I'll make it feel so much better tonight. || Walt

Stella reposa son téléphone. Il lui restait quelques heures avant de pouvoir rejoindre Walt et cette promesse d’un repas, d’une soirée en tête. Elles étaient fréquentes, pour son plus grand bonheur, elle n’avait jamais assez de sa présence. Il avait été celui qui l’a récupéré : meurtris, seule, tremblant à sa propre ombre. Son mari avait bien fait attention de la briser, de la laisser couler avec ses démons pour seule compagnie. Walt avait guéri la majeure partie de ses plaies, il lui avait donné l’espoir : celui que des jours meilleurs viendront. Et ils étaient là, souvent à demi teinté, mais elle était heureuse : plus qu’elle ne l’avait jamais été depuis le départ de Laszlo. De meilleures humeurs, elle alla ranger son téléphone dans le vestiaire quand elle entendit une voix familière. Et tandis que son corps se raidissait, ses pas se firent plus marquer. Rentrant dans la salle de repos de la chocolaterie, elle trouva deux de ses apprentis à regarder des vidéos d’Opéra où son père chantait. Et puis, il y eu un interview où elle put voir sa belle-mère : effacée. L'ombre d'elle-même. Quand elle entendit Leafar dire que sa fille lui manquait et qu'elle restait une inspiration pour lui, son sang ne fit qu'un tour. Les poings serrés, le regard noir : si elle pouvait les tuer d’un regard, elle le ferait. Les deux employés, remarquant enfin leur patronne, éteignirent la vidéo. “Plus jamais vous ne regardez ses vidéos tant que vous êtes ici.” Son ton était sec, cassant, ce qui ne lui ressemblait pas. “Les dragées pour le baptême ne vont pas se faire tout seuls.” Et sans demander leur dû, elles partirent rapidement en s’excusant. La laissant seule. Stella ferma ses yeux, elle passa lentement ses mains sur ses cheveux attachés en chignon parfait. “Testa di cazzo !” Jura-t-elle dans sa langue natale, frappant en même temps de son poing le casier. Rouvrant sa main, elle serra les dents. Au moins, maintenant, elle avait une raison d’avoir mal. Elle ouvrit l’armoire en bois, y glissa son téléphone et flanqua la porte avant de repartir à l’atelier pour continuer la production : sans décocher un mot à quiconque. Son regard n’arrêtait pas de s’arrêter sur son annulaire gauche, maintenant vide de toute alliance. Avoir entendu à nouveau la voix de son père ramenait des souvenirs : malheureux.

Stella laissa partir tout le monde. Elle regarda l’heure, elle avait dit qu’elle serait à l’appartement à 19h, il était déjà 19h30. Elle souffla longuement. Ses mains sur le comptoir, elle laissa sa tête tombée avant de se ressaisir. Sa dextre lui faisait mal : un hématome commençait à se dessiner. Tant pis. Elle alla au vestiaire après avoir rangé les produits encore dehors et envoya un message à Walt pour ne pas qu'il s'inquiète. Chose faite, elle attrapa son casque de moto, jetta son sac avec les chocolats sur son dos et sortit une fois que tout était fermé. Stella conduisait trop vite. Ses virages étaient serrés. Elle n’en avait rien à faire que la police l’arrête ou bien qu’elle connaisse le même sort que son frère. La chocolatière était toujours dans un état second quand son passé refaisait surface. Arrivant à bon port, elle gara sa moto dans le parking et monta dans les étages pour rejoindre Walt. En passant la porte de leur appartement, l’odeur de leur foyer apaisa immédiatement son esprit. “Buonasera.” Elle posa son casque sur le meuble, accrocha sa veste avant de marcher jusqu’au salon ouvert sur la cuisine. “Désolée du retard.” Stella était rarement en retard. “Je n’ai pas vu l’heure.” Elle alla embrasser la joue de Walt avant d’aller au frigo sortir deux bières qu’elle ouvrit. “Alors, ta journée était pourrie ?” Elle en tendit une à son ami : “Il semblerait que j’ai pris ta poisse.” Elle fit claquer sa boisson contre celle de Walt et en prit une gorgée.

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feat. @Stella Venezzio

Il défait les boutons de la chemise en observant son reflet dans le miroir. Il déteste ce genre de journée. Lui qui réussit pourtant toujours, choisit judicieusement les actions à acquérir et celles dont il faut se passer. Lorsque le cours de la bourse est en baisse et que la banque perd ce qu'elle a misé, à cause de lui, il sent toujours la culpabilité le prendre aux tripes. Dans ce voyage sans fin et cette quête insensée de réussite et d'argent, Walt a développé une peur extrême de tout perdre. Alors ses employeurs ont beau lui répéter qu'il n'y est pour rien, que le cours va et vient comme celui d'une rivière, qu'il est incontrôlable et qu'on ne peut pas deviner à l'avance quelles actions perdront de leur valeur sur le marché, il a toujours cette angoisse oppressante de se voir mettre à la porte. Perdre son job, ce serait perdre son train de vie mais surtout perdre l'occasion de servir les siens.
Il déteste ce sentiment.
Celui-là même qui lui a rongé les sangs depuis le début de la journée. Il a beau faire de son mieux pour passer à autre chose, ça ne le quitte jamais vraiment. Il enlève le pantalon, enfile un jogging et un t-shirt blanc. Il s'observe. Lui, l'homme si grand et si fort, il se sent si petit ce soir. L'heure file, les minutes défilent. Elle n'est toujours pas là. Sa boussole, la seule personne capable ici-bas d'aliéner ses doutes et de le calmer. Il a besoin d'elle, tout le temps. C'est peut-être pour cette raison qu'ils habitent encore ensemble. Malgré le passé, malgré les histoires. Dix-neuf heure quinze, il rejoint la cuisine et elle n'est toujours pas là. Les plats sont froids maintenant, il se ronge les sangs. Le contrôle, c'est capital pour lui. Lorsque l'imprévu se pointe, il angoisse, c'est chronique. Son coeur se soulève pourtant lorsque la porte s'ouvre et qu'il entend sa voix. Buonasera. elle chante dans sa langue natale. Il sourit, mais ne bouge pas. Elle le rejoint rapidement. Désolée du retard. elle ajoute. Je n’ai pas vu l’heure. elle est enfin là, c'est l'essentiel. Elle se hisse sur la pointe de ses pieds pour embrasser sa joue, il sourit. Brusquement, la tempête se calme, le calme revient. Elle prend une bière, puis une seconde. Elle les décapsule, lui en tend une. Alors, ta journée était pourrie ? qu'elle lui demande en faisant tinter les bouteilles l'une contre l'autre. Il semblerait que j’ai pris ta poisse. il ne sourit pas, cette fois. Il s'en veut d'avoir parfois l'impression de projeter ses malaises sur elle, comme si en lui parlant de ce qui ne va pas, il lui donne un peu de ses malheurs. Les actions se sont effondrées, la banque a perdu plus d'une dizaine de milliers de dollars aujourd'hui. elle comprendra, il n'a pas besoin d'en dire plus. Elle sait ses inquiétudes, elle les dresse depuis longtemps. J'suis désolé si ta journée n'a pas été bonne. Tu veux en parler ? il lui demande, curieux. Tout plutôt que de continuer à parler de son job. Il sait qu'il n'y peut rien, c'est comme ça. Peut-être qu'il devrait parfois lâcher prise.

Stella n’aimait pas que les gens s’inquiètent pour elle, encore moins Walt pour qui elle n’avait que de la tendresse et de l’admiration. L’avoir dans sa vie était bien trop important pour le perdre d’une quelconque façon. Alors, elle l’information de son retard, elle pourrait lui dire les raisons une fois devant lui : où elle pourrait se réfugier dans ses bras si le poids du chagrin était trop lourd à porter. Dans une vie où on l’avait abandonné, utilisé, il y avait des personnes comme son colocataire qui était essentiel pour tenir la tête hors de l’eau. Se réveiller tous les jours l’intime conviction que si elle venait à mourir : au moins une personne serait triste de son départ. À défaut d’être assez forte pour vivre sans cette béquille qu’était Walt dans sa vie : elle profitait de chaque soirée, de chaque opportunité pour se ressourcer, pour respirer un bon coup et se préparer pour le prochain chapitre de sa vie. C’est donc avec l’impatience de retrouver leur foyer qu’elle accéléra : prenant des risques inutiles, mais tant pis. À peine la porte passée qu’un sentiment de bien-être l’entoura comme une épaisse couverture. Elle était chez elle, chez eux. De quoi laisser au placard de vieux fantômes ? Pas vraiment, mais Stella avait au moins l’esprit plus apaisé.

Bière en mains, elle trinqua et prit une longue gorgée. Faire le point de leur journée merdique, leur passe-temps favori. Surtout, parce qu’elle connaissait Walt maintenant et savait que la pression de son travail pouvait créer des tensions dans son cœur. Elle s’efforçait toujours d’avoir des mots réconfortants, elle croyait en lui : contre vents et marées.“Et laisse moi deviner, ils te blâment plutôt que de regarder l’état actuel du monde ?” Souffla-t-elle tristement avant d’éteindre son bras pour glisser sa dextre dans la sienne. “Tu sais que tu es un de leur plus grand atout hein ? Tu leur rapportes autant d’argent qu’ils en sont perdus.” Stella ne voulait pas laisser des hommes coincés du cul mettre plus bas que terre Walt. Si elle devait aller à son lieu de travail et montrer les crocs, elle le ferait. Ils avaient de la chance que son ami travaille pour eux. “Tu devrais te mettre en arrêt, laisse les voir que ta présence est essentielle.” On disait que tout le monde pouvait remplacer, mais ce n’était pas vrai et le temps qu’ils embauchent, forme quelqu’un pour arriver à la cheville de Walt : ils perdront encore plus de sous. Stella savait que cela serait difficile, voir impossible pour Walt de faire une telle chose cependant. Elle ne pouvait que suggérer des solutions et continuer de chercher un moyen pour qu'il se voit comme elle le voyait.

Souriant en coin, Stella hocha doucement la tête : “Ce n’est pas de ta faute. C'est la faute de personne à dire vrai.” Elle était sincère, elle voulait le rassurer. Cependant, à sa question, elle hésita. Après plusieurs gorgées de bière et une longue inspiration, elle sortit son téléphone et tapa sur YouTube le nom de son père pour faire apparaître son dernier interview. Elle posa la bouteille, tourna le téléphone pour le mettre en mode paysage et alors qu’elle appuya sur lecture se glissa dans les bras de Walt, la tête tournée pour ne pas regarder l’écran : “Mes employés regardaient cette vidéo.” Les sous-titres permettaient à son père de ne pas parler anglais, il avait toujours préféré s’exprimer en italien. Stella aimait entendre sa langue natale, sauf quand elle sortait des lèvres d’un des pires hommes sur terre à ses yeux. Le premier étant déjà en train de se faire dévorer. “Ma belle-mère à l’air si malade…” Comme elle, quand elle avait été avec son mari. “Je hais l’idée qu’il se fasse dorer le cul en disant que son enfant est tout pour lui… Que je suis son inspiration.” Cela la dégoûtait.

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Il y avait peu de choses sur lesquelles Walt acceptait délibérément de laisser tomber la pression. Sa vie ici, dans cet appartement, avec Stella, faisait partie intégrante des rares moments où il pouvait se sentir parfaitement en sécurité. Elle avait ce don spécial, c'est vrai, de canaliser ses angoisses et de tempérer ses humeurs. Aussi, il avait toujours ce sentiment de hâte de la retrouver qui le gagnait lorsque les journées n'étaient pas bonnes.
Entre eux, c'était plus qu'une simple amitié.
Personne n'en doutait lorsqu'on les observait d'un peu plus près. La manière dont ils se regardent, souvent, ne trompe personne. Ils se sont aimés, plus que de raison. Ils se sont séparés aussi. Pourquoi ? Peut-être que le timing n'était pas le bon, peut-être ont-ils eu simplement peur de se détruire ou se blesser. Toujours est-il que l'amour, le vrai, le pure, demeure. Toujours, là, entre eux. Walt en est bien conscient. S'il y a une personne avec qui il sait pouvoir un jour finir sa vie, c'est elle. Pour autant, ils n'ont jamais retenté l'expérience, préférant sauvegarder ce qu'ils avaient d'amitié plutôt que de se voir séparer pour de bon.
La retrouver, c'est comme prendre une grande bouffée d'oxygène. Elle, une bière et le canapé. Il n'demande rien de plus, le trader. Et laisse moi deviner, ils te blâment plutôt que de regarder l’état actuel du monde ? il sourit à peine. Elle le connait tout comme il la connait. Ils se savent par coeur, ce qui rend leur relation d'autant plus précieuse, finalement. Tu sais que tu es un de leur plus grand atout hein ? Tu leur rapportes autant d’argent qu’ils en sont perdus. il le sait, bien sûr. Son job, il le fait parfaitement. Depuis plus de dix ans déjà, pour les mêmes employeurs, la même boîte. Il sait aussi que le temps change, qu'il amène avec lui son flot de jeunes traders tout aussi motivés que lui. Tu devrais te mettre en arrêt, laisse les voir que ta présence est essentielle. il secoue la tête sans rien dire tout de suite. Il sait qu'elle est pleine de bonne volonté mais le milieu du travail ne fonctionne pas comme ça. Présent ou pas, tu sais qu'ils arriveront à s'en sortir. Je ne suis qu'un parmi des milliers. Je fais du bon boulot, ils ne me blâment pas tant que ça. Je crois que c'est surtout moi qui me fais des reproches, je suis trop sévère avec moi-même. c'est là tout le problème. Quand on vise la perfection au quotidien, on se ramasse souvent. Le soleil est intouchable, il le comprend avec l'âge.
Finalement, il détourne la conversation, comme souvent. Walt n'aime pas parler de lui. Ce n’est pas de ta faute. C'est la faute de personne à dire vrai. elle attrape son téléphone et le pose sur la table. Walt n'a pas besoin de voir pour savoir de quoi il s'agit. S'il y a une chose qui peut bouleverser à ce point sa colocataire et amie, c'est certainement de sa famille qu'il s'agit. Mes employés regardaient cette vidéo. elle se blottit contre lui, il lève un bras pour l'y accueillir. Il la laisse se poser contre lui, sans rien dire, c'est d'un naturel exquis. Ma belle-mère à l’air si malade… il hoche la tête, de haut en bas. C'est vrai qu'elle a l'air pâle, la belle-mère. Moins en forme que l'homme qui se tient face caméra, grandiloquent et assurément en confiance. Je hais l’idée qu’il se fasse dorer le cul en disant que son enfant est tout pour lui… Que je suis son inspiration. de sa main qui l'enlace, il caresse son épaule en soupirant. Sa famille est son seul talon d'Achille, celui qui peut la briser. Il le sait, Walt, depuis le temps. Ils s'écrivaient avant même de se voir pour de vrai. Tu ne devrais pas regarder ce genre de vidéos, tu sais. il dit, un peu gêné. Il sait qu'elle doit s'en faire pour sa belle-mère, il sait aussi que parfois, sa famille doit lui manquer. Il aimerait pouvoir faire disparaître cette douleur. Peut-être que tu devrais l'appeler.. il ose, c'est bien la première fois. Ta belle-mère, je veux dire. Est-ce que tu as eu de ses nouvelles ? il ne veut rien forcer, ni imposer. Il sait à quel point c'est compliqué quand ça touche à la famille. J'aimerais pouvoir soulager ta peine, tu sais. Je n'aime pas l'effet qu'il a sur toi, même après toutes ces années. Tu vaux mieux que ça, Stel'. il dit, simplement, en embrassant le haut de son crâne.

La chaleur du foyer, la présence de Walt et son odeur, qu’elle pourrait reconnaître en mille, étaient tellement réconfortantes pour Stella qui n’arrêtait pas de se dire qu’un jour tout partirait en éclat. C’est pour cela qu’elle ne s’était pas battue pour qu’il reste amoureusement ensemble. L’idée de le perdre comme elle à perdu Las lui était insupportable. Elle préférait rester à ses côtés, pouvoir le serrer quand elle voulait contre son cœur et sentir son aura apaisante plutôt que de vivre seule, sans lui dans sa vie. Elle avait appris de ses leçons et ne laisserait plus une personne importante pour elle s’éloigner. Elle avait besoin de Walt comme elle avait besoin d’air pour vivre et chanter. Ils n’avaient pas besoin de parler non plus, elle connaissait les doutes, les peines de son ami. Stella l’écouta attentivement en buvant sa bière : ses employeurs ne savaient pas la chance qu’ils avaient qu’un homme comme Walt daigne travailler pour eux. De tout temps, il avait été là pour son job, alors elle ne supportait d’entendre dire qu’il le blâmait pour une erreur qui n’était même pas de sa faute. Il ne pouvait pas prédire le cours des actions. Il ne pouvait que faire de son mieux et ça Stella n’en a jamais douté. C’était dans la nature de son meilleur ami. En l’entendant dire qu’il était trop dur avec lui-même, elle sourit doucement : “Tout le monde l’est Walt. Je te le dirais si tu n’étais pas à la hauteur. Je n’ai jamais mâché mes mots avec toi, ça ne commencera pas aujourd’hui.” Dit-elle pour le rassurer : “Tant que tu fais de ton mieux, c’est le principal et je n’ai aucun doute que tu le fais.”

Elle redoutait cet instant, mais Stella savait que si elle n’avait rien dit : son colocataire aurait rapidement compris que quelque chose ne tournait pas rond avec elle. Alors, elle passa à table, sans réellement parler. Une vidéo valait tous les discours, Walt comprendrait. Walt saurait, car il savait tout d’elle et de son enfance, même de son mariage arrangé. Elle n’avait aucun secret pour lui et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle commencerait une telle chose. Se lovant contre lui, elle remplaçait l’humiliation de l’entendre parler comme ça par une étreinte sincère. Stella se sentait en sécurité, à sa place, dans ses bras tandis que ses yeux se fermaient : tentant d’omettre la voix suave et italienne de son père. Il savait parler à la foule. Elle avait l’impression d’être un vinyle rayé qui ne peut avoir que le même refrain. Stella n’arrivait pas à passer outre cette douleur. Elle avait beau dire que cela ne lui faisait rien, il fut un temps où elle aurait tout fait pour briller aux yeux de son père.

“Je n’ai pas réellement choisi… Je suis tombée sur mes employés alors que j’allais poser mon téléphone.” Elle tourna sa tête pour reprendre son portable et couper l’interview. Le smartphone posé face contre le plan de travail, elle prit une longue inspiration : “J’ai tenté… Son téléphone ne marche pas. Et envoyé une lettre : c’est à coup sûr veux dire que mon père la lit et je ne veux pas qu’il est des nouvelles de moi.” Stella n’avait jamais repris contact avec lui. Elle savoura le baiser sur son front avant de redresser sa tête pour se plonger dans ses grands yeux bleus. “Je sais…Et c’est pour ça que je me fais violence pour ne pas reprendre contact avec lui ou autre… Je lui donnerai raison.” Stella n’avait pas la force. Elle leva sa main pour caresser la joue de Walt, perdant le bout de ses doigts dans sa barbe. “Avec le temps… Je me dis que ça passera. Si je n’aimais pas autant ma belle-mère, probablement que je pourrais encore plus prendre mes distances.” Mais elle ne pouvait pas être insensible à la détresse de celle qui avait pris le rôle d’une maman alors qu’elle n’était pas prête. “Tu me le montres… Que je vaux mieux que ça.” Walt lui avait montré qu’elle méritait d’être aimée, pour ce qu’elle est.

Déposant un baiser sur sa joue, elle prit une dernière longue inspiration et s’éloigna finalement pour préparer leurs assiettes. “Tu as une idée de film pour ce soir ?” Demanda-t-elle pour changer de sujets. Ils avaient tous les deux besoins de se changer les idées, cela était évident. La première assiette aux micro-ondes, elle alla chercher son sac pour y sortir une boite : “Je t’ai fait un renne de Noël pour le dessert.” Stella lui tendit fièrement la boîte : “C’est bien connu, le chocolat ça remonte le moral hein ?”

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Tout pour elle, tout pour eux. L'amitié est importante pour Walt, depuis toujours. C'est ce qui régit sa vie depuis toujours. C'est la seule chose pour laquelle il se dévoue, corps et âmes. Son entourage, ses proches. Lui qui vient de rien, lui qui s'est battu pour obtenir ce qu'il a aujourd'hui. Alors quand son histoire d'amour avec Stella s'était effondrée, il avait eu le choix. Rompre définitivement contact ou faire l'effort de passer outre les sentiments qu'ils avaient pu ressentir pour construire quelque chose de beau.
En la regardant rentrer ce soir, il sait qu'ils ont fait le bon choix. Rien ne serait vraiment pareil si elle n'était pas là pour éclairer son quotidien, lui donner l'impression d'compter plus que les autres, d'être important. On sous-estime souvent le pouvoir qu'ont les amis dans notre quotidien. Exister dans les yeux d'une personne comme Stella, c'est exister tout court. Tout le monde l’est Walt. Je te le dirais si tu n’étais pas à la hauteur. Je n’ai jamais mâché mes mots avec toi, ça ne commencera pas aujourd’hui. Tant que tu fais de ton mieux, c’est le principal et je n’ai aucun doute que tu le fais. il sourit, rassuré, toujours. Elle n'a pas besoin d'en dire plus, d'en faire plus. Sa présence, sa voix, sa compassion. Tout lui va droit au coeur. Alors quand elle lui fait comprendre qu'elle va mal, automatiquement, naturellement, il prend place près d'elle.
Couché contre lui, elle lui expose ses failles et Walt les absorbe. Comme l'éponge, il prend sur lui, pour elle. Tout, pour elle. Parce que personne ne le connait mieux qu'elle, parce que personne ne l'aide mieux qu'elle. Parce qu'aujourd'hui, elle est tout ce qu'il a de plus cher. Alors il fait d'son mieux pour se montrer empathique, lui aussi. Le sujet est difficile, douloureux. Il marche sur des oeufs, toujours. Il sait la rancoeur qu'elle éprouve pour son père mais l'amour qu'elle ressent pour sa belle-mère. Je n’ai pas réellement choisi… Je suis tombée sur mes employés alors que j’allais poser mon téléphone. il ne dit rien de plus, l'enlace avec ferveur, caresse son épaule de sa main pour la mettre en confiance. J’ai tenté… Son téléphone ne marche pas. Et envoyé une lettre : c’est à coup sûr veux dire que mon père la lit et je ne veux pas qu’il est des nouvelles de moi. il acquiesce, silencieusement, religieusement. Il connait ses instants, ils sont précieux. Lorsqu'on ouvre son coeur, qu'on partage tout, qu'on donne tout. Sans concessions, sans faux-semblants. Il serre son étreinte, voilà tout. Je sais…Et c’est pour ça que je me fais violence pour ne pas reprendre contact avec lui ou autre… Je lui donnerai raison. il l'embrasse naturellement sur le front, elle accueille ce témoignage d'affection avec gratitude. Elle caresse son visage, ses doigts se perdent dans sa barbe. Il sourit. Dieu qu'il aime ce contact, Dieu qu'il se sacrifierait volontiers pour elle. Avec le temps… Je me dis que ça passera. Si je n’aimais pas autant ma belle-mère, probablement que je pourrais encore plus prendre mes distances. il hoche la tête, en silence, toujours. On fait n'importe quoi pour les gens qu'on aime, il est bien placé pour le savoir. Tu me le montres… Que je vaux mieux que ça. là encore, il sourit. Je passerai ma vie à te le montrer, Stel'. qu'il finit par dire alors qu'elle se redresse, quitte le canapé
Aussitôt partie, aussitôt l'air lui manque. Il se redresse, passe une main dans ses cheveux décolorés en fixant l'écran vide de la télévision. Tu as une idée de film pour ce soir ? rien, si ça ne tenait qu'à lui. Il voudrait rester allongé contre elle toute la soirée, toute la nuit. N'écouter que sa respiration pour reprendre son calme. Leur histoire est, finalement, son plus beau film. Je t’ai fait un renne de Noël pour le dessert. qu'elle ajoute en lui ramenant un petit paquet. Il rigole, amusé. C’est bien connu, le chocolat ça remonte le moral hein ? il lui lance un regard de biais en ouvrant le paquet pour découvrir l'oeuvre d'art. C'est incroyable. il s'extasie, comme à chaque fois. Heureusement qu'il fait du sport tous les jours. Stella est une pâtissière en or, monstrueuse de talent dans ses créations. Une oeuvre d'art comme ça, ça se mange pas. qu'il dit en rigolant doucement. A son tour de se lever, pour rejoindre la cuisine et récupérer le sac. Il dispose les barquettes dans le micro-onde. Love actually, si ça t'va. qu'il dit, tout haut. Un film de saison, un film pour bien terminer l'année. Ou alors Terminator, mais c'est pas la même ambiance. il ajoute en plaisantant. Il reste devant le micro-onde en patientant. Tu préfères les nouilles ou le riz ? il connait déjà la réponse à cette question.

Il n’était pas question pour la chocolatière de bercer Walt avec des paroles sans queue, ni tête. Elle voulait juste lui assurer qu’elle croyait en lui et serait à ses côtés, même si le monde se retournait contre lui. Stella mettait son colocataire dans une autre case que les autres, il avait une place bien particulière, à lui et elle était bien heureuse qu’il soit dans sa vie. Cela valait quelque jalousie ressentie par son cœur quand il était avec quelqu’un d’autre. Il en valait la peine. C’est parce qu’il est si particulier à son palpitan qu’elle se permet de s’ouvrir à lui, de parler de ce père qui l’insurge et la rend malade. L’un étant irrémédiablement lié à des années de malheurs exprimés au fil de sa plume : seule chose que son mari n’a pas été capable de contrôler, car elle avait tout fait dans son dos pour ne pas perdre Walt en plus de sa liberté. Au lieu de parler, Stella préfère lui montrer la vidéo de l’interview qui l’a autant chamboulé. Walt comprendrait. Walt saurait. Ses gestes la font soupirer et elle se força à détendre ses épaules pour savourer l’étreinte. Elle ne s’offusque pas quand son ami lui demande si elle pourrait la contacter. La chocolatière avait déjà essayé, mais rien n’y faisait malheureusement. Elle ne pouvait pas avoir de nouvelles de sa belle-mère sans passer par son père. “Je te parie qu’il en fait exprès. Il a tout organisé pour.” Parce qu’il en était capable. Souriant quand Walt lui assura qu’elle valait mieux que ça. Elle l’espérait. Non. Elle le savait. Car l’homme qui la serrait contre lui montrait chaque jour et elle était redevable de ça. Tellement. “Tu as intérêt… Sinon je viendrai me plaindre et te chercherai.” Stella acceptait de le partager avec une autre. Elle n’acceptait pas qu’il l’oublie et la laisse sur le bas-côté comme Laszlo l’avait probablement fait. Une plaie béante qui ne guérira jamais, même si elle le reverrait.

Lui demandant ce qu’il voulait voir, elle retrouva son sourire en savourant d’avance la soirée qui s’offrait à eux. Elle resta quelques secondes comme ça avant d’aller l’aider à préparer le repas et à tout réchauffer. Au fond, ils n’avaient besoin de rien dire. Stella utilisait juste cette excuse pour se lover contre lui, comme si elle en avait besoin d’une. Elle finirait probablement par s’endormir au son du cœur de Walt et de sa respiration. Allant chercher le dessert, elle lui tendit la boîte avant d’annoncer la couleur. Elle est fière de sa réaction et cela la fait sourire un peu plus : “Je suis heureuse que tu aimes.” C’était important pour elle, que Walt aime ces petites attentions. “Elles sont faites pour être mangées. J’en referai un demain si tu te sens mal pour celui-ci.” Stella rigola, ce n’était pas le premier à dire ça. Mais le chocolat était tout aussi bon que la sculpture était belle. “Love Actually me va, cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu !” Dit-elle enjouée en aidant Walt à préparer le repas. “Nouilles s’il te plaît.” Répondit-elle. “Je reviens, je vais me changer.” Et elle marcha rapidement vers sa chambre pour enfiler un pyjama chaud et libérer ses cheveux. Pas besoin de se démaquiller, elle n’en mettait pas pour travailler. Quand elle revenue dans le salon, tout était prêt. De meilleures humeurs déjà, elle se mit à danser sur place : “Ça sent trop bon !” Son ventre se mit à gargouiller. Stella mangeait rarement en journée, elle préférait faire un repas avec Walt le soir. Quand il n’était pas là ? Elle mangeait une soupe, ou rien et allait se coucher. Se laissant tomber sur le canapé, elle prépara le film et le mit en route avant de mettre pause tout de suite. “Tu as pris quoi ce soir toi ? La même chose que d’habitude ?”

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feat. @Stella Venezzio

Je te parie qu’il en fait exprès. Il a tout organisé pour. sans doute mais que pourrait faire Walt pour lui épargner cette peine ? Rien de plus que ce qu'il fait au quotidien. Tout faire pour l'aider à comprendre qu'elle s'est élevée si haut dans sa vie qu'elle vaux mieux que tous les reproches qu'il pourrait lui faire. Passer son temps à l'aider à prendre conscience de cette valeur, la chérir et la faire croître. Car Stella n'est pas juste sa colocataire ou son amie, elle est au-delà de toute compréhension, la seule femme qu'il n'a jamais aimée et qu'il continuera d'aimer jusqu'à son dernier souffle. Tu as intérêt… Sinon je viendrai me plaindre et te chercherai. et elle plaisante à peine. Elle se lève, quitte l'étreinte et le laisse seul, un court instant. Court mais déjà suffisant pour qu'il ressente le manque. Elle est pire qu'une drogue, elle est une obsession dont il se délecte. Stella n'a rien de toxique pour lui, bien au contraire. Il pourrait rester enfermé ici des heures avec elle que le temps lui semblerait toujours aussi agréable. Quand elle lui présente le dessert, il est ébahi par ce qu'il voit, comme toujours. Elle est une vraie maestro dans son art et son métier. Je suis heureuse que tu aimes. il rigole, sans la détacher ses yeux de la statue de chocolat. Comment ne pas aimer, c'est fabuleux. qu'il dit, simplement. Elles sont faites pour être mangées. J’en referai un demain si tu te sens mal pour celui-ci. il rigole en quittant le sofa à son tour, se dirigeant vers la cuisine, non sans oublier de dire : Merci, mais non. Je passe déjà trop de temps à la salle de sport pour éliminer tout le chocolat que tu me fais manger. entretenir son corps, c'est important, c'est avant tout pour son esprit. Il aime se vider la tête, il aime la quiétude d'une salle de sport malgré le bruit et la cohue. Love Actually me va, cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu ! il sourit, face au micro-onde. Voilà qui fera leur soirée, il s'en réjouit déjà. Nouilles s’il te plaît. Je le savais. qu'il murmure alors qu'elle ajoute en disparaissant : Je reviens, je vais me changer. il la laisse s'en aller sans mot dire. Il tire sur son t-shirt blanc en observant les secondes s'écouler sur la minuterie. Le premier plat réchauffé, il y glisse le second - le sien - lorsqu'elle réapparait, cheveux détachée et bien moins habillée. Sublime, comme toujours qu'il pense sans la dévisager. Il aime la Stella qu'elle est lorsqu'elle se débarrasse de cette carapace. Celle qu'il voit au quotidien, le matin, le soir, dans leurs instants privilégiés. Ça sent trop bon ! il rigole, le micro-onde s'arrête et il sort le second plat. Tu as pris quoi ce soir toi ? La même chose que d’habitude ? il sort son poulet au citron habituel, le seul plat qu'il aime dans la nourriture asiatique. C'est plus pour elle qu'il commande là-bas, que pour lui. Beaucoup plus friands de la nourriture européenne et, plus précisément, des saveurs italiennes. Toujours la même chose, oui. il n'est jamais avare de mots, de paroles. Il prend les plats, les couverts et les amène au salon. Elle a déjà lancé le film. Il s'assied, lui tend ses affaires en souriant. Tu vas finir ton plat, te coucher contre moi et tu ronfleras avant la fin du film. qu'il dit, l'air de s'en plaindre, sans que ça n'soit vrai. Il sait que cette fin de soirée sera parfaite. Quand elle est près de lui, toutes les voix dans sa tête disparaissent. Il n'a plus peur de rien, quand elle est là. Et tu me forceras à te raconter la fin quand je te réveillerai pour aller au lit. autre vérité, la leur. C'est ce quotidien qui fait de lui l'homme qu'il est. C'est cette femme qui fait de lui tout ce qu'il aime aussi.

Stella ne doutait pas de la mesquinerie de celui qui l’avait engendré. Elle n’avait aucun mal à l’imaginer sourire en coin, avec son air mauvais. Elle n’avait besoin de personne pour la convaincre, encore moins pour la faire changer d’avis. Pourtant, en se confiant à Walt, elle cherchait ses bras réconfortants, son sourire qui pouvait réparer toutes les plaies de son cœur comme il savait si bien le faire. Sa bouffée d’air frais, sa bouée de sauvetage. Lui qui lui était si essentiel. Dans ses bras, elle se permet de souffler, de fermer ses yeux et de reprendre des forces. Elle en aurait besoin pour les combats à venir. La vie attendait toujours le mauvais moment pour mettre sur sa route des difficultés : cela était bien connu non ? Stella avait peur qu’un jour une femme se mettre entre eux, jalouse ? Oui et non. Elle avait juste fait la paix avec l’idée que Walt et elle finirait un jour ensemble en tant qu’amant, amoureux, couple. Elle s’en accommodait, car il valait tout l’or du monde pour elle. Alors, non, elle n’était pas prête à le laisser filer entre ses doigts aussi facilement.

Sortant de son sac la surprise, elle savait comment lui faire plaisir, elle connaissait ses goûts, et même si elle avait arrêté d’amener des douceurs tous les soirs : de temps en temps elle faisait une entorse à la règle. “Oh ça va je t’apporte souvent du chocolat noir, y’a pas beaucoup de calories : je ne mets pas autant de cochonneries dans les miens que ceux du supermarché !” Dit-elle pour se défendre. “Et puis tu adores aller à la gym ne ment pas !” Rajouta-t-elle pour le taquiner. Acceptant le film, il était temps pour elle se laver la journée de son visage et de son corps après avoir dit ce qu’elle voulait manger. Et en retournant dans le salon/salle à manger, son ventre ne peut s’empêcher de gargouiller. Stella connaissait la réponse à sa question sur le plat choisi par Walt, mais elle lui demanda quand même histoire de se faire un high five intérieurement.

Laissant son colocataire s’occuper du repas, elle entreprit de préparer le canapé avec l’épaisse couverture qu’ils partageaient dès que possible et mit la télévision en route pour chercher le film. “C’est certainement ce qui va arriver.” Stella ne se faisait pas d’illusions. Posée, le ventre plein, avec Walt près d’elle : elle ne demanderait jamais rien de plus et se laissait volontiers bercer par son rythme cardiaque. Quelque chose d’apaisant, de familier, elle qui avait tant besoin d’avoir un nid dans lequel se réfugier lorsque l’orage de sa vie se faisait trop fort. “Par contre, je ne ronfle pas ! C’est seulement quand je bois.” Elle rigola : “Au moins, tu n’auras pas à me raconter la fin de ce film : je le connais.” Elle appuya sur lecture et s’installa dans le canapé : son assiette sur ses genoux comme une enfant.

Et en effet, son repas terminé elle se glissa sur le canapé pour retrouver les bras de Walt. Sans lui laisser le choix réellement, même si elle savait que jamais il ne dirait non. Sa tête contre son torse, elle souriait comme une idiote, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. La peur qu’un jour tout ça s’arrête n’était jamais loin, c’est pour ça qu’elle savourait ces moments comme s’ils étaient les derniers. “Tu me quitteras jamais longtemps hein ?” Demanda-t-elle finalement. “Même si tu trouves quelqu’un, tu continueras à venir me voir ici ? Pour qu’on se fasse des soirées comme ça ?”

Hits me at full speed, feel like I can't breathe
And nobody knows this pain inside me
My world is crumbling, I should never have let you go
feat. @Stella Venezzio

C'était ce genre d'attentions qui faisaient toute la différence entre ce qu'ils étaient aujourd'hui et ce qu'ils avaient été. Depuis qu'ils avaient rompu, ils s'entendaient à merveilles. Parfois même trop, au point de s'interroger sur le réel bienfondé de leur rupture. Walt se demandait, bien souvent, s'il ne devrait pas laisser une seconde chance au couple qu'ils formaient. Bien sûr, il y avait eu des instants sombres et des périodes compliquées mais ils avaient trouvé un équilibre aujourd'hui, n'est-ce pas ? Et puis, ils vivaient en colocation, ils étaient constamment l'un avec l'autre... c'était déjà presque une vie de couple ? Oh ça va je t’apporte souvent du chocolat noir, y’a pas beaucoup de calories : je ne mets pas autant de cochonneries dans les miens que ceux du supermarché ! qu'elle répond en souriant. Il y a moins d'amour dans ceux du supermarché que dans les tiens, c'est ce qui fait toute la différence. qu'il rétorque rapidement, sans sourciller. Cet amour-là, il n'a pas de prix, et Walt le sait. Il a conscience de sa chance, il l'a toujours eue. Et puis tu adores aller à la gym ne ment pas ! il rigole à son tour alors qu'elle abandonne la pièce, qu'elle en profite pour se nettoyer tandis qu'il prépare les plats.
Leurs habitudes, leur routine.
Il n'échangerait ça pour rien au monde, ça le comble de bonheur. Il s'y épanouit et ça lui procure une sécurité qui n'est pas négociable. Être avec Stella, c'est être à la maison. Alors pourquoi ne pas l'officialiser ? Parce que prendre le risque de s'aimer à nouveau, même bien, c'est aussi prendre le risque de se perdre pour de bon. Quand elle revient, il est déjà prêt. Quand il prédit ce qu'il va se passer, il sait que c'est ce qui fait le charme de leur duo. Duo parfaitement cadré et organisé, loin d'être maladroit ou fragile. Ils ont tout vécu ensemble, presque. Alors comment imaginer autrement qu'avec elle ? C’est certainement ce qui va arriver. qu'elle concède en souriant. Par contre, je ne ronfle pas ! C’est seulement quand je bois. Au moins, tu n’auras pas à me raconter la fin de ce film : je le connais. elle rigole, attrape son plat et commence à manger. Il l'imite, sans rien ajouter d'autre. Il pourrait épiloguer des heures sur ses habitudes, lui dire qu'elle ronfle également quand elle est contrariée, qu'elle parle parfois dans son sommeil surtout quand la journée a été éprouvante et qu'elle a tendance à faire des insomnies quand quelque chose la travaille. Il pourrait aussi lui dire que ce qui fait son charme, c'est justement ces petites imperfections qu'il a remarquées et qu'il aime tant mais tout ça, il le garde pour lui... alors qu'elle termine déjà son assiette et se blottit contre lui. Le film a déjà bien avancé, lui n'a pas pipé mot et ne compte pas vraiment discuter. Il aime regarder la télévision, il aime se concentrer sur ce qu'il fait. Elle se cale contre lui, il la laisse faire sans mot dire. Cette proximité, c'est leur quotidien, c'est ce qu'il sont. Tu me quitteras jamais longtemps hein ? elle brise le silence, sans le regarder. Il caresse ses cheveux par habitude mais le fait toujours. Il sourit, un peu bêtement. Même si tu trouves quelqu’un, tu continueras à venir me voir ici ? Pour qu’on se fasse des soirées comme ça ? elle ajoute et il sent la détresse qui se cache derrière ses mots.
L'après...
Il y pense, souvent. Quand il rencontre quelqu'un ou qu'elle fréquente un homme. Il sait que rien n'est éternel, que le seul moyen pour eux de s'offrir cette éternité serait de renoncer aux autres ou de s'abandonner enfin à eux. Ils n'osent pas, ils ne le font pas. Il se dit parfois que ça serait nettement plus simple au fond. Aimer Stella serait réconfortant, rassurant et surtout agréable reposant. Ils se connaissent si bien qu'il saurait éviter les disputes avant même qu'elles n'éclatent. Je ne te quitterai jamais. qu'il dit, simplement. Ici ou ailleurs, je serai toujours avec toi Stella. J'imagine pas un instant pouvoir t'effacer de ma vie, de mon quotidien. il ne sait même pas pourquoi il se laisse aller à ces confidences là. Tu peux t'endormir en paix, je serai là quand tu ouvriras les yeux. Ce soir, demain et pour toujours. c'est mièvre mais ça leur ressemble. Ils ont tout partagé, ou presque, alors pourquoi y renoncer ?

La bonne entente qui régnait dans l’appartement, la voix de Walt eut le don de chasser les pensées sombres de Stella. Il avait ce pouvoir sur elle. Cette précieuse présence qui rendait tout meilleur. Elle aurait tout le loisir de laisser son esprit divaguer la nuit tombée. Comme elle le faisait si souvent. En attendant, il n’était plus question de se lamenter, mais de profiter de son coloc. À peine rentrée, que l’odeur de la nourriture la fit saliver et son ventre gronda de colère de ne être encore plein. Préparant le film et le canapé, elle ne pouvait pas nier ce que Walt venait de lui dire. Certes. Elle s’endormirait, mais elle ne ronflait pas. Stella avait ses limites. Il faut dire que peu d’hommes peuvent prétendre l’avoir vu endormis. Elle préférait dormir seule qu’avec quelqu’un en qui elle n’avait pas confiance. Ses aventures, elle partait dès que l’affaire était terminée et cela ne lui avait jamais porté de préjudice. Walt était bien le seul qui pouvait la voir dans les bras de Morphée. Laszlo ausi… Mais c’était une autre histoire. Une aussi tragique que son histoire avec le blond qui arrivait déjà avec leurs assiettes. Comme Stella avait peur de le perdre, qu’une autre personne la prenne de court et la remplace. Que ferait-elle sans lui ? La chocolatière préférait ne pas y penser, cela lui faisait trop peur. Elle n’avait aucun mal à se douter cependant que cela ne finirait pas bien pour elle. Sans rocher, que faire pour ne pas s’éloigner au large ?

Bien que le plat était succulent, elle ne perdit pas une seule seconde et une fois, son assiette bien nettoyée se glissa dans les bras de Walt : ayant plus besoin de sentir son corps contre le sien plutôt que manger au fond. Malgré le film, malgré la présence de son colocataire, le doute l’assaillit. Comme toujours. Stella avait besoin d’être rassurée par les personnes qu’elle aime. Malheureusement pour celui qui vivait avec elle : il en faisait partit. Est-ce qu’elle aurait posé la question si la vidéo de son père n’avait pas atteint sa personne ? Probablement pas. Comme toujours, le doute était un mal qui trouvait toujours un chemin facile vers son cœur.

Pendue à ses lèvres, elle se redressa pour pouvoir le regarder et se plonger dans ses yeux. Walt ne lui mentirait pas, ne ferait pas des ronds de jambes à tout-va. Il avait toujours été sincère. Et ces mots tant attendus la font sourire, mettent du baume sur son cœur qui prétend être fort, mais qui menace à tout moment de se briser. “D’accord.” Dit-elle en souriant. Apaisée pour l’instant. “Moi non plus tu sais ? Jamais je ne sacrifierais ce qu’on a.” Elle ne ferait pas les erreurs de Laszlo. Elle se le refusait. Stella reposa sa tête sur son torse et ferma ses yeux doucement en le serrant contre elle le plus possible jusqu’à ce que la pression se relâche et qu’elle s’endorme paisiblement.

Hits me at full speed, feel like I can't breathe
And nobody knows this pain inside me
My world is crumbling, I should never have let you go
feat. @Stella Venezzio

A leur âge, ce n'est plus vraiment raisonnable. La colocation, ça va bien quand on est étudiant ou qu'on commence dans la vie adulte mais lorsqu'on est installé dans une profession comme ils le sont et qu'on gagne sa vie, ça n'a plus aucun sens.
Tout du moins, c'est ce qu'on lui répétait souvent lorsqu'il expliquait sa situation personnelle. On le regardait toujours avec de gros yeux, on se faisait des films. On imaginait qu'ils étaient en couple mais qu'ils n'osaient pas le dire mais jamais Walt n'avait infirmé ces suppositions. Qu'il s'agisse de sa mère, de ses amis plus ou moins proches ou de ses collègues de travail, Walt n'avait jamais clairement réfuté l'information selon laquelle il serait en couple avec Stella. Peut-être parce qu'ils l'avaient déjà été, peut-être parce que dans des instants comme celui-ci, il se plaisait à imaginer qu'ils pourraient l'être à nouveau.
Elle, allongé contre lui.
Elle et son regard qui s'éclairci quand il lui parle avec le coeur. Elle et ce sourire qui ravage tout sur son chemin. Il l'aime, c'est une vérité innocente mais réelle. Il l'aimera toujours mais alors quelle place occupe-t-elle vraiment dans sa vie ? D’accord. qu'elle dit en souriant de plus belle. Moi non plus tu sais ? Jamais je ne sacrifierais ce qu’on a. il le sait, mais ne dit rien. Elle se blottit à nouveau contre lui et lui se concentre sur le film, du mieux qu'il peut. La sentir là, c'est comme avoir le sentiment d'être rentré à la maison. Rien n'est moins naturelle pour lui que d'aimer cette femme comme il le fait. C'est tendre, c'est pur, c'est réel et ça lui fait du bien.
Pourtant, il pense à Sacha, un peu.
Il se dit qu'il devrait peut-être en toucher un mot à Stella mais n'ose pas le faire, pas encore. Il sait qu'elle rencontre aussi des hommes, il a peur de la perdre, à chaque instant et pour autant, ils n'osent pas se lancer à nouveau. Pourtant, lorsqu'il la sent finalement s'endormir, il ne peut s'empêcher de caresser son visage avec tendresse et délicatesse. Plus tard, lorsque le film se termine, il la soulève dans ses bras et la conduit jusqu'à sa chambre.
Il la couchera dans son lit et s'installera près d'elle, comme une ombre, une habitude. Pourquoi ? Il n'en sait rien, mais ça n'existe que pour eux.
Oui, il se blottit contre elle, à son tour, l'entoure de ses bras et s'endormira sans peine le visage enfoncé dans son cou. Parce que c'est là qu'il est à la maison, plus que n'importe où ailleurs.
Et peut-être...
peut-être qu'ils devraient prendre le courage d'affronter les choses.
Peut-être qu'ils devraient accepter qu'ils s'aiment.
Walt, lui, n'a jamais eu à coeur de répondre non, Stella et moi ne sommes plus en couple lorsque les gens font preuve de suspicion. Comme s'il ne fallait surtout pas écarter cette idée, comme si elle lui plaisait, finalement. Comme si c'était une évidence et que le temps seul pourrait leur faire fatalement comprendre qu'ils sont faits l'un pour l'autre.

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