Encore un matin

[ le terme que tu cherches c'est "putain de merde" ]

Le mal de crâne qui lui parcourt la tronche lui fait regretter la veille, quelle qu'elle ait été, parce que clairement, il n'en possède aucun souvenir. Doucement, Ariel ouvre les yeux pour tenter de s'habituer à la lumière du soleil, encore deux jours avant de reprendre l'avion et de s'éloigner de NoLa et toutes les tentations un peu trop violente qui l'attire dans tous les sens. Alisha et James, les deux aimant opposés et lui au milieu. Il sourit et tourne la tête vers l'autre côté du lit.
- Bonjour dit-il après quelques longues secondes de silence béat.

Putain de merde il s'est passé quoi ? Alisha. Evidemment qu'Alisha est là, la belle, la tendre, la furieuse, la passionnée, l'incroyable, Alisha. Le corps nu d'Ariel se couvre de chair de poule. Il ne se souvient pas, il ne se souvient plus. Il ne sait même pas ce qu'il espère ou ce dont il a envie. Elle est capable de tout, de l'avoir entraîné dans son lit comme de lui avoir demandé asile pour la nuit tout en restant sage. Elle ne veut pas de la pitié des autres, mais quand elle a besoin de se changer la tête, celle d'Ariel peut faire l'affaire.

Ariel cherche une solution, quelque chose à dire, il a envie d'attraper ses lèvres et de les enfermer dans les siennes, il a envie de toucher son corps d'une caresse érotique, il a envie de tant de chose qu'il reste immobile. Préférence la regarder, comme si c'était normal, espérant qu'elle lui offre un indice.

- Bien dormi ?

Rester aux banalités, en voilà à quoi ils sont réduit ? Il tend la main pour réduire l'espace entre eux deux, l'air lui parait trop lourd et la tension trop forte. A moins qu'il ne se l'impose à lui même ? D'un coup d'épaule il la fait exploser. Il est maître de sa propre destinée et tant pis s'il souffre encore plus. Un jour, il arrivera à se reconstruire, aujourd'hui, il n'a plus envie de faire attention.

- Viens souffle-t-il en caressant sa joue.

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[ encore un matin ]

ft. @Ariel Raeken & Alisha Gautier
Les yeux s’ouvrent, le souffle est court et les pensées embrumées, les doigts s’emmêlent dans les draps, ancrés dans une réalité bien trop floue et inquiétante. L’odeur qui chatouille ses narines vient accélérer les battements d’un cœur fatigué. Ce n’est pas ses draps, ce n’est pas son lit, ce n’est pas sa chambre. Alors voilà qu’elle questionne son esprit mais ce dernier est bien trop endolori pour lui donner une réponse à toute interrogation de sa part. La langue est râpeuse contre son palais, lourde, parcheminée. Elle reconnait sans problème les conséquences d’une consommation d’alcool excessive et ne peut que jurer face à son comportement irresponsable.

Mais elle ne peut être sévère envers elle-même, c’est impossible face à pareille situation. Victoria n’est plus dans sa vie depuis qu’elle a pris la décision de l’en dégager de peur de souffrir de trop face à ses choix relationnels douteux. Sa mère ne peut la soutenir puisque la voilà plongée dans un sommeil dont elle ne se réveillera sûrement pas. Lily est bien trop préoccupée par le retour d’un amour gâché. Doucement, d’une caresse hésitante, son esprit décide enfin de lui apporter une brève réponse. Ariel.

Une voix résonne et le cœur s’affole dans la poitrine alors que les doigts, toujours ancrés dans les draps, se rapprochent des côtes. Tenue d’Eve, est-ce réel que tout ceci ? Lentement comme de peur de réveiller des soupçons, elle se tourne de l’autre côté du lit, là où siège celui qu’elle a blessé une année plus tôt. Le regard ténébreux se plonge dans celui béat de l’homme et elle ne peut s’empêcher de sentir sa gorge se serrer. Pourquoi diable ne se souvient-elle pas de leur soirée ?

La question de son ancien fiancé, elle décide de la laisser en suspens. Voilà qu’elle se redresse, fuyant la main qui vient de caresser sa joue. Le drap glisse le long de la peau nue et chaude mais elle s’en fiche, la pudeur n’a jamais été un problème et surtout pas devant lui. « Ariel… » parvient-elle enfin à articuler, les doigts fins se perdant dans la crinière corbeau emmêlée. « Je ne me souviens de rien. »

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@Alisha Gautier et @Ariel Raeken

Elle se redresse, fuyant son contact. Il râle, pour le forme, mais se recule. Elle a raison bien entendu, elle au moins, elle a le courage de le dire. Il soupire. « Moi non plus », admet-il, un temps trop tard.

Il aurait dû dire la vérité dès le début, il n'aurait pas dû jouer avec sa joue, emmêler ses doigts aux siens ou rêver d'une nouvelle caresse de ses lèvres. Il n'aurait pas dû en être heureux, ni savourer la sensation de sa peau contre la sienne. Il n'aurait pu dû laisser planer le doute, montrer qu'il savait ce qu'ils faisaient et qu'il était sûr de la direction à prendre, mais c'est trop tard pour lui. Il a plongé, pied-joint dans ce cercle vicieux qui ne le laissera pas entier. Alisha au moins à assez de respect pour lui et ne continue pas à lui piétiner le coeur. Il devrait la remercier, mais il n'en fait rien, savourant doucement le changement qui est né en Alisha après cette année écoulée. Elle n'en fait toujours qu'à sa tête, mais il y a quelque chose de différent et il apprécie ça un peu trop.

Et voilà qu'Ariel recommence à se prendre la tête, pour tout, pour rien. Après cette rupture, il s'était juré de ne penser qu'à l'instant présent, c'est ce qu'il a essayé de faire. Cette nuit ne pouvait représenter rien d'autre, mais... ce n'est pas sain. « Je me souviens d'être sorti, dans un bar du vieux carré, une ancienne amie m'y avait appelée. Sienna, tu la connais ? » Il ne pose pas de questions sur ce que ça signifie, ce que ça veut dire, il tente de retrouver des brides du passé. « Elle a une meilleure descente que moi, je le savais, mais je l'ai quand même suivie. » Soudain, il se demande, s'il lui a envoyé un texto ou si elle a répondu à un appel. « Je vais regarder sur mon appli bancaire jusqu'où va la catastrophe. » Il ment, même si c'est crédible et que ça peut les aider à remontrer la soirée, il veut juste vérifier s'il lui envoyé des messages qu'il va pouvoir regretter ensuite.

« Oh merde, » s'exclame-t-il, incapable de cacher ce qu'il fait en réalité, de toute manière, elle n'est pas idiote et elle les a vu ces messages « c'est même pas la bonne citation, c'est Chaque pot a son couvercle mais tu n’es pas le bon ! qui vient de The Holidays, oh merde, je » Il s'arrête. « Mais qu'est-ce que tu fous avec moi ? » Il préfère en rire parce que sinon, ça risque de partir loin.

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ft. @Ariel Raeken & Alisha Gautier
Seule. Voilà qu’elle fixe un reflet qui ne lui inspire que rage et tristesse, elle voit en ses traits une personne qu’elle ne peut désormais serrer dans ses bras. Les jointures des doigts se font blanches, douloureuses alors qu’une unique larme se fait rebelle et embrasse une joue froide de tout bonheur. La mâchoire se crispe avant de s’ouvrir pour laisser échapper un cri trop longtemps contenu. Evacuer, évacuer les émotions qu’elle n’a souhaité montrer, évacuer ce sentiment d’injustice qui martyrise sa poitrine depuis qu’elle a vu le jour. La colère est bien trop lourde, bien trop sauvage et voilà que son poing s’écrase dans le miroir qui vole en éclats. Le reflet n’est plus, l’image de celle qu’elle aime infiniment ne peut la hanter de nouveau. Le chien aboie d’effroi alors que le sang goutte sur le blanc immaculé de la coiffeuse.

Alisha abaisse son regard sur cette main bandée dont elle n’a point le souvenir. La voilà blessée, mais pour quelle raison ? La blessure s’en va se cacher sous les draps alors que la jeune femme pose son attention sur son ancien fiancé qui semble tout aussi perdu qu’elle. Comment ont-ils réussi à s’étreindre le temps d’une nuit alors que rien ne les prédestine à le faire ? « Non, je ne la connais pas. » répond-elle simplement. Elle n’a pas beaucoup d’amis en ville, ce n’est pas l’envie qui manque mais plutôt l’habitude d’être seule qui prône encore dans son cœur.

La musicienne vient s’allonger de nouveau, frissonnant face au baiser glacé du matelas mais elle ne peut supporter les tournis, il faut qu’elle se repose. Son téléphone, elle n’a foutrement aucune idée de l’endroit où il se trouve. Elle se penche de son côté du lit pour saisir le pantalon lâchement abandonné là, ses doigts fins se perdent dans les poches avant d’en extirper le fameux appareil. Sur l’écran s’affiche alors quelques messages inquiets d’amis sans nouvelles ainsi que ceux alcoolisés de celui qui partage actuellement son lit. « Tu as fait fort j’ai l’impression. » soupire-t-elle en le déposant au sol.

Son regard se pose sur Ariel, sa main se posant machinalement sur son avant-bras dans une tentative de le rassurer. Elle ne souhaite pas le voir paniquer ou prendre la fuite tel un gosse qui a peur de sa bêtise. « C’est difficile à dire… On a dû se croiser dans le Vieux Carré à la sortie de nos verres respectifs. » Se souvient-elle au moins d’être sortie de chez elle ? Peut-être doit-elle demander à Lily ou autre amie qui a l’habitude de fréquenter les bars. « Je n’ai pas pu apparaître ici comme par magie. » plaisante-t-elle avant d’écraser ses paupières de ses pouces. « Mon crâne… »

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@Alisha Gautier et @Ariel Raeken

La lecture des textos lui retourne le crâne, sérieux, il n'a plus 20 ans, normalement, ce genre de textos bourrés il arrive à les éviter. D'ailleurs, il se demande si ce n'est pas Sienna qui a fait exprès, ça lui ressemblerait bien tient. Il se passe une main sur le visage, essayant de retrouver des souvenirs ou d'au moins, enlever le mal de tête, mais il n'y a rien à faire. Tant qu'ils n'auront rien mangé ou rien bu - de sain - ils vont conserver cette gueule de bois.

Alisha le rassure, sa main sur l'épaule et il s'en veut. Il ne la comprend pas, elle est elle-même, tout en était différente et Ariel est perdu. « Ah ça, j'ai l'impression d'être de retour 20 ans en arrière, j'le reconnais. » Il lève les yeux au ciel avant de soupirer. La quarantaine approche à grand pas et il ne devrait pas se comporter mieux ? En adulte ? En réalité, il n'en a pas envie, un couple, une maison, un chien, un gosse ? Rien de tout ça le fait vibrer, il aime sa vie, simple, pleine de nouvelles rencontres et chaque jour différente. « Yep, ça doit être ça. » Il acquiesce à ses mots, mais il ne peut pas arrêter là. « Mais ça n'explique pas ce que tu fais là. » Il tourne son visage vers elle, juste un peu pour la regarder. « Pas qu'ça m'dérange, mais j'ai du mal à comprendre. » Leur relation est compliqué, Ariel l'aime et lui en veut à la fois. Et il croyait qu'Alisha lui en voulait plus qu'elle ne l'appréciait.

« On s'fait un jus d'orange ? » Le on qui veut dire nous. Parce qu'ils pourraient l'être, encore un peu, par habitude, parce qu'ils se connaissent depuis si longtemps, parce qu'ils ont partagé tellement de choses qu'un nous pourrait encore exister. « Et j'dois avoir du pain quelque part, on fait comme s'il ne s'était rien passé et on reprend notre vie normale ? » Comme s'ils n'étaient que deux amis qui avaient discuté toute la nuit et qui voulaient manger, oui, c'est sûrement plus simple que de se poser tout un tas de question dont la réponse n'est pas vraiment intéressante.

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[ encore un matin ]

ft. @Ariel Raeken & Alisha Gautier
L’envie d’oublier, de penser à autre chose, de simplement être heureuse. C’est bien quelque chose qu’elle recherche à l’instant présent, mais elle ne sait comment s’y prendre après avoir fracassé ce miroir et elle refuse de demander compagnie à des amis qui ne la connaissent que trop, non. Alors voilà qu’elle jette son dévolu sur un collègue de travail, quelqu’un de son âge qui n’a pas froid aux yeux et qui ne refuse jamais l’appel de l’alcool. Elle lui donne rendez-vous dans les rues du Vieux Carré et lui laisse le choix du bar où leurs foies vont rendre l’âme. Les heures défilent à une allure qu’elle ne sait contrôler, les verres se vident et se remplissent dans un rythme effréné au point que son regard finit par rendre le monde de biais. Elle doit rentrer avant que n’arrive le verre de trop, elle le sait et il le sait. Tout deux prennent la décision de rentrer, il lui propose de la raccompagner, chose qu’elle accepte de peur de tomber sur une personne mal attentionnée. Mais alors qu’ils prennent la direction de son habitation, le regard voilé par l’alcool se pose sur une silhouette bien trop familière.

« Et encore, tu ne tenais réellement pas l’alcool. » lâche-t-elle en venant s’attacher les cheveux dans une tentative de se redonner une beauté quelque peu plus présentable. C’est peine gagner, les deux ne sont qu’épaves en cette belle matinée et doivent assumer l’avancement de leur âge respectif. Il est plus que difficile de se remettre de pareille soirée après avoir passé le cap des vingt-cinq ans, elle doit l’avouer. Elle lui coule un regard des plus banals et hausse les épaules à sa remarque concernant sa présence dans son lit. « J’avais sûrement envie de te voir et tu avais sûrement la même envie. Il n’y a rien de dramatique à ça non plus, on est adultes et non des gosses de seize ans. » Et puis en vue de sa situation actuelle, Alisha ne va pas se morfondre d’avoir fauté avec son ancien fiancé. Elle n’est engagée à rien, à personne et ne va pas s’amuser à culpabiliser pour quelque chose d’aussi humain.

« Va pour le jus d’orange et un café surtout, tu sais très bien que je ne peux pas me réveiller sans mon litre de café. » précis-t-elle en quittant les draps pour attraper un t-shirt qui traîne là et une culotte abandonnée. Vu la taille du vêtement, ce haut ne lui appartient pas mais qu’est-ce qu’elle en a à faire après tout ? Sa question la fait se figer un instant, laissant alors le soleil couper sa silhouette de la plus exquise des manières à travers les rideaux. Quel étrange instant de déjà-vu, c’est comme s’ils sont de retour dans leur ancien appartement New-Yorkais, se réveillant d’une nuit endiablée après un verre organisé par l’équipe de tournage. Mais il n’est plus question de se dépêcher pour un tournage prochain ou une interview ridicule, cette époque est derrière eux et pour toujours.

« Et si je n’ai pas envie, Ariel ? » souffle-t-elle en rejoignant la cuisine. « Je sais qu’on est dans une situation plus que bancale, mais il faut se rendre à l’évidence ; ce qu’il s’est passé cette nuit en dit long sur nos envies respectives tu ne penses pas ? » Elle a beau avoir changé de caractère et s’être adoucie, Alisha reste une personne franche qui n’aime pas les petits jeux de aime moi je te fuis. Pour elle, chaque situation a sa conséquence et sa signification, il ne peut en être autrement.

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@Alisha Gautier et @Ariel Raeken

Il ne peut s'empêcher de laisser jaillir un éclat de rire. « C'est malheureusement vrai. » Il n'a jamais fait parti de ces gens qui supportent bien l'alcool, il a toujours su qu'il devait être raisonnable, et il ne l'a jamais été. Ariel ne voit pas l'intérêt, il a sûrement abusé un trop grand nombre de fois, mais n'a jamais su s'arrêter à temps. En réalité, Ariel était souvent bien entouré et ce qui lui arrivait n'était jamais grave. Au pire, il finissait dans les bras d'Alisha, et en quoi cela aurait-il pu être mauvais ? S'il est rare qu'il ait un black-out total, ce n'est pas non plus sa première fois.

Et les échos des fois précédentes s'impriment dans son esprit. Elle a raison, comme d'habitude, elle parle simplement et avec franchise, il ne devrait pas être surpris, mais ça lui fait du bien. Ils sont adultes, elle agit comme tel. Il sourit doucement avant de fermer les yeux. La lumière du soleil est de plus en plus difficile à supporter et il essaie de ne pas se perdre dans les courbes d'Alisha. Car elle est debout, et toujours aussi belle. « Oh non, ce n'était absolument pas dramatique. » Dans sa voix, y sent-elle l'envie ? Il ne regrette que de ne pas se rappeler de cette nuit-là, mais il se rappelle de tellement d'autres qu'il n'a pas besoin de faire un effort pour superposer ses souvenirs.

« Va pour un café. » Il est toujours allongé, alors qu'elle s'active déjà, elle s'habille sans qu'il ne la regarde, savourant juste son contact dans cette pièce, qui ne ressemble en rien à leur appartement New Yorkais, mais dans l'image n'est pas totalement neuve non plus. Il aime cette vie auprès d'elle. Il a déjà replongé un pied dedans. Il se lève enfin à son tour, attrapant des fringues propre dans son placard avant de filer à la douche. Une douche glacée, rapide, mais qui lui remet un peu les idées en place. Il sait ce qu'il a dit et il a peur de sa réponse.

Arrivant dans la cuisine, il fouille dans les placards, au moins il est de dos quand elle répond enfin. Il se passe une main sur la nuque, pour prendre le temps de réfléchir. « Je ne sais pas Alisha, » dit-il enfin. Il attrape des mugs et se rapproche de la cafetière. « Je suis incapable de te sortir de ma tête et incapable te te haïr, mais j'ai pas envie de reprendre ce qu'on avait. J'ai peur de construire quelque chose d'autre aussi. » Elle voulait de la franchise, en voilà. Ariel n'est pas sûr de lui, c'est la réalité. Pourtant, jusque là, il avait toujours réussi à le cacher, et choisir ses mots avec soin et à montrer un visage avenant. Aujourd'hui, il lui montre qu'il a souffert et qu'il a peur. « Alisha » prononcer son nom lui fait mal, parce qu'il ne veut pas briser l'instant, même s'il l'a sûrement déjà gâché. « Qu'est-ce que tu veux toi ? » demande-t-il soudainement. Il veut qu'elle s'avance, qu'elle se mouille aussi. Il a dit qu'il n'était pas prêt à plonger, même s'il est juste au bord pour l'instant, mais il y a James aussi, dans un coin de son esprit et Alisha ... c'est pas sain. Il l'aime, il l'adore, il l'adule, mais ce n'est pas sain.

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[ encore un matin ]

ft. @Ariel Raeken & Alisha Gautier
Il n’a pas changé et ne changera jamais, pense Alisha, à la suite de la réponse que lui fournit son ancien fiancé. Les questionnements sont encore omniprésents dans sa boîte crânienne et voilà qu’il fait écho à ce qu’elle vient de lui demander. Qu’est-ce qu’elle veut, hm ? La tranquillité de cette nouvelle vie qu’elle s’est offerte, elle ne veut plus se bouffer la santé à coups de travail et de pensées parasites. Un peu prendre la vie comme elle vient, sans pour autant tout flinguer en ne prenant en compte aucune conséquence. Cette nuit, par exemple, a bel et bien des conséquences, elle le sait et ne le nie pas.

Elle attrape la cafetière et une tasse, se sert une bonne dose de café et vient l’enserrer de ses mains quelque peu fatiguées. Son regard se pose alors sur Ariel alors que ses lippes soufflent sur le brûlant breuvage. Qu’est-ce qu’elle veut avec lui, hm ? Elle en a foutrement aucune idée mais ne peut lui répondre pareille chose au risque de le faire paniquer à nouveau. Peut-être aurait-elle dû soigner son départ de New York au lieu de le laisser tomber de la sorte en plein repas de famille sans une once d’explication.

« Vivre une vie tranquille, Ariel. » répond-elle enfin en venant s’installer sur le bord du lit, croisant les jambes. « Je sais que j’ai très mal fait les choses il y a de ça un an et que tu dois sûrement m’en vouloir à mourir. A ta place, je n’aurais même pas pris la peine de m’adresser la parole, mais tu as fait l’effort de le faire et je t’en remercie. » Elle se passe une main sur le visage comme pour en chasser la fatigue, mais rien n’y fait, elle est épuisée de cette soirée dont elle n’a gardé aucun souvenir.

« J’aimerais pouvoir profiter de ce retour pour me faire pardonner et tenter de reprendre les choses à zéro, de te montrer que cette rupture était due à un des problèmes qui s’étaient accumulés à l’époque et que j’avais fui. Je m’excuse de t’avoir infligé pareille honte devant ta famille, de t’avoir brisé le cœur sans explication ce soir-là. Mais si tu veux encore de moi, de nous, alors sache que ce que je veux ? C’est de nous donner une nouvelle chance, à prendre ou à laisser. »

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@Alisha Gautier et @Ariel Raeken

Ariel se doutait qu'Alisha avait changé, mais ce n'est qu'à cet instant qu'il ne prend vraiment conscience, elle pèse ses mots, elle réfléchit, elle lui pose des questions. Avant elle aurait survolé tout ça, elle aurait imposé son point de vue et Ariel l'aurait laissé faire. C'est pour ça qu'il a aussi facilement accepté leur séparation, il avait pris l'habitude de la laisser agir à sa guise parce qu'il appréciait déjà qui elle était, même si elle gardait son masque en permanence. Et aujourd'hui, elle l'a enlevé. Ariel ne sait plus comment agir, tout ce qu'il connaissait, tout ce sur quoi il s'était basé était faux, différent, injuste et maintenant il doit tout réapprendre.

Et l'envie balance en lui, il a envie de la faire souffrir, mais elle n'était pas la cause de tous leurs maux, ce serait un mensonge que de dire ça. Et de l'autre côté, il n'a pas envie qu'elle souffre encore plus et encore moins à cause de lui. Puis, au fond, il l'aime encore. De cet amour peut être enfantin, sans condition, mais sans réflexion non plus. Les paroles d'Alisha le font comprendre quelque chose, c'est qu'aujourd'hui, il doit pousser la réflexion alors qu'il n'en a absolument pas envie, mais à cet instant c'est clair : soit il la repousse et c'est fini, soit il s'engage et ils peuvent construire quelque chose, mais ... et James dans tout ça ? « Je » commence-t-il trop tôt, sans savoir quoi dire. « Je ne peux pas te répondre encore Alisha, je ne sais pas. » C'est la première fois qu'il l'avoue, qu'il reconnait pouvoir prendre une décision de lui-même. « Je ne peux nier qu'il y a quelque chose entre nous, une émotion très forte, mais je suis pas pas certain d'être prêt. » Il attrape une tasse, pour avoir quelque chose dans les mains, pour concentrer ses yeux sur autre chose, pour fuir. « Depuis plus d'un an, je n'ai eu aucune relation, je ne m'attache à personne, parce que j'ai... je l'avoue, peur. Peur de revivre quoique ce soit, peur d'être brisé à nouveau » Le dire, le conscientiser c'est une première. Il relève les yeux pour croiser son regard. « La routine qu'on avait finit par obtenir n'était que ça, une routine, je sais plus où j'en suis, je ne sais plus ce que je veux. » Elle déteste son indécision, mais il ne peut pas faire autrement. « J'ai l'impression que je dois répondre maintenant tout de suite et que ça scellera l'avenir : c'est oui ou c'est non. Mais je peux pas te dire ça, pas maintenant, j'ai besoin de temps pour savoir parce que, Alisha, tu n'es plus la même personne. » C'est ça, le point fort de ce qu'il vient de comprendre, ce n'est pas la même personne et ça lui donne envie d'essayer. Mais essayer quoi ? De pardonner ? Ou de l'aimer encore plus ? Ou pire encore ? « Et si cette nouvelle version de toi me plait beaucoup, mais j'ai besoin de temps, pour décider. » Par moi-même. Elle peut le comprendre non ? C'est un espoir fou, il sent bien qu'il l'a blessée, il peut deviner ses prochains mots, mais il a besoin de temps. Cette année passée n'était pas du temps donné, et maintenant qu'elle est de retour, il doit faire le point sur sa propre situation, choisir ce qu'il veut. Et, pour la première fois de sa vie après sa décision de quitter l'Angleterre pour voler, il a envie de se choisir lui.

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[ encore un matin ]

ft. @Ariel Raeken & Alisha Gautier
Alisha boit une première gorgée de café, ignore la morsure brûlante contre son palais et contemple l’homme qui se tient là devant elle. Voilà qu’elle a créé un réel champ de bataille dans la tête de l’ancien acteur et elle ne va pas s’en excuser. Au bout d’un moment, il faut arrêter d’éviter les problèmes, les discussions, il faut assumer et dire ce que l’on pense pour ne pas devenir dingue. Alors tant pis si elle lui détruit le crâne comme ça au réveil, mais il faut bien qu’elle soit honnête pour une fois.

La jeune femme finit par se lever, pose la tasse sur la table et vient se dévêtir pour mieux se rhabiller. Elle ne va pas faire long feu dans cet appartement, ça ne sert à rien de s’éterniser les choses ont été dites et il a besoin de penser, il vient de le lui dire. Cet homme doit être bien perturbé de voir que celle qu’il a aimé possède en réalité un cœur et une ouverture d’esprit, cela change de l’horrible garce qu’elle a été pendant ses années de carrière d’actrice.

Elle laisse enfin ses chaussures et se redresse, attache ses cheveux en une queue de cheval rapide et termine son café d’une traite. Elle s’approche alors de l’homme pour déposer une main compatissante sur son avant-bras. « Je ne te demande pas de répondre dans l’immédiat, tu le sais. » souffle-t-elle en déposant un baiser sur sa joue. « Prends le temps qu’il te faut, ne viens pas à faire une crise cardiaque pour une si banale affaire. »

Elle s’éloigne, se saisit de son manteau qu’elle enfile avant de lui lancer un ultime regard. « Prends soin de toi surtout, Ariel. » Elle lui offre un mince sourire. « A une prochaine peut-être. » Et la voilà qui disparaît de son appartement pour reprendre sa douce petite routine.

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