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alisha & ariel
Qu’il était agréable d’avoir le temps, une chose si anodine qui pourtant pouvait être rare pour bon nombre. Il était encore parfois difficile de réaliser que rien ne pressait et qu’il n’était pas nécessaire de tout prévoir, de tout griffonner dans un agenda pour ne pas oublier. Il lui était encore parfois difficile de se lever sans sentir l’angoisse lui saisir la gorge et l’esprit s’asphyxier à l’idée d’être en retard. Alisha apprenait encore à avoir le temps.

De son doux regard ténébreux, la jeune femme admirait la beauté monotone du parc où elle se trouvait, ses doigts restaient néanmoins fermés sur la laisse de cuir de l’animal qu’elle promenait, ce chien qu’elle adorait et qui ne pouvait que la remercier d’être allée le promener. Aujourd’hui, il n’était pas question de travailler mais de savourer ce qu’on appelait un jour de repos, un concept qu’elle connaissait à peine.

Une fois au cœur de ce poumon vert, la violoniste vint s’accroupir face à l’animal, le gratifia de quelques caresses affectueuses entre les oreilles puis ôta la laisse pour lui permettre de se dépenser plus librement. Mains dans les poches, Alisha admira les muscles qui roulaient sous le pelage au rythme de la course de Kebab. Le voilà qui s’était trouvé un nouvel ami et qui l’invitait à le pourchasser entre buissons et branchages. Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.

Elle s’accorda quelques minutes de répit, prenant son téléphone et pianotant sur l’écran pour répondre aux brefs messages d’une amie. Amie qui commençait sérieusement à l’angoisser à toujours se fourrer dans des histoires on ne peut plus catastrophiques. Elle eut à peine le temps de lui répondre qu’elle sentit quelque chose lui faucher les jambes. « Eh ! » Il lui était impossible de garder l’équilibre et elle se retrouva à épouser l’herbe de son royal postérieur. Son regard, encore perdu de cette soudaine brusquerie, chercha désespérément le chien qu’elle était venue promener. Disparu. Merde.

Elle se redressa, épousseta son pauvre pantalon qui n’avait rien demandé et resserra sa prise sur la laisse qu’elle avait fait tomber. Elle le siffla. Rien. Les lippes se pincèrent sous l’anxiété qui venait doucement enrouler ses puissants doigts autour de sa gorge. Il ne devait pas être bien loin. D’un pas pressé, elle contourna les promeneurs et d’un regard inquiet embrassa le paysage à la recherche du moindre indice.

Un aboiement, elle tourna brusquement la tête et reconnut le pelage de ce fameux chien qu’elle affectionnait tant. Ce dernier semblait avoir trouvé nouvelle chaussure à son pied puisqu’il venait de se jeter, tête baissée, dans les jambes d’un inconnu. Alisha ne put s’empêcher d’esquisser une grimace gênée. Elle allait devoir s’excuser. « Kebab ! » appela-t-elle, se trouvant soudainement ridicule à crier pareil prénom.

Mais il suffit d’un regard, d’un éclat pour que la gêne et l’inquiétude s’envolent bien loin. Lui. Ici. Le cœur vint tabasser l’intérieur de sa poitrine et les pensées se déclarèrent la guerre dans son crâne. « Je… Tu… Ariel ? »

@Ariel Raeken

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@Alisha Gautier & ariel
Ariel, contrairement à tant d’autres, était toujours de repos quand il se trouvait à la Nouvelle-Orléans. Lui voyait cette ville comme une pause bienvenue, comme la maison en vacances et ça n’avait pas de prix. Il était l’homme qui souriait aux travailleurs pressé ou la bonne âme toujours prête à aider une grand-mère à traverser la route. Il avait le temps et il le prenait, croquant la vie à pleine dent ou savourant juste les longues heures de repos.

Aujourd’hui, Ariel s’est installé au parc, avec un bon livre. Au bout de dix pages, il s’est lassé et a préféré se remettre en route, il a trouvé des jeunes en train de jouer de la guitare, il s’est tranquillement rajouté dans le groupe des admirateurs, se lançant bercer par la musique. Ariel n’avait pas d’attente pour cette journée, il se laissait juste porter au gré de ses envies, de ses humeurs.

C’est un peu de cette manière-là qu’il a retrouvé James d’ailleurs. Il sourit en repensant à cette journée, qui avait débutée de façon si étrange - mais typique pour Ariel - avant de terminer, dans la chambre de James, en train d’enfiler un costume de superman. Est-ce réellement une journée ordinaire ? Le pire c’est que la réponse, selon Ariel, est oui.

Alors, quand il se remet à marcher, pour suivre un papillonnement de nouvelle idée et qu’il se prend un chien dans les jambes, Ariel n’est pas surpris. Il se laisse porter. Il caresse le chien avec grand renfort d'affection et c’est là qu’il entend son nom. « Kebab ! » Un nom particulier qui le fait rire.

Quand il relève la tête et croise le visage de sa propriétaire, le sourire d'Ariel se fige. Oh, juste un instant, juste quelques secondes avant de remonter sur ses lèvres. Cette fois-ci, il est faux, un sourire d'apparat, comme il a appris à les faire. Sauf qu'elle sait reconnaître la tension dans ses lèvres, elle connait par coeur le visage d'Ariel, elle pourra voir combien il est surpris alors que les autres passants ne verront rien d'anormal.

Inspirer, expirer, parler. Non, il n'en est pas encore capable. Il recommence.

« Je... tu... Alisha ! » Il n'a pas trouvé mieux. « Qui d'autre pour donner un nom si fabuleux à cette créature adorable. » Le ton n'est ni méprisant, ni amusé, quelque part entre les deux. Mais déjà, il reporte son attention sur le canidé et le caresse avec plaisir. Cet animal qui ne l'a jamais vu, jamais senti, et qui pourtant lui a couru droit dessus. A-t-elle encore des photos de lui ? Une veste qui conserve son odeur ? Pense-t-elle à lui autant qu'il songe à elle ? Pourquoi la revoir fait aussi mal, et pourquoi est-il incapable de lui parler et de lui demander des explications ? Il sait, en réalité. Il ne veut pas entendre combien elle était lassée de lui, déçue de leur relation qui n'en était même plus une. Pourtant, son coeur tambourine face à Alisha, la partenaire la plus incroyable avec qui il a jamais joué. « Je crois bien que Kebab va rester avec moi maintenant. » Idiot.

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Ariel. Quel était donc ce drôle de jeu que lui jouait la vie à ainsi le remettre sur sa route de la plus improbable des manières ? Elle qui avait pensé saluer son passé pour de bon pour aller de l’avant et respirer un nouvel air qu’elle avait souhaité plus pur. Pourquoi ainsi lui faire confronter cet homme qu’elle avait fait égoïstement souffrir ? Les pensées devenaient folles sur le champ de bataille et peu étaient celles encore debout pour l’aider à tenir le choc. Lorsque la bague avait été abandonnée dans ce malheureux tiramisu, Alisha s’était dit qu’il s’agissait bien de la dernière fois qu’elle voyait cet homme, quelle bêtise.

Ariel, cet homme qu’elle savait fou amoureux d’elle à l’époque alors qu’elle ne déclarait que sa flamme à son travail. Cet homme qui était resté à ses côtés malgré la vie qui lui hurlait de foutre le camp. Cet homme qui n’avait jamais ployé le genou devant ses crises ridicules de colère. Alisha en restait encore sans voix. Elle n’avait jamais rien eu contre lui, pas une once de dégoût ou de haine, non il avait toujours été bon. Malheureusement, la violoniste n’avait jamais pris le temps de se consacrer à cette relation imprévue. Elle avait préféré suivre le cours de l’eau, se laissait porter par les courants jusqu’à dire oui sans réellement peser les conséquences.

Ariel, cet homme qu’elle aurait pu aimer et chérir si le travail n’avait pas été son maître mot depuis des années. Cet homme qu’elle aurait pu conserver à ses côtés si elle n’avait pas lâchement jeté l’éponge à l’annonce du cancer de sa mère. Elle ne le lui avait jamais dit, elle se sentait soudainement honteuse.

Ariel qui ne haussa même pas le ton en la voyant ici, parfaite peinture d’un traumatisme qu’il n’avait sûrement pas oublié. Il ne laissa pas la colère participer à leurs retrouvailles, bien au contraire, il vint complimenter cet animal qu’elle chérissait tant. « J’espère que tu es assez patient, c’est un vrai ouragan. » répondit-elle avec une douceur qu’elle ne se connaissait pas. Elle posa une nouvelle fois son regard sur lui et desserra sa prise sur la laisse de cuir, elle n’avait même pas remarqué que ses phalanges avaient blanchi sous sa forte poigne.

Ariel, je suis désolée, mais les mots ne sortirent pas. Elle continuait de le fixer comme un fantôme du passé réincarné dans un monde où il ne devrait être. « Tu… je… Tu vas bien ? » finit-elle par lâcher sous le regard jugeur de sa conscience. Quelle ridicule question qu’elle venait de poser.

@Ariel Raeken

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@Alisha Gautier & ariel
Si elle n'était absolument pas intéressé par lui et qu'elle le méprisait, elle serait plus à l'aise. Ariel se raccroche à cette pensée face à la femme de sa vie. Car oui, c'est bien elle et elle seule. Des hommes de sa vie, il y en aura plusieurs, mais Alisha est la seule femme a l'avoir touché de la sorte, à avoir fait de son coeur son domaine. Ariel se force à sourire, il a toujours été maître de ses émotions, calme, il a toujours su l'aider et la remettre debout, il a toujours apprécié comment Alisha était pleinement humaine, pleinement elle. Oh, il sait bien que beaucoup de monde sur le tournage la trouvaient atroce, capricieuse et chiante, pour peser les mots, mais lui voyait autre chose. Il l'aimait bon sang, il lui avait tout donné.

Et elle avait tout balayé, d'un geste de la main, sans aucune explication. Ariel s'était promis de ne plus jamais retomber à ses pieds et pendant un an ça avait été facile, elle n'était pas là. Or, maintenant qu'ils se retrouvaient l'un face à l'autre, toute ses convictions se font la malle. Merde, elle est toujours aussi elle-même, celle pour qui il a tout lâché.

Il baisse le regard vers Kebab, c'est plus sûr, c'est plus simple. Il le caresse derrière les oreilles tout en essayant d'éviter les léchouilles. « Si moi j'suis pas patient ? » Il hausse les sourcils en lui jetant rapidement un coup d'oeil. Est-elle méchante exprès ? Ou fait-elle semblant ? Est-ce sa manière de se protéger. Ariel est patient, et elle le sait. Elle ne peut que le savoir. Il soupire. Il sourit timidement. « Malheureusement, ils n'acceptent toujours pas les chiens en steward, je vais devoir te le rendre. » C'est plus simple de faire comme si de rien n'était, comme s'il n'y avait pas cette envie qui lui déchirait le coeur de la prendre dans ses bras et de kidnapper ses lèvres avec les siennes. Rester neutre, ne pas lui faire savoir combien il est touché en plein coeur. Penser à James. Oh, ça c'est une bonne idée.

Sa question le désarçonne. Ils en sont au small talk donc ? « Ça va, et toi ? » Il lui renvoie en pleine gueule, haussant un sourcil en sa direction. Il ne va pas l'aider, elle ne mérite pas son attention, son temps, sa présence. Elle ne mérite pas de piétiner son coeur, une fois de plus. Sauf qu'il n'arrive pas à s'enfuir, comme elle l'a fait. La présence d'Alisha l'électrise comme toujours alors il rouvre la bouche. « Bien installée à la Nouvelle-Orléans ? » Ariel n'a jamais compris pourquoi elle était venue s'installer ici, ce n'était clairement pas pour lui, mais la raison demeure floue et, comme pendant un an ils n'ont pas parlé, il ne sait toujours pas. Peut être qu'elle pourrait comprendre sa question et lui donner des informations ? Ou alors, elle restera fidèle à elle-même et le laissera se débrouiller avec des demi-réponses.

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Sa simple remarque anodine eut le don d’agacer celui qui avait partagé sa vie, enfin elle en jugeait par sa réponse quelque peu sèche. Bien sûr que monsieur avait été patient sinon leur histoire n’aurait jamais fonctionné et ils auraient fini par se déchirer au bout de quelques jours. Il avait été le seul capable de la supporter sur les plateaux de tournage et lors des conférences. Alisha n’avait jamais rien eu contre ses collègues de l’époque, mais l’anxiété et la pression avaient fait d’elle une boule de nerfs qu’un rien énervait.

Ainsi Ariel était reparti dans les airs, rien d’étonnant pour la jeune femme qui se souvenait encore de cette silhouette dont le regard était braqué sur l’infini du ciel. Elle n’avait jamais réellement compris pourquoi il avait sacrifié cet amour du voyage pour un amour qu’ils savaient vouer à l’échec. Alisha se rendait doucement compte que derrière ce regard se cachait un monde qu’elle avait à peine effleuré du bout des doigts. Je suis désolée de t’avoir abandonné de cette manière.

Ça va et toi ? La jeune femme resta de marbre, elle savait que sa question était bien ridicule et inappropriée pour de telles retrouvailles, mais le cœur était si fou dans sa poitrine qu’elle avançait fébrilement tel un funambule au-dessus du vide. « Je vais bien. » répondit-elle simplement. Kebab avait fini de s’intéresser à l’homme et vint se prélasser contre les jambes de sa propriétaire, quelque peu embêté que cette dernière ne lui prête aucune attention.

La seconde question manqua de la faire flancher et ses dents entamèrent la chair de l’intérieur de sa joue pour empêcher ses traits de peindre sa tristesse. Voilà cette fameuse question, celle qu’elle craignait et celle pourquoi madame était partie sans prévenir, laissant les explications au placard. Ariel avait déjà rencontré sa mère, les deux s’étaient même très bien entendus à l’époque et Jaya lui avait demandé de prendre soin de lui, de ne pas le faire souffrir. Un conseil qu’elle n’avait malheureusement pas écouté.

Alisha n’aimait pas divulguer sa vie privée, n’aimait pas remuer le passé et n’avait alors jamais avoué que sa mère était l’unique chose qui comptait le plus à ses yeux depuis qu’elle avait vu le jour dans ce monde. Cette femme l’avait sauvé d’un homme violent, possédé par l’alcool. Ensemble, elles avaient survécu, mais les cicatrices étaient encore là. Des stupides cicatrices qui marquaient encore sa chair. Ariel l’avait déjà questionné sur quelques-unes d’entre elles, Alisha avait prétexté des accidents bêtes d’enfant imprudent.

Elle prit une profonde inspiration et détourna le regard au loin comme si l’horizon allait l’étreindre d’un courage qu’elle ne trouvait pas. « J’aurais aimé venir m’installer ici pour de plus belles raisons, Ariel. » commença-t-elle, le menton tremblant alors que l’image de sa mère affaiblie dans un lit d’hôpital voguait dans son esprit. « Je suis partie de New York, il y a un an, pour ma mère. Cancer du sein, je ne pense pas qu’elle quittera l’hôpital un jour. »

@Ariel Raeken

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@Alisha Gautier & ariel
Alisha n’est pas simple, elle n’est pas évidente à suivre et on ne sait jamais où elle nous mène, mais Ariel s’en fiche. Il n’aime pas les vies rangées, où il n’y a pas d’autre intérêt que de savoir quelle sera la sauce des pâtes ce soir-là. Non, il se laisse porter, il vit, tout simplement et, si un défi s’offre à lui, il relève les manches.

Ariel est solaire et quand il aime, il le fait à fond. Il le faisait à fond. Il a tout donné à Alisha, son coeur, son esprit, son corps. Il ne savait pas où ils allaient, mais qu’importe, ils y allaient ensemble. Ce n’était pas la grande autoroute vers le mariage et les enfants - et heureusement ! - car les sentiers battus, à l’écart, sont toujours les plus beaux. Ariel n’a jamais caché son attachement, sans jamais attendre des preuves d’amour en retour. Il n’est pas malsain Ariel, il n’en veut pas plus. Juste des explications, une discussion, un retour quoi. Il ne l’a jamais eu. Quelques paroles et il aurait compris, il serait sorti de sa vie, comme elle le voulait. Le coeur lourd et la confiance amoindrie peut être, mais il l’aurait fait. Par respect pour leur années ensemble, mais il n’y a même pas eu le droit et, en un an, il a eu le temps de se remonter le cerveau à l’envers et de cultiver sa peine et sa colère.

Alors, quand les mots sortent enfin, quand l’explication jaillit de ses lèvres, quand la vérité est mise à nue, Ariel s’arrête net. Il se souvient de la mère d’Alisha, il cherche dans son esprit son nom, un souvenir d’elle. Il la rencontré, elle était incroyable. Une mère complètement différente de ce qu’il connait, une mère ouverte, qui l’a accueillie avec joie et bienveillance. Une mère souriante, et toujours là. Ariel a idéalisé cette femme, bien entendu, quand on ne la voit qu’un peu, on imagine toujours la suite à sa manière, mais il sait que c’est une personne bien. Alors, la savoir au bord de la mort lui fait du mal. Evidemment qu’Alisha doit être triste, pire, brisée. Sa mère était importante. Ariel ne savait pas exactement qu’elle place prenait Jaya dans sa vie, mais il avait compris qu’Alisha avait besoin d’elle.

Pourtant, il ne peut pas lui accorder l’impunité comme ça. Ariel ne fait pas comme si cette année n’avait pas eu lieu. Il a envie de la faire souffrir, comme il a été blessé, mais il ne peut pas faire ça à Jaya. Elle ne mérite pas ça. Ariel ne dit rien et le silence s’éternise entre eux. Il cherche ses mots, pour éviter de courir dans la bras d’Alisha et se consoler avec elle. Ce serait une idée affreuse, elle ne veut sûrement pas de son soutien. Il veut éviter de crier et la mépriser aussi, ça n’apporterait rien de bon. Alors il souffle un « j’espère que tu tiens le coup ? » Il s’est toujours trop soucié d’elle. Il devrait penser à lui. « C’était ça la raison ? Pour que tu me plantes brutalement ? Et tu pouvais pas me le dire ? » Et mince, il n’a pas réussi. Il inspire, presque heureux qu’elle fuit encore son regard se concentrant sur l’horizon, sûrement pour ne pas montrer sa tristesse, elle a toujours été si douée pour la cacher. « Tu sais Alisha, j’aurai compris. » Si tu avais parlé, si tu t’étais confié, c’est un reproche, elle le sait. Et maintenant ?

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Le secret ainsi dévoilé à celui qu’elle n’avait pas eu la chance d’aimer, Alisha ne parvenait à soutenir son regard. Cela n’était ni une question de honte ni une question de fierté, mais simplement une douleur qu’elle ne parvenait pas à panser. Evoquer le sujet le rendait bien trop réaliste, inévitable alors, parfois, se taire lui faisait du bien, la faisait oublier ce foutu lit d’hôpital. Mais elle lui devait bien ça, la vérité, celle qui l’avait poussé à s’en aller sans un au revoir ou un baiser volé. Il lui était impossible de savoir, d’anticiper la réaction de l’homme qui se tenait là face à elle. Peut-être répondrait-il avec douceur, compréhension ou peut-être se contentera d’un simple rire nerveux. Elle ne saurait dire. Son chien s’était en fin calmé à ses pieds et contemplait le vide, innocent de toute cette histoire, vierge de tout sentiment contradictoire contrairement à sa maîtresse dévorée par les émotions.

Ariel posa alors les fameuses questions et Alisha sentit sa gorge se nouer, le passé revenant tel un roi victorieux dans son esprit alors qu’elle le souhaitait mort et enterré. Même si la jeune femme se vantait d’être une personne solaire, aimante et légère, elle ne pouvait nier l’horreur d’un passé. Ce même passé qui avait fait d’elle une véritable carapace lorsqu’il s’agissait d’évoquer sa vie personnelle. Mais encore une fois, elle ne pouvait mentir à un homme déjà blessé, le genou au sol. Elle poussa un long soupir et s’arma de courage. Soudainement, son regard osa se planter dans le sien, laissant apercevoir les flammes douloureuses d’un regard traumatisé. « Je tiens le coup. » répondit-elle sobrement, le cœur fou dans la poitrine.

« Je sais que tu aurais compris, je sais que tu aurais été là à me soutenir alors que je la voyais faiblir dans les draps. Je sais tout ça, Ariel. » Elle pouvait les sentir, les larmes. La cascade d’émotions dévalait ses joues alors qu’une même cascade de vérité s’échappait d’entre ses lippes. « Mais… Mais je ne sais pas dire ce genre de choses aux gens. On a toujours été à deux, on a toujours refusé de montrer nos faiblesses aux autres à cause de mon père. Tu te souviens de toutes ces cicatrices qui parcourent mon corps ? Celles qui te faisaient poser tant de questions ? Ce n’est pas de stupides accidents d’enfant non, mais les souvenirs d’un père violent qui nous a fait vivre un enfer pendant des années. »

Il était bien le premier à qui elle avouait pareille chose, et sûrement le dernier. « Alors, par réflexe, j’ai fui pour elle sans vraiment réfléchir aux autres. J’avais juste peur pour elle… »

@Ariel Raeken

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@Alisha Gautier & ariel
Elle reste calme, pas un mot plus haut que l'autre, juste un soupir. Elle ne le fuit plus, enfin. Ariel sent qu'il touche du doit toute la vérité, il pourrait enfin comprendre une partie de ce qui fait qu'Alisha est Alisha. Pourtant, il a envie de fuir, lui, avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'il ne lui pardonne, avant qu'il espère à nouveau. La théorie, voudrait qu'on offre des secondes chances, qu'on donne un nouvel espoir et qu'on voit ce que le temps nous offre en retour... mais Ariel est trop abîmé, il a trop donné et trop souffert pour ça. Or, son coeur bat encore pour elle. Il n'a jamais cessé de songer à elle, à sa peau, à ses caresses, à ses murmures.

Pourtant, il reste. Il se redresse au milieu du chemin puisque le chien l'a fuit pour retrouver sa maîtresse, il écoute, il entend, il comprend. Et son coeur se déchire, car il est obligé de lui pardonner. Il comprend une partie de ce qu'elle a vécu, il est horrifié par les mots qu'elle lui offre, par ce partage de passé qui l'a brisée elle. Comment lui pourrait-il la rejeter ensuite ? Mais... Alisha reste Alisha, elle n'a pas complètement changé. Et une chose qu'elle doit toujours détester, c'est la pitié. Sans le moindre doute, elle va refuser celle d'Ariel. Alors il ne lui offre pas.

Ses poings se serrent quand il songe au père d'Alisha. C'est la première fois qu'elle l'évoque et il comprend bien pourquoi elle ne l'a pas fait avant. « Et bien, cela explique beaucoup de chose. » Ses mots sont à peine un souffle, mais elle l'entend, c'est sûr. Ils sont bien trop proche dans ce parc, ouvert aux milles vents. Et il comprend qu'elle n'aurait jamais dit ça au creux d'un oreiller, dans un murmure. Non, elle a choisi le moment et l'endroit, comme toujours. L'instant où lui ne s'y attendait pas. Et son coeur se remettre à battre plus vite. Ariel a toujours été plus doué pour écouter que pour parler et réconforter. Il n'a pas les mots, rien à lui offrir. Il se sent con au milieu de l'allée à regarder Alisha, pendant que les liens se font dans son esprit.

Il décide de lui offrir la vérité. « Je ne sais pas si je cesserai un jour de t'en vouloir, et je sais que tu ne veux pas mon pardon parce que tu n'en as pas besoin, mais je suis là. » Et, instinctivement, il s'approche d'elle. Il veut la toucher, parce qu'il a besoin de ce contact pour faire passer son message. Il ne la déteste pas, il ne l'a jamais détestée. Il lui en veut encore, mais pas à mort, pas comme il a pu le dire au début. Il est trop proche de sa souffrance pour y ajouter un couche. Il s'approche encore et tend la main, vers elle, comme une promesse renouvelée. Si elle l'accepte.

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Qui aurait pu présager que de ces pauvres âmes en perdition se retrouveraient ce jour et se livreraient à nu sans craindre les émotions ? Qui se cachait donc derrière ce mot que l’on appelait Providence ? Qui tirait les ficelles de ces marionnettes en mal d’amour ? Alisha ne craignait plus les larmes qui perlaient sur ses joues, non la peur qui grondait en son être était celle de sa réaction, à lui et lui seul. Voilà qu’elle lui avait confié son secret et il était alors libre de s’en dégager ou de l’accepter, de partager ce lourd fardeau.

A son tour, il se confie, les cœurs se lient, la rancœur se meut et les non-dits se libèrent de leurs chaînes. Le regard blessé d’un amour gâché se posa sur cette main tendue, peinture d’un espoir qu’ils pouvaient sûrement saisir. Mais au lieu d’entremêler ses doigts aux siens, la jeune femme s’approcha plus encore et d’une douceur infinie, embrassa sa joue d’une main compatissante. Les regards ne se quittaient plus, le monde semblait prêt à s’arrêter pour leur laisser le temps, celui qu’ils n’avaient pas eu.

« Je ne te demande pas de me pardonner, d’ôter toute la rancœur que tu as à mon égard. Ma vie n’est pas une excuse à mon comportement envers toi. J’aurais dû t’en parler, tu partageais ma vie, tu étais mon aimé et pourtant je t’ai abandonné sans sourciller. » murmura-t-elle, son pouce traçant une légère courbe le long de sa pommette. « Je t’ai négligé, Ariel. Et j’en suis désolée. Je sais que tu attendais des excuses, des explications et j’ai refusé de te les donner. Tu mérites une meilleure personne, une personne capable de t’aimer et non de fuir comme je l’ai fait. »

Il était fini le temps de la jeune femme muette, sans sentiments. Le sort de sa mère avait libéré quelque chose chez elle. Il était fini l’ère de la reine des glaces qui se refusait de ressentir, d’aimer, d’exprimer. Alisha connaissait ses erreurs et connaissait les pardons. Désormais, elle se devait d’être honnête envers lui au risque de souffrir. Elle lui devait bien ça.

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@Alisha Gautier & ariel
Soudain l’air lui-même se change. La tension ne l’habite plus, il n’y a plus d’orage qui risque d’exploser, la pluie est tombée. Depuis les yeux d’Alisha et s’écrase sur ses joues, mais l’air ambiant est doux maintenant. Tous les deux se connaissent trop et Ariel n’est pas vraiment le type de gars qui explose en réaction impulsives. Alors c’est la main tendue qu’il attend l’éclaircie.

Evidemment, Alisha la dédaigne pour choisir elle-même le lieu où elle le touche, sa joue. Une douce caresse, un moment délicat. La main d’Ariel retombe contre son corps. Le toucher d’Alisha n’a rien à avoir avec ceux qui ont parcouru sa peau ces derniers temps. Il l’avait manqué. Elle dégage quelque chose en plus, pourtant, il ne ressent plus la confiance du bienêtre qui le parcourait avant. Il expire doucement pour tenter de savourer cet instant, mais son coeur bat trop vite pour être apaisé.

Et les mots coulent, ces mots qu’il avait attendu, ces mots qui ne font que remuer trop de choses, ces mots qui arrivent trop tard. Bien trop tard. « Je mérite peut être quelqu’un d’autre, mais sur le moment, c’était toi que je voulais. » Le mérite, qu’a-t-il à faire dans cette conversation ? Ariel n’est pas parfait, il a des défauts, comme tout le monde, et il était prêt à tout pour elle. C’était sûrement ça d’ailleurs qui avait joué. Elle savait qu’il la laisserait tranquille. Quand elle a fuit, il aurait retrouvé sa trace aisément, il aurait pu savoir bien plus tôt la vérité, mais il ne l’a pas fait, parce que malgré son envie de savoir, il la respectait assez pour lui laisser l’espace qu’elle voulait, mais en faisant ça, quelque chose s’était brisé en lui. « Et maintenant c’est trop tard. » avoue-t-il. Trop tard pour tout, trop tard pour pardonner, trop tard pour faire comme si de rien n’était.

Il ne peut même pas juste profiter de cet instant et de se dire que ça n’aura aucune conséquence, parce qu’il sait. Il sait qu’il va replonger, les deux pieds en avant, sans la moindre hésitation, il sait ce qu’il risque, ce qu’il a à perdre. Mais peut-il résister face à ce regard ? Face à ces larmes ? Face à Alisha ? Il ne peut pas.

Est-ce de l'instinct, un réflexe ou une force supérieur ? Ariel croit aux dieux et à la magie, alors il ne lutte pas, il s'approche. Leur corps se frôlent, au milieu des bruits, au milieu de l'allée du parc, mais le monde a disparu. Même Kebab est silencieux, la seule musique qui joue et celle à l'intérieur de sa tête. Sa main va chercher celle d'Alisha puis il caresse du bout des doigts le dos de la main de son aimée, celle qui lui a brisé le coeur dans le passé, mais, aujourd'hui, son myocarde semble plus vivant que jamais. « C'est trop tard pour que je te laisse fuir à nouveau. » reprend-il. Il est idiot, il plonge une fois de plus. Leur visages sont si proches qu'ils respirent le même air, qu'il voit chacune des traces laissées par les larmes précédentes, il en efface deux avec son pouce, puis ses yeux descendent vers les lèvres de la jeune femme, en une question muette.

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Les corps ne pouvaient s’ignorer plus longtemps comme désespérés de connaître à nouveau la présence de l’autre. Alisha se laissa approcher, apprivoiser tel un animal pris entre deux phares. Elle ne cherchait plus à l’éviter comme à l’époque où elle se fichait éperdument de l’avoir à ses côtés. La carrière avait été jetée du haut d’une falaise et le cœur était désormais libre de guider la voix sans se faire écraser par la royale présence des responsabilités. Tout ceci était nouveau, effrayant, exaltant. Elle avait l’impression de le découvrir réellement, de ne plus voir ce voile d’inattention obstruant son regard. Certes, elle ne pouvait appeler ceci de l’amour, mais elle ne pouvait nier l’importance que cet homme avait eu dans sa vie.

Et maintenant, c’est trop tard. Poids qui chuta lourdement au fond de son être, Alisha était prête à s’éloigner tel un animal blessé qui cherchait à se soustraire à la prise du chasseur, mais la main de son aimé se saisit de la sienne. A quoi jouait-il, qu’était-il en train de penser en cet instant précis ? Les pensées étaient follement vivaces dans sa tête fatiguée de cette soudaine rencontre. Les regards se rapprochèrent comme fou de ne pouvoir se perdre dans l’autre pour de bon, l’épiderme frissonnait au souffle qui ricochait contre les joues et les lèvres tremblaient de savoir les autres si proches.

C’est trop tard pour que je te laisse fuir à nouveau. Qu’étaient-ils en train de faire ? Cette relation qui avait vu le jour pour d’absurdes raisons et qui s’était vu égoïstement poignarder dans le dos par une femme qui n’avait pas le temps d’être tendre. Comprenait-il vraiment ? Tendait-il réellement ce cœur à peine guéri d’un traitement terrible ? A quoi jouaient-ils ? Laissaient-ils les flammes d’un amour incertain lécher leurs doigts désespérés d’une tendresse promise ? Alisha hurla intérieurement comme pour faire fuir incertitudes et craintes. Ces dernières s’empressèrent de se retrancher dans leurs cellules dans des murmures moqueurs.

Alisha vint attraper les lèvres d’Ariel, doucement, tendrement. Elle ne voulait pas se perdre éternellement dans cette étreinte qu’elle pensait, autrefois, vouée à l’échec. Elle rompit le contact avec délicatesse avant de venir poser son front contre son torse dans un soupir. Le baiser avait été bien différent de ceux de ses souvenirs. Il ne portait plus ce message d’un simple désir charnel, mais semblait gonfler d’une déclaration muette. « Je… Tu… Je ne sais pas quoi penser, Ariel. » murmura-t-elle, toujours blottie là. « Je n’ai pas envie de gâcher les choses à nouveau, je ne peux te promettre quelque chose, tu le sais. »

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Elle réagit, elle répond à sa demande par un baiser. Léger, doux. Moins intense, moins violent. Il n'y a plus la force de la passion qui les dévorait, celle qui les coupait totalement du monde et les faisait s'enfermer pendant des heures sans songer à rien d'autre qu'à eux. Mais ce baiser est aussi décisif, aussi brutal que la première gorgée d'air après une noyade. Leurs lèvres dansent une valse ensemble, délicate et pure. Ariel reprend son souffle et son coeur se remet en route quand elle pose son front sur le sien. Il ferme les yeux et essaie de mettre de l'ordre dans ses idées.

Quelle putain de connerie vient-il de faire ? Pourquoi s'infliger une telle peine ? Son coeur avait tout juste commencé à se reconstruire, il avait tout juste décidé d'arrêter de penser à elle, d'accepter d'aimer d'autres personnes. Et puis, il y avait James. James qui était aussi brisé que lui et dont il avait désespérement besoin. Il s'en rend compte, juste à cet instant. Et son coeur rate un battement. Il est fichu. Il a pris la mauvaise direction, il a mis la housse à l'envers et son cerveau est sans dessus-dessous.

Pourtant ses lèvres se mettent à bouger, à former des mots, sont-ces des mensonges pour l'apaiser elle ou pour lui-même ? Il est incapable de le savoir, mais même avec la vérité écrite dans le journal il aurait continué à faire l'autruche. « Je ne te demande rien, je ne te promets rien non plus. » Bien sûr qu'il a besoin de cette fichue promesse, au moins pour savoir où il est, où il va. « Je t'ai dit, je suis là. » Il soupire, ils sont trop proches pour qu'il puisse réfléchir normalement. Son cerveau est aussi rempli de fumée qu'une tartine cramée qui sort du grille-pain « Je repars demain pour trois jours, je serais pas là tout le temps, je cherche rien de précis, mais Alisha, je t'apprécie trop pour te laisser toute seule, livrée à toi-même, ok ? » Je t'apprécie, pas de je t'aime, sans lui foutre un râteau, ça l'aurait fait fuir encore et en même temps, c'est bien plus juste, il s'en rend compte. Il ne l'aime plus comme il l'a aimé. Il y a cette rancoeur, cette douleur bien sûr, et l'obsession est toujours là, mais l'amour, le vrai, le sain, s'est enfuit. Ils peuvent construire autre chose, une amitié peut être ? Pourquoi ça fait si mal de penser ça ? Juste après l'avoir embrassée en plus. « Aïe » dit-il soudain, est-ce Kebab qui en a marre et qui vient de le mordre ? Le chien est-il jaloux qu'on ne lui porte plus d'attention, ou espère-t-il annoncer son accord à Ariel par cette morsure ?

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C’était un jeu dangereux dans lequel ils s’engageaient tout deux, un jeu où ils pouvaient brûler leurs ailes et enterrer le cœur meurtri d’une relation ratée, mais Alisha n’avait pas l’esprit à la raison. Pour une fois, elle écouterait les conseils de celle qui l’avait mise au monde et donnerait sa chance à cet homme qui ne semblait pas avoir cessé de ressentir quelque chose à son égard. L’avait-elle maudite d’un amour qu’elle ne pouvait peut-être pas lui rendre ? Alisha ne pouvait répondre maintenant à pareille réponse. Oui, jamais elle ne se forcerait à tomber amoureuse de quelqu’un, mais elle avait tout de même accepté de vivre avec lui pendant quelques années sans lever le petit doigt, signe d’absence d’animosité à son égard.

Mais voilà qu’une phrase la fit tiquer, se figer, se renfermer. Toute seule, livrée à toi-même. Tout ceci sonnait comme de la pitié, une émotion qui la dégoutait autant qu’elle la faisait fuir. Elle refusait qu’il ressente pareille chose pour elle. La jeune femme n’était pas faite en sucre, elle savait surmonter les épreuves sans se laisser abattre. Devait-elle lui rappeler qu’elle avait survécu à un père qui écrasait ses mégots de cigarette sur son innocente peau ? « Ne dis pas ça. Je ne veux pas de pitié, tu le sais très bien. »

Elle se détacha de lui lorsqu’elle l’entendit se plaindre et posa son regard sur le chien mécontent qui se trouvait là. Dans un soupir, elle se pencha vers lui pour flatter son pelage et calmait ce manque d’attention qui le rendait taquin. « Désolée Ariel, il se montre un peu trop taquin ces derniers temps. » confia-t-elle en attachant de nouveau l’animal à sa laisse. Puis elle se redressa et planta son regard dans le sien, les émotions quelque peu plus calmes et apaisées depuis l’échange d’un baiser.

« Tu as toujours mon numéro de toute manière, je suppose ? En tout cas, j’ai toujours le tien. On peut très bien s’écrire s’il faut. » ajouta-t-elle sans sourciller. Après tout, l’homme avait sûrement plus important à faire que de s’abîmer le cœur à sa contemplation. Et puis, Jaya l’attendait, elle ne voulait pas la faire attendre trop longtemps.

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Ariel a envie de lever les yeux au ciel, de la secouer un peu. Alisha c'est Alisha, elle est telle qu'elle est et il le sait... Et pourtant, quand elle ne choisit d'entendre que ce qu'elle souhaite écouter, ça le rend fou. Evidemment qu'il la prend en pitié, mais ce n'est pas pour autant qu'il l'imagine faible, sans force ou incapable de surmonter seule. C'est son caractère à lui d'avoir envie d'être là pour soutenir ceux qu'il aime. Mais est-ce qu'il l'aime encore assez pour ça ? Dans son esprit, dans son coeur, tout est confus. Il ne sait plus, il est brisé, elle a bien trop d'emprise sur lui. Et la douceur des lèvres d'Alisha flotte encore sur les siennes, ce baiser, minuscule instant de tendresse, ne veut pas partir, son coeur bat pour elle. Et il s'en veut. Parce qu'à cause de tout ça, il est incapable de s'offrir à ceux qui le méritent.

« Je sais Alisha » soupire-t-il, « mais tu n'as pas à affronter ça seule non plus. » Elle a des ami.e.s, l'actrice, elle n'est pas tout à fait seule, alors pourquoi se sent-il si égoïste et jaloux des autres ? Il veut être à ses côtés, l'aider à affronter tout ça, il veut une relation saine, mature, adulte. Il veut Alisha dans sa vie. Voilà, c'est ça qui le cisaille. Il ne sait pas quelle place exactement elle doit prendre, mais il veut d'elle dans sa vie.

Et le chien stoppe le moment, il arrête toute tentative de rapprocher, ce baiser sera unique. Il n'y aura pas de suite, pas de caresse, pas de gémissement, pas d'échange, juste un baiser, un seul, qui brise autant qu'il répare. Ariel recule d'un pas, pour tenter de rester maître de lui-même, il sourit, doucement pour masquer son trouble, sa gêne ou ses désirs. « Tu dois aller la voir n'est-ce pas ? » Il ne prononce pas les mots qu'il sous-entend c'est un adieu donc. Parce qu'elle a beau parler de téléphone, elle ne lui a pas envoyer un seul texto en un an. Pas le moindre. Et lui, qu'a-t-il fait ? Rien non plus, il lui a laissé l'espace et le temps qu'elle voulait. Alors ils savent bien, tous les deux, que si Ariel ne fait pas - encore une fois - le premier pas, ils ne s'écriront pas. Il hésite à lancer un j'attends ton message d'un air innocent, mais il ne jouera pas avec elle. Alors il hausse les épaules et il confirme. « J'ai ton numéro, tu as le mien. » Tu l'as toujours eu, il ne le dit pas, mais son regard est on ne peut plus clair.

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Alisha aurait aimé plus de temps en cet instant, mais elle ne pouvait retarder encore son départ pour l’hôpital. Il pouvait le comprendre, elle le savait. Ce n’était en rien un moyen de fuir, de disparaître comme elle l’avait fait autrefois, non. Elle ne voulait pas qu’il pense ça. Elle se rattraperait, elle en était convaincue, mais sa mère restait sa priorité et ça, personne ne pouvait le changer. D’un bref mouvement de laisse, elle fit comprendre à son chien de rester sagement assis à ses côtés le temps que la conversation se termine.

« Oui, je dois aller la voir. » répondit-elle doucement « Elle m’attend depuis presque une demi-heure maintenant, je ne peux la faire attendre davantage. » Elle vint déposer sa main sur la joue de l’homme et baisa sa joue opposée avec une délicatesse infinie. Il ne s’agissait pas de vendre une émotion pour la caméra aujourd’hui, comme ils n’avaient cessé de le faire lors de tournages. Il n’était pas question de transmettre une émotion inventée par des talents et autres supercheries, non. Alisha se montrait à nue, aujourd’hui, sans sourciller.

« Si tu n’as pas changé de numéro entre temps, oui alors j’ai encore ton numéro. » Mais oserait-elle lui envoyer un message ? Ca, c’était un autre problème, une question qui restait en suspens dans les airs de son esprit embrumé par cette rencontre inattendue. Elle trouverait sûrement la force de le faire, peut-être dans quelques jours, peut-être dans quelques semaines, c’était un travail de longue haleine. Certes, il allait trouver le temps long, penser qu’elle l’avait encore abandonné alors qu’elle se faisait seulement violence pour trouver quoi lui dire, quoi faire.

« Je ne vais pas disparaître, je te le promets. » ajouta-t-elle finalement, un élan de vérité dans la voix. Elle retira sa main de sa joue et lui offrit un sourire, triste mais sincère. Elle demanderait conseil à sa mère, si elle avait la force de parler ce jour. Alisha poussa un ultime soupir et offrit un dernier regard à celui qui avait partagé sa vie. « A bientôt, Ariel. »

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@Alisha Gautier & ariel
Sa main, sur la joue d'Ariel, est si douce, si délicate. Le temps file à toute allure, et pourtant, il se retrouve plongé dans le passé, dans les souvenirs. Quand c'était facile, quand c'était beau, quand c'était simple. Ariel ferme les yeux pour chasser le présent, mais il doit aussi cesser de se mentir, ça n'a jamais été juste simple. Il a idéalisé cette relation parce qu'elle lui a fait beaucoup de mal en partant, mais ce n'est pas une raison pour ne garder que le bon. Il doit être juste, pour eux deux c'est juste son foutu coeur qui est incapable de prendre une bonne décision.

« Je n'ai pas changé non. » Va-t-elle appeler ? Envoyer un message ? Va-t-il savoir attendre qu'elle le fasse ? Ces questions vont devoir attendre, il ne peut pas être insupportable alors même qu'ils ont pas encore commencé à s'écrire. Ni à se dire qu'ils vont se revoir. C'était peut être leur dernière entrevue. Ce baiser perd de sa saveur, ou alors il en gagne ? ll est un peu perdu Ariel. Mais elle rouvre la bouche et le coeur d'Ariel rate un battement. Elle fait une promesse et elle semble avoir envie de la tenir. Elle semble vouloir s'améliorer, faire des efforts et Ariel sait qu'il va replonger à pied joint. Il n'a jamais pu tirer un trait sur elle, ce n'est pas maintenant qu'il saura le faire. « Parfait, à bientôt alors. » Et il veut y croire, de tout son coeur, de toute son âme.

Ils s'éloignent doucement, chacun sur le chemin, mais avec l'espoir qu'ils se recroiseront bientôt.

RP TERMINE

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