne pas trop le prendre non plus » Doigts qui se perdent dans sa tignasse, comme quand il était gamin et qu’il revenait du jardin tout ébouriffé. « Comment ça se passe ? Vous voyez en tant qu’ami·es ? Régulièrement ? » Curieuse un jour, curieuse pour toujours. Elle pose et pose les questions mais lui laissera toujours la liberté de répondre ou pas.

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@Helena Tucker

Cela ne le dérangerait pas de rester, toute la nuit, debout à manger des bonbons et à parler avec sa sœur. Ces instants de paix semblaient être si rares ces derniers temps que Calhoun ne pouvait que les savourer dans les espoirs qu’ils donneraient naissance à d’autres. C’était comme ça. Il devait prendre un jour à la fois, sans quoi il perdait bien. L’idée de vieillir le terrifiait, surtout de le faire sans Clémentine. Ranger ses poings avant l’heure ne lui faisait pas peur cependant, cela lui éviterait de voir les affres du temps ravager son corps musclé et athlétique. Il tiqua quand Helena lui colla dans les dents qu’il ressemblait à leur mère. “Faut croire qu’elle a déteint sur moi plus que je ne veux l’accepter alors.” Calhoun ne s’offusquait pas de cette réflexion. Il pardonnait tout à sa sœur. Absolument tout. “Je ne sais pas si je suis malin, mais il me tarde de voir son visage quand elle va se rendre compte qu’elle à perdu son argent en me repayant des études de médecine.” Et au fond cela était un mensonge. Calhoun était sur une voie qui lui semblait juste, mais une qui le faisait sentir coupable. La tendresse et l’amour d’Helena avaient empêché que son cœur soit de pierre et de ses os de verre. Retrouvant son sourire, il hocha la tête : “Ne t’en fais pas, je suis plus costaud que j’en ai l’air et j’ai de la ressource à en revendre.” Il n’était pas né celui qui arriverait à le détruire. Il l’était déjà. Repassant son bras autour d’elle, il voulait chasser ces inquiétudes de l’esprit de son aîné : “Pfff tu parles je pourrais l’avoir perdu que ça serait pareil. Il ne me donne plus de ses nouvelles. Je lui en donne pas non plus.” Inutile de dire que ce silence avait commencé plus tôt que Helena le savait. Calhoun avait été abandonné par ce dernier. Un autre abandon. Comme un chien qu’on laisse sur le bord de la route. Il aimait croire que cela avait construit sa carapace, mais il se mentait à lui-même et aux autres par la même occasion. Clémentine avait vu l’étendue des dégâts, mais n’étant plus de ce monde : que pouvait-elle faire maintenant ?

Comprenant que ses paroles pourraient mettre en détresse Helena, il embrassa ses cheveux : “Mais au moins, elle m’a rendu plus fort en un sens.” Positiver, pour les beaux yeux de sa sœur qu’il ne voulait pas voir se remplir de larmes. “Et tu sais bien que je me jeterais dans tes bras si j’ai un problème hein ?” Calhoun espérait enfoncer le clou et rassurer pleinement sa sœur adorée. “L’argent j’en ai assez ne t’en fais pas.” Gagner à la force de ses poings et à sa sueur… Littéralement. Le sujet passa sur Billy. De quoi, il l’espérait, tourner définitivement la page. Adriel. Il avait encore ses doutes, mais depuis leur soirée : leur relation allait mieux. Ils faisaient tous les deux des efforts, mais du côté de Calhoun : il ne se forçait presque plus. “Je peux aussi être fleur bleue quand je le veux.” Cela le fit rire : “Bien, je pense.” Ils n’avaient jamais réellement parlé sérieusement de leurs sentiments. Il ne savait pas s’il en serait capable. “Pour l’instant oui, on se voit comme tel.” Enfin, c’est ce qu’il pensait. “Elle m’emmène sur ses tournages, elle est dans le spiritisme. Ce qui est aux antipodes de moi, mais c’est rafraîchissant de découvrir un autre monde. Moi qui suis cartésien, cela me fait du bien.” Il enleva son bras des épaules d’Helena pour sortir son téléphone et montrer le site internet de Billy : “C’est elle.”

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