vingt ans après et un canard (tendai x zara)

[ vingt ans après et un canard ]

Après avoir quitté son bureau, pour une raison quelconque Zara était d’humeur nostalgique et elle avait décidé de se promener dans le quartier où elle avait grandi. Retraçant son enfance du lycée à l’école élémentaire. A rebours, c’était étrange mais pourquoi pas. Si le lycée n’avait pas vraiment changé, c’était différent pour son école élémentaire qu’elle peinait à reconnaître. Rasée pour être modernisée, il n’y avait que la place de jeu qui semblait intacte, comme pour ne pas blesser la mémoire des anciens. Mais c’était trop tard, le mal était fait. Même si les balançoires, le grand toboggan, le tourniquet et le tape-cul y étaient toujours, Leonard n’y était plus. Ce brave canard à ressort remplacé par un saule pleureur, quelle ironie. Elle s’empresse alors de prendre son téléphone pour immortaliser l’arbre et d’envoyer un sms à la seule personne qui était en mesure de comprendre sa détresse. Elle tape sur le clavier de son téléphone une succession de mots que seul lui pouvait déchiffrer. « Fête foraine » et « 18h ». Une fois les deux messages envoyés, elle s’empresse d’appeler un uber en direction du City Park.

Assise sur un banc à quelques mètres de l’entrée du Carousel Gardens, un petit parc d’attraction niché dans le City Park, elle attendait patiemment l’arrivée de Tendai. Oui, lui seul était capable de déchiffrer un message si énigmatique pour ensuite la retrouver. D’ailleurs, le voilà qui arrive presque en courant, à pas rapide, la cherchant d’un regard inquiet. Sourire aux lèvres, elle agite sa main dans les airs pour qu’il la remarque. « wow 47 minutes… C’est presque un record ! » ironise-t-elle en feintant un regard sur la montre invisible qui ornait son poignet. « Ça se voit que tu te fais vieux. ». Elle enfonce le clou avant de lui tendre un boba comme pour faire passer l’affreuse pilule alors qu’il s’agissait d’une réelle attention envers son ami d’enfance. C’était une boisson qui se voulait rafraichissante après sa course mais qui malheureusement était devenu tiède, les glaçons malheureusement fondus depuis. « Ne me regarde pas comme ça, je suis une âme en peine, rappelles-toi ! ». En peine dit-elle et pourtant sa bonne mine la trahissait. Trop souriante malgré une tristesse qu’elle essayait de faire paraître telle une piètre comédienne d’un soap opéra. Des larmes qui ne coulaient que dans ses rêves les plus dramatiques. Elle lui montre alors la dernière photo prise de son téléphone. La cause de tout son tourment. Un saule pleureur. Très bien. C’était à rien comprendre.

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[ vingt ans après et un canard ]

@Tendai Wolf et @Zara Harel
Le texto s’affiche sur ton téléphone et Tendaï panique. C’est un nom de code, pour quelqu’un qui en a vraiment besoin. Or il ne peut pas le manquer, jamais, pas pour elle. Zara a toujours été là, à chaque étape de sa vie, même s’il ne lui a pas toujours avoué le pourquoi il avait besoin d’elle, Zara répondait à l’appel et savait le distraire. Il ne peut donc pas ignorer son message. Sauf qu’il est au boulot, et qu’il lui reste trois heures à tuer. Merde.

En réalité, il n’hésite pas longtemps et trouve rapidement un compromis avec Mark, son collègue toujours arrangeant. Ce n’est pas la première fois qu’ils échangent des heures au dernier moment ou qu’ils se tirent une épine du pied. Une seule fois, Tendaï a refusé, mais il n’en a pas fait une habitude. Tendaï c’est la bonne poire de service après tout. Vivement qu’il change de boulot et qu’il se remette aux études !

Une fois son costume rangé, Tendaï prend un vélo de ville, c’est le transport le plus rapide, même s’il sait qu’il va suer comme un porc vu la chaleur ambiante à NoLa depuis le début du mois de mai. Tant pis, pour Zara il soulèverait des montagnes ! Enfin il pose son vélo et arrive, essoufflé, au pas de course dans le parc. Il n’a pas hésité longtemps sur la destination. « Hey… j’ai fait … ce que … j’ai pu. » s’exclame-t-il quand elle le raille. Pourtant il court tous les matins, ils se maintient en forme, mais il n’a pas épargnée une seule miette d’énergie pour arriver le plus vite possible. Il attrape la boisson, reconnaissant, même si elle est tiède et se justifie. « J’ai traversé la moitié de la ville, en vélo, sous cette canicule, pour … un arbre ? T’es au courant qu’il me restait encore trois bonnes heures de boulot et que je vais devoir faire une nuit entière pour les rattraper ? » En réalité, il sourit. Il n’est pas en colère. Une nuit entière de boulot contre quelques heures de bonheur avec Zara, ça vaut clairement le coup. Sans la moindre hésitaiton. « Je r’commence quand tu veux ! » conclu-t-il avant de vider la boisson d’une traite. En réalité, elle fait bien plus que le job ! Il sort un mouchoir pour s’éponger le front et après un coup de déo - quoi vous n’en avez pas toujours sur vous ? - il se sent un peu mieux.

Il s’assied à côté de la demoiselle et reprend le téléphone en main. « Attends, me dis rien, je vais essayer de deviner pourquoi c’est si dramatique. » Heureusement qu’elle sourit car ça limite les possibilités. Il fouille les environs de la photo, derrière l’arbre il a l’air de reconnaître le lieu. Comme un souvenir, mais rien de concret ne lui traverse l’esprit. « Je donne ma langue au chat, je n’ai AUCUNE idée. » s’avoue-t-il vaincu en lui jetant un regard de détresse. Comment soigner son mal sans savoir ce qu’il est ? Bon, Zara, elle, est une experte dans cet art. « Allez, supplie mon tourment, dis-moi ! » Ah, cette fin de journée s’annonce parfaite.

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[ vingt ans après et un canard ]

@Tendai Wolf et @Zara Harel

Définition incarnée de l’amitié, Tendai a toujours été là pour elle. Depuis la primaire jusqu’à aujourd’hui. Par tous les temps. A l’heure ou à peine en retard, comme aujourd’hui, cela lui importe peu car Tendai n’a encore jamais manqué à un seul de ses appels en détresse. Faisant toujours tout son possible pour la rejoindre et ce même s’il devait mettre de côté un instant ses obligations. Aujourd’hui encore, il semblerait qu’il ait sacrifié son temps de travail pour elle. Trois bonnes heures qu’il devra compenser un autre jour a-t-il dit. Ce n’est pas rien et elle devrait s’en vouloir de le faire venir. Elle devrait culpabiliser de voir sa chemise trempée de sueur après avoir traversée la ville à vélo pour la rejoindre. Mais Zara, elle ne regrette pas une seconde. Enfin si quand même, elle a culpabilisé une milliseconde lorsqu’il s’est plaint jusqu’à ce qu’il demande à refaire. Elle sourit et lui tend son poing contre le sien. Ce que c’est agréable d’être sur la même longueur d’onde.

« Je te fais un sms sos dans… mhh » Elle sort son téléphone et son index droit vient ouvrir son calendrier. « quatre semaines et trois jours ! L’équivalent de la dernière fois qu’on s’est vu. C’est à peu près la moyenne non ? » Dit-elle en le regardant du coin de l’œil sur un ton mi-contrarié mi-blagueur. C’est vrai que ça fait un bout de temps qu’ils ne s’étaient pas revus. Trop occupés par leur agenda respectif, il était devenu difficile de se voir. Même si ça la désole un peu, elle sait bien que c’est la vie qui le veut ainsi. Elle ne peut l’en vouloir. Chacun avait fait sa route après le lycée. Et même si l’écart semblait se creuser d’année en année, leur amitié est restée inchangée. Il pouvait se voir après trois jours ou deux mois, on aurait dit qu’ils s’étaient quittés hier. Et lorsqu’un manque réel se fait sentir, Zara n’hésite pas à forcer la rencontre. Comme aujourd’hui, avec cette détresse presque planifiée pour honorer la mémoire de ce bon vieux Leonard.

Ah ce canard. C’est vrai que ses fausses larmes étaient à peine exagérées mais la tristesse ressentie était bien réelle. Alors que Tendai avait attrapé son téléphone pour zoomer sur la scène immortalisée, il ne semblait se souvenir ni de l’endroit ni de ce qui avait précédé le saule pleureur. Elle le regarde, les yeux écarquillés par l’indignation. « Regarde bien, s’il te plait ! » Elle insiste sur les syllabes du s’il te plait pour qu’il s’y attarde plus longuement. Elle le supplie du regard de trouver mais rien ne semble réveiller ses souvenirs endormis. C’est frustrant et ses mains tremblent d’envie de le secouer, de le brusquer pour le plonger dans son subconscient. « Bon sang, c’est notre bon vieux Leonard !! LE-O-NARD» Elle s’exclame en se relevant du banc. Tandis qu’elle le regard droit dans les yeux, un silence froid vient s’installer entre eux. « Tendai Wolf, continue de faire semblant de pas savoir et je vais envoyer ton âme rejoindre Leonard. Tu l'embrasseras pour moi... » Elle le menace à moitié. L’ongle pointu de son doigt pointé sur son front, s’enfonçant gentiment et un peu plus dans sa chaire. Elle l’imagine saigner au bout de ses doigts. Quelle sorcière.

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[ vingt ans après et un canard ]

@Tendai Wolf et @Zara Harel
Elle a raison bien sûr, ils ne voient que trop peu. Heureusement qu’ils ont un code de détresse finalement. Tendaï se rend compte que c’est toujours comme ça quand on vit à côté. On se dit qu’on a le temps de se voir, qu’on a pas besoin de prévoir et organiser, que la vie est longue. Sauf que le temps passe, bien trop vite et qu’une fois que l’autre a quitté la ville, on regrette de ne pas avoir fait plus d’effort. « Allez, la prochaine fois on divise le temps par deux, mais pas parce qu’il y a une détresse, ok ? » Promesse lancée à lui-même, pour qu’il donne plus de temps à ceux qui comptent vraiment. Pourquoi mettre le travail en priorité quand on peut y mettre l’amitié ? Et le deuxième rend la vie bien plus heureuse que le premier. Il sait qu’elle ne lui en veut pas de faire le mort parfois, de ne pas trop sortir ou d’attendre un sos, mais il se rend compte qu’il pourrait faire plus d’effort. Il pourrait être celui qui lance la conversation, qui invite, qui propose. Or, il ne le fait jamais, sauf quand il va mal. Zara a réellement un coeur en or et il n’aurait pas survécu sans elle.

Il zoome encore sur le téléphone et elle le menace. Mince. Tout de suite, ça devient terrifiant. Il doit se souvenir, il doit trouver. Sinon, c’est son front qui va exploser, parce qu’elle semble en colère et soudain, il l’a ! « JE L’AI ! L’école ! » Puis le cri de joie se transforme en un cri de rage. « Noooooon, Léonard !!!!! » Il surjoue à peine, mais c’est ce qu’elle attend, alors il n’hésite pas. « Ils l’ont rasé ? Enlevé ? Comment ont-ils osé. » Il soupire et une main sur le coeur il déclare. « Tous ces pauvres enfants qui ne joueront jamais avec lui, comment leur vie peut-elle être belle ? » Il songe aux gamins qu’il connait, ceux qui fréquentent sûrement cette école-là aussi. « Je ne vois qu’une seule solution Zara. » Le regard rieur de Tendaï remonte vers la jeune femme, une lueur de défi y brille. « Faut aller écrire au Maire. Vu qu’il vient de prendre ses fonctions, hey, qui sait, il pourrait faire un geste ? » Il avait songé à aller à la décharge, mais vu qu’ils ne savent pas à quelle date il a été retiré, il y a moyen que ce soit bien trop tard. « Ou faire une manifestation avec pétition. » Autre solution bien trop rigolote et qu’ils ressortaient souvent plus petits. Des pétitions pour tout et n’importe quoi, c’était la seule solutions qu’ils avaient. Le souvenir d’enfance qu’il vient de débloquer le faire largement sourire. « Ou alors, on va acheter un canard en plastique et on l’enterre, pour que Leonard ait au moins des funérailles digne de ce nom. » propose-t-il enfin, ému à l’idée que le pauvre canard soit parti dans la souffrance et totalement seul.

Est-ce qu’il en fait trop ? A peine.

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