lesson one : keep your head up high (Ainoa)

[ lesson one : keep your head up high ]

@Ainoa Bolívar
Comme tous les jours, Laurie était le premier arrivé au quartier général de la campagne. Après avoir pris soin d’allumer les lumières et préparé un café pour les premiers arrivants, il s’est mis immédiatement au travail en reprenant les dossiers de la veille. Il était encore une fois le dernier à partir, mais il aime les expressions qui disent qu’il n’y a pas de repos pour les braves et que le travail préserve la santé. Le Bogart a toujours vécu pour le travail, qu’il soit scolaire dans un premier temps, ou professionnel depuis quelques années. Comme chaque matin, il a laissé la porte de son bureau ouverte, accueillant ainsi toutes les personnes qui voulaient le saluer en passant la tête à travers le battant. Voilà trois mois que la campagne a officiellement débuté et pourtant l’énergie de Laurie ne diminue pas. Il recréé les mêmes schémas quotidiennement, s'efforçant de tisser de réels liens avec les personnes qui travaillent avec lui. Qu’ils soient bénévoles ou politiciens de carrière, il veut apprendre à les connaître, une manière comme une autre de les remercier pour le travail qu’ils fournissent.

Il est à peine dix heures du matin lorsque le coordinateur d’équipe frappe à sa porte et le sort de son dossier. Voilà plus de deux heures qu’il s’active et Laurie a déjà perdu un peu la notion du temps, mais c’est à cela que servent les assistants et les collègues, à rappeler les impératifs. Aujourd’hui marque le premier jour de stage pour la nouvelle recrue et comme chaque personne intégrant l’équipe, le candidat à la mairie insiste pour les rencontrer personnellement. Ce n’est pas à lui qu’incombe la tâche de recruter des gens, d’autres s’en chargent avec bien plus de plaisir et de savoir-faire que lui. Ca a été son rôle quelques années en arrière, sur d’autres projets, mais aujourd’hui il est la tête de liste qui n’a pas assez de temps pour tout gérer. Reboutonnant son veston, il s’approche avec bonne humeur d’une jeune femme blonde, analysant avec soin sa tenue et son maintien. La politique commence avec l’image que l’on donne de soi, et celle demoiselle semble bien le savoir. « Mademoiselle Bolivar, c’est bien ça ? » demande-t-il avec ce sourire chaleureux dont il sait si bien jouer lorsque c’est nécessaire. « Je suis Laurie Bogart, enchanté. » Cette fois il lui tend la main, se présentant ainsi en bonnes et dues formes. Certains lui ont conseillé d’utiliser son prénom complet pour se présenter en tant que maire, mais jamais il ne se présentera autrement que comme Laurie. Un surnom qui est devenu bien plus naturel, utilisé autant par ses proches que ses collaborateurs politiques, il ne peut se désigner par une autre appellation. « Vous a-t-on fait visiter les lieux ? » reprend-il. Les locaux en question ne sont pas bien grands, il n’y aurait pas besoin de très longtemps pour comprendre comment fonctionne l’espace, mais si elle doit travailler ici comme stagiaire, autant lui faciliter la tâche.

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Laurie Bogart
C’était une opportunité à ne pas louper. Une occasion en or. La chance de sa vie, avait-elle-même tendance à se dire. Elle a toujours eu de l’ambition, Ainoa. Peut-être que ça coule dans ses veines, peut-être qu’il ne pouvait pas en être autrement, en faisant partie des Bolívar. Peut-être qu’elle n’avait pas le choix – et malgré tout, son frère a choisi des projets radicalement différents des siens. Il n’est pas très tourné études, lui, il n’est pas très intéressé par tout ça, il préfère se laisser entretenir par maman et papa – est-ce qu’elle le juge pour ça, Ainoa ? Peut-être un peu. Elle sait qu’ils sont le jour et la nuit, tous les deux. Mais elle l’aime quand même, ils restent proches, comme un frère et une sœur. Il n’empêche que, de son côté, elle a de l’ambition, elle a des rêves, des projets. Elle a une idée bien définie de sa vie, même si elle ne sait pas trop encore dans quoi se diriger à l’issue de ses études. Les stages sont là pour ça aussi, pour l’aider à trouver sa voie, pour lui permettre de découvrir de nouvelles choses. Ce qui est certain, c’est que participer à une campagne électorale, c’était justement l’un de ses rêves – et elle y est arrivée. En tout cas, ils l’ont choisie, Noa, quand ils cherchaient des bénévoles et des stagiaires, pour les aider à mener la campagne à son terme. C’était une occasion à ne pas louper, c’est vrai, et elle l’a saisie, l’espagnole. Elle aurait été bête de ne pas le faire, elle l’aurait regretté, et elle aurait été frustrée. Peut-être l’aurait-elle été plus encore, si elle n’avait pas été prise. Mais elle l’a été, Noa. Elle a montré ce qu’elle valait – parce qu’elle a son ego – et maintenant, elle commence ce qui est, peut-être, le stage de ses rêves.

Elle a fait les choix bien, Ainoa. Dans le fond, elle fait toujours les choses bien. Elle n’est pas du genre à se négliger, pas quand il s’agit d’un jour si important, pas quand il s’agit de faire bonne impression. C’est encore un truc qu’on lui a appris, un truc qui a été le fondement de son éducation, sans doute. Un truc qui va de soi, pour Noa. Il faut faire attention à ce que l’on renvoie, et la tenue, l’attitude, y jouent fortement. Alors elle s’est bien habillée, fidèle à elle-même, pour ce premier jour de stage à la campagne de Laurie Bogart. Elle sait des choses sur le candidat, évidemment, elle n’aurait pas pu travailler pour quelqu’un qui a des valeurs contraires aux siennes. Et puis, elle s’est bien renseignée, elle ne vient pas là en touriste. Alors quand elle arrive, Noa, elle est confiante, malgré le léger stress qu’elle ressent – comme n’importe qui dans cette situation. Pourtant, ça se passe bien, pour l’instant – fidèle à elle-même, elle sourit, elle est toujours aussi agréable et polie, elle sait parfaitement se tenir, avoir de la conversation. C’est autre chose, quand le fameux candidat s’approche – soit, le big boss – mais elle ne laisse rien montrer de son appréhension. C’est son moment, il faut qu’elle montre de quoi elle est capable, et non qu’elle fasse tout rater. « C’est bien ça, monsieur. » fait-elle, avec le sourire, toujours. Toujours le sourire – c’est important. Et puis, dans le fond, ça fait partie d’elle, elle est souriante, c’est tout. Souriante, même quand elle est malheureuse et qu’elle a le cœur brisé, mais ce n’est vraiment pas le temps d’y penser. Qu’importe ses histoires de cœur, dans un moment comme celui-là, dans une expérience comme celle-ci qui constituera une jolie ligne sur son CV. « Enchantée. Je suis Ainoa Bolívar, étudiante en troisième année de sciences politiques. Merci à vous de m’accueillir dans votre équipe. » répond-elle, en serrant la main qu’il lui tend. Elle est pleine de gratitude, quand bien même elle sait ce qu’elle vaut, Noa. Ce n’était quand même pas sûr qu’elle soit prise, après tout, elle n’est qu’une petite étudiante. Mais avoir un tel stage en troisième année, c’est quelque chose d’énorme. Elle est heureuse d’être là, la blonde. « Non, pas encore. » Lui fera-t-il lui-même visiter ? Elle n’imaginait déjà pas que le candidat lui-même l’accueillerait, mais ça ne fait que la conforter dans son choix d’avoir voulu rejoindre cette équipe pour la campagne. « Mais je suis impatiente de les découvrir. » Elle est motivée, après tout. Elle n’est pas là pour brasser de l’air, et elle n’est pas là que pour valider l’un de ses cours, son semestre et, par conséquent, son année.

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Ainoa Bolívar
Laurie considère qu’il est de son devoir de connaître toute l’équipe qui travaille sur son élection. De son directeur de campagne aux bénévoles, en passant par le chargé de communication, le trésorier et le porte-parole. Les stagiaires sont évidemment une part intégrante de la force employée et bien qu’il ne sera pas réellement leur tuteur officiel, il juge important d’avoir un réel rapport avec eux. N’importe qui peut traiter les gens comme leurs inférieurs et leur refiler des tâches à accomplir, mais un vrai leader, selon Laurie, sait voir ses alliés à leur juste valeur, sur un pied d’égalité. Dans la masses de choses à faire et de rendez-vous pris, il a également retenu qu’aujourd’hui était le premier jour de la nouvelle recrue et c’est sous le regard perplexe de certains qu’il a réservé un créneau à la jeune stagiaire pour lui expliquer le fonctionnement de la campagne. Lui-même a été à cette place il y a bien des années, il a conscience de la frustration qui peut monter lorsque les stagiaires ont juste pour but de préparer du café. Non, ici les stagiaires ont de vraies missions, les savoir-faire qu’ils apprennent à l’université sont également mobilisés et il espère que Ainoa saura se montrer à la hauteur des responsabilités qui lui seront données. Les yeux clairs du policitien restent fixés sur la jeune femme, il analyse ses réactions, ses mimiques, essaie de voir ce qu’il peut capter derrière ce sourire à la fois confiant et modeste. Une bonne combinaison. Son nom de famille ne lui est évidemment pas inconnu, les Bolívar font partie de ces familles puissantes de la ville dont la réputation n’est plus à faire. Tout comme les Bogart ou les Dunne. Il faut croire que cette campagne électorale rassemble tous les notables, avec une bonne stratégie peut-être pourra-t-elle aussi séduire les électeurs. « Si vous êtes ici c’est que votre dossier et votre candidature nous ont convaincu. J’ai hâte d’entendre vos idées et de voir ce que vous nous apporterez. » répond-il à sa présentation. Il ne peut pas dire qu’il a lu sa candidature, mais il fait confiance à son équipe et il sait que si elle est là ce n’est pas seulement pour son beau sourire. Elle a des choses à dire la jeune femme, il n’en doute pas. « Dans quelle université êtes-vous ? » Il est curieux Laurie, et veut la mettre à l’aise en lui montrant qu’elle a une place ici. Il n’y a de toute façon que deux universités à la Nouvelle Orléans, et si à ses yeux l’une est bien meilleure que l’autre, il sait de source sûre que même l’université publique a de bons professeurs en sciences politiques. Il s’enquiert alors de ce qu’on lui a dit depuis qu’elle est arrivée ici, des informations qui lui ont été données. Ca l’amuse de la voir aussi motivée et partante de tout voir, il se sent réellement confiant sur sa capacité à trouver une place ici. « Eh bien allons-y. » dit-il d’un air enjoué, un sourire aux lèvres. Il adresse un léger signe de tête au directeur de campagne pour lui dire qu’il peut souffler quelques instants avant d’en dire plus à Ainoa sur les missions qu’elle devra prendre en charge. « Les locaux ne sont pas bien grands, vous ne risquez pas de vous perdre. » commence-t-il tout en restant sur place. « Près de l’entrée se trouve l’espace des bénévoles. Vous serez sans doute amené à y travailler de temps en temps, pour organiser certains événements et veiller à leur bon déroulement. Ensuite… » Il marque une petite pause, faisant quelques pas pour l’inviter à le suivre dans les lieux. « Cette campagne repose énormément sur la coopération. Chacun a un bureau assigné, mais comme vous le voyez c’est un espace ouvert, tout le monde ou presque travaille dans la même pièce. Il y a des espaces clos pour avoir quelques petites réunions à deux ou trois, mais la plupart du travail se déroule ici. Nous allons bien évidemment vous donner un bureau, mais il faudra voir avec Madison, je ne voudrais pas perturber son organisation. » Il lui sourit d’une manière complice, comme s’il venait de lui dévoiler un secret bien important. La visite continue vers la grande salle de réunion, lumineuse et ordonnée. « Vous assisterez à certaines réunions, pour prendre des notes, écrire des bilans sur les décisions qui ont été prises. Et je ne doute pas que vous trouverez ça intéressant à voir, pour votre expérience personnelle. » Il s'arrête pour le moment, regardant autour de lui et notant mentalement les derniers endroits qu’il doit encore lui montrer. Il a cependant conscience qu’il ne faut pas aller trop vite, le surplus d’informations pourrait faire peur à la jeune femme. « Avez-vous des questions avant qu’on continue ? »

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Laurie Bogart
Elle avait envie de prendre part à un truc qui lui plairait, mais d’être utile aussi, Noa. Elle savait pourtant, qu’on n’a pas toujours ce que l’on veut – surtout pas quand il est question de stages. Mais elle a quand même visé haut, très haut – comme elle l’a toujours fait. Ainoa, elle est un monstre d’ambition, elle a de grands espoirs, et probablement que son nom et sa famille l’aideront à réaliser les plus grands de ses rêves. Elle est une privilégiée, l’espagnole, elle le sait et elle ne s’en est jamais plainte, plutôt du genre à s’en vanter. Plutôt du genre, à tirer profit des avantages de son nom de famille. Et malgré tout, elle a sa fierté, ainsi que son mérite. Elle veut réussir sans eux, parce qu’elle a travaillé dur, parce qu’elle est géniale ou, tout du moins, parce qu’elle des a compétences non négligeables. Mais elle n’est, évidemment, pas contre un coup de pouce de temps en temps, Noa. En revanche, en ce qui concerne ce stage, ils n’y sont pour rien – elle l’espère, du moins. Elle espère, que son nom n’a pas joué en sa faveur. Parce qu’elle est certaine d’avoir beaucoup à apporter, la blonde. Certaine d’être un bon élément, qui se révèlera indispensable. Sa candidature, en tout cas, a su les convaincre. Voilà pourquoi elle est là, Noa. Et c’est le stage de ses rêves, elle en est certaine. Elle sait qu’ici, elle sera comme un poisson dans l’eau. De toute manière, elle l’est n’importe où – si assurée, en toutes circonstances, que c’en énerve plus d’un. C’est une Bolívar, après tout.

Elle a quand même ses appréhensions, Ainoa. Ses craintes, ses inquiétudes. Et si ça se passait mal ? Et si on ne lui faisait faire que le café ? Et si elle s’ennuyait comme un rat mort ? Ce sont les questions habituelles, avant de démarrer quelque chose de nouveau. Mais ça, elle ne l’a dit à personne, fidèle à elle-même, beaucoup trop fière. Elle aurait pu le confier à Silas, si seulement il n’était pas son ex – à lui, elle s’est toujours montrée plus vulnérable. Mais elle ne veut pas y penser, pas encore. Peut-être que ce stage sera l’occasion de se vider la tête, de penser à autre chose. De laisser moins de place à Silas. Qui sait, peut-être même qu’elle fera des rencontres ici, Ainoa, même si elle n’est franchement pas là pour ça. Mais tout de même, son nouveau patron est loin d’être laid – elle le savait, mais c’est différent de le voir en vrai. Elle qui sourit si aisément d’habitude, elle a encore moins de mal à le faire durant leurs premiers échanges. « J’espère qu’elles vous plairont. » Elle l’espère sincèrement. Mais doute-t-elle que ça lui plaira, dans le fond ? Elle est peut-être trop confiante, Noa. C’est comme ça, elle a toujours été ainsi. Elle en oublierait presque qu’elle est là pour apprendre, avant tout. Là pour acquérir de l’expérience, des compétences. Mais elle est là pour apporter des choses, aussi, c’est bien pour cela qu’ils ne prennent pas n’importe qui. C’est bien pour cela qu’il y a un véritable recrutement. « A la Louisiana State University. » C’est une chance, d’avoir pu trouver un stage si important, si près de chez elle. Elle n’a pas à faire trop de route, et elle n’a pas non plus à se contenter du premier truc trouvé. Ce n’est pas vraiment son genre, non plus, à Ainoa. Mais tout le monde n’a pas toujours de chance, et elle sait, dans le fond, qu’on ne peut pas toujours se permettre d’être exigeant, surtout pas quand on a encore tant à prouver. Elle, c’est son cas – parce qu’elle n’est qu’en troisième année. Mais elle sent qu’elle va apprendre beaucoup ici, la Bolívar. Dans l’immédiat, elle laisse monsieur Bogart la guider, lui faire le tour du bâtiment. Elle le suit, enthousiaste comme à son habitude. « C’est déjà ça. » plaisante-t-elle, quand il lui dit qu’elle ne risque pas de se perdre dans les locaux. Concentrée, elle écoute toutes les informations qu’il lui donne, hochant la tête de temps à autre. « Je vois. Madison me donnera sans doute de plus amples informations. » Sourire, toujours. Madison, elle ne la resitue plus, mais ça viendra certainement. Elle assimile déjà les différents lieux, Ainoa, et plus tard bientôt les visages et les noms. Dans l’immédiat, ce n’est pas bien compliqué, il n’y a que monsieur Bogart, et lui, évidemment, elle savait qui il est. « Tout à fait. Tout me semble d’avance très intéressant. Je sens que je vais beaucoup apprendre. » Et ç’a le mérite d’être sincère. Elle est curieuse, elle est motivée. S’il y a bien quelque chose qui lui réussit pour oublier ses peines de cœur, c’est de se concentrer sur ses études et ses ambitions. Ici, elle va pouvoir être utile, et elle va pouvoir apprendre des tonnes de choses. « Non, tout est clair, merci. Mais je n’hésiterai pas. » Elle sourit, pour le rassurer, prête à poursuivre la visite. Et puis, une question lui vient quand même à l’esprit. Rien qui n’ait à voir avec son stage – ou plutôt sa présentation – dans l’immédiat. « Alors, vous le sentez comment, pour l’élection ? » Peut-être qu’elle devrait éviter. Mais après tout, autant faire connaissance, c’est peut-être la seule fois où elle pourra lui parler, sans qu’il n’y ait foule de personnes autour.

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Ainoa Bolívar

Sourire avenant et manières irréprochables, Laurie fait tout pour mettre la jeune femme à l’aise. Ses allures d’adolescentes sont peut-être intensifiées par ses cheveux blonds et ses yeux clairs et elle ne trompe personne dans cette tenue d’affaire. Elle est à la fois dans son élément, et à la fois bien plus jeune que toutes les personnes présentes ici. Il se dit que c’est peut-être la première fois qu’elle met les pieds dans un quartier général politique, qu’elle va se mêler d’aussi près à une vraie campagne et il ne veut pas lui faire peur. Lui-même se souvient de l’excitation du premier travail, de rencontrer des personnalités politiques par soi-même pour la première fois, sans être accompagné des parents. Parce que Ainoa est, comme lui, issue d’une des familles les plus puissantes et les plus connues de la ville. Son nom la suivra où qu’elle aille, avec des préjugés, des attentes, et peut-être sans le réaliser, aujourd’hui est la première fois qu’elle trace son chemin par elle-même. En commençant la visite des lieux, il pose quelques questions, essayant d’en savoir plus sur la stagiaire dont il n’a pas lu le dossier. Peut-être aurait-il dû, mais Laurie a d’autres tâches pressantes et il préfère de loin discuter avec elle plutôt que de lire des formulaires administratifs pouvant vite être soporifiques. Il ne peut s’empêcher de juger le fait qu’elle soit inscrite dans une université publique cependant, en attendant un peu plus d’une Bolivar. Mais après tout, il semblerait que ce soit la mode à présent s’il en croit les choix de carrière qu’à fait Callum. « Quelques bons professeurs là-bas. Je ne doute pas que votre stage parmi nous vous apprendra bien des choses. » Oui, parce que Laurie est un snob qui ne voit que par le privé et l’excellence. Des idéaux qui pourtant ne se retrouvent pas dans sa campagne, lui qui promeut une égalité des chances et des opportunités. Mais c’est cette dualité qui le rend intéressant - bien que parfois légèrement hypocrite également. Ils continuent la visite, le politicien expliquant rapidement le fonctionnement des lieux, de l’organisation, tout en essayant de ne pas noyer Ainoa d’informations. « Oui, si vous avez une question, adressez-vous à Madison, elle connaîtra la réponse. Comme tout le monde ici, elle gère trop de choses à la fois, mais c’est une crème qui fera tout pour vous aider. » Il tente de la rassurer avec un sourire sincère. Après tout, Laurie a fait en sorte de s’entourer des meilleurs, d’une équipe en qui il a entièrement confiance. Si lui connaît chaque personne de nom ici, il peut facilement comprendre que pour un nouvel arrivant il soit compliqué de retenir chaque tête associé à la bonne identité. Alors avoir une personne de référence fiable, c’est une nécessité dont il ne pouvait pas se passer. Il hoche la tête quand elle lui dit ne pas avoir de question, satisfait de voir son enthousiasme résister à la visite. Puis finalement elle en pose une, et un sourire amusé se dessine sur son visage tandis qu’il analyse les traits de la jeune femme. Ca l’amuse Laurie, qu’elle ne perde pas une minute avant de demander ce genre de choses. « Vous avez le mérite de ne pas perdre de temps. » Ce n’est pas un reproche, pas un réel compliment non plus. S’il est bien loin d’être un homme patient, il a appris avec l’expérience que parfois il est nécessaire de faire une pause pour réfléchir. Agir dans la précipitation peut nuire à l’opération, mais ça il sait que Ainoa l’enregistrera bien assez tôt. « J’ai foi en mon programme et en tout ce que l’on fait ici, alors je le sens bien. » dit-il en reprenant sa marche. Le lancer dans une telle conversation n’est en vérité pas une si bonne idée, puisque Laurie ne sait pas s’arrêter quand il commence à expliquer son programme. Heureusement pour eux, ils viennent au bout de la visite. Un arrêt dans l’espace cuisine, où il indique à la jeune femme qu’elle ne doit pas hésiter à se servir en café, thé ou toute nourriture proposée à tout le monde. Sans entrer dans la pièce, il lui montre toutefois l’emplacement des toilettes et de la salle photocopieuse, puisqu’il s’agit là d’éléments assez centraux de leur quotidien. Puis une fois que tout cela est terminé, il la guide vers son bureau, duquel il referme la porte derrière eux. « Asseyez-vous, je vous en prie. » propose-t-il avec un sourire, avant de faire le tour de la table pour s’y asseoir également. « Alors dites-moi comment vous le sentez, vous. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire un stage ici ? » Il comprend parfaitement qu’Ainoa ait des aspirations politiques, mais ce qu’il demande surtout c’est ce qui lui a plu dans ce programme spécifique. Il n’est pas le seul candidat de cette élection, elle aurait sans doute pu trouver un stage dans un autre camp et peut-être a-t-elle d’ailleurs donné sa candidature à d’autres. Mais elle est là, devant lui, et il est curieux de ses opinions personnelles.

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Laurie Bogart
Elle s’est bien préparée à ce stage, Ainoa, parce qu’elle ne fait jamais les choses à moitié. Parce qu’elle s’investit, parce qu’elle est soigneuse. Parce qu’elle a l’ambition jusqu’au bout des ongles, parce qu’elle a des rêves, des projets. Parce qu’elle veut aller loin. Elle ne sait pas trop dans quelle direction aller, en vérité. Elle a plusieurs pistes, journalisme, ONG, mais l’intérêt des stages, c’est justement de s’essayer à plusieurs choses, de trouver sa voie. Peut-être que la politique, pure et dure, lui plairait – après tout, elle se rêverait bien prochaine Hillary Clinton, sauf qu’évidemment, la Bolívar se verrait accéder à la Maison Blanche. Prête à jouer de ses sourires, de son charisme, de son intelligence, pour en mettre plein la vue, à tout le monde. Mais ça, évidemment, c’est l’un de ces rêves qu’elle juge déraisonnés et irréalisables. En réalité, du haut de ses vingt ans, elle est encore en plein doute, Noa. Ce qu’elle sait, en tout cas, c’est que ce stage-là est une incroyable opportunité – qu’elle a su saisir, et elle n’a pas fini de s’en féliciter. Cela pourrait peut-être changer sa vie, qui sait. En tout cas, elle sent qu’elle va apprendre des tonnes de choses, qu’elle ne risque pas de s’ennuyer – ou peut-être que si, par moments, parce qu’après tout, elle n’est que stagiaire. Elle n’imagine pas ce que ça doit donner, pour les employés qui travaillent ici – Laurie lui-même, doit certainement faire nombre d’heures supplémentaires. C’est comme ça, ça fait partie du job. Et Ainoa, la première, n’est pas du genre à faire attention à l’heure. Pas quand quelque chose l’intéresse, pas quand quelque chose lui plaît. Non, elle se donne à cent pour cent. Peut-être cela s’est-il senti, lors de ses entretiens, de son recrutement – elle ne fait pas les choses à moitié, simplement.

Elle leur en mettra plein la vue, elle en est convaincue. Peut-être pas tout de suite, mais d’ici quelques semaines ou mois, quand elle aura bien fait son nid ici, qu’elle aura compris les principaux rouages. Elle leur montrera ce qu’elle vaut, et ils ne regretteront pas de l’avoir choisie, elle. Elle est comme ça, Noa, elle a son ego, elle sait ce qu’elle vaut. Elle n’a jamais cherché à être particulièrement modeste – du moins, cela dépend des occasions, parce qu’elle n’est pas toujours si confiante, en dépit des apparences. Mais combien de nuits a-t-elle passé, dans les bras de Silas, à faire des plans sur la comète, à évoquer ses plans, ses rêves ? Finalement, il faut toujours qu’elle y pense, à un moment ou l’autre – pourtant, elle a tendance à penser que l’amour peut être un obstacle, dans ce genre de projets, or, elle ne doit pas se laisser déconcentrer. Elle lui a déjà donné bien assez de place, depuis leur rupture. Mais en réalité, Ainoa, elle est bien hypocrite. Parce qu’elle a quand même bien des vues sur son professeur. Elle y repense, d’ailleurs, un sourire aux lèvres, lorsque Laurie mentionne quelques bons professeurs, dans son université. « C’est vrai, ils le sont. Et j’en suis certaine, moi aussi. C’est toujours bien différent en pratique. » C’est bien différent de l’université. Elle va apprendre bien plus de choses, et ce sera bien plus intéressant, elle s’en doute. Ça n’aura même rien à voir. Elle est heureuse, Noa, de prendre part à une telle campagne : c’est mieux que de rester des heures assise à écouter plus ou moins ses cours et à prendre des notes. « J’ai hâte de travailler avec elle. » Vu comme il en parle, elle a l’air d’être adorable. Et c’est important de travailler dans une bonne équipe, non ? Dans une équipe qui s’entend bien. Et puis, de travailler dans de bonnes conditions, aussi, même si ça, ça ne lui fait pas peur, à Ainoa. Elle a sans doute beaucoup de culot, ou d’assurance – elle ne tarde pas à le montrer, avec sa question. Elle se contente de sourire à ses mots, sans répondre tout d’abord. Elle écoute la suite, avec attention, hochant la tête de temps à autre. « Vous avez l’air d’avoir une belle équipe, très soudée, et prête à se battre pour vous. Et puis, vous avez de beaux projets dans votre programme. » Des projets en lesquels elle croit, sincèrement – sinon, elle ne serait tout simplement pas là. C’est important pour elle, de trouver un sens à ce qu’elle fait. Et cette campagne, elle renvoie à ses propres valeurs. Des valeurs bien différentes de celles de ses parents, d’ailleurs. Ils poursuivent la visite, elle retient où se trouve la cuisine, ainsi que les toilettes, la salle de la photocopieuse, tout ce qui est important de savoir pour travailler ici. A la fin, elle suit Laurie jusqu’à son bureau, et elle s’assied face à celui-ci, quand il le lui demande. Elle ne s’attendait pas à sa question, et en même temps, elle a l’impression de s’être préparée à tout. Son sourire, en tout cas, ne vacille pas, pas une seule seconde. « Pour les mêmes raisons que vous, je le sens bien. » commence-t-elle, souriant de plus belle. Et pour le coup, ce n’est pas hypocrite, ce n’est pas dit pour le flatter. Non, elle est terriblement sincère et convaincue de ce qu’elle dit. « Et pour ce qui m’a donné envie de faire un stage ici… C’était important pour moi de prendre part à quelque chose qui aurait du sens. Je partage vos valeurs, je crois en vos projets. Et en votre succès. Et puis, j’ai toujours rêvé de voir les coulisses d’une campagne. » Et en prime, elle aurait pu ajouter qu’elle n’aurait pas pris part à l’aventure, si elle ne pensait pas qu’il pouvait gagner. Ça, c’est son côté un peu trop compétiteur. Mais tout ce qu’elle a dit, elle le pense, Ainoa. Sans doute aussi qu’il n’est pas désagréable à regarder – et à ses yeux, c’est une autre bonne raison de faire son stage dans le coin. Mais ça, elle ne va pas le dire, évidemment. Elle sait être assez subtile.

Spoiler:

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Ainoa Bolívar

En se lançant dans sa propre campagne politique, Laurie avait conscience qu’il devait être bien entouré. Ce n’était pas facile de revenir dans une ville qu’il avait quitté depuis dix ans en proclamant vouloir changer les choses. La Nouvelle Orléans avait évolué depuis son absence, mais lui aussi. Il avait pu faire ses preuves en politique, trouver sa marque et ajuster ses idées, mais le dernier problème était bien que son nom n’était plus aussi connu dans la région qu’une décennie auparavant. Le nom des Bogart a toujours la même aura depuis des générations, et s’il s'inscrit lui aussi dans une lignée démocrate qui lui a été transmise par ses aïeuls, ça ne lui suffit pas pour laisser son empreinte. Aussi fier soit-il de son héritage, il compte gagner cette élection grâce à son programme et son leadership personnel. Il a le soutien familial, les conseils parfois trop nombreux de parents soucieux de voir leur enfant réussir, mais c’est par ses propres moyens qu’il souhaite améliorer la ville. Ainsi, avoir des conseillers en qui il peut avoir confiance, toute une équipe motivée et travailleuse, c’est à ses yeux le plus important. Et quoi de mieux pour dynamiser l’ambiance que des jeunes en quête de stage et de reconnaissance ? Laurie aussi a été étudiant, il se souvient de cette volonté d’entrer dans l’action, de faire ses preuves et relever des défis. Ca lui semble important de donner cette chance à d’autres personnes aujourd’hui, et ce début de conversation avec Ainoa lui montre bien qu’il peut avoir confiance en elle pour prendre ses missions au sérieux. Elle a beau être inscrite dans une université publique, il sait de source sûre qu’elle peut en retirer quelques enseignements. « J’espère que la différence vous plaira alors et que vous trouverez vos marques rapidement. » Il exprime autant de bons sentiments envers elle, que de l’espoir pour lui. Il ne doute pas que la jeune femme pourra trouver de l’aide si elle en a besoin, que bon nombre de personnes dans cette équipe seront prête à la conseiller et la guider si elle se sent perdue. Lui-même fera ce qu’il peut, mais il n’aura certainement pas le temps de la tenir par la main. Ce n’est pas personnel, simplement que Laurie a ses propres travaux à gérer. Mais pour bien lui faire comprendre qu’elle est entourée et qu’elle ne sera pas laissée seule sans instruction, il s’applique à lui faire faire le tour des locaux en lui glissant quelques mots sur les personnes clés qu’elle rencontrera. Un sourire amical s’étend sur ses lèvres lorsque Ainoa exprime son impatience de commencer et cette humeur continue de s’exprimer devant la question on ne peut plus directe. Il s’explique brièvement et sincèrement, ne mentant pas sur ses chances de remporter la victoire. Mais la jeune femme voit juste, le crédit ne lui reviendra jamais entièrement, puisque sans l’équipe travaillant ardemment, il n’en serait pas là. « Merci. Avoir une bonne équipe, en qui on a confiance, c’est le plus important. La plupart du temps, on ne connaît que le nom du candidat, c’est à lui que revient tout le mérite ou toutes les critiques. Les critiques j’accepte de les prendre, mais le mérite revient à chaque personne ici qui croit en ces valeurs que l’on partage et qui veut les voir accomplies. » La politique a toujours fonctionné ainsi, et pour Laurie qui a passé dix ans à travailler dans les coulisses du parti démocrate, il en comprend parfaitement les enjeux. Tout le monde n’est pas fait pour être sur le devant de la scène et tout le monde n’en a pas envie. Lui dirait qu’il ne cherche pas la gloire de toute façon, ce qui n’est vrai qu’en partie, mais il tient à insister sur le fait qu’il n’est pas seul à manoeuvrer ce navire. Rapidement il lui montre le reste des locaux, les pièces importantes qu’elle fréquentera forcément pendant son stage, puis l’amène dans son bureau pour lui poser quelques questions. Dans le sourire d’Ainoa transparaît une sincérité en laquelle il veut croire. Après tout, si un Dunne peut bien changer de camp politique, pourquoi pas une Bolívar ? « J’espère alors que vous aurez la chance de voir les coulisses d’une campagne victorieuse. » répond-il avec un léger rire. « Il paraît que ça peut être intéressant de se confronter avec des gens qui ont des opinions différentes, de voir les coulisses d’une campagne qu’on ne soutient pas personnellement. Enfin c’est que des amis d’université m’ont dit, il y a longtemps. Mais je suis ravi que vous partagiez nos valeurs, je suis sûr que vous trouverez votre place ici. » Il lui offre un sourire sincère et un regard amical, se sentant de bonne humeur après cette discussion divertissante. « Est-ce que vous avez d’autres questions ? » Il semblerait que ce soit le moment pour les poser, avant que tout deux ne reprennent d’autres occupations.

Spoiler:

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Laurie Bogart
Elle est encore jeune, Noa. Alors elle a peut-être une vision un peu idéaliste des choses. Elle, elle est heureuse d’être là et elle songe déjà à tout ce qu’elle fera. Elle, elle a des rêves plein la tête et l’ambition jusqu’au bout des ongles. Elle se voit déjà aller loin, et elle sait qu’elle est bien partie pour cela, ne serait-ce que grâce à son nom. Elle fait partie des privilégiés, Noa, elle doit bien l’admettre – elle n’a pas d’inquiétudes concernant son avenir, qui est en quelques sortes tout tracé. Pourtant, si elle est là aujourd’hui, elle veut croire que c’est son propre mérite. Son père n’a pas appuyé sa candidature, ne s’en est pas mêlé, n’a pas fait jouer ses relations – autrement, cela n’aurait certainement pas la même saveur. Mais elle est fière, Ainoa. Elle est fière d’être là. Elle est fière de voir tout ce qui l’attend, de prendre part à cette campagne, d’en découvrir les coulisses et peut-être, de contribuer, à petite échelle, à la victoire. Parce qu’après tout, c’est toute une équipe qui existe, derrière le candidat. Et ici, c’est une véritable fourmilière qu’elle découvre, avec toutes les petites fourmis derrière Laurie. Elle a des étoiles plein les yeux, Noa. Elle idéalise peut-être les choses, mais elle est très heureuse d’être là.

Qui sait ce qui l’attendra, ensuite ? Elle-même, ne sait pas – ignore si elle pencherait plutôt pour le journalisme ou bien la communication politique. Ou peut-être, rien de tout cela. Il est encore trop tôt pour savoir ou tout du moins, trop tôt pour être sûre – elle se laissera porter, Noa, ses études sont encore loin d’être terminées. C’est déjà bien qu’elle ait pu décrocher ce stage à mi-temps, qui se poursuivra un petit moment, pour prendre part à quelque chose de grand. Et cela promet d’être intéressant. Cela lui permettra certainement de compléter sa formation théorique – car, comme elle l’explique, c’est bien différent en pratique. « J’en suis certaine, merci. » Elle a toujours ce sourire, Noa. Sourire sincère, sourire assuré tout de même. Sourire de gagnante ou peut-être juste de leader – elle est forte, la blonde. Elle essaie, en tout cas. Et c’est vrai qu’elle s’écroule parfois – mais dans ces moments-là, elle fait en sorte d’être seule, pour qu’on ne le voie pas.
Et la visite se poursuit, dans les locaux de la campagne. Elle mesure bien sa chance, de la faire en compagnie du candidat. Tout le monde ne le ferait peut-être pas – cela montre d’autres valeurs et d’autres qualités du candidat Bogart. C’est ce qu’elle se dit, en tout cas, Ainoa. Elle peut comprendre plus encore, qu’il ait une telle équipe derrière lui. Une belle équipe soudée, comme elle le fait remarquer. « C’est une belle philosophie. Et cela démontre, une fois de plus, la force du collectif. » Dans ce genre de campagnes, et en politique de manière générale, le collectif est important, et même indispensable. Il a raison, Laurie : c’est important d’avoir une bonne équipe. Parce que seul, on n’arriverait à rien. Il faut qu’il ait quelque chose en commun, et cette équipe l’a trouvé : elle partage des mêmes valeurs, à l’origine d’un grand projet. Alors oui, elle est convaincue d’être au bon endroit pour son stage, Noa.
En tout cas, elle finit par s’asseoir sur une chaise, dans le bureau du candidat, à son invitation. Elle apprécie cet échange, apprécie de pouvoir en apprendre un peu plus sur sa campagne mais aussi sur lui, sur son rapport aux autres. Elle apprécie aussi, la Bolívar, que son avis soit écouté et pris en compte. « Je l’espère tout autant. Mais j’en suis sûre. » Elle a confiance. Peut-être est-ce toujours cet idéalisme, cette fierté, cette assurance – mais elle n’aurait pas rejoint cette campagne si elle n’y croyait pas. « C’est peut-être intéressant, en effet. Cela doit être un incroyable sujet d’étude, même. Mais en ce qui me concerne, cela ne m’intéresse pas. Je voulais voir tout cela de plus près. Et j’avais envie d’être utile, aussi. » Ce besoin d’utilité s’explique sans doute par le fait qu’elle soit encore étudiante – ce qui lui donne, par moments, l’impression d’être impuissante. « Non, je crois que tout est clair… Sauf peut-être concernant le déjeuner, vous connaissez de bonnes adresses dans le coin ? » se permet-elle de plaisanter, un instant. Et en même temps, c’est toujours bon à savoir – il faudra bien qu’elle mange quelque part, le midi, Noa.

Spoiler:

/ awards session

[ lesson one : keep your head up high ]

@Ainoa Bolívar

La campagne n’est lancée que depuis quelques mois. L’équipe n’est pas encore définitive, certaines choses sont en mouvement et Laurie est toujours prêt à accueillir de nouvelles personnes dans ses rangs. Bénévoles, volontaires, tant que les gens croient en son programme, en sa personne, et sont motivés pour mettre la main à la pâte, tout le monde est bienvenu. Plus les mois passeront en les rapprochant des élections, moins il aura de temps pour faire visiter les locaux de la campagne aux nouveaux venus. Aujourd’hui cependant, il le prend ce temps, parce que accueillir une Bolivar est une opportunité à ne pas manquer. Elle est jeune Ainoa, trop sans doute pour savoir exactement ce qu’elle veut et ce qu’elle cherche ici. Dans ses yeux brille une flamme d’espoir, une ambition sans fin et une envie de grandeur. Il le voit Laurie, décèle chez elle des traits qu’il a eu aussi, quand il était étudiant. C’est sans doute ça d’ailleurs, le fait de se voir un peu en elle, qui enclenche sa bonne conscience. D’autres personnes pourraient utiliser le nom de la jeune femme comme une stratégie politique : Laurie Bogart, le candidat qui réunit les grandes familles républicaines dans sa campagne démocrate. Avec un Dunne comme analyste et une Bolivar comme stagiaire, ce serait tout à fait possible de gagner des points grâce à cela. Mais Laurie ne le fera pas. Lui-même vient d’une famille politique et il a passé les dix dernières années, si ce n’est plus, à prouver à ses pairs qu’il avait une valeur à lui tout seul, loin de la famille Bogart. Alors Ainoa, il ne l’utilisera pas ainsi, mais juste pour sa motivation et les idées qu’elle a l’air d’avoir. Elle acquiesce régulièrement, s’accorde avec la philosophie de l’équipe, ce qui montre déjà qu’elle trouvera sa place. « Je suis ravi que vous soyez d’accord, Ainoa. » Il n’a pas de mal à croire que d’autres étudiants auraient pu arriver sans la moindre conviction politique, avec la seule envie de lécher des bottes pour gonfler un CV vide de sens. La jeune femme à ses côtés semblent sincèrement intéressée et bien qu’elle aura le temps de faire ses preuves, Laurie ne l’attendra pas au tournant pour voir si elle faute souvent.

Après avoir terminé la visite des locaux, il l’amène dans son bureau pour conclure cette introduction. Là, les dernières questions se posent, peut-être les plus coriaces. Il a eu le temps de parler de ses idées et de ses motivations, il est temps d’entendre celles d’Ainoa à présent. « Vous serez utile, croyez-moi ! Il se peut que certaines tâches soient redondantes et pas des plus intéressantes. On a toujours besoin de mains pour coller des timbres sur des enveloppes et répondre au téléphone. En tant que stagiaire j’ai bien peur que vous deviez vous y confronter de temps en temps. Mais ça ne sera pas tout, l’équipe sait dans quel cadre vous faites votre stage et je ne doute pas qu’ils essaieront de vous donner des choses plus constructives à faire. Posez toutes les questions auxquelles vous pensez et observez ce qu’il se passe, c’est comme ça qu’on apprend. » Mais quelques minutes en présence de l’étudiante suffisent à Laurie pour savoir qu’elle posera ses questions et se mettra au travail dès qu’il le faudra. La preuve arrive bien vite, avec une nouvelle question à laquelle le politicien n’avait pas réfléchi et il se retrouve à lui donner une moue mi-amusée mi-embarrassée. « Je vous avoue que je mange souvent trop rapidement pour y faire attention. J’ai repéré un petit restaurant grec dans la rue d’à côté, mais je ne l’ai pas testé. Je sais que dans la salle de pause il y a un micro-onde pour réchauffer des plats, mais ce n’est sans doute pas ce que vous cherchez. » Il rit doucement avant de reprendre. « Mais si vous trouvez les bonnes adresses, dites-les moi s’il vous plaît. Ça me poussera peut-être à prendre de plus longues pauses déjeuner. » Il devrait y penser lui-même, mais le besoin de travailler se fait souvent un peu trop fort pour être raisonnable. Et le travail revient le trouver d’ailleurs, puisque la secrétaire entre pour signifier qu’un appel est en attente sur la ligne téléphonique. « Excusez-moi, miss Bolivar, je vais devoir prendre cet appel. Mais encore une fois, soyez la bienvenue parmi nous, je ne doute pas que tout se passera bien. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas. » Avec un sourire il lui tend sa main, pour la serrer une dernière fois avant de reprendre le fil de sa journée.

Spoiler:

/ awards session

/ awards session