il faudrait tout oublier (hayden)

[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
Toute ma vie, on m’a répété que le grand amour n’arrivait qu’une seule fois. Et qu’il fallait se déclarer et épouser la personne au plus vite, qu’il fallait fonder une famille et avoir foi en Jésus. On m’a dit qu’il fallait toujours choisir d’aimer notre seul et unique amour, parce que même si ça peut devenir dur, l’amour est unique.

Sauf qu’on ne m’a jamais expliqué quoi faire dans un cas très précis. Celui où je me trouve actuellement… que faire lorsque l’amour étincelant qui brûle mon cœur n’est pas partagé ? Que faire si l’homme que j’aime ne m’aime pas en retour parce qu’il a déjà quelqu’un dans sa vie ? Qui suis-je pour briser cet amour ?

Bon, en réalité, on m’a aussi dit qu’il ne fallait avoir des « unions » - j’aime bien le terme, comme si c’était moins répréhensible que le mot « acte sexuel » - que lorsqu’on se marie, et donc toujours toute sa vie avec la seule et même personne. Or ce péché-là, je l’ai transgressé de nombreuses fois. Bien sûr, j’ai vite compris comment séparer l’amour et le plaisir, mais tout de même.

Mon cœur brûle et se consume. Je me sens si seule. Pour l’instant, je n’en ai parlé à personne, surtout pas à Eddy que j’ai repoussé pour cette même raison. Comment lui expliquer que j’avais peur de me mettre officiellement en couple avec lui afin de protéger mon cœur ? Ce même cœur que je donne sans hésiter à Hayden pour qu’il le piétine ? Non, c’est pire que piétiner, parce qu’il me donne de l’espoir. Hayden est vraiment quelqu’un d’extraordinaire, de beau, de doux, d’exceptionnel. J’aime son rire, sa musique, sa voix. J’aime quand il me parle tout bas puis qu’il explose de rire. J’aime quand son bras frôle le miens quand on est allongés dans son canapé pour regarder un film. J’aime tout de lui et je crois, qu’au fond, il m’aime un peu. Alors pourquoi doit-il choisir Jordan ? Jordan et leur enfant.

Mon cœur saigne et je suffoque. Pourtant, une lueur d’espoir me fait vibrer tout entière, il m’appelle moi. Il continue de vouloir passer du temps avec moi, à me voir. Je frissonne, je jubile. Sauf qu’il veut me voir ici, j’aurai préféré un endroit plus intime qu’entourée de la bande de pote braillards, mais au moins on n’est pas à l’extérieur.

Je me dépêche de me maquiller et d’enfiler un gilet, puis je sors l’attendre devant la maison. Je me dis que je préfère éviter qu’un des gars ouvre la porte à la place, en réalité, je suis trop impatiente et sûrement un peu idiote.

« Helloo » soufflai-je avec mon plus beau sourire séducteur quand je le vois arriver.

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Il faudrait tout oublier

Aujourd'hui était le jour de la délivrance : je sortais enfin de ma prison blanche et aseptisée de l'hôpital dans lequel j'avais passé de très longs mois. Vêtu d'une chemise blanche et d'un jean noir, c'était un peu comme si je m'étais apprêté pour fêter cette victoire sur mon psychisme torturé pendant tout ce temps. Je ne dis pas que les choses étaient résolues pour autant, mais mon chemin sur la voie de la guérison avait déjà été bien parcouru. Pour parfaire le tout, ma meilleure amie Lena et moi avions échangés quelques messages pour organiser une rencontre qui aurait lieu chez elle. Mes visites étant limitées au cercle familial, je n'avais pas pu la revoir depuis tout ce temps. Les textos étant heureusement possibles, elle avait été tenue au courant de ce qu'il s'était passé, de ma tentative de suicide et de ses suites sans que je ne rentre trop dans les détails. Inutile de l'inquiéter outre mesure.

Sortant de l'hôpital, un taxi m'attendait. Je lui indiquais l'adresse de Lena et m'installais confortablement à l'arrière, attendant quelques secondes que la voiture ne démarre. Le paysage défilait sous mes yeux, m'offrant un goût de retour à la liberté que je n'espérais plus. Mon corps avait retrouvé sa musculature d'autrefois, embelli dans cette chemise qui laissait entrevoir le dessin de mes muscles. Apparemment, tout était revenu à la normale. Il n'y avait que ces cicatrices qui parcouraient mes poignets qui, elles, ne disparaitraient jamais, témoin du temps où l'envie de vivre était encore absente voir inimaginable.

Une fois arrivé au Warehouse District, le taxi parcourut les derniers mètres qui me séparaient de chez elle. J'avais bien spécifié à Jordan que j'avais une course à faire avant de rentrer, sachant pertinemment que la vérité serait dure à avaler si je lui disais que je me rendais chez ma meilleure amie. Elles ne s'étaient, je crois, jamais rencontrées d'ailleurs, et connaissant le caractère de ma fiancée ça n'était pas un mal. Si je savais qu'il n'y avait aucun risque de rapprochement entre Lena et moi, Jordan avait toujours beaucoup de mal à croire ces arguments.

Une fois arrivé, je sortis de la voiture, mes jambes ayant retrouvées leur vigueur grâce à la rééducation soutenue et exigeante à laquelle j'avais été confrontée pour retrouver leur mobilité et leur force pour pouvoir me soutenir. Chaise roulante et béquilles n'étaient plus qu'un lointain souvenir, à mon plus grand plaisir. Je payais ma course au chauffeur du taxi et m'avançais sur le perron de la porte de la colocation où vivait Lena. Frappant à la porte, c'est une jeune fille resplendissante et très élégante qui m'accueilli de son magnifique sourire aux dents blanches. La prenant dans mes bras pour la saluer, je partageais avec elle ma joie de la revoir.

« Salut ma belle. » Lui dis-je avec chaleur.

Me détachant de notre étreinte, je la regardais de bas en haut.

« Dis-donc, tu attends le président ou quoi ? Tu es superbe ! » La taquinais-je.

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
Il arrive, il est là. Il est beau et je ne vois rien d’autre que lui. Le soleil même semble briller un peu plus comme un projecteur sur une salle de spectacle. Je me retiens de courir dans ses bras, vu le temps qu’il vient de passer à l’hôpital et sa longue rééducation, je me doute qu’il vaut mieux éviter d’en faire trop. Faux. Je n’ai pas envie de passer pour sa groupie de service. Surtout que je suis sûre qu’un de mes colocs m’observe par la fenêtre.

Soudain il est là, contre mon cœur. Je sens son parfum et je ferme les yeux de bonheur. Je ne voudrai jamais quitter ses bras, je veux être toujours là contre lui. Bien trop vite, il nous sépare, j’ai envie d’attraper sa main, de tenir son bras, ou ses hanches, mais je me retiens. J’ai l’impression d’avoir froid après cet instant de pure chaleur.

« Non du tout, je devais voir juste un mec incroyable canon, alors j’essaie d’être à la hauteur. Tu le connais peut être, c’est mon meilleur ami. »

Sourire taquin, même si pour peu, j’aurai rougi. Il me trouve belle, mon objectif premier est gagné.

« Tu viens ? » J’ouvre la porte pour le faire entrer chez nous. « Je pensais prendre des trucs à grignoter dans ma chambre plutôt que de rester à la vue de toutes ces commères dans le salon. » Je rigole doucement, il connait mes potes et colocs, évidemment. Et puis ce n’est pas pareil.

J’attrape un pichet de sirop et des paquets de gâteaux, avant de monter dans ma chambre.

« Eddy m’a montré des jeux vidéos, tu veux jouer un peu ? » dis-je en montrant la télé d’un geste de la tête. Je suis encore novice et archi-nulle, mais bon, c’est marrant.

Même si j’ai juste envie de m’allonger et de me blottir contre lui. De savoir comment il va et comment il le vit. On a parlé par texte pendant ces dernières semaines, mais je ne l’ai pas vu depuis si longtemps et les textos, n’apportent pas la même chaleur. En règle générale même, je préfère éviter les messages sur téléphone, je ne saisis pas toutes les nuances et les détails. Certains smileys me paraissent complètement hors du contexte quand je les regarde alors que tout le monde les utilise. Et puis, j’ai appris à reconnaître les hochements de têtes silencieux, les mimiques des mains, les expressions du visage, tout ça a beaucoup de poids dans une conversation.

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Il faudrait tout oublier

Complimentant la jeune femme sur son apparence soignée et impeccable, je lui fis remarquer qu'elle était très en beauté aujourd'hui. Lançant une plaisanterie sur le fait de savoir si elle attendait le président, celle-ci me répondit simplement qu'elle attendait un mec canon qui n'était autre que son meilleur ami. Riant de bon cœur, je lui répondis :

« Je pensais que c'était moi donc je suis déçu mais non, je n'aimerais pas le rencontrer : je serais trop jaloux. » Lui dis-je, sachant parfaitement qu'elle parlait de moi.

« En tout cas, si j'étais dans sa tête, je penserais que tu es plus qu'à la hauteur. » La complimentais-je à nouveau.

Était-ce un jeu dangereux auquel je jouais là ? Après tout je le faisais dans l'innocence la plus totale, ne connaissant rien des sentiments de Lena pour moi. Tout était de ma faute, malgré les signes j'avais si peu confiance en moi que j'étais installé dans un déni des plus complets. Il y avait peut-être aussi le fait que, connaissant ma situation avec Jordan et le bébé à venir, je savais parfaitement que Lena ne tenterait rien. Enfin... je crois. Pourtant il était clair que si je n'avais pas connu Jordan, il était plus qu'évident que j'aurais tenté ma chance auprès de ma meilleure amie. Je refusais néanmoins d'y penser, préférant ne pas installer le doute dans mon esprit d'ordinaire suffisamment torturé.

Lena m'invita alors à entrer à l'intérieur de la maison où elle vivait en colocation, et de prendre de quoi grignoter plutôt que de rester à la vue de tous. Un sourire se dessina sur mon visage, constatant en effet que ses amis, une fois entrés, nous regardaient avec curiosité et un soupçon de critique sournoise envers nous. Il est vrai que tout être normalement constitué imaginerait aisément des choses entre elle et moi enfermé dans la pièce confortable qu'était sa chambre.

« Je te suis. » Lui dis-je, la précédent dans sa route vers son espace à elle après avoir salué ses colocataires.

Lena me proposa alors de jouer à quelques jeux vidéos auxquels elle n'était encore qu'une débutante et pliait sous la difficulté, malgré que ça soit sympathique de se prêter à l'exercice.

« Avec grand plaisir ! Mais tu vas vraiment voir ce que c'est que d'être mauvais en jeux vidéos. J'ai toujours été une quiche, sauf au Mario Kart. Là, il ne vaut mieux pas que tu m'affrontes, je suis tellement mauvais perdant que je pourrais te mordre si tu me fais descendre de mon piédestal. » Riais-je de bon cœur.

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
Il me complimente, encore. Je devrais être habituée, je sais que c'est sa façon d'être et que ça ne veut rien dire de plus, mais mon coeur continue d'espérer. Il est l'un de ceux qui me connaissent le mieux, avec Eddy sûrement. Eddy a tout de suite compris le soucis, il est bon et doux. Pourtant, Hayden me retourne le cerveau. J'imagine trop de chose et ça me fait mal. Je sais qu'il n'y a rien de plus, mais je me dis sans cesse et si j'étais plus comme ça ou plus comme ci, est-ce qu'il ne m'aimerait pas mieux ? Il faut cesser de cogiter. C'est plus sûr.

Les sourires des colocs en passant me font lever les yeux au ciel et je leur tire la langue. Ils savent pertinemment. Il est trop dur d'avoir des secrets ici, puis c'est si simple de tout raconter, ici je suis chez moi comme dans une vraie famille. Anaë me fait un signe de tête complice, pour me dire que je devrais tout lui raconter, je tire juste la langue plus fort.

Je ris de bon coeur, sans me forcer, c'est si simple avec lui, si doux. C'est naturel. « Oh, tu peux difficilement être pire que moi. » je soupire en levant les yeux au ciel. Combien de fois Eddy a continué à me garder dans sa team en s'arrachant les cheveux parce que je le faisais systématiquement perdre ? « Mais va pour du mario kart, et je me ferai un plaisir de te laisser gagner. » Je fais une courbette en riant encore. Comme si j'avais la moindre chance de gagner face à lui. Même si je me donnais à fond et même si je faisais de mon mieux.

J'allume la télé, lui sert un verre de sirop, le dépose à côté de lui en lui donnant une manette. « Je te laisse choisir le mode. » lui dis-je en prenant la manette numéro deux. Même la route arc-en-ciel s'il veut. Je pourrais faire n'importe quoi pour lui et ses yeux doux. N'importe quoi pour qu'il me regarde avec passion, pour qu'il sente l'électricité qui jaillit de mes bras quand il est contre moi. N'importe quoi pour que son coeur batte aussi vite que le miens, pour que son souffle se fasse plus court comme quand je l'aperçois. Sauf que je ne fais rien. Parce qu'il y a déjà Jordan, parce que ça ne se fait pas, parce qu'il n'est clairement pas intéressé.

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Il faudrait tout oublier

Nous nous installâmes confortablement dans sa chambre et Lena me passa une des manettes tout en admettant qu'elle était une piètre joueuse. Je n'en croyais rien, ou plutôt je demandais à voir car niveau médiocrité j'étais aussi un excellent partisan de la sous-discipline. Elle acquiesça à ma proposition de se faire un Mario Kart, seul jeu où je "détruisais tout" au sens figuré heureusement.

« Tu ne perds rien pour attendre. » Ricanais-je comme petit diable sorti de sa boîte.

Je la remerciai pour le verre de sirop, et lui répondis avec galanterie :

« Non je t'en prie, choisis toi. Honneur aux dames. »

Le jeu commença alors, et la partie devint très vite serrée. Me prenant une carapace en plein virage, je lançais à Lena :

« Et après tu me dis que tu es nulle ? Attends, je n'ai pas dis mon dernier mot ! » Lui dis-je en sélectionnant l'item du poulpe qui crachait de l'encre noire afin de cacher la vue de la route au joueur qui se le prend.

Satisfait de ma fourberie, nous franchîmes la ligne d'arrivée de façon presque simultanée, alors qu'elle passait légèrement devant moi. L'avais-je fait exprès de la laisser gagner ? Personne ne le saura jamais. Un indice : un petit peu...

« Tu vois, tu m'as battue. On devrait se lancer des gages à chaque fois qu'on perd ! Vas-y, je te laisse choisir le mien. » Lui dis-je, curieux comme un gosse.

J'essayer de préparer les miens dans un coin de ma tête mais aucune idée ne me venait à l'instant. J'allais donc sérieusement y penser car il était hors de question qu'elle ne gagne les prochaines parties !

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
Il rigole et je ris de concert. Il me laisse faire le choix, sûrement sous prétexte de galanterie vu la tournure de la phrase, et je relève un sourcil avant de me décider pour une course que je maîtrise un peu. Puis il joue. A fond. Personnellement, je ne connais personne qui ne soit pas totalement conquis par Mario Kart - ou alors ce sont des gens qui n'aiment pas. Mais personne n'est juste tiède. Et nous voilà en pleine compétition. Je me lâche sur lui avec des carapaces dès que je peux, je lui suis de près. J'adore cette sensation. Mais je m'en fiche de perdre par contre, ce n'est vraiment pas tant important pour moi, mais je veux jouer sur la limite, le fait suer un peu.

Je souris, on est à égalité, c'est génial ce sentiment de voler, d'être en plein rêve. Et puis il ralentis. Je passe devant. Je lâche un cri de victoire « yihaaa », mais je sais ce qu'il a fait. Et je lui en veux presque. Je vais culpabiliser s'il boude. Bon si c'est grâce à lui, il ne va pas bouder.

« Ohhh yes un gage j'adore ! Mmh » je fais mine de réfléchir, mais en réalité j'ai le gage parfait, celui que je ne pourrais jamais proposer naturellement. Sinon il saurait vraiment de quoi il en retourne. Mais avouez, un vêtement enlevé à chaque perte... ça donne envie de se battre non ? « Et si tu devais m'appeler Queen Lena, à chaque fois que tu t'adresses à moi cette aprèm ? » Bon, on commence soft, mais je vais gagner encore non ?

Je relance une deuxième partie. Je démarre en trombe en poussant un petit cri de joie - ce jeu me met vraiment dans tous mes états - « c'la première fois que j'y arrive ! » lâchai-je sans quitter l'écran des yeux. Sauf qu'il prend vite de l'avance et quand il passe en première position... je lui envoie un carapace bleue, vous savez, celle qui vole et qui touche forcément le premier. Le reste de la course je reste discrète, derrière lui. De toute manière, j'ai beau aller à fond, son bolide roule plus vite que le mien. Et cette fois-ci, il arrive avant moi. « C'est d'la triche ! Ton véhicule va plus vite, c'est sûûr. » expliquai-je de mauvaise foi. « Mais ok, la Queen Lena accepte son gage. » dis-je en me redressant et souriant comme une gamine.

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Il faudrait tout oublier

« Queen Lena ? Vraiment ? » Eclatais-je de dire avant de rouler des yeux. « Un brin mégalo' la nana... » Lançais-je avec un rictus en coin que ma fossette venait accentuer.

M'asseyant un plus confortablement sur son lit, je lançais :

« Bon, si son altesse Queen Lena a bien l'obligeance de lancer la prochaine partie. Je ne vais plus me laisser faire, tu vas voir ! » Dis-je en me mordillant la langue d'un air de défi.

Et la partie recommença. Au départ, "Queen Lena" s'exclama que c'était la première fois qu'elle menait la danse.

« Ne crie pas victoire trop vite, petite princesse. » Lui dis-je en me contractant sur ma manette, le buste penché en avant tant je me prêtais au jeu.

Rapidement, je pris la tête de la course, et malgré le sale coup qu'elle me fit de lancer sa carapace bleue j'arrivais à remporter cette victoire. Les bras au ciel, je m'écriais avec fierté un « YEEEEES ! ».

Riant à nouveau, je déposais un baiser sur sa joue, lâchant tel un parent qui essaie de chambrer son enfant à la moue boudeuse :

« Mais oui c'est de la faute à ta voiture... »

Tout sourire, Lena (et dorénavant "juste" Lena) se redressa et demanda son gage. Je menai mon index à mon menton et réfléchis les yeux levés au plafond quel pourrait être le prix à payer pour la demoiselle.

« Bien. Tu vas devoir faire tout ce que je t'ordonne en claquant hautainement des doigts. Sirop. » Décrétais-je en claquant des doigts, relevant le menton comme un seigneur fier et imbu de sa personne.

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
Et il avait gagné, évidemment. « Moi mégalo ? Et on parle de toi ? » son défi était encore pire sérieux, ce mec était le pire. J'explose de rire en le voyant agir comme un roi. « Mmh, très cher, je reste Queen Lena pour TOUTE l'après-midi par contre hein, que ce soit bien clair. » Sourire taquin, sourire coquin. Je suis complètement à fond, j'ai presque la sensation d'ivresse, sans n'avoir rien bu. C'est sa présence, la joie et l'excitation qu'il m'apporte. Je suis bien, je suis plus que bien. Bon sang, qu'est-ce qu'il m'avait manqué. J'ai envie de lui faire promettre de ne plus jamais me faire ça, de le serrer contre moi et de lui dire qu'il m'a fait vraiment peur, que j'ai cru mourir à mon tour, mais le moment est mal choisi, plus tard peut être. Jamais sûrement.

Et le voilà qu'il claque des doigts. J'hausse un sourcil et me penche pour lui prendre son verre. Bah quoi, je ne vais pas me lever tout de même ! Je me penche sur lui, mes seins passant à proximité de ses yeux, très proches, trop proche. Mon décolleté est un peu plongeant en plus. Et je me redresse comme si de rien n'était, comme si ce n'était absolument pas volontaire et absolument pas gênant.

Je lui tends son verre plein de sirop avec un immense sourire. Sauf que je le lâche. J'ai cru qu'il tenait le verre, qu'il avait tendu la main ou quoi. splaaatch de l'eau, du sirop partout sur ses fringues. Je ne peux retenir un rire nerveux et mets la main devant la bouche. « Oups, je te juuuure j'ai pas fait exprès, j'ai cru que... oh merde j'suis désolée. »

Est-ce qu'il va devoir enlever ses fringues ? Il doit faire la même taille de Max, ça devrait aller. Même si Hayden est un poil plus fin. Je me lève et cours chercher un morceau d'essuie tout pour qu'il ne reste pas trempé. Puis je reviens en catastrophe. « Je te prends des vêtements ? Tu as un truc ? » Je prends le chiffon et le passe sur sa chemise. « Rho, j'suis vraiment désolée. » Pourtant, j'ai ce regard pétillant qui me contredit. Et en même temps, je ne sais plus trop où me mettre. Je rigole, je m'horrifie. « Désolée, désolée. » m'excusai-je une fois encore, malgré moi.

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Il faudrait tout oublier

Mon défi fit éclater de rire ma meilleure amie. Ayant cru bon de croire qu'il était nécessaire de préciser qu'elle devait continuer à porter son surnom malgré la peine que je lui infligeais, je poussais un soupir en lui répondant d'un air princier :

« Tu seras la reine, je serai le roi. Que dis-je : l'empereur ! »

Claquant alors des doigts pour demander mon sirop, Lena se redressa et se pencha au-dessus de moi, laissant sa poitrine plutôt fournie me passer bien sous le nez. J'avais beau être casé, comment un homme hétéro' peut-il demeurer insensible à cette vision ? C'était presque comme si je pouvais sentir leur caresse sur mon visage, alors que son parfum enivrait mes narines. A bout de souffle, j'essayais de me rendre compte de ce qu'il se passait lorsque Lena me tendit mon verre... que je n'eus pas le réflexe de saisir, encore chamboulé. Hypnotisé. Ce n'est que lorsque le mélange se déversa sur ma chemise et mon pantalon que je réalisais ce qu'il se passait. Bon sang, le contenu du verre était véritablement glacial.

« T'inquiète, c'est pas grave. J'espère juste que ça va partir avec le sucre du sirop. » Lui dis-je en me redressant, totalement trempé.

Lena se leva précipitamment pour aller chercher un morceau d'essuie-tout et le frictionna sur ma chemise.

« Je vais le faire, ne t'inquiète pas. Et non, je n'ai prévu aucune affaire de rechange... » Lui dis-je, un peu embarrassé alors que celle-ci riait sans prendre la peine de le faire dans mon dos.

« Ca t'ennuie si j'enlève au moins ça ? » Lui demandais-je en commençant à déboutonner ma chemise.

Je la retirai alors et repris l'essuie-tout pour effacer le reste de la potion magique qui luisait sur mes pectoraux et mes abdominaux for bien dessinés à présent que j'avais retrouvé toute ma musculation après un passage par la case d'anorexie mentale masculine.

« Ouais, ouais, "désolée" on va dire ça. » La chambrais-je en lui tirant la langue.

Me redressant du lit je lui demandais :

« Je peux la poser sur le dossier de ta chaise le temps qu'elle sèche ? »

Revenant sur le lit, je m'excusais :

« Désolé d'avoir été aussi crétin, je... ne sais pas ce qu'il m'a prit. » Mentis-je alors que je savais que c'était la danse de ses seins qui m'avait secoué.

« J'espère que ça ne t'embête pas que je reste un peu comme ça... Queen Lena. » Lui demandais-je, un peu embarrassé.

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
L'empereur. Le mot m'écorche les oreilles, il fait exprès, pour ne pas nous mettre sur un pied d'égalité, pour que je n'oublie jamais qu'il ne sera pas à moi, que je ne serais pas vraiment sa Reine comme il sera mon Roi. J'ai mal au coeur pour un simple mot lancé avec insouciance et joie. C'est dur. Je détourne vite le regard pour reformer un sourire sur mon visage.

Bon au moins il en rit un peu et il ... putain. Il enlève son tee-shirt. Oh, je l'ai déjà vu torse-nu, plus d'une fois, mais là, putain, c'est dur. C'est très dur. Comment ne pas regarder son torse musclé ? Ses abdos qui se dessinent sur la peau. Putain, merci Hayden, je ne pourrais plus aller mater les sportifs du stadium sans penser à toi maintenant, comme si tu n'hantais pas déjà tellement mes pensées. J'inspire. J'expire. Je souris. « Non non ça va. » Putain, c'est ma voix qui déraille comme ça ? Et mes yeux, où est-ce que je peux poser mes yeux sans risque ?

Il se lève et je vois tous ses muscles suivre le mouvement. Putain, je vais baver maintenant.

« Alors là... avoue que tu fais fort ! C'est juste histoire de me déstabiliser avoue hein ! Tu sais combien j'adore les torses musclés, comment je vais faire pour jouer maintenant ? Et pire, pour gagner ! » Le dire sur le ton de l'humour fait du bien. Qu'est-ce que tu es beau Hayden, j'ai envie de hurler. Qu'est-ce que j'ai envie de poser mes lèvres sur chacune des parcelles de sa peau nue.

Inspirer. Expirer. Voilà, respirer nor-ma-le-ment. « En vrai, j'peux aller t'chercher un truc à Max. » marmonnai-je, pas convaincue. Je n'ai aucune envie qu'il dise oui. Sauf qu'il a l'air aussi embarrassé que moi. « Enfin, à part m'déconcentrer un touuuuut p'tit peu, j'te jure que ça ne me dérange pas. » Menteuse, triple menteuse. Ne te rhabille pas s'il te plaît. « Tu veux que j'enlève mon tee-shirt pour qu'on soit à égalité ? » proposai-je avant d'exploser de rire. L'humour ça désamorce tout. Bon sauf les coeurs brisés, mais ça, j'ai appris à composer avec.

« Et pour ta chemise, s'tu veux, on lance une machine. Ya un sèche-linge, ça ira vite. » Comme ça il sera obligé de rester tout ce temps-là. Et peut être j'pourrais mettre mes soutiens-gorge en dentelle en même temps, histoire qu'il voit. Non, c'est pas bien Lena. Jordan. C'est Jordan qu'il aime et c'est Jordan avec qui il vit. Et c'est Jordan qui. Non. Inspirer, expirer. Sourire.

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Il faudrait tout oublier

Ma chemise blanche pleine de sirop, me voilà bien embarrassé. Je la déboutonnai pour me retrouver torse-nu, un léger frisson me parcourant le corps alors que j’étais totalement trempé. Quel idiot… Me laisser avoir par une poitrine, et même pas celle de ma petite-amie… Voilà une chose qui restera secrète, pour sûr. Je ne pus m’empêcher de rire lorsque Lena s’exclama que je la déstabilisais.

« C’est fait exprès, c’est mon pouvoir magique ! » Plaisantais-je en bandant mes muscles en les contractant pour qu’ils se dessinent d’autant plus.

Je sentais que la jeune femme était gênée, aussi lorsqu’elle me proposa de me prêter un haut de l’un de ses colocataires, je lui répondis :

« Ca m’embête un peu de le lui demander mais si ça te dérange que je sois comme ça il n’y a pas de problème. »

Lena répéta que je la déconcentrais, ce à quoi je rétorquais :

« Oh mais si ça se transforme en avantage pour gagner, je me mettrai même à poil s’il le faut ! » Riais-je.

Toutefois, lorsqu’elle me proposa de se mettre elle aussi torse-nu pour que l’on soit « à égalité », selon ses mots, je ne pus m’empêcher de ressentir un… petit truc me nouer le ventre. Aussitôt, l’image de Jordan balaya mon esprit, et je passais une main sur ma nuque en la chassant de mon imagination. Il n’y avait pourtant aucune ambiguïté entre Lena et moi, non ? Alors par provocation plus envers mon mental qu’envers elle je lâchais avec un air malicieux un « Chiche ! ». Ca n’était qu’une boutade… non ?

Pour ce qui en était de la machine à laver le linge, j’acquiesçai.

« Je veux bien, si cela ne te dérange pas. Comme je prends les transports en commun je voudrais éviter d’avoir l’air cradingue. Et puis plus tôt on la nettoiera, moins il y aura de risque que ça n’imprègne sur ma chemise. Merci. » Lui dis-je en la lui tendant.

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
Il bande ses muscles, il fait le fier. Bon sang. Ne pas baver, détourner le regard. C'est si dur. Inspirer, expirer. Ne pas suffoquer, ne pas le dévorer des yeux et surtout, ne pas l'embrasser. Surtout qu'il me laisse le choix pour remettre une chemise ou non. Je souris. Je me mords la lèvre.« Bon alors, reste comme ça. » Est-ce que ma voix timide passe pour éviter des questions gênantes ? J'espère. Parce que sinon, je vais avoir du mal à me justifier. Pitié, dites-moi que je ne rougis pas.

Son chiche retentit dans mon cerveau. C'était une blague, mais il n'hésite pas. Est-ce pour me prouver quelque chose ? Que je ne lui fais aucun effet ? Coup de poignard dans mon coeur. J'ai mal.

J'arrive à bredouiller. « D'abord je m'occupe de ta chemise. » Et je le regarde en souriant. « On s'fait une mission commando et tu m'accompagnes, ou j'y vais seule ? » Mission commando, où il est à moitié à poil, dans une coloc d'étudiants. Ha ha. Je prends la chemise et fonce vers la salle de bain.

Bon sang, j'aurai besoin d'Eva là. Qu'elle me conseille, qu'elle me dise quoi faire. Même les conseil d'Eddy me feraient du bien je suis sûr. Inspirer. Je me regarde dans le miroir. Ok, mon visage n'est pas si rouge. Mais ça se voit que j'ai un peu chaud. Je me mets un peu d'eau, rajuste mon rouge à lèvre. Et je bois, deux verres entiers pour me calmer.

Puis je fourre la chemise dans la machine, je ne rajoute rien d'autre, pas le temps. Et je lance un programme court et doux.

Pour éviter de remonter tout de suite, je la regarde tourner quelques secondes. Le mouvement est hypnotisant et me fait du bien. Puis la porte s'ouvre. Merde, j'ai même pas fermé à clef.

« Qu'est-ce qu'tu fais là ? »

Je l'embrasse sur la joue et file, pour ne pas répondre. De toute manière, qu'aurais-je pu lui dire ? Bon dieu, pourquoi Eva n'est pas là ?

J'avance doucement vers ma chambre, puis je toque deux fois à la porte, pour ne pas le surprendre. Et j'entre, par précaution je ferme à clef.

« Mission accomplie. C'pas pour t'enfermer, mais ces commères me font peur. » Qu'est-ce qu'il se passerait si quelqu'un ouvre la porte et nous voit sans tee-shirt ? Bon sang les commérages, j'ai pas besoin de ça.

« Tu m'as vraiment suivie dans mon délire là ? J'vais devoir enlever mon tee-shirt ? »

Mon doux et délicat tissu qui serre ma peau. Mais je n'ai pas mis mon soutien-gorge le plus sexy pour rien. Alors, avant d'hésiter plus longtemps ou de m'empêcher de faire ça, je l'attrape et l'enlève.

« Boon, on reprend cette partie ? »

Hypocrisie. J'ai envie de lui sauter dessus. Stop. J'attrape la manette. Inspirer. Expirer. Comment on en est arrivés là putain ?

« J'te préviens, j'ai déjà une idée de défi, j'vais gagner cette course. »

Menteuse, menteuse, menteuse.

Tes yeux sont rivés sur l'écran, alors que tu ressens sa chaleur à côté de toi.

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Il faudrait tout oublier

Je riais face à son idée de « commando » de la mort ou celle qu’elle aille seule dans sa salle-de-bain pour mettre ma chemise à nettoyer au lave-linge.

« Je pense qu’il vaut mieux que t’y aille seule, si cela ne t’ennuie pas. C’est pas que je manque de courage mais tes colocataires, eux, n’ont pas l’air de manquer d’imagination ! » Suggérais-je.

Aussitôt dit, aussitôt fait : Lena s’éclipsa précipitamment, un peu comme si… elle cherchait à me fuir ? Non, je me faisais des idées. Pourquoi diable chercherait-elle à m’éviter ? Il n’y avait aucune raison, non ?
Pendant ce temps, l’attendant patiemment, je cherchais à optimiser sur la console de jeux le véhicule de mon personnage lorsque j’entendis frapper deux coups à la porte. Lena était de retour et ferma à clé derrière elle.

« Est-ce que tu me séquestres ? » Plaisantais-je, amusé par ce trop plein de méfiance dont elle usait envers ses colocataires.

Elle se retourna et m’expliqua qu’elle n’était pas à l’aise avec ces « commères » qui pourraient jaser à tout moment sur la situation et mon apparence peu vêtue. Elle me demanda alors si me proposition de se mettre elle aussi torse-nu était réelle ou si cela n’était qu’une boutade lancée pour la déstabiliser.

« C‘toi qui vois. » Lui répondis-je avec un large sourire, étant sûr qu’elle ne le ferait pas.

Et pourtant… Je m’étais fourré le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, Lena avait ôté son tee-shirt pour se retrouver en soutien-gorge. Un soutien-gorge très charmant, je devais le reconnaître le temps que mon cerveau avait bugué sur sa poitrine que je me dépêchais d’ignorer, détournant rapidement le regard alors que je ressentais une étrange chaleur parcourir mon corps. Pourtant il n’y avait rien, aucune ambiguïté entre elle et moi, non ? Aussitôt mon esprit revint à Jordan à laquelle je pensais avec une pointe de remord. Il n’y avait rien de mal dans ce qui se passait, n’est-ce pas ? Certes nous étions peu vêtus, mais Lena et moi étions amis, c’est tout. Des amis très proches, c’est vrai, mais ça s’arrêtait là. Enfin je crois… J’étais sûr de ne rien ressentir pour elle, tout comme elle ne ressentait rien pour moi.

Mon regard un instant perdu sur mes cicatrices à mes poignets que je cherchais à dissimuler, je revins très vite à la réalité lorsque Lena me demanda si on pouvait reprendre cette partie laissée en route. Sortant de mes pensées dans un léger sursaut, je lui répondis avec un large sourire :

« C’est parti ! »

Reprenant ma manette, je ricanais à sa phrase.

« Parce que tu crois que tu vas gagner une seconde fois ? Je n’en suis pas si sûr. »

Et pourtant ! Nous nous tenions à un écart très maigre, mais une fois de plus Lena franchit à un cheveu la ligne d’arrivée avant moi.

« Oh bon, d’accord, tu l’as voulu… Qu’est-ce que je dois faire ? Enlever le bas ? » Plaisantais-je en n’étant absolument pas sérieux.

« Allez, crache le morceau. » Lui dis-je, posant ma main sur sa joue que je caressais doucement, un sourire complice sur le visage.

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
Heureusement, mille fois heureusement, que j'ai fermé cette porte à clef. J'imagine déjà Eddy entrer en fracas, comme à chaque fois, pour me raconter sa nouvelle connerie. Ou Max venir chercher un truc, comme si ma chambre était la sienne. Parce qu'on est à moitié à poil. Et clairement, je ne suis pas à l'aise avec cette idée. Enfin, je suis à la fois beaucoup trop à l'aise et à la fois, pas assez. Soupir intérieur, que surtout il ne sache pas ce que je pense vraiment. Sinon, je suis perdue. Je le vois déjà s'enfuir en courant.

Puis pire que tout, il ne dit rien, il sourit presque en me regardant comme si c'était ... normal. Coeur qui se serre. Il ne ressent absolument rien. En suis-je réduite à faire du vaudou pour l'éloigner d'elle ? Non, surtout ne pas penser ça. Sourire. Respirer. Grand air, un bon souffle. Voilà.

« Tu doutes de moi maintenant ? »

Il pense que je ne vais pas gagner. En fait, j'ai peur de ne pas en être capable. En tenant ma manette, je tremble un peu. D'excitation, de colère ? Moi-même je ne sais pas.

Puis j'essaie d'oublier sa présence et je me prends au jeu. Mon kart fonce à toute allure. Et je franchis la ligne d'arrivée.

« YES » que j'hurle avec grande joie, en levant le poing en l'air, comme si j'avais gagné un championnat.

« Un gage donc... » Je commence ma phrase au même moment où il commence la sienne. Je bug un instant. « Mon gage sera » j'ai aucune idée de gage, puis je l'imagine, enlever son pantalon, comme il l'a proposé. Je l'imagine s'approcher de moi, me dévorer des yeux et ses lèvres sur les miennes. Je nous imaginer murmurer des mots d'amour, je m'imagine en paix avec moi-même. « mince » merde, j'ai perdu le cours de mon dialogue. « Que tu boives cul sex, cul sec pardon haha » la honte j'espère qu'il va rire et ne pas capter mon trouble « j'ai un peu de vodka là-bas » Bah quoi ? Il ne prend plus de médoc non ? Il doit pouvoir. Je me justifie, je bois jamais d'alcool d'habitude, j'hausse les épaules. «les gars stockent chez moi, ils savent que ça se videra pas, normalement. »

Bien sûr, le fait qu'il soit quatre heure de l'aprèm et qu'on soit peu vêtu ne joue en absolument rien.

Je me lève, sans trop lui laisser le choix et attrape la bouteille. J'ai pas de verre à shot, mais de toute manière, son verre est vide. Cette fois-ci, je lui renverse pas dessus et je lui tends le verre. « Tu sais bien que je ne bois jamais d'alcool, sinon je t'aurai accompagné. » Sourire puéril aux lèvres.

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Il faudrait tout oublier

Nouvel échec. Cuisant. Je poussais un soupir, agacé de perdre pour la seconde fois à ce jeu pourtant si simple si l'on ne joue pas contre une mordue de la réussite en toutes circonstances. Preuve en était de son cri de victoire face à ce succès. Visiblement, elle eut toutefois du mal à mettre ses idées en place pour me trouver un gage. Etrangement, ses idées semblaient voltiger et ne pas vouloir être capturées dans sa tête. Elle fit même un lapsus qui me fit bien rire, me proposant de boire "cul sex" un verre de vodka. A présent sous traitement neuroleptique et sous psychotropes, je ne devrais pas accepter. Mais ça, elle n'en savait rien. Alors pourquoi acceptais-je le défi en sachant pertinemment que l'alcool ne me fera pas du bien ? Parce que même sorti d'hôpital je continue à faire des choses qui me font du mal... Cette mauvaise manie n'était pas passée, quoique je me mettais moins en danger qu'avant. C'est juste que pour un verre, il n'y avait pas vraiment de problème, non ? La vodka me montera plus vite à la tête, mais ça n'est pas grave, ça.

« OK, c'est parti. » Acceptais-je en prenant le verre qu'elle me tendait.

La voix de Jordan dans ma tête m'implorait de ne pas toucher à l'alcool, mais je m'étais restreint de tous les plaisirs de la vie pendant ma longue hospitalisation de plusieurs mois. J'avais bien le droit de m'amuser, non ? Allez, juste un verre.

« Cul sex. » Lançais-je pour me moquer gentiment d'elle en levant le verre pour trinquer, et bu d'un trait le contenu.

Une douce chaleur s'installa dans mon gosier au passage de la boisson dans ma trachée.

« Alcool plus conduite dangereuse avec mon kart... j'espère qu'ils ne mettent pas des prunes dans ce jeu. » Plaisantais-je en reposant mon verre à côté de moi.

« En tout cas c'est malin de me faire devenir saoul pour gagner d'autant plus que je ne saurai plus conduire mon engin. » Fis-je remarquer. « C'est petit mais c'est futé. » Lui dis-je en lui tirant la langue avec malice.

Réfléchissant un instant, l'index posé sur mon menton, je levais les yeux au ciel et déclarais :

« Tu sais quoi ? Ce jeu des défis me donne envie d'en faire un autre : action ou vérité. Je sais que c'est un truc de filles mais on apprend pas mal de choses sur les autres par ce biais-là. Alors... chiche ? » Lui dis-je en retirant mes chaussures pour mieux m'assoir sur le lit, les jambes croisées et face à elle.

« Allez demoiselle, choisissez : action ou vérité ? » Lui demandais-je d'un air mutin.

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
« Cul sex. » Et il se moque. Je lui tire la langue et mon rire me fait l'effet d'une duchesse. Je me déteste. Pourquoi ne suis-je pas totalement naturelle en présence des hommes ? Et surtout en sa présence à lui ?

Et il boit, presque sans hésiter. Je ne me remets pas en question, il me l'aurait dit s'il prenait des médicaments et s'il fallait éviter. Non ? Il me fait confiance et il sait que je ne suis pas là pour le détruire. Et puis, il est raisonnable. A moins que nous ne fassions l'autruche tous les deux et là, c'est bien plus grave. Mais eh, ne sommes nous pas jeunes ? Ne faut-il pas que nous profitions de la vie ? Après tout, vu qu'Hayden vient de frôler la mort, n'a-t-il pas plus conscience que les autres combien la vie est courte ? J'ai très envie de me giffler mentalement, j'suis une amie absolument pourrie. Enfin, s'il a bu, c'est qu'il ne prend rien. Je me concentre là-dessus.

« Je prendrai ta défense, j'suis sûre c'est Toad qui met les contravention. » Discours sans queue ni tête, qui part dans tous les sens. Et puis, on dit bien : à question con, réponse idiote. Et j'aime ça. J'aime nos conversations qui partent dans tous les sens pour des futilités. J'aime dire que je suis de son côté, quoiqu'il arrive.

Et puis le ton change, il devient malicieux et la précédente caresse de ses doigts sur ma joue se rappelle à mon souvenir. J'ai chaud. Je souris. Je me vengerai plus tard, laisse tomber comment je vais savourer.

« Allez demoiselle, choisissez : action ou vérité ? » Je fais mine de tousser, à la Ombrage dans Harry Potter cinq. « Hum hum » et j'éclate de rire, incapable de rester sérieuse plus de trois secondes, c'est lamantable. « C'est Queen Lena, on a dit. » Sourire d'ange. Rire doux. « Ok ok. » J'agite mes mains comme pour le calmer ou me protéger de son courroux et je réfléchis. Il y a des vérités que je n'ai absolument pas envie de dire, mais normalement au début c'est soft. Et si je ne fais que des actions, il va finir par se poser des questions. A moins qu'il n'aille pas aussi loin dans sa réflexion. Mmh. De toute manière j'ai toujours été beaucoup plus joueuse, alors je me lance. « Une action pour moi ! » Sourire à la limite du rictus je suis prête, enfin je crois.

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Il faudrait tout oublier

Son toussotement caractéristique lorsqu'elle me reprit pour que je l'appelle Quenn Lena me fit rire.

« Tu vas me le faire graver sur le dos de ma main ça aussi ? » Lui demandais-je en faisant référence à ma saga préférée : Harry Potter.

C'était agréable d'avoir autant de références en commun avec elle. Nous nous comprenions admirablement bien, et ça me faisait plaisir de partager tout cela avec elle.

« Bien, alors va pour une action pour Queen Lena. Fais attention : je jure solennellement que mes intentions vont être mauvaises ! »

Je m'installais un peu plus confortablement, les yeux tournés vers le ciel et un petit bout de langue dépassant de mes lèvres malicieuses. Quel gage pouvais-je bien lui donner... ?

« Tu vas... Tu vas me masser. Hmm ouais, j'aime bien cette idée ! » Plaisantais-je.

M'installant sur le ventre, je croisais les bras et posais ma tête dessus en fermant les yeux. J'allais bien profiter de ce moment, moi !

Spoiler:

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[ qu'est-ce qu'on fait ? ]

@Hayden Miller
« Oh bah non voyons, je ne suis pas Ombrage. » Je ris, cette sadique bonne femme quand même. En vrai, je suis contente qu'il m'ait fait découvrir Harry Potter, j'avais raté beaucoup trop de choses loin de la réalité. Et j'ai encore tout le seigneur des anneaux à voir, là j'y connais rien. Je me retiens de sautiller d'impatience, à l'idée de longues heures enfermée dans le noir avec lui devant un film. Vous trouvez pas qu'il y a une sacrée ambiance électrique quand on chill devant sa télé ?

Oh non Hayden, ne fait pas ça. Mes pensées m'alertent de regarder ailleurs. Ce coup d'oeil malicieux, cette langue tentante. Et ce foutu torse, comment me concentrer ? J'inspire doucement. J'ai limite envie de faire une connerie là. Il me faut un gage vite.

« Tu vas me masser. »

Oh. Owh. Toucher son corps, ses muscles. Putain, heureusement que je ne suis pas un mec, sinon il me sentirait bander. Respirer.

Et il s'installe le con. Tranquille. D'ailleurs je lui fais remarquer. « Hey, ça va ? Tranquille ? » Mais c'est trop tard, j'ai signé pour ces conneries.

J'attrape un peu de crème hydratante - ouais bah déso, j'ai pas de crèmes ou huile de massage chez moi - et je m'en tartine les paumes. Puis, délicatement, j'appuie sur ses épaules. Je suis à côté de lui, je serais mieux assise sur ses fesses mais... n'allons pas trop vite en besogne. Je malaxe l'épaule avec mes doigts tandis que j'appuie avec le bas de la paume. Pareil de l'autre côté. Puis avec mes deux pouces, je remonte sa colonne vertébrale en faisant des ronds. Ensuite mes doigts descendent avec douceur tout du long.

Limite, je me sens une vraie professionnelle des massages. Je suis à fond dans mon personnage. Comme je ne vois plus que son dos, c'est presque plus simple. Bon seulement presque. Je pourrais rester ici des heures, à le toucher avec douceur, puis avec force. Finalement, je laisse mes doigts chatouiller la base de sa nuque et monter dans les cheveux. Rha, ça, c'est quelque chose qui me fait frissonner à fond, c'est jouissif. Je n'ai plus envie d'arrêter le moment.

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Il faudrait tout oublier

Mmh, que c'était bon... Ses doigts experts massaient mes épaules puis mon dos avec un savoir-faire que j'aurais dû exploiter depuis longtemps si seulement je l'avais connu plus tôt ! Les paumes de ses mains savaient appuyer sur mes muscles juste là où il le fallait, tandis que ses doigts peaufinaient l'appui. Je fermais les yeux, laissant un petit grognement de plaisir s'échapper de ma bouche malgré moi.

« Waouw, une vraie tuerie... Et tu m'as caché ce talent pendant si longtemps ? » Lui demandais-je.

En plus cette crème sentait si bon... Noix de coco, non ? Puis soudain je sentis des chatouillements se produire sur ma nuque. Commençant à rire car étant quelqu'un d'extrêmement chatouilleux je me dandinais pour échapper à ce supplice en vain. Tout à coup je me retournais, la déséquilibrant pour que Lena - ahem, Queen Lena, pardon - ne tombe sur moi. Sa poitrine contre mon torse, je sentis un élan de chaleur m'envahir.

« Euh... je vais arrêter de d'exploiter. Merci pour ce moment. » Lui dis-je en croisant son regard envoutant.

Me redressant pour rompre avec ce contact qui, étrangement, ne me laissait pas de marbre, je lui dis en gardant mon sourire alors que des milliards de questions trottaient dans mon esprit :

« Bon, ben... Ca sera une vérité, pour moi. »

Cependant, je ne pouvais m'empêcher d'y penser. Pourquoi Lena ne me laissait pas réellement indifférent, alors que j'étais amoureux fou de Jordan ? Peut-être parce que je n'étais pas un type fiable d'ordinaire et que la monogamie commençait à me peser... Pourtant je ne devais pas songer comme cela, c'était irrespectueux et ne me mènerait à rien ! Avant Jordan je sortais quasiment chaque semaine avec une nouvelle fille. Mon amour pour elle m'avait fait changer et avait fait de moi un homme respectable et raisonnable. Je ne voulais pas que les choses changent à nouveau !

J'avais intérêt à faire gaffe...

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