décadence / lenaig.

elle a froid, Eva. et elle est sur les nerfs. aussi. les paroles du gamin qui tournent en boucle. ritournelle dont elle se passerait bien, à n'en pas douter. et elle se pèle le cul, en plus. parce qu'elle aurait clairement pu garder sa veste. mais non. il a fallut qu'elle la joue à la dramaqueen et qu'elle la lui jette à la figure. elle n'a pas été fine pour le coup, même elle, ne peut pas le nier. jolie rouquine dégaine son cellulaire. le numéro souhaité qu'elle trouve rapidement. une tonalité. deux tonalités. trois tonalités. combiné décroché. merveilleux. super, t'es la meilleure quand tu décroches. qu'elle souffle, d'une traite. même quand tu décroches pas hein, t'es la meilleure mais là, t'es genre encore meilleure que d'habitude. et elle s'perd toute seule dans ses paroles, dans ses pensées. parce qu'elle doit trouver un moyen d'rentrer. ou du moins de s'rendre là où elle veut aller. pas bien compliquer comme histoire, y a bien un taxi qui passera par-là. ça doit bien s'faire. parce que pour vrai, rentrer à pieds, ça ne la tente pas trop. bref. tu t'souviens que je t'ai dit d'attendre que j'sois prête. ben là, j'le suis. maint'nant. tout d'suite. un brin pressante la rouquine. j't'expliquerai, j'te promets ... on s'rejoint là-bas ? et elle s'mord la lippe inférieure, priant si fort que la jolie blonde accepte de la suivre dans sa folie. elle a b'soin d'elle ce soir. plus que n'importe quel soir, certainement. la peur qui la prend aux tripes. elle a besoin qu'on la soutienne, encore. pas qu'on lui enfonce la tête sous l'eau. et elle sait, Eva, que si elle appelle l'insolente, y a rien d'bon qui va sortir de tout ça. t'es parfaite. la meilleure des meilleures. à toute. qu'elle balance avant de mettre fin à la conversation téléphonique. les épaules qui s'affaissent. le soulagement qui s'empare d'elle. toute entière. bon, trouver un taxi, sauter dedans et se rendre au Masquerade, ça d'vrait pas être si compliqué que ça. normalement. jolie poupée débrouillarde, elle n'a juste qu'à éviter certains regards insistants. la gamine qu'a pas grand chose sur le dos, on n'va pas s'mentir. elle aurait vraiment dû garder sa maudite veste. elle va chopper la crève en plus, ça va être super le réveil demain. bref. après quelques minutes de galère intense, jolie poupée se retrouve dans un véhicule en direction du lieu d'rencontre. elle n'aura pas long à attendre avant d'voir la silhouette d'la jolie poupée à la chevelure blonde. Lenaaaaaa. p'tre un p'tit peu trop d'enthousiasme. la rouquine qui la prend dans ses bras. overdose tactile qu'elle ne se permet que rarement. gamine congelée. désolée d'te faire quitter la soirée. j'dirais que c'est un cas d'extrême urgence. grimace pour appuyer son excuse. pitoyable. j'suis vraiment désolée, j'espère que tu m'en veux pas. en même temps, la blonde, elle n'a pas de filtre. y a des chances qu'elle l'aurait envoyé sur les roses si elle n'avait pas voulu la rejoindre. m'enfin, cela n'empêche pas qu'elle s'excuse. la rouquine. un peu de savoir vivre, ça n'fait de mal à personne. en règle générale.

Assise dans un coin, Lena s'ennuie. Elle est invitée à l'anniversaire, forcément, mais là tout le monde boit. A un moment elle croit voir Eddy et Eva danser, mais elle a du rêver, alors elle fait un tour, elle tente de se mêler à des conversations, mais elle n'a pas l'entrain nécessaire. Elle vient d'enchaîner deux soirées de fermeture et elle est ko. Elle rêve juste d'une tisane et d'un plaid. Putain, depuis quand elle est devenue si vieille ? Elle soupire et range son téléphone dans son sac - pour éviter d'harceler son ami de téléphone, celui qui répond souvent du tac au tac et qu'elle ne connaît pas encore vraiment mais qui la fait bien rire - et elle se sert à boire. Dans une soirée remplie d'étudiant, les verres sans alcool sont rare, mais elle finit par trouver un coca. Elle déteste ça en plus, mais c'est mieux qu'avoir les mains vides.

Ce n'est qu'à la deuxième sonnerie qu'elle reconnaît le son. Elle fouille dans son petit sac pour trouver son téléphone et savoir qui la sauve de là. Eva ! « Maintenant maintenant ? » qu'elle répète étonnée. « bien sûûûr, n'en dit pas plus, j'arrive ! » Elle raccroche le sourire aux lèvres. Elle est touchée des mots d'Eva, la meilleure, son égo se gonfle. Et puis elle regarde la scène devant elle : pourquoi ne peut-elle pas se réjouir juste ici ? Et pourquoi serait-elle plus heureuse dans un bar ? Qu'importe, elle n'hésite pas elle y va. « Joyeux anniversaire ! » lance-t-elle à l'intéressée avant de déposer un bisou sur sa joue. « Bois pas trop. » conseille-t-elle avec un sourire.

Puis elle sort. Elle court, elle vole, excitée par la perspective de cette soirée. Quand elle arrive devant le Masquarade, Eva se rue dans ses bras. Si Lena accepte le câlin sans la moindre hésitation, elle se pose tout de mêmes des questions sur les raisons. Elle serre ses bras autour des frêles épaules - nues ? tiens donc - de la jeune fille. « Je suis là. » chuchote-t-elle à l'oreille de son amie, sans même l'avoir prévu.

« Prête pour la fête ? » Ses deux pupilles luisent. Elle la prend par la main et avance. Mais Eva n'a pas fini de s'excuser. « Franchement culpabilise pas, tu me sauves. En vrai, ils étaient tous en train d'être bourrés, alors que c'était que le début et j'suis méééga nulle au beer-pong et au karaoké. Donc parfait. » Sourire sincère qui touche ses yeux, Eva ne doit pas se sentir coupable. « J'te pose des questions maintenant, plus tard, ou jamais ? » Toujours aussi franche, mais cette fois-ci, elle lui laisse le choix de se confier ou non. Eva a le droit d'avoir son terrain neutre.

En deux secondes, elles ont franchi la file d'attente, le videur ne peut décemment pas lui refuser cette priorité. Et puis, le sourire charmeur et la fine tenue d'Eva ne peuvent que les faire entrer vite. « D'abord, on danse. » Rien de mieux pour se défouler, pour reprendre une dose d'énergie. Boire sera secondaire, uniquement si Eva en ressent l'envie. Lena jette un coup d'oeil vers la salle bondé et elle sourit. Mine de rien, elle se sent à la maison ici. Cela lui fait beaucoup de bien. Alors elle ferme les yeux et elle se met à danser comme elle le fait d'habitude : sans la moindre gêne... ni la moindre pensée pour ses voisins.

jolie rousse se réfugie dans les bras de son amie à peine l'a-t-elle vu arriver. je suis là. et elle ferme les yeux, la gamine. le soupire de soulagement qui s'échappe d'entre ses lippes entrouvertes. un brin rassurée, la poupée. elle sait maintenant qu'elle n'est plus seule. et bien que ses pensées la tiraillent, entailles profondes en plein dans le myocarde, elle a envie d'croire que tout ira bien. même le temps d'une soirée, de quelques heures. oublier. tout oublier. les mots violents et les sentiments brûlants. quelques heures de répit, finalement, c'est tout ce qu'elle demande. une fois son étreinte relâchée, elle se confond en excuses. parce qu'après tout, y avait déjà un plan de prévu, au départ. la soirée d'anniversaire à laquelle elles étaient conviées. la rouquine qu'avait pris la fuite avec le gamin. très mauvaise idée, elle en est maintenant pleinement consciente. franchement culpabilise pas, tu me sauves. ses prunelles claires qui s'posent sur la blonde, pas certaine de bien comprendre. les explications qui s'en suivent et le tableau prend maintenant forme. ça lui enlève un poids, d'savoir qu'elle n'a rien interrompu. et, en même temps, elle est désolée. qu'elle ne se soit pas plus amusée que ça. j'te pose des questions maintenant, plus tard, ou jamais ? elle a promis de tout lui expliquer, eva. promis de se confier. et elle le fera. parce qu'elle n'a jamais eu qu'une seule parole et qu'elle n'est pas du genre à faire des promesses en l'air. du moment que tu me laisses la possibilité de me réchauffer, je répondrais à toutes les questions que tu voudras me poser. l'esquisse d'un rictus. la tristesse qui envahi ses iris. elle ne saurait même pas par où commencer si elle devait narrer toute l'histoire. eva qu'a encore du mal à comprendre comment les choses ont pu si mal se finir alors que la soirée avait pourtant si bien commencé. la main de la rouquine piégée dans celle de la blonde, il lui a semblé si facile de passer devant le videur. entre l'une qui travaille ici et l'autre qu'a rien d'autre qu'une jolie petite robe noire sur le dos, c'est pas si étonnant que ça quand on y réfléchit deux minutes. la chaleur de l'endroit qui l'électrise. jolie poupée a les épaules qui s'affaissent. elle a l'sentiment d'aller mieux, rien qu'parce qu'elle n'est plus dehors à c'peler l'cul. il doit bien y avoir de ça, oui. certainement. mais p,tre pas que, non plus. d'abord, on danse. la rouquine acquiesce en silence. elle commence par simplement observer. elle qu'a pas l'habitude de ce genre d'ambiance. pas vraiment l'habitude sortir, en dehors des soirées qui se passent chez ses amis. elle n'est pas fêtarde eva. et pourtant, ce soir, elle se sent pousser des ailes. la musique qui finit par prendre le contrôle sur ses pensées. et elle se laisse aller, elle oublie un instant où elle. p'tre même qui elle est. c'est pas une grande danseuse, eva. elle a bien souvent deux pieds gauches. elle bouge, pourtant. pas trop. pour que ça reste un peu joli à voir. par peur de ne plus rien contrôler non plus, en un sens. elles sont restées un moment sur la piste. avant qu'eva ne finisse par crever de chaud. alors elle a attiré l'attention de la blonde, lui a fait signe qu'elle avait soif et elle l'a quitté. elle a hésité, la rouquine, sur la boisson à commander. en temps normal, elle aurait certainement pris un simple soda. mais pas ce soir. elle a jeté son dévolu sur un sex on the beach. elle qui avait déjà attaqué la vodka des heures plus tôt, autant ne pas faire de mélange, il paraît que c'est mieux. de toute façon, elle ne tient pas l'alcool alors foutue pour foutue. p'tre qu'elle se découvrira une résistance à toute épreuve, on ne sait jamais. aller, balance les questions rider. parce qu'elle sait qu'ça lui brûle les lèvres et elle ne veut pas qu'elle continue à la r'garder de la sorte encore pendant des heures. son verre déposé d'vant elle qu'elle saisit sans plus attendre. la paille entre les lippes et quelques gorgées avalées.

Elles dansent et Lena s’y sent bien. Elle n’est que trop rarement de ce côté-là de la piste, mais parfois, au moment de la fermeture, les autres barmaids et serveurs mettent la musique pour ranger en dansant. C’est toujours un bon moment et c’est un formidable moyen d’expression. Au bout de quelqu’un instant, elle ouvre les yeux pour voir Eva et comment la rousse danse. Elle semble d’abord timide, puis peu à peu se lâche. Et franchement, Lena adore voir ça. La sentir en osmose avec la musique et le monde autour d’elle. Elle semble cesser de se poser trente-six mille questions et ça fait du bien à voir. Alors Lena la laisse dans son monde et retourne dans le sien.

Quand Eva prévient qu’elle a soif, Lena la suit au bar. Qu’elle commande de la vodka étonne la blonde, mais elle ne dit rien. Elle avait promis qu’elle serait là, alors elle l’est. « Un verre d’eau pétillante s’teupl. » La barmaid ne dit rien, elle connaît Lena de toute façon. Échange de pièce de monnaie, sourires et boissons et elles s’éloignent. Eva donne l’impression d’avoir sa gorge asséchée. « Fais attention quand même, c’est traitre ce cocktail. » Enfin, Et d’c’est ce que disent les autres. Et d’après ce qu’elle a compris, Eva n’a pas l’habitude.

Puis c’est son tour de poser les questions et là, elle ne va pas se retenir. « Comment tu vas ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je peux aller frapper Eddy, vu que je suppose que c’est lui qui te met dans cet état ? » Elle s’arrête et se recentre sur ce qui est important. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Elle a envie de lui prendre la main, pour lui signifier qu’elle sera là, toujours, mais elle n’ose pas. Alors elle boit une gorgée d’eau avant de se tortiller les cheveux.

elle meurt de soif la rouquine. elle qui avait si froid un peu plus tôt, le fait de se dépenser sur la piste de danse, ça l'a réchauffé. desséchée même. alors elle prévient la blonde avant de se rendre au bar. avant de commande un cocktail qu'elle regrettera d'avoir ingurgité, le lendemain matin. fais attention quand même, c’est traitre ce cocktail. malgré la mise en garde de la blonde, eva, elle, elle s'en moque. elle a décidé d'être inconsciente. ne serait-ce que le temps d'une soirée. elle a décidé de foutre en l'air ses barrières et de ne penser qu'à elle. pour une fois, ça ne pourrait pas lui faire de mal. qu'elle croit. elle se raccroche à toutes les expériences qu'elle manque. juste parce qu'elle a eu une éducation particulière. et parce que oui, le gamin avait raison, elle ne prend pas assez de risques. et elle se dit que si elle relève le défi, elle pourra p'tre se sentir mieux. peut-être qu'elle pourra avancer. enfin. avec ou sans lui. parce que oui, elle a prit ses mots comme un défi. elle n'est rien d'autre qu'une gamine après tout. qui cherche à s'faire une place. dans le monde entier. bien consciente que sa positivité et son sourire ne suffiront pas à laisser une marque indélébile. les mots du gamin qui tournent en boucle dans sa caboche. usée. ça va aller. c'est la seule réponse qu'elle lui donnera. sans trop de détails. sans trop de certitude. non plus. parce que non, ça n'ira pas. elle se mettra la tête à l'envers. en espérant pouvoir oublier. tout. rien. n'importe quoi du moment qu'elle ne pense plus à lui. elle voudra essayer de faire comme les grands. alors qu'elle n'est encore que haute comme trois pommes. elle veut goutter à ce frisson qu'ils disent enivrant, grisant. elle veut savoir ce que ça fait. comme si ça allait lui permettre de faire un pas de plus en avant. et elle voit bien que lenaig meurt d'envie de la bombarder de toutes ces questions qui lui brûlent les lèvres. alors, une fois éloignées, elle l'autorise. à lâcher les chevaux. à lui demander n'importe quoi. elle lui doit bien ça, eva, après tout. comment tu vas ? qu’est-ce qu’il s’est passé ? je peux aller frapper eddy, vu que je suppose que c’est lui qui te met dans cet état ? et le sourire qui étire les lippes de la rouquine. parce qu'en un sens, elle est touchante, son amie. elle pourtant si maladroite d'ordinaire, elle accueille pourtant avec un plaisir inavoué son inquiétude. qu’est-ce que je peux faire pour toi ? elle s'implique, la blonde. elle suit les conseils qu'eva a pu lui donner. autrefois. et ça aussi, ça la touche, la rouquine. de voir tous les efforts que la blonde fait, jour après jour. alors, dans l'ordre. j'vais pas bien. mais ça, j'pense que c'était pas difficile à deviner. qu'elle répond d'abord. avec un détachement qu'on ne lui connait que rarement. comme si ne pas s'attarder sur ce détail pouvait la sauver de sa chute perpétuelle. quand on est parti, j'sais pas, c'est devenu tendu. comme si c'était l'ambiance de la soirée qui nous maintenant depuis le début. et peut-être que c'était le cas. que le fait qu'ils n'étaient pas que tous les deux, c'était plus facile à gérer. peut-être bien. oui. on est aller se chercher à manger et c'est parti en vrille. parce que j'ai plus la place que j'avais avant. et ça, ça lui ruine le moral. tout ça pour une histoire de sentiment, elle a perdu son trône en diamants. et j'ai voulu savoir ce qui n'allait pas chez lui. et j'ai voulu être gentille, l'aider. j'sais pas, être moi quoi. elle hausse les épaules. la gorgée de cocktail qu'elle accueille sans rechigner. et ça ne lui a pas plus. et j'me suis pris mes quatre vérités dans la gueule. le visage qui se ferme, les paroles assassines qui prennent trop de place dans ses songes. pourquoi toi, tu prends pas de risques, tu as pas pris de risques ? pourquoi tu te caches constamment derrière ton rôle de copine et que t'essaies pas un peu de te décoincer. décoincer de ta souffrance, qui t'enlaidie. qui te gâche la vie. et ça fait mal de ressasser les mauvais mots. mais c'est tout ce qu'elle est capable de faire pour le moment. nouvelle gorgée qu'elle boit. je pense qu'il n'y a pas grand chose à faire lena. je pense que le point de non retour a été atteint. et qu'y aura plus jamais moyen de revenir en arrière cette fois. la voix qui s'brise. la gorge nouée. vérité douloureuse qu'il va falloir qu'elle embrasse. mais pas tout de suite. elle n'est pas prête. pas encore. je veux juste ... gommer cet incident de parcours de ma mémoire pour le moment. tu vas m'aider, hein ? la supplique pas vraiment cachée. jolie poupée termine son verre. bien trop rapidement surement. mais après tout, c'est le but. oublier.

Le ça va aller. pourrait lui faire peur, mais Lena hausse les épaules et boit son propre verre de soft. Elle s'en fiche, en réalité, elles sont là pour ça, alors pourquoi lui faire une remarque ? Et puis, elle ne se gène pas pour lui poser des questions, toutes les questions qui lui traversent le crâne, même si, clairement, Eva est mal. Très mal. Sinon, elle n'aurait pas été là. Donc c'est évident. Pourquoi est-ce que Lena s'obstine-t-elle alors ? « Oh le con.» qu'elle lâche au milieu. Elle ne l'interrompt pas plus, il faut jamais couper quelqu'un sur sa lancée surtout dans une tirade où on a mal au coeur. « Mais » des petits mots par-ci, par-là qu'elle ne peut empêcher de sortir. Elle a envie d'aller voir Eddy et de faire des expériences sur son cerveau, ce mec doit avoir un autre mode de fonctionnement non ? Sinon, c'pas possible, il n'agirait pas comme ça. Rien n'a de sens. Bon, après, c'est vrai qu'elle n'a pas toutes les informations en main non plus.

« Ok ok ok. Je ne pose plus la moindre question. » Voir le visage triste d'Eva lui fend le coeur. L'entendre dire que c'est fini, putain, c'est si dur. Et ça lui paraît improbable. En réalité, ils vont avancer, reculer, jusqu'à trouver le terrain d'entente. On ne peut pas balayer 20 ans d'amitié comme ça. Si ? Putain si. « Hum est-ce que ça te remonte le moral si je te dis qu'Hayden m'a embrassée, je l'ai jarté et engueulé. Puis j'ai paniqué, je l'ai embrassé... et ça s'est mal fini ? » Putain, mais tais-toi. « Alors, attends. On va partir sur autre chose. » Ouais ça vaut mieux, là Lena. « J'vais prendre un paquet de carte pour faire un jeu ok ? Tu connais intérieur-extérieur ? » Ce jeu est atrocement simple, mais du coup c'est basé sur la chance et tu te trompes, tu bois. Donc plus tu bois, plus tu dis n'importe quoi, plus tu continues à boire. Parfait et ça change le sujet.

J'attrape un jeu de carte derrière de bar et je montre la première carte à Eva. « Ok alors dis-moi, cette carte est rouge ou noire ? » J'attends sa réponse et je sors une deuxième carte. « Plus grande ou plus petite ? » J'attends sa réponse avant de lui donner. « Intérieur ou extérieur par rapport aux deux autres cartes ? » Et j'attends sa réponse avant de lui donner la carte. Et à chaque mauvaise réponse, elle boit. Ultra simple. « Et enfin, la couleur, fin pique, coeur, carreau ou trèfle. »  J'adore ce jeu. Même sans boire ça me fait rire.

« Enfin sinon on peut aller parler avec des meufs dans les tables à côté, sucer des gars dans les toilettes ou danser à nouveau sur la piste. C'quoi ton passe-temps favori ? » Elle est toujours un peu trop directe, mais à cet instant, Lena se rend compte qu'elle ne connaît pas tant que ça Eva. Elle ne sait pas ce qu'elle préférera faire là maintenant tout de suite. Peut être juste parler tout simplement, mais de quoi ?

Spoiler:

elle raconte son histoire. tout en prenant soin de ne pas dévoiler les détails. elle a promis au gamin de ne jamais rien divulguer et elle s'y tiendra. ce n'est pas parce qu'ils sont en froid, pour le moment, qu'elle trahira la confiance qu'il a placé en elle. jamais. elle se damnerait si cela devait arriver. et plus les mots dépassent la barrière de ses lippes, plus elle se sent mal. comme si elle prenait enfin pleinement conscience que son petit monde a fini par s'écrouler. qu'elle pense. qu'elle cherche à se persuader. peut-être tout simplement pour se protéger. hum est-ce que ça te remonte le moral si je te dis qu'hayden m'a embrassé, je l'ai jarté et engueulé. puis j'ai paniqué, je l'ai embrassé ... et ça s'est mal fini ? elle fronce les sourcils eva. trop d'informations en même temps. attends, quoi ?! elle ne peut pas passer à côté de cette histoire. hors de questions. tu ne peux pas me lâcher une bombe comme ça et vouloir changer de sujet. nope. je refuse lena. explique toi maintenant. même si ses mots étaient très clairs, eva, elle a besoin d'y voir clair. et peut-être bien que de se concentrer sur les malheurs de la blonde, ça pourrait être son échappatoire. cette porte de sortie qui lui manquait. même si ce n'est que pour quelques minutes. ce sera déjà ce temps-là en moins à penser qu'elle est vraiment trop conne d'avoir tout gâcher. alors, attends. on va partir sur autre chose. j'vais prendre un paquet de carte pour faire un jeu ok ? tu connais intérieur-extérieur ? la rouquine acquiesce. le nombre de fois où elle a vu les autres jouer, ça ne doit pas être bien compliqué. elle qui se mettait toujours en retrait parce qu'elle ne boit pas. pourquoi ne pas tenter ce soir. et pendant que la blonde attrape le fameux paquet de cartes derrière le comptoir, elle se commande un autre verre. le fric qui partira surement en fumée. dilapidé sans aucune raison. et l'indifférence face à cette situation tout à fait exceptionnelle. les filles sont parées, le jeu peut donc commencer. ok alors dis-moi, cette carte est rouge ou noire ? faible moment de réflexion. rouge. couleur de l'amour. poupée bien trop sentimentale. carte dévoilée, d'un noir accablant, roi de trèfle. la gorgée qu'elle boit. triste sanction bien que fort agréable. plus grande ou plus petite ? y a pas à tergiverser pendant mille ans sur ce coup. plus p'tite, sans hésité votre honneur. pointe d'humour. il faut bien paraît-il. et c'est un dix de carreau qui apparaît sous ses yeux. sauvée pour cette fois-ci. intérieur ou extérieur par rapport aux deux autres cartes ? la gamine qui s'mord la lippe inférieur. grande inspiration. pas évident. hum ... intérieur ? même si c'est sans doute un mauvais choix. elle ferme un œil et la dame de cœur se dévoile. la rouquine qui frappe frénétiquement dans ses mains. le hasard n'a pas l'air de vouloir se foutre de sa gueule. quoi que le but était de boire à la base. c'est plutôt raté rendu là. et enfin, la couleur, fin pique, cœur, carreau ou trèfle. elle fronce le nez eva. pas bien certaine de la couleur à annoncer. y en a qu'une qui n'est pas encore sortie. le noir pique assassin. et le rouge cœur qui lui hurle de le choisir. choix bien difficile mais elle ira avec sa première pensée. juste parce qu'il n'y en a pas sur la table, j'dirais pique. lèvre humidifiée avant d'être mordue. le dix de cœur qui vient la narguer. elle aurait dû s'en douter. la gorgée de cocktail qu'elle s'enfile en suivant. défaite assumée. enfin sinon on peut aller parler avec des meufs des tables à côté, sucer des gars dans les toilettes ou danser à nouveau sur la piste. c'quoi ton passe-temps favori ? elle manquerait presque de s'étouffer, la rouquine. y a vraiment des fois où le manque de tact de la blonde n'est pas récupérable. merde lena, t'es infernale, j'te jure. et le rire qu'elle laisse s'envoler, sans même chercher à le retenir. aller viens au lieu d'dire des conneries. sa main qui glisse dans celle de la tête blonde et elle l'entraîne sur la piste. son verre toujours à la main. l'alcool qui agit, doucement mais surement. n'oublions pas qu'elle ne boit jamais d'ordinaire. elle oublie peu à peu sa timidité corporelle pour suivre le rythme que la musique impose. tout en pensant, évidemment, à s'hydrater de temps en temps. une lampée par-ci, une autre par-là. et bientôt, un corps inconnu viendra se coller au sien. un homme dont elle ignore tout mais qui en profitera pour s'accaparer la gamine, le temps d'une danse ou deux.


hj : j'te jure que j'ai pas regardé avant d'en être arrivée au jeu dans ma réponse, vraiment étape par étape, promis. c'était fabuleux, merci

tu ne peux pas me lâcher une bombe comme ça et vouloir changer de sujet. nope. je refuse lena. explique toi maintenant. C'était de sa faute, elle savait qu'elle n'aurait pas dû amener le sujet mais c'était bien plus fort qu'elle, après tout, elle avait besoin d'en parler. Besoin de lâcher ce lourd fardeau, ce secret qui n'en était plus un, même si elle n'était pas la seule fautive et qu'elle n'était pas persuadée que Hayden avait vraiment compris ce par quoi il s'en retournait bref. « Hum alors.. il a du enlever sa chemise parce qu'il s'est taché et ... pour pas qu'il soit seul, je l'ai enlevé aussi. » Elle se mord la lèvre putain, ça démarre bien, que va penser Eva ! « Sauf qu'à la fin, je sais pas trop, mais il s'est collé à moi et m'a dit un truc du style "je ne sais pas si ce sont nos tenues mais.. je peux ?" et j'ai pas résister, j'ai posé mes lèvres sur les siennes. C'était si bon, ça venait de lui ! » Le coeur en miette, clairement. « Sauf que Jordan, donc je me recule, je l'engueule. Et là je comprends que c'est fini, qu'on est foutu, qu'il ne voudra plus jamais me voir tu vois ? Donc je lui dis de se barrer, mais avant, avant, j'ai pas résisté. Parce que je savais que c'était la dernière fois, ma dernière chance alors... je l'ai encore embrassé. » Le coeur qui palpite, qui tambourine, qui s'écrase dans sa cage toraxique. « Hum, puis il est parti. Très vite, enfin je l'ai viré. Enfin je sais plus. Ensuite on a discuté par texto, comme si de rien n'était je. » Putain. Qu'est-ce qu'elle a fait encore ?  Et dire qu'elles étaient là pour parler d'Eva plutôt qu'elle. Idiote petite Lena.

Elle sort les cartes, elles jouent, elle boit, un peu. « Pff, même pas drôle, t'as d'la chance. » Mouais, heureuse au jeu, malchanceuse en amour, on l'sait bien. Eva le sait déjà, pas besoin d'insister. Alors elle se tait, ou non pire, elle parle, elle relance le sujet, elle cherche un truc à faire. En réalité, Eva n'a pas besoin de parler, juste de se défouler. merde lena, t'es infernale, j'te jure. aller viens au lieu d'dire des conneries. La main dans la main, elles partent en riant vers la piste. Et elles se défoulent. Elles dansent à deux, elles dansent seules, elles dansent ... et puis, elle est éjectée. Oh habilement bien sûr. Mais elle est éjectée. Un jeune homme, sexy au possible mais Eva ne mérite pas moins. Lena sourit, mais veille au grain, histoire de réagir s'il devient trop entreprenant ou violent. Lena ne sait pas si Eva refuserait un coup du soir en temps normal, mais vu combien elle a bu, la blonde préfère éviter le moindre regret à la rousse.

Soudain Lena voit le mec parler à l'oreille d'Eva. Et il la tire par le bras, il l'emmène au bar. Lena hésite, agir, intervenir ? Sauf qu'elle ne fait rien et elle ne fait que regarder. Voir Eva s'approcher du comptoir, le verre vide, et repartir avec des shots. Elle hésite à intervenir. « Hey » Elle s'approche et prend son amie par les épaules. « J't'ai pris des chips. » Elle tend le paquet pioché sur une table, manger, même un peu c'est mieux que rien. Et elle s'assoit à côté du couple nouvellement créé, l'air de rien.

jolie blonde rappelée à l'ordre. elle n'a pas le drôle de lui lâcher une information pareille pour ensuite changer de sujet en espérant que ça passe directement aux oubliettes. et pour sûr que ça, eva, elle ne laissera pas passer. hum alors.. il a dû enlever sa chemise parce qu'il s'est taché et ... pour pas qu'il soit seul, je l'ai enlevé aussi. la rouquine fronce les sourcils, l'incrédulité perceptible. quoi ?! mais lena, tu m'fatigues ! elle en rit, la gamine. parce que même si ça partait d'une excellente attention, c'était quand même pas un truc à faire. et la blonde raconte ce qu'il s'est passé. elle n'omet aucun détail. la rouquine penche la tête sur le côté, légèrement. attentive au moindre de ses mots, à la moindre de ses expressions. et la douleur qui semble lui arracher le cœur de sa poitrine. je vois ... qu'elle souffle, bien consciente que la situation est loin d'être idéal pour la poupée. les détails diffèrent mais dans l'fond, elles se retrouvent toutes les deux dans la merde. raison de plus de s'épauler, au final. et toi, dans tout ça, comment tu t'sens ? qu'elle demande, la rouquine. parce que c'est beau d'faire comme si il n'y avait rien eu mais c'est pas ça qui va arranger la situation, ni même la détériorer en fait. et la grimace qui s'en suit. la gamine qui voudrait pouvoir trouver les réponses qui lui redonneront le sourire, qui apaiseront les entailles de son palpitant lacéré. et elle n'a pas la science infuse, la gamine. toujours pas. elle ne l'aura d'ailleurs jamais. mais p'tre que si elle peut l'aider, elle s'aidera en même temps. maigre lot de consolation, compromis p'tre même bancal. m'enfin c'est tout ce qu'elle a en stock.

les cartes distrayantes sont à présent rangées. et les demoiselles s'élancent sur la piste de danse. relâcher la pression, chasser les pensées qui obscurcissent tout jugement. oublier même les tracas du quotidien de deux gamines qu'ont pas encore atteint la vingtaine. elle oublie, eva. quitte à p'tre même s'oublier, elle-même. son corps pressé contre celui d'un garçon dont elle ignore absolument tout. pas du genre à se laisser tenter par l'éphémère, la gamine imbibée en a même oublié ses réticences. et, tout au fond, elle espère pouvoir compter sur la blonde, si jamais ça dérape. mais ça, elle n'est pas en état de l'avouer, pas en état d'en prendre conscience non plus. elle ignore combien de temps s'est écoulé depuis qu'elle a rejoint la piste. depuis que l'homme la colle. sa voix rauque, homme suave, qui lui murmure quelques douceurs. et la poupée qui le suit vers le bar, parce qu'elle crève de soif. se dépenser ça va bien deux secondes, mais la soif est insatiable. et la gamine se laisse tenter par les fameux shooters de tequila. ceux qui lui donneront si mal au crâne, le lendemain. la gamine qui cherche la blonde du r'gard sans la trouver. ou c'est p'tre juste parce qu'elle n'y voit plus très clair. possible aussi. hey. j't'ai pris des chips. et la rouquine qu'a l'visage qui s'illumine. instantanément. t'es la meilleure personne de la planète entière lena. faut qu't'en prennes conscience. qu'elle souffle en attrapant le paquet d'chips gentiment offert. oh tiens, je sais c'que j'vais faire. le shot qu'elle avale entre temps. le cellulaire qu'elle dégaine et le contact qu'elle cherche. elle ne réfléchit plus très biens, la rouquine, pour sûr. gamin trouvé elle r'garde la blonde, délaissant son attention de l'homme clairement intéressé. juste histoire qu'il sache que j'suis capable de m'amuser sans lui. c'est vicieux. c'est pas elle. l'alcool qui parle, réveille ses démons. second shot avalé avant qu'elle n'appuie sur l'écran de son smartphone, enclenchant ainsi l'appel. eddy qui ne devrait pas répondre. eddy qui ne décrochera pas, boite vocale. eeeeeeddyyyyyyy. ouais, ça commence pas très bien l'affaire. l'homme délaissé qui la r'garde et la distrait de cette main qui passe dans ses cheveux pour replacer une mèche derrière son oreille. eva qui lui fait signe de s'taire parce qu'il cherche à ravoir son attention. mais elle, elle veut s'concentrer sur c'qu'elle va dire au gamin. j'voulais dire quoi déjà ? et elle r'garde lena. comme si elle allait pouvoir lui donner la réponse. sans doute pas non. ah oui. c'est vrai. eeeeeeeeddyyyyyyyy. tu crains. t'es nul et malgré tout, j't'aime quand même. et c'est chiant. tu fais chier eddy, fallait qu'tu l'sâches. et euuuuh ... ça d'vient compliqué, faut être honnête. dernier shot qu'elle dégomme. autant ne pas ramollir. et le délaissé qui revient à la charge. à coup d'jolie rousse et chérie. y a p'tre un ma belle qui passe par là, aussi. elle fait pas trop gaffe eva. trop concentrée sur c'qu'elle veut dire. et encore, elle ne sait plus vraiment où elle en est dans son discours bancal. ben j'sais plus. mais t'es qu'un crétin. pour sûr. voilà. ses prunelles claires qui retrouvent celles de la blonde. par pitié qu'elle lui confisque son cellulaire.

et toi, dans tout ça, comment tu t'sens ? Elle se tire le tee-shirt, pour avoir quelque chose à faire avec ses mains, parce qu'elle est mal à l'aise la Lena. Elle aurait voulu lâcher ça, tranquillement, pour juste lui remonter le moral, sauf que la gamine elle a besoin de soutient, elle a besoin d'avoir quelque chose à faire et qu'on lui donne des conseils. Sauf qu'elles sont aussi perdues l'une que l'autre non ? « Je sais pas, j'ai eu peur, tu vois, peur de le perdre, mais d'un autre côté, si lui continue comme si de rien n'était... ça m'fait encore plus peur. parce que je ne comprends pas ce que ça veut dire, ça v'dire qu'il m'aime assez pour me faire confiance ? Ou qu'il est du genre à tromper sa nana ? parce que dans l'deuxième cas, j'le veux pas. j'veux pas d'un gars qui soit prêt à tromper sa fiancée, la meuf qu'il aime de tout son coeur. Et je... je sais pas Eva, j'suis perdue. » Il y a un semblant de larmes dans ses yeux, parce que la blonde, elle n'a pas envie de le perdre, mais comment peut-elle continuer avec lui ? Et pourtant son coeur bat si fort pour lui. Elle l'aime tant. Et ça la détruit complètement.

Bien vite, Eva se lâche et Lena ne sait plus où se mettre. Elle doit l'empêcher ou l'accompagner ? Elle n'est pas sa mère, mais elle ne veut pas qu'elle regrette. Putain, c'est dur de choisir. Elle lui tend des chips. Un câlin, un shot. Merde, elle va mal finir ! Et voilà qu'elle appelle Eddy. Merde. La PIRE des choses à faire. Lena tend la main, pour récupérer le téléphone, mais la rousse est trop concentrée sur ce qu'elle veut dire. Elle est en train de faire une giga connerie. Alors quand Eva cesse de regarder dans le vague et plonge ses prunelles dans celle de Lena, la blonde prend le téléphone et raccroche. « Merde Eva ! » Elle lui fait les gros yeux. « Bon, j'aurai pu, j'aurai dû, réagir plus tôt, mais on n'appelle pas quand on est bourrée, c't'une règle d'or. » Elle lui prend les mains et là, le gars qui en a marre d'être sur le côté, tente de se réapproprier Eva. Lena soupire et se tourne vers lui. « Ecoute, t'es mignon et peut être plein de bonnes attention, mais là, désolée ça n'va pas l'faire, tu peux aller draguer une nana pas bourrée et vraiment consentante please ? Merci. » Elle attrape Eva - qui a fini sa fournée de shot putain - et se décale. Le mec ne va sûrement pas rester là. Alors Lena regarde Eva dans les yeux « Tu peux lui dire qu'on n'a plus besoin de lui ? » Peut être que son intervention à elle le fera lâcher prise. Bon, au pire, Lena s'est mise au Krav Maga, elle n'hésitera pas à se battre, elle n'hésitera plus jamais en fait.

« Allez, viens t'assoir. » Elle la guide vers l'un des larges canapés qui borde la piste de danse. C'est confortable. « Hey, viens on fait les bitch et on note les gens. » Il faut la distraire et en même temps, qu'elle reste loiiiin de l'alcool, là, ça suffit.

elle prend le temps, eva. le temps de s'intéresser au désespoir de son amie. la rouquine s'apitoiera sur son sort plus tard. et sans doute beaucoup trop longtemps. alors temps qu'à faire, elle ne se voit pas ignorer les soucis de la blonde. rien qu'en lui demandant comment elle se sent dans toute cette histoire. et elle voit bien son malaise à la façon dont elle tire maladroitement sur son tee-shirt. et plus elle se confie, plus la gamine se sent mal. elle se mord nerveusement la lèvre inférieure. et finalement, elle glisse une main dans la sienne. ok, tu sais quoi, j'peux pas te laisser comme ça ma belle. va falloir que tu lui parles, et sérieusement. fais pas les mêmes erreurs que moi. sourire pincé. légèrement. tu peux pas t'enliser dans tes doutes. parle lui. vraiment. prendre son courage à deux mains et oser avouer tout ce qu'elle a sur le cœur. loin d'être un exercice facile, mais ça aurait au moins le mérite d'être libérateur. parce que même si, à l'heure actuelle, eva traverse une passe compliquée, elle ne peut pas nier qu'elle se sent plus légère. moins stressée. elle se sent mieux malgré ce qu'elle s'apprête à vivre.

le temps passe bien trop vite, ou alors c'est parce que l'alcool lui est sacrément monté à la tête. première cuite qu'elle subira avec une certaine violence. du genre à lui broyer la cervelle. elle découvrira le lendemain les conséquences de cette soirée catastrophe. pour l'instant, elle est en train de laisser un message sur le portable d'eddy. grossière erreur. de débutante. sans aucun doute. elle notera, pour les prochaines fois, de toujours confier son cellulaire à une personne responsable qui pourra l'empêcher de faire la même boulette. ses billes claires se posent sur la demoiselle qui l'accompagne et cette dernière lui arrache l'appareil pour mettre fin à son calvaire. alléluia. elle peste, elle grogne, et elle a totalement raison d'ailleurs. mais ça, la rouquine, elle ne s'en rend pas compte pour le moment. tout ce qu'elle trouve à faire, c'est de bouder. de manière totalement théâtrale. en y ajoutant les yeux de chat potté, bien évidemment. mais lena ... rien de plus à dire. juste une supplique soufflée entre deux remontrances. un bras masculin enlace ses épaules, sourire en coin. corps qui s'affale un peu contre celui de l'intrus. et, une fois de plus, la blonde proteste. et, une fois de plus, elle n'a pas tord. et son regard change. ça pétille dans ses prunelles, l'admiration qui en transpire. impressionnante la mormone. ancienne. mormone. bref. sauf que l'type, il n'a visiblement pas envie de dégager l'plancher. tu peux lui dire qu'on n'a plus besoin de lui ? la rouquine soupire et se redresse. certainement pas très gracieusement mais ça, c'est un détail. le r'gard qui se plante dans celui du gars en question. bon, mon grand, t'as compris la d'moiselle. bouge. aller, hop. main plaquée sur le torse particulièrement bien sculpté qu'elle envoyer balader ailleurs. pas vraiment content de s'faire recaler visiblement, mais ça, c'est pas son problème. l'homme râle, souffle et fini par laisser les filles toutes seules. enfin. les demoiselles quittent la banquette pour une autre, un peu plus à l'écart, quoi que bien plus proche de la piste. cela dit, c'est bien plus confortable à cet endroit. hey, viens on fait les bitch et on note les gens. jolie poupée a le visage qui s'illumine. oh ouiiii ! carrément ! bon, elle n'est plus vraiment en état. très clairement. mais bon, on pourra mettre ça aussi sur le compte de l'alcool. meilleure excuse de tout l'univers d'ailleurs. han, regarde elle, là-bas. et elle pointe du doigt. mal élevée et surement pas la plus grande idée du siècle. détail. encore. elle est au courant qu'elle a pas l'physique de beyoncé ? parce que sans dec' la t'nue, nooooope. elle pouffe de rire, la rouquine. ça vole bien bas. c'est clair.

La gêne qu'elle ressent est réelle pourtant, elle a envie de faire comme si de rien n'était, comme si ce n'était pas grave, comme si c'était juste une anecdote. Sauf que cela ne l'est pas. Et elles le savent toutes les deux. Est-ce que Hayden ne le sait pas lui aussi ? Indécise, Lena avoue tout, mais n'arrive pas à mettre le doigt sur le coeur du problème. parle lui. vraiment. Lena sait qu'Eva a raison. La blonde le sait, vraiment. Sauf que c'est bien plus facile de faire la sourde oreille. Pire, de faire comme si on allait agir, sans réellement agir. Elle se mord la lèvre tout en promettant de le faire. Elle ment en la regardant droit dans les yeux, mais Lena ne peut pas. Vraiment pas. Avouer c'est risquer de le perdre. Avouer, c'est sortir de sa vie. Avouer, c'est se briser le coeur une fois de plus. Il n'y a aucun espoir qu'Hayden la choisissent elle, alors elle ne prendra aucun risque. Elle se taira, le coeur lourd, pour savourer une fausse amitié.


Puis Lena prend les devants, elle repousse le type qui louche sur le décolleté d'Eva et la blonde finit par réagir. Elle le vire. Elle n'a plus froid aux yeux, elle n'a plus peur de s'imposer. Elle bosse ici, cela l'aide clairement. Elle ose se dresser parce qu'elle sait qu'elle sera soutenue. Elle soupire et entraîne Eva. Elle marche plus droit, mauvais signe. « Hey, viens on fait les bitch et on note les gens. » Elles sont assises sur des canapés confortablement et elles regardent autour d'elles. Lena rigole doucement, Eva est foncièrement gentille, même quand elle clash elle est douce. C'est là qu'elle se rend compte combien elle a changé, combien elle n'est plus capable de voir uniquement le bon chez les gens qu'elle croise dans la rue. Avant, elle ne trouvait pas un défaut ou quelqu'un moche, elle cherchait mieux pour lui trouver un compliment... et voilà qu'elle trouve maintenant qu'Eva n'est pas assez méchante ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rend chez elle ? « Atta, mate c'lui-là, là-bas ! » Elle désigne un gars immense. « Sa coupe de ch'veux là, faut qu'il se fasse rembourser par son coiffeur. » C'est facile d'être vache, et elle s'en rend compte. « Ou cette nana là, son string qui dépasse, c'est soooo 2015 là, qu'est-ce qu'il s'est passé dans sa tête ? » Elle pose son dos sur le dossier et s'avachi un peu. « Tu crois qu'j'peux enlever mes talons ? » Pied nus fraichement manucuré, mais bonjour l'odeur, elle a bien dansé tout de même.

décadence. déchéance. souffrance. jolie poupée se laisse tenter par l'ivresse. comme si elle cherchait un nouveau moyen de noyer ses doutes, ses erreurs. comme si elle cherchait un nouveau moyen d'accepter l'évidence d'une défaite assurée. y en a qui passent leurs nerfs sur la nourriture, d'autres sur le sport. pour se vider l'esprit, pour éviter de penser à toutes sortes de conneries qui pourraient les déranger. et y a ceux qui plonge dans l'alcool. elle, d'ordinaire, se contenterait d'un bon bouquin, peut-être d'une sitcom sur netflix. l'envie de changer ses habitudes, de donner un grand coup de pied dans son existence trop plate de gamine sans risques. parce que c'est ce qu'il lui a reproché, quelques heures plus tôt. de rester dans sa zone de confort, de ne jamais prendre de risques. fallait bien qu'elle commence quelque part. certainement pas le meilleur choix cela dit. certainement pas la meilleure chose à faire. clairement. ceci étant, elle s'est dit qu'en étant en bonne compagnie, elle ne pourrait pas faire de faux pas. et comme lena lui a proposé une soirée au masquerade, la rouquine s'est dit que ce serait une bonne raison d'avoir un chaperon. parce qu'elle n'aurait pas pu se lancer dans la débauche sans avoir quelqu'un à son côté. pour sûr qu'elle aurait préféré que ce soit eddy qui l'accompagne. parce qu'il a toujours été là, jamais bien loin. les nombreux moments partagés qui ne quitteront jamais ses pensées. et la distance pourtant qui semblait s'imposer. le temps de guérir un palpitant blessé. et lenaig est un second choix parfait. premier choix qui aurait pu être évident. la première cuite de la rouquine, avec deux âmes trop importantes pour être mises à l'écart. la blonde prendra soin de la gamine, c'est certain. d'ailleurs, y a qu'à voir comme elle est attentionnée. les chips, l'homme dégagé. ne jamais la laisser seule, toujours garder un œil sur elle. les filles s'affalent sur les canapés, plus confortables, en quête de proies à dénigrer. la rouquine vraiment pas médisante. et pourtant elle se prête au jeu, comme s'il coulait dans ses veines. juste une impression pourtant. parce que quand elle vanne, elle reste pourtant bien gentille. une nana dans une tenue qui ne l'avantage absolument pas. elle aura essayé, eva. les rires d'adolescentes qui se mêlent et s'emmêlent. la rouquine se sent libre et légère. alcool trop présent dans ses veines. rien d'étonnant vu tous les shots qu'elle s'en enfilée. god, vraiment ?! elle croit vraiment qu'elle va chopper comme ça ?! c'est sûr qu'à une époque, ça devait fonctionner mais les mentalités changent sans cesse. les modes passent en un clin d'œil. le string qui dépasse, ça fait bien longtemps qu'c'est terminé. haaaan ouais, viens on enlève nos chaussures ! ça ne la dérangera pas le moins du monde. pis après on r'tourne danser qu'on montre que l'string qui dépasse, c'est teeeeeeeerminé. elle s'emballe, la rouquine. la tequila régit ses actes. les douloureuses retirées, jolie poupée s'lève d'un bond. et ça tangue. un peu trop. oula. gloussement irrésistible. gamine se stabilise comme elle peut.haaaan attends. je sais, je sais. on a qu'à ... les sourcils froncés. ah ben j'sais plus. elle hausse les épaules, comme si tout ceci était anodin. anyway, tu viens ? la lippe inférieure mordue à pleine dent. l'sourire qui s'agrandit. rouquine se trémousse. pieds nus. comme si elle était dans son salon, à l'abri des regards de tous. oooh si, j'ai une idée, on a qu'à appeler mon frère ! y a aucune raison de faire ça. vraiment aucune. p'tre que ça fait trop longtemps qu'elle ne l'a pas vu. ou p'tre qu'elle a juste besoin d'lui raconter l'étendu des dégâts. une chose est sûre cela dit, c'est pas l'moment de déranger big brother à cette heure-là. quoi que.

Et les voilà reparties. Eva, cette fille si sage est un tourbillon ce soir. Elle ne tient pas en place, elle danse, elle rit, elle boit. Lena ne l'a jamais vue comme ça et ... elle l'apprécie de la sorte, mais pas autant qu'elle l'aime quand elle est sérieuse. Lena ne boit pas, ne boit plus, mais elle sait combien ça peut changer une personne. Elle découvre cette Eva enfouie qui n'ose sortir le reste du temps et elle comprend qu'elle a encore beaucoup à apprendre sur son amie. Mais cette Eva sans gêne est assez amusante après tout. Danser pied nus, sans sse soucier du monde. La blonde n'a -donc- pas bu, elle est un tout petit peu plus gênée et ose moins, mais elle ne veut pas prendre le risque de fâcher sa copine alors elle se débarrasse de ses pompes et la suit au milieu de la piste.

Et c'est si bon d'être bien pour danser. Pourquoi est-ce qu'elle se tue les pieds avec ses talons le reste du temps ? Puis elle remarque les coups d'oeil des gens pas assez bourrés, les rires des gamines moqueuses... et elle se rappelle. Lenaïg déteste être le centre de l'attention surtout si c'est négatif. Elle déteste ces oeillades, ces rires, ces moqueries. Elle a envie de se battre et elle se déteste de penser ça. La violence ne résout rien, elle le sait bien mieux que quiconque. Elle soupire et détourne le regard, mais elle a l'impression que tout le monde la dévisage, alors que les trois quatre des personnes ont bien trop bu pour même la remarquer.

Heureusement Eva lui fournit une porte de sortie. Elle remet vite fait ses chaussures, plus à l'aise comme ça. « Alors nop mad'moiselle, on avait dit stop les appels. » Un réflexe. Puis elle fait le lien. « Attend, t'as un frère ? » Lena est intéressée, elle ne connait vraiment pas Eva c'est un fait. « Dis m'en plus, il s'appelle comment ? Tu l'aimes combien ? » Elle veut toujours savoir parce qu'une idée germe en elle. Et si elle la ramenait chez son frère ? Lena ne peut la ramener chez ses parents, elle n'est pas majeur, elle n'est pas censée boire et vu l'état dans lequel elle est... Lena ne peut pas l'amener chez Eddy non plus et pas à la coloc, elle ne veut pas que les autres sachent et préviennent Eddy. Alors elle n'a pas d'endroit où la dépose, donc chez son frère lui semble bien. « Il habite en ville au fait ? » Question important qui peut nuire à tous ses plans s'il est sur la côte est. Toute à ses calculs, elle ne remarque plus rien autour d'elle.

l'absence de toute forme de logique. de toute forme de décence. succomber à quelques plaisirs simples que les mouvements approximatifs. et elle s'en donne à cœur joie, la rouquine. l'oubli de soi. l'oubli des autres. elle danse, à en prendre haleine. elle se dépense, à s'en couper le souffle. les regards moqueurs, les expressions rieuses. elle n'en n'a que faire. elle qui, d'ordinaire, s'attarde sur ce qu'elle dégage, sur la justesse de ses gestes et de ses paroles. tout envoyer valser pour quelques tequilas qui auront eu pour effet de la décoincer. dévergonder. prise de risques. lâcher les chevaux. et ne penser à rien. ne plus entendre les millions de questions habituelles. ne plus s'intéresser à toutes les pensées rationnelles. cerveau en pause. sans même voir ni se préoccuper du malaise que ressent la tête blonde qui lui tient compagnie. elle s'invente. se réinvente. pour ne pas avoir à craindre la descente. chute libre inévitable lorsqu'elle aura décuvé. lorsqu'elle se prendra la gifle méritée d'une toute autre réalité. les sens embrouillés par l'alcool, gamine a pourtant cette pointe de lucidité. cette envie d'appeler son frère bien qu'aucune raison ne l'y forcerait. le manque. peut-être. l'envie de s'épancher comme elle le fait tout le temps. même s'il n'en n'a rien à faire. ne serait-ce que pour garder ce lien qu'elle chérit plus que tout au monde. sans se rendre compte qu'elle peut être incroyablement invasive à bien des égards. le refus puis la surprise de lenaig. ben oui, j'ai un frère. parce que, pour elle, c'est évident. mais pas pour le monde entier. être oublié, rayé de la lignée. les géniteurs mettent un point d'honneur à ne pas s'en souvenir. à ne pas l'évoquer. délibérément. on l'appelle pas. on l'oublie. qu'elle balance avec un dégoût non dissimulé. cette rancune tenace qu'elle entretient avec vigueur. tache d'encre noir sur le tableau familial d'apparence pourtant si parfait. j'l'aime plus que ... plus que... elle s'évertue à vouloir réfléchir mais elle en est clairement incapable. ça s'mesure même pas combien je l'aime en vrai. parce qu'y a pas de limite. aucune. mais chuuuuut. on peut pas en parler chez les adler. parce que l'frangin, c'est rien qu'un raté. ouaip. qu'elle ajoute. pas de sens. aucun. c'est pas un raté. c'est pas un paria. qu'elle pense, qu'elle revendique. il s'est juste paumé en chemin, c'est pas un drame. pour elle. mais pas pour la dynastie adler bien trop attachés à ce que l'on pourrait penser d'eux. à ce qu'on pourrait dire. écouter les rumeurs plutôt que d'aider une âme en peine, servir de béquille et arranger les choses. ouiiii, il est pas loin. j'crois. j'sais plus trop. mais il est dans l'coin, c'est certain. le sourire qui étire ses lèvres. la seule façon pour elle de se consoler dans ce bordel sans nom qu'est devenu sa famille. il n'est pas loin. elle peut continuer d'entretenir un lien étroit avec lui. ne pas l'abandonner, elle aussi. jamais. il est cool, j'te jure. parce qu'elle se sent comme obligée de vendre ses qualités. alors qu'y absolument aucune raison de le faire. c'est pas l'méchant d'l'histoire. tu m'crois, hein, dis ? ouais. l'alcool, c'est moche.

Lena a toujours rêvé avoir une soeur à qui se confier, jamais elle n'a songé à avoir un frère, sauf que les paroles d'Eva la réveille totalement. Un frère pour la protéger, un frère pour prendre soin d'elle, un frère à aller voir en cas de trouble et de doute. Bon, elle a un père pour ça, mais les liens fraternels doivent être ... autres non ? Sinon plus fort. Lena est perdue dans ses envies irréalisables, bien sûr qu'elle n'aura jamais ni une soeur ni un frère. Et ce petit pincement au coeur qui se fait sentir, cette voix qui vient de loin et qui lui dit "tu es seule". Elle a mal la petite, mal parce que c'est vrai. Elle a des amis, elle vient de découvrir que son père était vraiment là pour elle, mais tout de même, elle est seule. Entourée mais seule. Et ça lui déclenche un frisson, des doutes, la peur de finir oubliée.

Sauf que ce soir, elle ne peut pas s'apitoyer sur son sort, elle n'a pas le droit, elle n'est pas là pour elle-même, mais Lena doit prendre soin d'Eva. Une amie. Une vraie. C'est mieux que rien. Alors la blonde elle se promet qu'elle fera tout pour la rousse. Et qu'elle aimera ça. Elle sourit et se raccroche à la conversation. Eva est dure à suivre, elle ne comprend pas les silence, les sous-entendus. Lena n'est jamais entrée dans la famille Adler, elle les connait pas. Elle n'a vu la maison, qu'une seule fois, et c'est si éloigné que tout ce qu'elle a toujours connu qu'elle ne peut même pas envisager ce que c'est réellement. « Mais jore ! Bien sûr qu'j'te crois ! » Elle sourit pour Eva. « Bon, ça m'perturbe par contre que tu veuilles pas qu'on l'appelle maintenant, mais j'te crois toujours t'sais. » Elle est pas naïve Lena, mais elle a envie de lui faire confiance totalement et sans restriction. Elle a envie qu'Eva sache qu'elle peut s'épancher sur elle. Avant, elle avait Eddy pour ça, mais vu la tournure, ça semble compliqué.

Lena perd ses yeux dans le vague. « J'aimerai tant. » soupire-t-elle. « J'aim'rai tant savoir c'que c'est qu'cet amour, genre aimer son frère ou sa soeur. » C'est bizarre dit comme ça, mais c'est pas nouveau. Elle en a déjà entendu parler de cet amour inconditionnel, et clairement, elle ne l'a pas vécu. Alors elle en rêve. « pff, j'rêve. » Et elle secoue la tête. La fête commence à lui monter à la tête, les bruits non stop et le mal de pied. Mais elle restera là, tant qu'Eva l'veut.

amertume qui lui reste coincée en travers de la gorge. elle qui ne comprendra jamais pourquoi ses parents ont rejeté son frère. eux qui prônent pourtant les valeurs familiales comme si c'était la chose la plus importante au monde. bullshit. y a que les apparences. y a que l'image qu'ils dégagent qui compte. ça fait tache d'avoir un fils qu'a pas réussi, qui ne cherche pas vraiment à s'en sortir non plus. eux qu'ont rien fait pour que ça change non plus. mieux valait le laisser dans sa merde plutôt que de lui tendre la main et de l'aider à se relever. y a qu'eva, qu'est toujours là pour lui. quoi qu'il arrive. quantifier l'amour qu'elle lui porte est impossible. d'autant qu'elle ne sait plus à quelle échelle elle doit se référer à présent. elle déverse sans fil conducteur tout ce qu'elle pense. les filtres abandonnés. c'est donc cet effet-là, qu'a l'alcool sur l'organisme humain. elle comprendra, plus tard. encore heureux qu'elle n'ait pas l'alcool triste, la blonde aurait dû la consoler. carnage assuré. non pas qu'elle n'en soit pas capable. elle croit en elle, eva. mais pas au point de penser qu'elle pourrait remonter le moral d'une personne saoule et en pleine crise existentielle, avec des litres de larmes dégoulinant sur les joues. hein ? quoi ? si si, j'veux qu'on l'appelle. c'est la meilleure personne qui existe sur cette terre. elle a du mal à articuler et ses mots s'entremêlent. elle idolâtre son aîné. sans doute un peu trop, parfois. les paupières qui s'ferment et le sourire qui reste figé sur ses lèvres. il pourra p'tre même faire une annonce générale pour dire qu'les strings qui dépassent, c'est mort et enterré. le rire décalé. rouquine reste fixée sur cette histoire. pour rien. le plus raisonnable serait qu'il la ramène chez lui. histoire qu'elle dorme. qu'elle décuve, surtout. reste à découvrir si elle le laissera faire. ça, c'est encore autre chose. m'enfin vu son état, y a des chances qu'elle ressemble à un simple ballot de paille qu'il portera sans encombre. les paupières se rouvrent et elle observe la blonde qui divague. ou alors c'est p'tre juste que ses phrases n'ont plus aucun sens à ses oreilles. elle fronce les sourcils, quelques secondes. juste le temps pour elle de remettre en ordre ce qu'elle vient d'entendre. dans l'fond, la place de meilleur ami, ça r'semble pas mal à ça. haussement d'épaules. exemple mal choisi dans leurs cas puisqu'elles ont toutes les deux succombés aux sentiments divergents pour leur meilleur ami respectif. 'fin, un meilleur normal. pas les nôtres. comme si c'était eux le problème de l'équation. aucun sens. vraiment. ou p'tre si, mais genre, avant qu'ça parte en couille ... 'fin tu sais quoi. petite grimace bien vite estompée parce que le type qui la collait plus tôt vient de se prendre le contenu d'un verre dans la tronche. elle ne se retiendra pas d'rire, cette fois-ci. ses pensées s'envolent vers l'insolente. celle avec qui elle partage absolument tout. celle qu'elle considère comme une sœur. parce que c'est ça, une meilleure amie. une sœur qui aide à se relever quand on tombe. qui n'a pas peur de balancer la vérité, aussi assassine soit-elle par moment. avec qui on se chamaille de temps en temps mais qu'au fond, on aime sans condition. et, sans qu'elle n'ait vraiment le loisir de guider ses songes, y a l'gamin qui y fait son apparition. j'aimerai qu'eddy soit là. qu'elle lâche sans retenue. on s'est toujours dit que c'genre de soirée, on les f'rait ensemble ... c'est con hein. mais il m'manque. et j'ai l'impression d'le trahir quand il est pas là. demi sourire. elle est heureuse d'avoir partagé ce moment avec lenaig. elle ne le niera jamais sinon ce serait mentir. effrontément. et elle s'y refuse catégoriquement. pincement au cœur pourtant de ne pas avoir profité de ce moment avec le gamin. tu vois lena, c'que t'as fait c'soir, pour moi ... ben c'est ça, être une sœur. sa main qui glisse dans la sienne. pour l'en assurer. la rassurer. elle joue dans le melo, la rouquine. faut arrêter le massacre. l'émotion exacerbée par l'alcool, elle va finir par chialer et ce s'ra foutu.

La jeune blonde est partie loin, s'imaginant avoir un frère, chose impossible. Et pourtant, elle continue de rêver. Mais lorsque Eva se remet à dire des conneries, elle explose de rire. C'est si simple avec elle, de passer du rire aux larmes. C'est si facile cette relation et elle est heureuse de partager ça avec Eva. Elle s'essuie les coin des yeux et se remet à boire son verre d'eau. Ridicule de boire de l'eau, mais si ça peut inciter Eva, elle prend tout.

Puis de retour dans le sujet qui fâche, c'est sûr, la rousse commence à avoir l'esprit bien embrouillé. Lena lève les yeux au ciel, mais d'un autre côté, elle a raison Eva, elle a raison d'insister pour se rendre compte que quelque chose ne va pas et qu'il faut qu'elles lâchent du lest, qu'elles acceptent que la vie doit suivre son cours et changer. En parler ça aide à comprendre. « Mouais, j'avoue que c'était pas l'amour dont je parlais... surtout que je crois que j'ai toujours aimé Hayden. » Elle se mord la lèvre et baisse les yeux. Elle ne connait Hayden que depuis 1 an et demi, ce n'est rien comparé à la vie qu'Eddy et Eva ont vécu depuis gamin. Et pourtant, ça semble aussi douloureux. « Enfin, je crois que j'imagine. » Faux non, mais Eva met tant d'effort pour lui expliquer qu'elle lui doit bien ça. Après tout, c'est pas la blonde qui a bu trop d'alcool.

Mais Eva a le coeur lourd et ça Lena le ressent bien. Elle a envie de la prendre dans ses bras et de lui dire que tout ira bien, mais c'est trop compliqué pour pouvoir juste lâcher cette phrase. « Oh » qu'elle lâche, juste indécise. « Vous en ferez d'autres ? » Son intention se termine comme une question, mais à la base ce n'était pas censé en être une. Puis c'est une phrase bateau, Lena a bien compris ce qu'elle voulait dire par-là. « J'crois qu'il est tant d'rentrer. » qu'elle murmure. Quand on en vient à regretter autre chose, c'est que l'excitation et la joie est terminée, il faut passer à autre chose.

Pourtant Eva est si douce, cette main serrée, cette parole pleine d'amour. Le coeur de Lena se met à battre plus vite, heureuse d'avoir être une vraie amie pour Eva. Elle sourit et ne résiste pas, elle la prend dans ses bras. « Une vraie soeur ne te laisserait pas dans cet état-là, allez viens. » Et elle la sort du masquarade.

Sur le perron, elle prend le téléphone d'Eva et appelle son frère. Lena n'a jamais été très téléphone et appeler quelqu'un qu'elle ne connait pas, ne l'enchante pas vraiment, mais elle va le faire pour Eva.

« Allo ? Hum, oui c'est pas Eva, c'est une copine d'Eva. Je crois qu'elle a besoin de dormir et il vaudrait mieux que ce soit chez toi. C'possible ? »

Elle tient Eva par la main, pour pas qu'elle s'enfuit pendant qu'elle a l'esprit ailleurs.

« Avant que tu la juges trop fort, c'est moi qui l'ait fait boire. »

Pas tout à fait vrai, mais elle ne sait pas ce que son frère va en penser.

elle ne peut pas s'empêcher de penser au gamin. lui qui passe trop de temps à la tourmenter, sans le vouloir. sans le voir. et elle s'en veut, en silence, de ne pas être capable de le chasser de ses pensées. la preuve en est puisqu'elle le remet sur le tapis. encore. même si l'alcool lui a permis de l'effacer pendant quelques heures, il revient à la charge. et c'est presque trop violent. à en juger par la façon dont elle continue à parler de lui. cette impression de trahison. alors qu'c'est lui qui a cherché à ce qu'elle parte en vrille. sa jeunesse innocente qui pense qu'elle est au summum de la connerie alors qu'elle en est bien loin. bonne idée que de mettre un terme à cette soirée. sans doute temps pour elles d'aller danser avec morphée plutôt que de persister à rester éveillées. l'air frais agresse son visage mais ça fait du bien dans l'fond. première étape pour décuver. prendre l'air, même si ça la fait grelotter. la blonde se sert du cellulaire de la rousse pour appeler le frère adler en renfort. surement la meilleure option. la raccompagner chez elle, dans cet état, et prendre le risque de réveiller les parents, c'est clairement pas une bonne idée. pas l'heure de se faire passer un savon. surement pas dans cet état. et bien qu'elle soit concentrée sur la lumière éblouissante d'un lampadaire, elle entend la blonde prendre toute la responsabilité de ce carnage alcoolisé. han mais tu mens, c'est moche ! qu'elle s'impose sans prendre le temps de réfléchir. t'as juste fait attention à c'que j'fasse pas d'la merde. t'es folle. c'est pas d'sa faute, c'est la mienne. qu'elle boude. sans vraiment être certaine que son aîné l'entende. elle le lui redira, quand il sera là. elle le note dans un coin de sa tête. et encore, pas sûr qu'elle y pense. détail. la blonde fini par raccrocher. le frangin arrive. sauveur tout trouvé. impossible qu'il refuse de se déplacer. jolie poupée n'en reste pas moins sa seule alliée après tout. déjà qu'il n'est pas dans les bonnes grâces des parents, si en plus il se permettait de la laisser dans cet état, ça n'arrangerait absolument rien. et puis, il finirait par s'en vouloir et la rechute serait fatale. surement. peut-être. ou pas. t'es une bonne amie lena, n'en doute plus jamais s'te plaît. qu'elle glisse en se faufilant entre ses bras. la gamine qu'apprend vite à se fondre dans la masse. qu'apprend vite à oublier les bases biaisées qu'on a pu lui enseigner par le passé. elle ne saurait dire combien de temps s'est écoulé depuis que la blonde a mis fin à la conversation téléphonique. tout ce dont elle se souvient, c'est du rire retenu de son frère quand il a vu sa tête. ah bah t'es belle tiens. qu'il a lâché en récupérant le corps glacé de la rouquine. le soutien nécessaire d'un bras passé autour de sa taille pour éviter qu'elle ne se casse la gueule. la fatigue a lacéré son être. en route l'alcoolique. grand sourire sur son faciès. merci. d'avoir prévenu. j'te ramène toi aussi ? qu'il a demandé à la blonde. tant qu'à en ramener une, autant ramener l'autre aussi. trop jeune à ses yeux pour rentrer seule. c'est pas un connard, le adler. c'est pas un pestiféré comme s'évertuent à le penser les géniteurs. c'est un gars bien. quand il veut.

Eva est complètement bourrée, pendant un court instant Lena songe au lendemain matin, quand elle va payer par son mal de crâne cette soirée, puis elle hausse les épaules : Eva en avait besoin. Alors elle lui tient la main et danse devant le masquarade club avec son amie. Cette fois-ci, elle se fiche des regards. Bon, il peut y avoir Aoden qui la voit, mais est-ce qu'il ne sait déjà pas tout d'elle ? Enfin presque.

Et puis il arrive et la joie de Lena s'évapore. La blonde devient toute gênée, elle se sent de trop. Malgré elle, Lena se sent jalouse de la relation. Elle veut désespérement un grand frère, un gars sur qui compter. Alors elle se mord la lèvre et se fait toute petite.

« Non merci, t'inquiète je suis pas loin et j'apprends le Krav Maga. »

Elle dit en souriant délicatement. Bien sûr qu'elle préférerait être ramenée, mais elle se sent bien en trop, comme la cinquième roue du carrosse. Eva est ailleurs pour s'en rendre compte et son frère ne la connait pas, alors ça passe.

Elle serre Eva dans ses bras et lui murmure. « Dors bien et bois de l'eau ! » Et elle s'en va. Le coeur serré d'un côté et léger de l'autre. Eva est un rayon de soleil dans sa vie, et ça lui fait du bien de voir qu'elle s'épanouira. Cela va finir par s'arranger avec Eddy, c'est sûr.

RP terminé