Regarde nous (AZUMBO)

On s'épuise on se rend fou, on se défend
Contre l'absence et le vide en nous
feat. @Azuria Jenkins

Il voit rouge l'gamin, quand il pousse les portes du tattoo shop. Douze mois n'avaient pas suffit à mettre de la distance entre ce qu'il ressentait pour elle et ce qu'il pensait penser d'elle. Elle, putain, dans toute sa splendeur et sa candeur, dans toute sa beauté et son naturel. Putain, qu'il siffle entre ses dents en envoyant un message à la seule personne encore capable de le comprendre.
Il n'sait même pas pourquoi.
Il n'sait même pas ce qu'il veut.
Il dégage, c'est tout. Il marche, jusqu'au premier supermarché qu'il trouve. Il y achète de quoi réveiller les morts. Vodka, rhum, whisky. Il s'en fiche. Les mélanges, c'est pour les braves. Ce soir, il le s'ra. A défaut d'avoir réussi à lui dire tout ce qu'il avait sur l'coeur, à défaut d'avoir réussi à lui dire tout ce qu'il pense d'elle. Putain, quel lâche quand il y repense. Un simple regard qui ensorcèle, il avait tout oublié. Cette rancoeur, cette aigreur, cette souffrance et ces remords. Quel con, quand il y repense, il s'en veut plus qu'autre chose.
Il tourne au coin d'la rue.
Il accélère le pas.
Il sait où il va, ça l'rassure pas plus. Azuria n'est pas une solution, bien loin d'là. Elle est un problème, même. Puisqu'il s'attache, gentiment. Puisqu'elle est la seule vers qui il se retourne depuis douze mois. Il soupire, pousse la porte de l'immeuble. Il grimpe les étages, il ne réfléchit même pas. Quand il tourne la clé dans la porte, il sait déjà qu'elle y s'ra. Il s'en moque. Elle fait partie du problème, et il le sait. Parce qu'avec elle, Dieu qu'il respire à nouveau. Le souffle court, il pose le sac dans la cuisine. J'suis là. qu'il dit, de but en blanc. Pas la peine de faire dans la dentelle, ça leur ressemble pas. Ensemble, ou presque. Ils sont là l'un pour l'autre, depuis trop longtemps. La seule différence à présent, c'est qu'il ne ressent aucune gêne à la déshabiller autrement qu'avec les yeux. Quand t'as fini d'démouler ton cake, y a un shot qui t'attend sur le comptoir. J'ai pris la bouteille avec moi au salon. il a b'soin d'être seul et pourtant, dans sa solitude, il a b'soin d'elle.
Elle fait partie du problème.
Il s'en rend bien compte.
Il s'en moque, à présent.

On s'épuise on se rend fou, on se défend
Contre l'absence et le vide en nous
feat. @Dumbo Gleann

Il aura suffit d'un message pour réveiller la jalouse. Il l'a revu. Elle. Diablesse irrésistible qui avait capturé son cœur pour n'en laisser que des cendres. Dieu qu'elle la déteste ! Mais dieu qu'elle l'envie d'avoir un jour obtenu son amour. Elle n'imagine pas dans quel état il est. Parce qu'elle sait Azuria, à quel point elle hante encore ses pensées. Elle sait à quel point elle danse dans ses songes. Car je suis celle qui dans la nuit vient apaiser le myocarde abîmé…
Elle s'inquiète.
Pour lui.
Il n'a pas encore pansé ses plaies.
Elle a peur.
Pour elle.
Crainte de voir s'effondrer ce lien si particulier.
Parce qu'il n'est plus qu'un simple ami Dumbo. Plus depuis qu'ils ont trouvé chez l'autre ce réconfort spécial. Plaisirs charnels qui rapprochent doucement les cœurs brisés. Ils se détruisent autant qu'ils se font du bien. Relation étrange et intense qu'elle a du mal à comprendre mais qu'elle ne veut pas voir prendre fin. Ils ont beau s'en mettre plein la gueule, dans le fond, ils ont besoin l'un de l'autre probablement qu'ils ne l'avoueront jamais. Elle tient à lui Azuria. Sincèrement. Et elle déteste le voir mal à cause d'elle. Elle avait assisté à sa chute. Cœur se brisant sous ses yeux impuissants.
Elle lui avait tendu la main, tentant comme elle peut de recoller les morceaux laissés par elle. Et puis ils se sont perdus en chemin… Dépassant les limites de l'amitié pour se perdre dans ces moments de plaisirs partagés en secret.
Est-ce qu'elle regrette ? Pas le moins du monde. Parce qu'avec lui, elle oublie tout le reste.
C'est chaotique. Comme nous…
Pourtant ils y retournent, encore.
Dépendants. Accro à ce lien spécial qu'ils partagent.
Ils ne le disent pas vraiment.
Pas besoin.
Les regards et les actes parlent pour eux. Il y a bien plus de choses qui se dévoilent dans le silence de la nuit… Dans ces cœurs qui trouvent le même rythme. Mais il est dangereux Dumbo… Bien trop pour celle qui embrasse sa liberté. Myocarde encore troublé par le seul homme qu'elle ait jamais aimé. Les barrières qui se dressent mais qui tremblent sous le regard azuré. Et il y a ce cœur qui s'embrase de plus en plus face aux sourires de l'homme blessé. Ce corps qu'elle désire, encore et encore. Et cette envie malsaine qu'il ne soit qu'à elle. Jalousie qu'il attise, brûlant tout sur son passage. Et ça la terrifie la belle, de voir tout ce qu'il réveille.
Émotions enfouies, oubliées, enterrées.
Sensations qu'elle ne ressentait qu'auprès de lui et qu'elle redécouvre sous ses caresses. Et pourtant, elle reste là. À ses côtés.
Glissant bien trop souvent dans ce lit qu'elle ne veut plus quitter.
« J'suis là. » Le cœur s'emballe. Déjà… Elle se lève, sort de sa chambre pour le rejoindre dans le salon. « Quand t'as fini d'démouler ton cake, y a un shot qui t'attend sur le comptoir. J'ai pris la bouteille avec moi au salon. »
Les yeux qui se lèvent au ciel sous la remarque. Du Dumbo tout craché.
« J'suis là imbécile. T'en as mis du temps. Tu t'es perdu en chemin ou quoi ? Au bout d'un an j'pensais que tu serais capable de retrouver l'appartement mais j'ai surestimé tes capacités j'crois. » Pas de dentelle ou de gentillesse. C'est pas ce qu'il veut, elle le sait. Non, il a besoin qu'elle soit comme d'habitude.
Piquante. Cinglante. Désagréable.
Il veut juste oublier.
Il veut juste l'oublier.
Et elle fera en sorte qu'il finisse par y arriver. Car je ne supporte pas de voir qu'elle parvient encore à te briser… « Bon, prêt à te mettre la tête à l'envers ? Et à me démonter comme jamais ? »
L'élégance, toujours.
L'humour pour effacer un peu le mal qu'elle a causé.
Le mal qu'elle cause toujours…

On s'épuise on se rend fou, on se défend
Contre l'absence et le vide en nous
feat. @Azuria Jenkins

Il sait pourquoi il court, Dumbo.
Il sait vers qui il court. Toujours.
Il n'existe qu'un moyen pour panser les blessures, ça fait douze mois que ça dure. Et c'est mauvais, il en est conscient. Il croit même qu'elle aussi. Ils s'font du mal, y a qu'à voir la manière qu'ils ont de s'écharper dès qu'ils le peuvent. Ils se repoussent autant qu'ils s'attirent. C'était pas comme ça, avant. A croire que Billy a tout détruit, jusqu'à la relation qu'ils entretenaient, autrefois. Les rires et la complicité subsistent mais depuis qu'elle lui a offert ses cuisses, tout a dérapé. Parce qu'aujourd'hui, qu'ils le veuillent ou non, ils s'appartiennent déjà. Ils ont du mal à l'admettre car, tous les deux, ont vécu la mort dans l'âme. Il a tout fait pour ne pas éprouver ces sentiments à la con, ceux qui se réveillent quand elle l'observe. Quand elle glisse sa main sous l'plaid alors qu'ils regardent tous un film dans l'salon. Quand elle le touche en secret, quand elle l'effleure en silence. Quand elle se glisse jusqu'à son lit. Putain, il a fait tout c'qu'il pouvait pour s'convaincre qu'il n'aimait pas vraiment ça.
Mais c'est trop tard.
Elle le soigne. Pour mieux l'anéantir. Elle est la dynamite, celle qui explose avant même qu'il n'ait eu l'temps d'allumer la mèche. Et pourtant, il court vers elle, toujours, à chaque fois. Protège moi, sauve moi qu'il lui hurle dans la pénombre. C'est mal, mauvais, ça finira par les détruire et lorsque ça arrivera, il n'aura pas d'autre choix que d'partir.
Il pousse la porte, sert les verres et s'dirige instinctivement vers le séjour. Il lève son verre, rigole presque à ses conneries. Il allume une clope, il ouvre la fenêtre. J'suis là imbécile. T'en as mis du temps. Tu t'es perdu en chemin ou quoi ? Au bout d'un an j'pensais que tu serais capable de retrouver l'appartement mais j'ai surestimé tes capacités j'crois. qu'elle lui lance en apparaissant derrière lui. L'coeur qui se retourne, comme un con. Chaque fois qu'elle est là, il s'revoit avec l'autre et il s'déteste. Il s'déteste d'être à c'point dépendant d'un rien d'affection. Juste un regard, un mauvais jeu d'mot. Elle le fait rire et pourtant, c'est pas donné à grand monde. Il soupire, roule des yeux. Qui t'a dit que j'voulais m'souvenir du chemin ? J'suis là uniquement parce que tu l'as demandé. qu'il lui lance, tout aussi provocateur. Il s'moque bien qu'elle puisse ou pas l'prendre mal, d'toute manière, entre eux, il n'y a rien qu'une complicité qui s'passe de mots. C'est beau comme c'est moche, c'est moche comme ils sont cassés. Bon, prêt à te mettre la tête à l'envers ? Et à me démonter comme jamais ? l'élégance, toujours. Elle attrape son shot et l'rejoint. Il rigole à sa connerie. Bêtise conjointe, ils s'ressemblent dans tout c'merdier, c'est bien ça l'problème. J'ai qu'un objectif. qu'il dit en l'vant le verre d'vant lui pour trinquer dans l'vide. Il le vide cul sec. Demain, tu s'ras incapable de tenir sur tes jambes. il annonce la couleur, sans états d'âmes. Il est pire, sans doute, puisqu'il retire déjà l't-shirt pour laisser briller son derme pâle dans la nuit. Il s'approche vers elle, crache un monceau de fumée dans sa direction et l'attrape par les hanches. T'es jamais aussi bandante que quand tu joues les cochonnes, Jenkins. qu'il lui murmure à l'oreille en léchant le derme sous le lobe. J'aime surtout la lumière qui t'éclaire quand tu rentres dans une pièce, dans d'autres circonstances, une autre vie, c'est ce qu'il lui dirait. Pas ici, pas comme ça. Ses mains qui glissent déjà sous son t-shirt, assoiffées, à la recherche d'un peu de chaleur. Il redresse le visage, recule d'un pas, tire sur la cigarette. Un autre verre ? qu'il demande en attrapant la bouteille pour se resservir. Pas l'temps, pas l'envie, il a b'soin d'tout oublier. Il veut même pas discuter, il sait qu'il ne ferait que s'apitoyer.