les conséquences de certains gestes (Elwyn)

Il y a l'homme que l'on aime, l'autre qu'on ne comprend pas.
Si les deux sont le même, alors lequel nous restera ?
feat. @Elwyn Ashworth

Il n'y avait dans la vie de Walt que des certitudes, depuis toujours. Régies par le désir profond de changer les choses, de modifier ce qui semblait immuable et de venir à bout des idées préconçues qu'on pouvait avoir eues, un jour ou l'autre, de ce qu'il était et ce qu'il deviendrait. Gamin oublié, effacé, celui qui naît dans un quartier malfamé, aux fréquentations plus que douteuses et à la dégaine débraillée. Tu n'obtiendras rien de la vie, lui rappelait on, comme si sa situation familiale et la classe sociale dans laquelle il avait vu le jour devait dicter sa vie et son destin. Tu n'seras rien, lui répétait on parfois, aussi, pour ne jamais qu'il oublie que du monde, il n'aurait que la bassesse et le caniveau. S'élever, ça avait été sa première certitude. Changer, la seconde. Gagner avait été, dès lors, son plus grand combat.
L'enfant qu'il était ne ressemblait plus à l'homme qu'il est aujourd'hui. Une différence notable et notoire, c'est vrai, dans les habits qu'il porte et la manière qu'il a de se tenir. Là où on lui prédisait que drogues et décadence, Walt avait su devenir quelqu'un de respecté et de réputé. Dans son milieu, il excellait et pourtant subsistait encore, parfois, des tics d'une ancienne vie dont il tentait, depuis toujours, de se défaire. Il n'avait pas peur d'entendre éclater un pneu lorsqu'il marchait en ville, il ne craignait pas le noir ni les hommes qui le regardaient de travers, il n'avait jamais eu peur de se promener dans les quartiers où il avait grandi tiré à quatre épingles parce qu'il en connaissait tous les recoins. Dualité à peine exagérée de l'homme et l'enfant qui, aujourd'hui, co-habitait.
Et puis, il y avait cette autre certitude, celle qui avait nourrit ses espoirs et toutes ses luttes : sortir de la merde les gens qu'il aimait. A commencer par sa mère, puis Elwyn. Un frère d'armes, mieux que ça, un frère tout court. Alors en revenant de l'université, bien sûr, il s'était senti coupable d'avoir réussi là où son pote de toujours avait échoué. Il aurait voulu l'aider mieux que ça, l'emmener avec lui sur les bancs de la fac et lui offrir cette chance à laquelle lui-même avait eu droit. Rien, il le sait. Ce n'était qu'à son retour qu'il avait fait d'son mieux pour l'aider. Il connait tout d'lui, ils se connaissent par coeur. Walt, il a fait d'son mieux pour être présent. Il a vu Elwyn heureux en ménage, devenir père mais il a connu Elwyn au plus bas, aussi. Drogue, alcool, tous ces démons qui vous narguent quand vous venez d'un quartier comme le leur. Son pote ne s'en était pas sorti, malgré toutes les mains tendues. Alors aujourd'hui, comme bien souvent depuis qu'il est en ville, Walt s'arrête au pied de l'immeuble et grimpe les marches. Il se dresse devant la porte de l'appartement de son meilleur ami et tambourine. Il ignore s'il est là, il espère au fond que non. Si Elwyn ne répond pas, peut-être est-il en ville, peut-être travaille-t-il, peut-être même est-il sur la bonne voie. Mais lorsqu'il entend du mouvement derrière, les illusions retombent. T'as trente secondes pour ouvrir vieux, ou j'défonce ta porte. qu'il menace, non sans une pointe d'humour. Le bousculer, c'est tout ce qu'il lui reste, à Walt. Parce que de toutes ces certitudes, c'est celles qui concernent Elwyn qui le rendent le plus vulnérables.

les conséquences de certains gestes.

-- ft / @Walt Irvy
tw: mention de drogue, dépression, overdose.
Une journée de plus de terminée, une journée de plus à laquelle il avait survécu. C’était ce qu’il s’était dit Elwyn, après avoir couché Zoey. Chaque nouvelle journée était presque une victoire pour lui, tant le moral n’y était pas. Il était enfoncé dans une dépression dont il n’avait même pas la volonté de sortir le blond. La vie était cruelle, elle lui avait appris que dès qu’il essayait de se reprendre en mains, dès qu’il arrivait enfin à être heureux, on venait tout lui reprendre d’une façon bien horrible. Il avait essayé, Elwyn à une époque et il avait même réussi. Clean pendant des années, la dépression toujours présente, mais moins imposante, il avait eu quelques belles années avec Lily. Maintenant qu’elle était morte, il n’y avait plus rien de beau, plus rien de motivant. Il aurait dû s’accrocher à Zoey, se battre pour sa fille, mais c’était trop difficile. Pas un jour ne passait sans qu’il ne pense à sa femme, sans qu’elle ne lui manque. Ça lui donnait à chaque fois l’impression qu’on lui arrachait le cœur. C’était trop dur, c’était trop douloureux et contre cette peine, la seule chose qui marchait, c’était le poison qu’il s’injectait dans les veines. Il avait lutté pendant des années et maintenant, il se contentait d’abandonner Elwyn. C’était le chemin de la facilité, diraient certains, un signe de faiblesse. Il les avait entendues ces discours Elwyn, un million de fois. Peut-être qu’il était faible alors, qu’il manquait de volonté, qu’il n’était qu’un bon à rien. Des phrases qu’on lui avait balancé en pleine figure, peut-être avec l’espoir que ça le pousse à se bouger. Des mots qui faisaient du mal et qui dans un esprit aussi torturé que le sien prenaient tout son sens et avaient l’effet inverse. Une acceptation plus qu’une volonté de lutter.

Il y aurait bien un jour où il ferait une connerie Elwyn. Une overdose, c’était si vite arrivé et il y songeait des fois à la dose létale, celle qu’il ne fallait pas dépasser pour ne pas passer l’arme à gauche. Il y avait des moments où il avait envie de tirer un peu plus sur le piston de la seringue. Juste un peu plus pour voir ce que ça ferait. Peut-être que Zoey alors, elle avait au moins cet effet sur lui, celui de l’aider encore à garder le cap et à ne pas la faire cette connerie. C’était probablement pour elle, s’il était encore en vie aujourd’hui. Il était une épave, un pauvre type, probablement l’un des pires pères au monde, mais il y avait quand même une petite partie de lui qui continuait de lutter pour elle. Maintenant, elle dormait à poings fermés, Zoey. Elle ne devrait pas avoir besoin de lui pendant les prochaines heures et lui, il avait besoin de sa dose, avant que le manque ne vienne perturber son esprit déjà pas très net. Il avait tout sorti, tout préparé, prêt à se payer son trip dans un monde meilleur, quand il avait entendu toquer à la porte. Il était décidé à faire le mort, ne pas répondre à la porte, mais il fallait croire que quelques mouvements l'avaient trahi. Il soupira en reconnaissant la voix derrière la porte. Rejoignit finalement le hall de l’appartement pour ouvrir cette fichue porte. « Qu’est-ce que tu veux, Walt ? » Il demanda, sans chercher à se montrer plus courtois que ça. Il n’avait pas envie de parler avec lui, ni avec personne d’autre ce soir. « Si tu cherches à réveiller Zoey, continue comme ça, tu n’en es pas loin. » Encore un petit effort et ce serait bon, Zoey serait réveillée et évidemment, ce serait pas lui qui irait galérer à rendormir la petite.

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feat. @Elwyn Ashworth
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Au fond, c'est peut-être égoïste comme comportement. Sous prétexte d'avoir réussi, il se sentait le droit de sauver son meilleur ami alors que ce dernier lui avait fait comprendre, à bien des égards, qu'il n'en avait ni l'envie ni le besoin. Oui, c'était sûrement égoïste comme comportement, que de venir à l'improviste et frapper une porte à une heure pareille. Peut-être même qu'au fond, certains diraient que Walt s'en fiche d'Elwyn, qu'en agissant comme ça avec lui, il essaie juste de se racheter une bonne conduite. Comme s'il avait abandonné cette vie en lui préférant l'université, comme si, fatalement, c'était à cause de lui que son meilleur ami avait fini par sombrer. Ouais, le sauver pour te sauver toi, parce qu'il est loin d'être dupe Walt. Il sait que s'il était resté, il serait sans doute dans le même état qu'son pote et c'est bien ça qui l'effraie le plus.
Ouais, t'es juste un putain d'égoïste. Parce qu'au fond, jouer au héro reste intéressé. S'il arrive à sauver Elwyn, peut-être qu'il pourra arrêter de s'en vouloir et de culpabiliser. A chaque fois qu'il ouvre un journal, il craint d'y voir son pote figuré dans les faits divers. Il supporte mal de vivre avec l'angoisse permanente d'apprendre l'overdose du mec qui a sûrement eu le plus d'importance pour lui au fil des années. Nés ensemble, grandis ensemble et puis... se séparer, ça avait été douloureux pour tout le monde. Aujourd'hui, Walt, il a besoin d'offrir à ceux qui l'aiment la chance de s'en sortir comme il avait su saisir la sienne. Mais quand Elwyn ouvre la porte, sa tronche laisse apparaître tout l'agacement que la présence d'Irvy provoque. Jusqu'au ton employé quand il lui demande : Qu’est-ce que tu veux, Walt ? il serre les dents, le trader parce qu'il voudrait pas se montrer désobligeant. Si tu cherches à réveiller Zoey, continue comme ça, tu n’en es pas loin. il y avait bien pensé, d'ailleurs, mais il s'en moque. Il ne dit rien, pas tout de suite, il se contente d'observer Elwyn sans broncher. Laisse moi entrer. qu'il dit sans aucune autre certitude qu'il trouvera à l'intérieur tout ce qu'il redoute. Il n'attend pas la réponse de son ami, il le bouscule, force le passage. Pas besoin non plus d'attendre qu'il lui indique le chemin, Walt connait cet endroit par coeur. Il s'avance sans même se déchausser, parcourt les pièces - exception faite de la chambre de la gamine - jusqu'à tomber sur ce qu'il redoutait. Il s'arrête net, se retourne et fait face à Elwyn qui n'a pas manqué de le suivre en protestant. Avec ta gamine qui dort à côté, sérieusement ? qu'il lance en fronçant les sourcils, inquisiteur.

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-- ft / @Walt Irvy
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Il avait baissé les bras, Elwyn. Après la mort de Lily, il n’avait pas réussi à remonter la pente et de toute façon, il avait cette impression, que même s’il luttait, même s’il trouvait enfin le bout du tunnel, il y aurait encore un événement pour le faire sombrer. Parce que la vie était souvent injuste. Surtout avec les types comme lui. Il n’était pas né sous une bonne étoile, Elwyn, alors il avait plus de malchance que de chance. Sauf que s’il s’en sortait et qu’on le repoussait au fond du gouffre, ce serait probablement le coup fatal. Alors mieux valait ne pas s’y risquer. Goûter au bonheur pour se le faire arracher, c’était trop dur pour lui. Autant rester dans sa merde, au moins, il prenait beaucoup moins de risque. De toute façon, il n’était même pas certain de pouvoir être de nouveau heureux. Sans Lily à ses côtés, il avait l’impression que c’était impossible. Il l’avait trop aimée pour imaginer donner son cœur à quelqu’un d’autre. Il se demandait parfois si cette histoire d’âme sœur n’était pas véridique, s’il n’y avait pas qu’une personne sur terre qu’on puisse véritablement aimer. Si c’était le cas, c’était fini pour lui. Son âme sœur était morte.

Alors il continuait son manège de destruction. N’arrivait pas à s’en sortir, n’avait même plus envie d’essayer. Il avait prévu de se défoncer ce soir, comme il le faisait trop souvent. Tout le temps. Il était addict de toute façon, alors incapable de résister au manque. Il avait besoin de ça. Un délire que bien peu de personne pouvait comprendre. Pour trop de gens, ce n’était qu’une question de volonté. Lui, il savait qu’il y avait plus que ça. La volonté, il ne l’avait pas. Pas cette fois. Mais dans le passé, même avec toute la volonté du monde, il en avait chié pour se sevrer. Il n’avait pas envie de s’imposer un tel calvaire à nouveau. La drogue faisait taire la douleur et il souffrait beaucoup trop s’en passer le blond. Malheureusement pour lui, ce soir, on avait décidé de venir l’emmerder. Il n’attendait personne Elwyn. Il n’avait envie de voir personne. En ouvrant la porte, il tomba en face de Walt. « Je suis occupé. » Il répliqua, avec la volonté de le voir partir. Pas envie d’entendre ses belles paroles. S’ils s’étaient compris à une époque, ce n’était plus le cas aujourd’hui. Alors il voulait juste qu’il lui foute la paix. Mais Walt en avait décidé autrement. Il était entré de force dans l’appartement. « Vas-y entre, fait comme chez toi. » Qu’il lâcha avec une ironie qu’il ne cherchait clairement pas à dissimuler. Il leva les yeux au ciel en le voyant fouiller dans son appartement. Tira une clope du paquet dans sa poche pour s’en allumer une. Son corps allait devoir se contenter du tabac pour le moment, mais à la longue, ce ne sera pas suffisant. Il s’avança pour récupérer son précieux matériel, le remettre dans sa boite, serrer cette dernière fermement dans sa main. Pas question de laisser Walt s’en saisir, manquerait plus qu’il le balance au fond des chiottes. Il payait trop cher pour cette merde pour la voir ainsi disparaitre. « Qu’est-ce que ça peut te foutre ? » Il demanda, question rhétorique, dans le fond. Pas certain d’avoir envie d’écouter les beaux discours de Walt. Ouais, fallait qu’il pense à sa fille, qu’il y fasse attention. Oui, il était un mauvais père. Rien de nouveau sous le soleil, le lui répéter en boucle, ça n’allait pas l’aider.

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Il soupire Walt, parce qu'il sait qu'il devrait pas être là, qu'il devrait pas forcer les choses et qu'il devrait sans doute se contenter de laisser les choses se faire. On lui avait conseillé d'abandonner cette guerre inutile. Celle qu'il menait depuis toujours pour sauver les gens qu'il aimait. Mais c'est plus fort que lui, après tout. Il a droit à un morceau de paradis et il culpabilise, tous les jours, quand il voit la misère autour de lui. Il n'a jamais oublié l'endroit crasseux dans l'quel il a vu le jour, ni même les rues délabrées et l'école publique qu'il fréquentait. Un enfant d'la rue comme le disent souvent ceux qu'il côtoie aujourd'hui dans le cadre de sa profession. Personne autour de lui, dans cette nouvelle vie ne sait qu'avant d'être un trader performant et bien sapé, Walt, il était exactement comme son meilleur ami.
Et c'est peut-être pour ça qu'il refuse de lâcher le morceau. Qu'il se pointe ici, toujours et encore, malgré les réticences d'Elwyn à se laisser sauver. Une part d'héroïsme mais surtout beaucoup de culpabilité. J'ai pu m'en sortir, pas toi, je suis désolé, et ça en était presque pathétique, finalement, non ? Je suis occupé. à quoi ? Il rétorque pas l'trader, il entre, un point c'est tout. Comme toujours, intrusif, impulsif. L'animal qui sommeille en lui, jamais loin. L'enfant d'avant, celui qui marchait à l'instinct. Vas-y entre, fait comme chez toi. évidemment que j'fais comme chez moi, il voudrait dire mais se tait, il sait exactement ce qu'il cherche et il sait exactement ce qu'il espère... ne jamais le trouver. Et pourtant, il tombe dessus, sans grande surprise. Son myocarde marque un arrêt, Elwyn s'en approche, remballe le tout dans une boîte qu'il tient fermement. La clope au bec, l'air fatigué, las... triste spectacle qui déchire un peu plus Walt. Qu’est-ce que ça peut te foutre ? qu'il lui dit, plus agacé encore qu'un instant plus tôt. Il recule d'un pas Walt. Il sait qu'il y a la gamine à côté, il ne va donc pas hausser le ton. Il sait aussi que d'toute manière, les sermons ne servent plus à rien. Elwyn ne l'écoute plus depuis longtemps. Une part d'égoïsme mais sans doute beaucoup de rancoeur : tu m'as abandonné, tu m'as laissé dans la merde et il n'a pas tout à fait tort. Tu fais chier El'. qu'il dit, sans trop savoir quoi ajouter de plus. Machinalement et par mimétisme, il sort aussi une clope de son fut et la glisse entre ses lèvres. Peut-être par éducation ou politesse, il se dirige vers la fenêtre et l'ouvre en grand. Il ne dit rien.
Plongé dans le silence.
Dans les absences.
Il s'rend bien compte que ce merdier, qu'il le veuille ou non, il en est un peu responsable. S'il était pas parti étudier, s'il était resté là, peut-être qu'ils seraient dans la merde ensemble mais qu'Elwyn n'aurait pas plongé à ce point. Il tire sur la clope, crache la fumée sans rien dire. Il regarde l'horizon, il soupire... Au bout d'un instant qui semble éternité, il tourne la tête vers son pote : J'suis fatigué El', tu sais. et lui sûrement plus après tout. Qu'est-ce que j'dois faire pour te sortir de tout ça ? Dis-moi, j'le ferai... n'importe quoi. et c'est pas des paroles en l'air, non. C'est une supplication, la dernière.

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-- ft / @Walt Irvy
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Il avait trouvé le moyen de s’en sortir, Elwyn. A une époque, il avait réussi. Parce qu’il avait rencontré la bonne personne, celle qui lui avait donné la force de se battre. Lily, l’avait sauvé. Il avait été heureux avec elle et même si ses démons avaient toujours été présents, qu’il avait connu des jours avec et des jours sans, globalement, il avait été heureux à ses côtés. Naïvement, il avait cru que rien ne pourrait entraver son bonheur, que la roue avait enfin tourné et que maintenant, la vie était prête à lui laisser une chance. Mais il fallait croire qu’il faisait partie de ceux n’ayant pas ce genre d'opportunités, le blond. Rapidement, le malheur était venu le frapper de nouveau. Lily était morte et lui, il n’avait plus la force de se relever. Ça lui faisait trop de mal au quotidien. Il aurait aimé être assez fort pour sa fille Elwyn, mais ce n’était pas le cas. Il n’avait jamais été un gars particulièrement fort, de toute façon. Il avait compris bien assez tôt que ça ne servait à rien de lutter. Alors au bout d’un moment, il avait juste laissé tomber. Aujourd’hui, il avait l’impression que quoi qu’il fasse, la vie se serait jamais plus tendre avec lui, alors il n’avait pas envie d’essayer de s’en sortir.

Il voulait juste qu’on lui foute la paix. Qu’on le laisse se détruire, puisque c’était son choix. Walt débarquait bien trop tard, après l’avoir laissé tomber pendant des années. Si c’était la rédemption qu’il cherchait en se pointant maintenant, ce n’était pas la peine. Il n’obtiendrait pas ce genre de choses avec lui. Il était entré, sans vraiment demander, tout ça pour le juger, lui faire des reproches. Il s’en serait bien passé, Elwyn. Il avait bien vite récupéré son matériel, peu désireux que Walt décide de tout jeter en pensant que ça allait soudainement l’aider. Ça ne marchait pas comme ça. C’était clairement pas aussi facile. Il leva les yeux au ciel. C’était lui qui faisait chier, apparemment, alors qu’il n’avait rien demandé à personne. Ce n’était pas lui qui avait demandé à Walt de venir. Au contraire, il se serait bien passé de cette visite, le blond. « Hm, est-ce que je suis censé te plaindre ? » Il lâcha, non sans une pointe d’ironie dans la voix. Il était définitivement au mauvais endroit pour ça, Walt. Il avait déjà assez à faire avec sa propre vie, pour ne pas s’appitoyer sur celles des autres. Et puis dans le fond, il avait bien compris le message. Ce n’était pas Walt qui se plaignait de sa vie. Ce qui le fatiguait, c’était Elwyn. Pourtant, encore une fois, il n’avait rien demandé. Y avait bien que lui qui avait décidé de jouer aux héros. « Ramener ma femme à la vie. » Il répondit simplement, dans un haussement d’épaules. Il savait que c’était impossible. Lily était morte, elle ne reviendrait pas. Mais ça soulignait une autre évidence : c’était impossible de le sortir de là. C’était inutile d’essayer de sauver à tout prix quelqu’un qui ne voulait pas être sauvé. Les grands élans de bonté, de générosité, à la longue, ils étaient peut-être un peu égoïstes. Il aurait aimé qu’on l’aide à une époque, Elwyn, mais maintenant, il était juste résigné. Pas envie de s’en sortir, pas envie d’être confronté en continue à un monde dans lequel Lily n’existait plus. Alors il voulait juste qu’on le laisse fuir ce monde, même si ça le bousillait et que ça le tuait à petit feu.

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feat. @Elwyn Ashworth
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Pas la peine d'exprimer clairement ce qu'il ressent en retrouvant Walt dans son appartement, le regard qu'Elwyn lui lance est suffisamment éloquent pour que le trader comprenne tout ce qu'il sous-entendu. Pas à ta place Walt, tout du moins, plus à sa place vraiment. Ils avaient été amis pourtant, fut un temps. Meilleurs amis même, ils avaient connu les mêmes galères. La seule chose qui les avait différencié était sans doute le caractère plus têtu et déterminé qu'avait eu Walt pour s'en sortir. S'empêcher de sombrer, comme les autres. Parce que des overdoses, il en avait connues des tonnes dans son entourage. C'était comme ça, quand on grandissait pas dans les beaux quartiers, quand on gagnait juste de quoi se nourrir et qu'on cumulait les emmerdes. Il avait connu tout ça Walt, il y avait baigné si longtemps. Il aurait pu s'laisser aller à cette facilité là, lui aussi. Baisser les bras, abandonner... mais sa mère, bon Dieu. Pour elle, il avait gravi des montagnes impraticables, dans le seul but de la rendre fière, de la mettre en sécurité. Et Elwyn maintenant.
C'était peut-être égoïste de sa part, au fond. Vouloir que ses proches s'en sortent alors qu'ils n'ont jamais rien demandé. Il avait manqué à tous ses devoirs, toutes ces années. Un vrai ami n'serait pas parti comme ça, un vrai ami n'se serait pas concentré uniquement sur lui et sa réussite sans voir les signes précurseurs. Le décès de Lily avait été l'élément déclencheur, il ne l'ignorait pas mais Walt s'en voulait de n'avoir pas su faire acte de présence à cette époque pour secourir son pote, l'aider à surmonter le deuil du mieux qu'il aurait pu. Hm, est-ce que je suis censé te plaindre ? les sarcasmes dont il fait preuve sont cinglants, douloureux même. Walt l'observe, à bout de nerfs. Il pourrait tout aussi bien retourner l'appartement, lui décrocher un coup d'pied au cul monumental qu'Elwyn ne remuerait pas le petit doigt. Il a abandonné, voilà tout, et ce simple fait est un énorme glaive qu'on enfonce dans la poitrine du trader. Voir les gens qu'on aime sombrer, c'est toujours difficile à supporter. Ramener ma femme à la vie. la réponse est simple, froide. Walt frémit, tremble. Que peut-il répondre à ça, après tout. Il glisse les deux mains dans ses poches, mal à l'aise. La détresse, il la reconnait aisément dans les yeux de son pote. Mais Lily ne reviendra pas, plus jamais. Elle ne reviendra pas. qu'il dit, simplement. Il n'existe pas de mots, pas de termes ni même de gestes qui pourrait alléger cette simple constatation aussi douloureuse que cruelle. Pourtant, elle existe encore. il y va doucement, ne le brusque pas. Il raisonne du mieux qu'il peut, il réfléchit aussi bien qu'il y arrive. Dans les yeux de ta fille, et tu le sais. T'as le droit d'abandonner toutes les batailles du monde que tu veux Elwyn, mais pas ta fille. faire appel à son esprit logique, son esprit de père. Il voudrait pouvoir le raisonner, le réveiller. Il sourit à peine. Pas ta fille. qu'il répète en s'avançant vers lui, doucement.

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-- ft / @Walt Irvy
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Sans Lily à ses côtés, le quotidien était devenu trop dur. Il n’y arrivait pas, Elwyn. Il était vite retombé dans ses mauvais travers. Poison qu’il s’injectait directement dans les veines et qui lui donnait l’impression de souffrir un peu moins. Il avait tellement mal, que tout ce qui semblait apaiser un peu ses peines était nécessaire, à ses yeux. Addiction qui était revenue en force et dont il n’avait pas le courage d’essayer de se défaire. Même pas la volonté, dans le fond. Pourquoi est-ce qu’il voudrait laisser de côté la seule chose qui lui faisait un peu de bien ? La drogue détruisait tout sur son passage, dans le fond, il le savait très bien, Elwyn. L’avait vu chez sa mère, chez les types qu’elle fréquentait. Pourtant il reproduisait le même schéma. Le besoin de fuir et de faire taire les peines était trop puissant pour qu’il puisse résister. Et son corps n’avait de cesse de lui faire comprendre qu’il avait besoin de ça. Il savait que c’était mauvais, mais ce genre de réflexion ne fonctionnait plus. Il n’était plus en état de vraiment réfléchir, Elwyn. Et de toute façon, il était bien trop épuisé pour lutter. Il avait baissé les bras probablement trop vite après la mort de Lily, mais survivre sans elle semblait impossible.

Il n’avait pas envie d’avoir une conversation avec Walt sur ses problèmes. Pas envie de se retrouver en face de lui dans le fond. Il lui en voulait d’être parti. Pourrait pourtant être heureux pour lui, parce qu’il avait réussi à s’en sortir. Pourtant c’était probablement la jalousie qui l’emportait. Il ne voulait pas être le témoin de cette vie meilleure qu’il avait réussi à se construire, alors que lui, il avait tout perdu en un rien de temps. Retour à la case départ, comme s’il n’était pas voué à s’en sortir. Il avait été heureux avec Lily, il avait cru en une vie meilleure. Mais on lui avait arraché ce bonheur, pour juste le renvoyer de là où il venait. Il voulait juste qu’on laisse tranquille maintenant, qu’on le laisse se défoncer et qu’on l’oublie. Walt l’avait déjà fait une fois, il pouvait très bien recommencer. Il ne pouvait rien pour lui de toute façon. Tout ce qu’il voulait, c’était retrouver sa femme. Ils le savaient tous les deux, c’était impossible. « Je le sais bien. » C’était bien le cœur du problème. Lily ne reviendrait pas et lui, il ne savait pas quoi faire sans elle. Il ne voulait plus rien faire, sans elle. Elle avait été son monde et son monde s’était effondré. Il y avait sa fille, il le savait, Elwyn. Il l’aimait et être incapable de s’en sortir pour elle, ça le faisait culpabiliser et la culpabilité était une peine de plus qu’il essayait d’effacer. « Elle mérite mieux et j’peux pas lui donner mieux. » Pas un meilleur père, pas même une meilleure vie, dans le fond. Même sans la drogue, il serait toujours un père célibataire, barman payé au lance-pierre, pas fichu de payer le dernier truc à la mode pour sa fille et encore moins l’université. Elle était coincée avec un père qui ne pourrait jamais lui offrir ce qu’elle méritait. « Elle serait probablement mieux sans moi. » Il se disait souvent qu’il fallait qu’il nomme officiellement un parrain, une marraine, quelqu’un qui pourrait s’occuper d’elle, s’il devait lui arriver quelque chose. Peut-être que Walt ferait un bon candidat. Il pensait à sa sœur aussi. Leola, par moment. N’avait de cesse de se dire que d’autres s’en sortiraient mieux que lui et que Zoey, elle serait forcément plus heureuse avec quelqu’un d’autre. Avoir un raté comme parent, ça ne promettait pas beaucoup de bonheur, ni même un bel avenir. Il en était la preuve dans le fond, Elwyn. Zoey méritait de finir mieux que sa grand-mère et que son père.