from your point of view (Isaac)

I wanna trust me
The way that you trust me
feat. @Isaac Evans

Il n'avait pas remis les pieds au Snug depuis son retour. C'est vrai qu'il était arrivé si récemment, finalement, qu'il lui aurait été impossible de venir plus tôt. Pour autant, il n'était pas revenu ici depuis plus d'une année, également. Alors qu'il était amateur de jazz et de musique depuis toujours. Cet endroit avait pourtant été le lieu d'autres partitions jouées dans l'ombre. Puisque c'est ici qu'il venait, à l'époque où il était en couple avec Tendaï, pour trouver une épaule réconfortante et rassurante. Isaac était, avec le temps, devenu comme un mentor. Une personne que Bran aimait écouter et avec qui il avait noué des liens très serrés sans même s'en rendre compte. Les conseils que le tenancier lui dispensaient ne restaient jamais lettres mortes, bien au contraire. Bran écoutait, entendait, prenait souvent conscience des choses parce qu'Isaac savait lui faire prendre du recul sur sa propre situation. Et c'est grâce à ce dernier qu'il avait finalement franchi l'étape la plus dure, alors, de sa relation... quitter Ten' avait été compliqué mais Bran s'y était tenu. Grâce à Isaac, il avait ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Et lorsqu'Ekko était entré dans sa vie, il avait eu à coeur de venir au Snug pour un ultime aurevoir. Parce qu'il avait le sentiment que désormais, tout irait bien, il s'était aventuré jusqu'ici pour dire adieu à cet endroit qui, sans le vouloir vraiment, le ramenait à tout ce qu'il n'était plus.
Et maintenant ?
C'est assez ironique, finalement, de le voir pousser les portes du Snug, à nouveau. Le coeur brisé, en miettes. Sans l'faire exprès, ou peut-être que oui. Revenir là où tout avait pris fin, là où il s'était pourtant promis que plus rien ne serait jamais comme avant. Et le revoilà, effectuant toujours les mêmes pas de danse, répétant les mêmes numéros vus et revus. Il avait quitté Ekko sans un regard en arrière. Il avait senti le vent tourner, il avait vu le bonheur et il l'avait craint. Il se l'était interdit alors il était parti, comme pour se donner raison. C'était trop beau pour être vrai, au fond, Bran était surtout trop con pour comprendre. Six mois plus tard, six mois de silence et d'absence plus tard, le voilà qui s'installe à une table au Snug, comme le Bran d'il y a trois ans. C'est drôle, parfois, ce que la vie vous réserve. Et lorsqu'Isaac s'approche de lui, Bran sourit à peine.
- Me revoilà. il annonce en haussant les épaules. Devant lui, un martini sans glace. Il prend le verre, joue un peu avec en plongeant ses opales dans le liquide transparent. Je suppose qu'on en revient toujours à ce qu'on était, non ? il lève les yeux vers le vieux sage, espérant encore une fois, sans nul doute, qu'Isaac puisse le sauver à nouveau.

Les soirées derrière le bar sont un peu moins fréquentes depuis un moment, depuis qu'Isaac apprend à vivre pour autre chose. Le Snug Harbor restera toujours une seconde maison, un bébé auquel il tient comme sa propre vie, mais il y a des êtres aujourd'hui qui lui apprennent aussi à vivre pour lui. Pas seulement pour son bar ou pour sa nièce, mais pour lui-même, pour l'homme qui partage sa vie, son lit. Pour la première fois depuis des années, Isaac a plus de bons moments que de mauvais. Il est heureux, la plupart du temps. Et en tant que patron, il fait en sorte d'avoir plus de temps de gestion dans les coulisses que d'heures de service dans la salle principale. Il se détache, passe moins de temps avec les clients, moins de temps à écouter les musiciens sur la scène du club, et ça lui manque en partie, mais il doit bien avouer que passer ses soirées avec Aoden et parfois les enfants de celui-ci est encore plus plaisant. Malgré tout il ne perd pas ses habitudes, il reconnaît quelques fidèles, sait encore leur faire la conversation et déceler leurs problèmes, anticipe leurs commandes de verre. Derrière le comptoir Isaac devient presque un autre homme. Plus assuré, plus sociable aussi, qu'il ne l'est dans la vraie vie. Comme un jeu auquel il s'adonne soir après soir, et tandis qu'il s'approche des dix ans d'expérience en propriétaire de ce club de jazz, il faut bien avouer qu'il a développé un certain talent. Il arrive même que des clients viennent expressément pour le voir lui, discuter, échanger. Ceux-là deviennent presque comme des amis, bien qu'Isaac ait la fâcheuse tendance à les laisser dévoiler leurs problèmes sans jamais rien dire des siens. Et en voyant Bran Sussex entrer dans le club, il se dit que c'en est le meilleur exemple. Voilà plus d'un an qu'il ne l'avait pas vu ici. La dernière fois, Bran était venu lui dire au revoir, comme s'il avait pu puiser dans le Snug Harbor tout ce qui l'attendait. Isaac en avait été étonné, parce qu'il y a entre ces murs bien plus que les quelques conseils bancals qu'il peut parfois donner, mais si Bran est de retour aujourd'hui c'est que peut-être il le sait. Un martini sans glace qu'il prépare par habitude, avant d'effectuer un signe à la barmaid à ses côtés. La soirée est relativement calme et il ne part pas loin de toute façon. Seulement à quelques mètres, où il pose le verre sur la table du blond. « Rebienvenue. » répond-il avec un sourire amusé. Tout le monde peut trouver sa place dans ce bar, à condition d'aimer le jazz et de ne pas trop perturber l'ambiance. L'expression sur le visage du plus jeune lui indique qu'il n'est pas seulement là pour la musique ce soir, alors en levant un sourcil interrogatif, Isaac tire la chaise face à lui. « On a tous nos démons. » De formes et de tailles différentes, mais il sait bien de quoi il parle. « Comment s'appelle-t-il cette fois ? » Il n'y a pas de jugement dans la voix du barman, jamais envers Bran. Lui-même est loin d'être un exemple quand il est question de relations et il s'étonne même que qui que ce soit puisse vouloir de ses conseils. Pourtant il est prêt à les donner, peut-être aussi parce que pour lui les choses ont changé. Si Bran n'est pas venu depuis plus d'un an, lui a eu le temps de tomber amoureux, de fonder quelque chose. Lui aussi a changé.

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feat. @Isaac Evans

Le vieux sage, c'est comme ça qu'il aimait se souvenir d'Isaac. C'est lui qui lui avait donné la force et le courage d'accepter que son histoire avec Tendaï était terminée. Lui qui lui avait donné suffisamment de bons conseils pour affronter cette réalité et mettre un terme à cette relation qui, au demeurant, était aussi toxique qu'invivable. Il se rappelle, le danseur, que lorsqu'il avait rencontré Ekko, il s'était senti poussé des ailes. A tel point qu'il était venu ici, s'assoir à cette même table, pour dire aurevoir à son mentor. Comme s'il l'avait libéré de celui qu'il avait toujours été pour lui permettre, enfin, de déployer ses ailes et de devenir un autre homme. Quelle ironie, d'imaginer qu'il ne reviendrait jamais, qu'il avait appris, grandi, muri et qu'il ne commettrait plus les mêmes erreurs.
Ne jamais dire jamais, dit-on, n'est-ce pas ? Assis là, il prend conscience qu'au fond, inconsciemment ou non, il répète toujours les mêmes conneries, Bran. Alors il soupire et quand l'vieux sage se pointe avec un verre, il sourit à peine. Rebienvenue. heureusement, Isaac est d'un naturel chaleureux et avenant. D'ailleurs, s'il fallait décrire le patron du Snugg, Bran emploierait des termes comme gentil, généreux ou même chatoyant et a l'écoute. Des qualités qui se font rares, surtout en ces temps un peu plus sombre. On a tous nos démons. qu'il lui dit, et Bran sourit. Vieux sage, c'est pour ce genre de phrases qu'il l'appelle comme ça, dans son esprit. Parce qu'il n'y a que des hommes ayant connus des expériences douloureuses qui sont capables de formuler les mots exacts pour essuyer un peu les peines des autres âmes en détresse. Il porte le verre à ses lèvres, le danseur, alors qu'Isaac demande : Comment s'appelle-t-il cette fois ? c'est presque drôle, au fond. Il s'agit toujours d'un homme, non ? Comme si la vie de Bran ne se résumait qu'à ça. Aimer... comme s'il ne pouvait se définir qu'en étant avec quelqu'un pour l'accompagner et le soutenir. Au fond, c'est presque triste d'imaginer qu'il ne puisse pas se satisfaire de lui même. Sachay, Ekko... Adrian. il lève la main, la fait rouler dans l'air en soupirant. T'as l'embarras du choix. qu'il dit sans vraiment plaisanter. Trois fantômes, trois histoires, trois instants charnières de sa vie. Le passé morbide, le passé heureux et le passé insensé. Trois hommes qui, d'une certaine manière, ont marqué Bran suffisamment pour lui laisser un goût cruel d'échec et d'inachevé entre les lèvres. Alors les retrouver, tous les trois, ici, c'est comme faire face à son propre reflet et prendre subitement la mesure de tout ce qu'on n'sera jamais. Quoi que tu choisisses, de toute manière, j'ai tout gâché. A croire que j'suis incapable de faire les choses bien. c'est dingue, cette facilité avec laquelle, en contact direct avec Isaac, il sait parler, mettre des mots sur ses maux et se sent en confiance. Instinctif, presque.

Il savait que ce n’était qu’une question de temps ou plutôt, il l’espérait. Bran était aux yeux d’Isaac un jeune homme sympathique, un peu perdu, mais sincère dans ses émotions. Un bon client également, il ne pouvait le nier, mais avec certains d’entre eux le patron voyait un peu plus loin que les bons goûts en jazz ou les rentrées d’argent. Non, Bran était quelqu’un à qui il tenait, d’une certaine manière. Évidemment il aurait préféré le voir revenir avec un sourire aux lèvres et une simple envie de profiter du bar pour la soirée, mais le voir pour un besoin de conseil n’est pas si mal non plus. Ca lui fait chaud au cœur à Isaac, ça lui donne l’impression d’avoir de l’importance, lui aussi. Alors oui, il prépare la boisson préférée du plus jeune et il s’avance en demandant des noms. Parce qu’il sait. Lui-même n’a pas trop été du genre à hésiter dans sa jeunesse. Il y a eu des amourettes par ci par là, jamais rien de très sérieux. A l’exception de Walt peut-être, bien qu’Isaac ait tendance à le mettre dans une catégorie à part pour ne pas voir tous les torts qu’il lui a causé. Et puis les autres fois, quand il s’est dit que peut-être il pouvait y croire, c’est lui qui s’est fait du mal. Jusqu’à Aoden. Jusqu’à ce qu’il trouve le bon.
Il n’est pas un exemple à suivre, il n’a pas énormément de conseils à donner. Mais il a des oreilles, une envie d’aider, sans doute est-ce déjà un bon début pour cette situation. Bran a bien plus d’expérience en relation sérieuse et bien plus de prétendants également, ce qui fait légèrement sourire le brun à l’entente des prénoms. « Tu veux qu’on leur fasse un tableau de pour et de contre ? » Astuce utile pour certains cas, lorsqu’on doit décider d’une destination de vacances ou d’une nouvelle voiture. Pour choisir un homme, un compagnon de vie, ce n’est évidemment pas la bonne solution. Et il s’en rend compte, quand Bran reprend la parole. Le ton n’est pas à la blague et Isaac reprend donc une attitude plus sérieuse, en secouant la tête en l’entendant parler. « C’est faux, Bran. Tu es quelqu’un de bien et tu es humain. On fait tous des erreurs. » C’est une bonne chose d’assumer ses torts, il ne dit pas le contraire. Mais il ne faut pas non plus qu’il se morfonde sur le passé. « Je ne connais pas tous les détails, mais il y a toujours deux personnes dans une relation, au moins. Alors il faut être deux pour tout gâcher. Ne prends pas toute la responsabilité sur tes épaules. » Il y croit à cela, très fortement. Qu’importe si lui aussi a pu être dans une colère noire contre Aoden, déçu, désespéré de voir la tournure de la situation. Il y a un an, c’est lui qui était dans un gouffre sans fond en se rendant compte que sa relation n’était en rien ce qu’il avait imaginé. Mais ils ont remonté la pente, se sont autorisés à la confiance et aujourd’hui, ils sont plus heureux que jamais. « Et j’imagine qu’entre ces trois-là, il y en a qui est plus important, non ? Qu’importe ce que tu ressens pour les deux autres, tu as surtout envie que ça fonctionne avec un gars en particulier ? » Il accepte de l’aider autant qu’il veut. Il y connaît quelque chose en démons Isaac, il sait comment les faire taire, mais autant commencer par le plus important, avant de s’attaquer à ceux qui peuvent attendre.

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feat. @Isaac Evans

C'est agréable de revenir ici, de marcher à nouveau sur ses pas et de retrouver l'atmosphère cosy et confortable du Snug. Bien sûr qu'il aurait aimé y venir dans d'autres circonstances, peut-être même qu'il aurait préféré revoir Isaac pour lui dire que sa relation avec Ekko était toujours au beau fixe. Après tout, la dernière fois qu'ils s'étaient vus, c'était juste après l'avoir rencontré. Bran était venu ici, fier comme un coq d'annoncer qu'il avait enfin rencontrer la bonne personne. Est-ce qu'il y croit encore ? Bien sûr. Ekko n'existe pas que dans ses songes, il le hante même dans son quotidien. Partout où il pose les yeux, l'enseignant apparaît. Toile de fond, souvenir ou simple refrain qui se répète en tête dans son esprit. Il est là, partout. Et c'est sans doute ce qu'il y a de plus difficile à assumer pour Bran, ces derniers jours. Savoir tout ce qu'il a perdu, tout ce à quoi il a renoncé par égoïsme, somme toute. Tu veux qu’on leur fasse un tableau de pour et de contre ? il rigole un peu, le vétérinaire. Il imagine volontiers la tronche du tableau. A croire qu'il a une vie sentimentale aussi longue qu'une liste de courses un premier samedi du mois. Pathétique qu'il pense tout bas, c'est vrai. Il a toujours couru après l'approbation des hommes et leur amour. Peu importait vraiment le fond, tout ce qu'il lui fallait, c'était la forme. Avoir le sentiment d'exister pour quelqu'un pour ne surtout pas se mourir d'être seul. Et puis, Ekko avait été différent. Enfin, c'est ce qu'il croyait... ou alors, était-ce simplement lui le problème. C’est faux, Bran. Tu es quelqu’un de bien et tu es humain. On fait tous des erreurs. Je ne connais pas tous les détails, mais il y a toujours deux personnes dans une relation, au moins. Alors il faut être deux pour tout gâcher. Ne prends pas toute la responsabilité sur tes épaules. il est gentil Isaac, c'est vrai. Il le savait déjà Bran mais ce soir, encore une fois, il le lui prouve. Et c'est agréable de pouvoir discuter ouvertement avec quelqu'un qui ne connait pas tout, qui ne juge pas et qui se montre tendre. Il secoue la tête, le vétérinaire, en regardant le liquide qui danse dans son verre. Tu as sûrement raison mais concernant Ekko, je crois que je suis le seul fautif dans l'histoire. qu'il dit, sans une once d'hésitation. C'est lui qui était parti, lui qui avait mis un terme à cette histoire. Peut-être juste parce qu'il était incapable de croire qu'il méritait d'être heureux. Peut-être pour se protéger ou peut-être juste par lâcheté. C'est toujours plus simple de fuir la tempête plutôt que de l'affronter. Et j’imagine qu’entre ces trois-là, il y en a qui est plus important, non ? Qu’importe ce que tu ressens pour les deux autres, tu as surtout envie que ça fonctionne avec un gars en particulier ? il lève les yeux vers son interlocuteur en souriant, faiblement. Bien sûr qu'il y en a un plus important que les autres, Bran le sait depuis longtemps. Il n'y a qu'un nom qui brille au fond de ses iris. Quatre lettres qui crèvent son coeur. Ekko, oui. qu'il dit tout bas, sans grandes convictions. Mais après tout ce qu'il a fait, peut-il encore espérer qu'on lui pardonne ? On était heureux, tu sais. Mais j'ai eu tellement peur que ça n'soit qu'éphémère que j'ai préféré tout quitter plutôt que d'en profiter. J'ai dû lui briser le coeur... il lève le verre, en boit une gorgée. Il reprend : Non... je lui ai brisé le coeur, c'est une certitude. Comment pourrait-il seulement me pardonner maintenant ? il souffle, désespéré.