I could never forget you (ft. Lena)

« Lena,

Cette lettre vient après plusieurs semaines d'absence et un silence radio qui t'a certainement amenée à te poser multiples questions. J'en suis vraiment désolée, et je t'expliquerai tout dans les lignes qui suivront. Comme tu t'en doutes, ma relation avec Thomas n'a jamais été aussi rose que je le prétendais. Tu m'as souvent vu pleurer à chaudes larmes et tenter de te convaincre qu'il m'aimait réellement. Or, force est de constater que tu avais raison. Il ne m'aimait pas. Je n'étais que monnaie marchande pour cet homme qui ne cherchait qu'à s'enrichir sur ma misère. Je n'en pouvais tout simplement plus. J'ai fini par prendre mes choses et quitter, sans rien dire à personne. Ma relation avec mon père s'était grandement ternie et quitter était devenue pour moi la seule chose à faire pour garder ma tête hors de l'eau. Tu comprendras que je ne te dirai pas où je suis présentement : j'ai peur qu'il me retrouve. Ces quatre années ont été horribles et depuis ces dernières semaines, je me retrouve enfin. Je réapprends à respirer, à vivre et à apprécier la vie. J'ignore si je reviendrai à la NOLA éventuellement. Pour l'instant, je compte refaire ma vie lentement et sûrement et voir où ce nouveau chemin me mènera. Je te réécrirai lorsque je me sentirai plus en sécurité et peut-être un jour pourrons-nous nous revoir à nouveau.

Ma meilleure amie, je te garde près de moi dans mes pensées. Je t'embrasse fort et j'espère que tu comprendras ma décision égoïste mais nécessaire.

Je t'aime,
Elea »

C'était la lettre qu'Eleanor avait soumise à sa meilleure amie quelques semaines après son arrivée impromptue au Texas. Ce grand changement n'avait pas été minutieusement médité, mais il avait été accueilli comme un immense et profond soulagement. La blonde avait tout laissé derrière elle sans hésitation, croyant dur comme fer que cette vie odieuse qu'était la sienne ne lui réservait que la déchéance et une trainée de regrets les plus amers les uns que les autres. Or, après deux ans d'exil, la belle s'était réconciliée avec son père. Il la voulait dans sa vie et elle voulait retrouver sa NOLA native. Certes, son passé rôdait toujours dans cette ville, mais Eleanor souhaitait reprendre le contrôle de ses peurs. Surtout, elle voulait se prouver qu'elle était plus forte, que jamais plus il ne pourrait l'assujettir à ces supplices. Ainsi, elle était rentrée. Maintenant diplômée comme intervenante en comportement animal, la jeune femme était prête à se reconstruire là où elle était née. Elle partait sur de nouvelles bases et guidée par une force inespérée. Sans grande surprise, elle avait repris contact avec sa meilleure amie. Elle ne l'avait pas oubliée : elle ne l'aurait jamais oubliée. Enthousiaste à l'idée d'ériger de nouvelles fondations à leur amitié renouvelée, Eleanor lui avait suggéré de se réserver une soirée au restaurant, histoire de prendre le temps de reconnecter. Et c'était là que les deux femmes, habillées avec raffinement et souriantes, se retrouveraient pour la première fois en deux longues années.  

Assise par terre dans sa chambre, Lena tient une lettre à la main. Les yeux dans le vague, elle se rappelle la douleur et la tritesse de la perte de son amie, mais aussi la joie qu'elle avait ressenti pour elle. Eleanor allait lui manquer, lui manquer terriblement, mais Lena comprenait ce qu'elle avait fait... puisqu'elle même l'avait fait des années plus tôt. Lena aussi avait tout quitté sans un regard en arrière, mais être celle qu'on abandonne c'est toujours dur. Surtout qu'elle avait eu l'impression de perdre son seul roc. Eleanor avait été un pilier si important quand elle était sortie de la rue. Pourtant elle n'avait pas le droit de faire le moindre reproche à Eleanor et elle s'était jurée de ne jamais en faire.

Un coup frappé à sa porte la rappelle au présent. Un de ses colocs passe une tête dans sa chambre et lui demande ce qu'elle a. « J'ai r'çu un texto, d'Elea. » Il fronce les sourcils. « Ta meilleure pote qui t'a abandonnée sans prévenir ? » « Hey, j't'interdis de dire du mal d'elle. » Les sourcils froncés, Lena n'a plus le moindre doute. Sa meilleure amie lui a manqué et elle allait courir la retrouver. Elle n'attendrait pas une seconde de plus. « Ah j'vois, y'a qu'toi qui peut dire de mal d' » « MERCI, j'y vais ! » le coupe-t-elle toutes à ses pensées.

Lena prend son téléphone et sort en trombe de sa chambre. Elle attrape ses chaussures et elle fonce vers le centre ville. Elea est de retour et elles vont avoir beaucoup à partager, elles vont devoir se soutenir encore. Lena va pouvoir lui apprendre ses joies actuelles, son coeur qui menace d'exploser de bonheur, ses doutes aussi, sur la façon de parler à Aoden. Elle se mord la lèvre, elles vont d'abord parler d'Elea avant que Lena ne monopolise la conversation. Elle s'arrête dans une boutique de bric à brac, c'était un délire qu'elles avaient avant, s'offrir des cadeaux pourris l'un à l'autre, c'était à l'époque où elles n'avaient que peu d'argent, mais l'envie de se faire des cadeaux. Lena choisit une chouette violette qui sert de repose-lunette. C'est parfait, Elea n'a pas de lunettes. Un large sourire sur ses lèvres, elle se rend devant le restaurant. Elle est en avance, mais elle était incapable d'attendre plus longtemps pour retrouver sa meilleure amie.