• topic commun : concours des écrevisses

Lemony ayant été appelé d’urgence par son employeur, je me retrouvai seul comme un idiot à la Nouvelle-Orléans et ne pouvais qu’adresser mes adieux à nos projets en commun pour le restant de la journée. Maussade, je m’étais affalé sur le canapé jusqu’à ce que je fus la cible inattendue d’un éclair de motivation qui me fis bondir sur mes pieds. Vingt minutes plus tard, rafraîchi et en compagnie canine, je progressai dans les rues en direction des quais où était célébrée le traditionnel festival des écrevisses. Je n’y avais jamais posé les pieds mais ma curiosité motivait mes pas. Une fois à proximité, je fus hâlé par du jazz typique de la Louisiane qui rythmait les gestes des visiteurs se laissant aller à la danse. Je souris. L’expérience aurait été bien plus savoureuse aux côtés de l’écrivain mais rien ne m’empêchait de passer un bon moment pas vrai ? Je continuai d’avancer, jetant un œil aux stands que je dépassai. Il fallait absolument que je trouve un cadeau afin de lui remonter le moral à son retour du travail (le souci étant que je ne connaissais rien aux symboles renvoyés par les articles face à moi) puisque je ne doutais pas un instant qu’il culpabiliserait de m’avoir fait faux bond. Pendant dix ans, minimum.

C’était sans compter sur le comportement de Bernadette qui me mit la puce à l’oreille. Il était temps de s’isoler. Nous contournâmes une allée de buisson puis je la relâchai pour qu’elle soit à son aise. Je ne me faisais aucun souci : même si le Golden retriever s’éloignait, il n’y avait aucun risque pour qu’elle crée des ennuis. Théoriquement du moins. J’étais occupé à la surveiller de loin lorsqu’une voix sortant de nulle part me fit sursauter. Je me retournai précipitamment pour me retrouver nez-à-nez avec une jeune femme qui me laissa aphone. Mes yeux décrivirent les siens avant de parcourir sa longue chevelure rousse. Je me sentis comme un enfant que la plus belle fille de l’école avait surpris sur le fait. Pourtant je n’avais rien à me reprocher ! Ce fut avec un léger bégaiement que je repris la parole.

- Oh ! N-Non ! Je suis avec ma chienne.

Réalisant que cela pouvait prêter à confusion avec aucun animal à portée de main, je la pointais du doigt et… mon timing n’aurait pas pu être plus lamentable. Même sans chercher à draguer mon interlocutrice, j’étais toujours aussi désastreux pour me rendre désirable.

- Hum… Excusez-moi.

Il aurait été aisé de prendre la fuite après avoir accompli mon devoir de citoyen responsable mais ne serait-ce pas impoli de me défiler ? Et je ne mentionnai même pas la forte possibilité que nous puissions nous recroiser en plein cœur de l’agitation voisine ! Par conséquent, je revins vers elle après m’être débarrassé du sac usagé et lui tendis la main.

- Je suis Connor.

Aussitôt avais-je réalisé ce geste que je souhaitais m’enterrer. Je me mordis la lèvre puis, avec un rire nerveux, laissai tomber mon bras le long de mon corps. Pas que j’étais entré en contact direct avec les « royal duties » de Bernadette comme je les appelai mais je pouvais comprendre que me toucher après ça n’était pas très séduisant. Surtout lors d’une première rencontre.

- Et vous, vous… planquez de la drogue ? l’interrogeai-je dans une tentative d’humour maladroite.