Soirée de libre pour le petit Marchesi, aucun besoin de lui au club et la possibilité de rester tranquille sur son canapé. Enfin, ça, c'était sans compter sur sa colocataire et son envie folle de partir s'amuser en soirée. Ulrich n'a pas envie de bouger, mais elle le supplie, négocie. Il finit par céder, parce qu'elle le fait flipper à lui dire qu'elle ne peut pas y aller seule, parce qu'on ne sait jamais ce qu'il peut arriver. Ulrich ne peut pas se résoudre à la laisser. Puis la fête n'est pas si loin, à quelques rues de l'appartement, il se dit que s'il en a vraiment assez, il pourra rentrer. Il fait l'effort, salue l'organisateur de la soirée, feint son envie de s'éclater, lui aussi. Pourtant, ces derniers temps, le goût de la fête n'est pas ce qui l'anime. Mais bon, maintenant qu'il a été incrusté, autant s'amuser. De toute façon, c'est l'une des rares choses qu'Ulrich sache faire correctement. Pauvre gamin que la vie a massacré. Bon qu'à réveiller ses démons qui sommeillent en dedans. Alors, il enchaîne, prend les verres qu'on lui tend, joue à des jeux débiles où tout un tas d'alcool est ingurgité par le perdant. Heureusement pour Ulrich, il ne perd que rarement. Mais cela ne l'empêche pas de boire, de fumer. D'intoxiquer ses poumons, son foie et son esprit juste pour faire taire ses nombreuses pensées.
Il sent l'alcool se répandre dans son corps, prendre possession de sa raison et de toute potentielle réflexion. Pourtant, il arrive à contrer le moment fatidique. Celui où il n'est plus capable de rien. Il y arrive, en profite pour s'échapper et rentrer chez lui avant que les choses ne dégénèrent. Et qu'il ne se souvienne plus de cette soirée. Mettre un pied devant l'autre est un peu plus compliqué que lorsqu'il est sobre, il faut bien l'avouer. Mais il parvient tout de même à ne pas trop tituber. A avancer, à remonter cette rue semblant interminable pour arriver devant son immeuble dont le calme et la quiétude contrastent avec la soirée qu'Ulrich vient de quitter. Il peine à monter les quelques marches qui lui permettent d'atteindre la porte d'entrée de ce grand bâtiment. Douleurs violentes, fulgurantes, massacrant son crâne. Ça tambourine à l'intérieur de sa tête, le forçant à s'asseoir pour ne pas vaciller. « bordel. Bien joué Ulrich, t'as encore brillé. », peine-t-il à articuler avec sarcasme alors que son cerveau est sur le point d'exploser.
Lena se réveille en sursaut de sa petite sieste, avec un mauvais pressentiment. L'esprit encore comateux, elle tourne son téléphone pouvoir l'heure.« Oh putain merde, merde, merde. » jure-t-elle en se levant en vitesse. Elle n'a le temps de rien vu qu'elle est déjà en retard. Elle attrape son uniforme qu'elle avait ramené pour le laver, appelle le chauffeur de son père - putain sacré avantage et gain de temps de folie -, prend son sac et sort en courant. Elle claque la porte et descend dans la rue. La voiture est déjà là, Lena se demande si son père lui avait envoyé en découvrant qu'elle n'était pas encore arrivée. Elle lève les yeux au ciel et se jette à l'arrière. « Merci » dit-elle au chauffeur avant de déposer un bisou sur sa joue. Ces derniers temps, il le sauve beaucoup alors elle commence à sincèrement l'apprécier.
La soirée du samedi est toujours intense et pleine de monde. Elle n'a pas une minute à elle et c'est, complètement crevée qu'elle finit son service. Elle n'a qu'une envie c'est de s'allonger dans son lit et fermer les yeux. Sa longue sieste de l'après-midi n'a clairement pas suffit. Elle soupire en arrivant devant chez elle. Son lit est là, elle n'a plus qu'à ouvrir la porte pour se jeter dedans et... pas de clefs. Ni dans ses poches, ni dans ses mains. Putain. Elle n'a pas vérifié en partant et maintenant qu'elle est là c'est trop tard. Elle sonne, on sait jamais Achil peut la sauver, mais non, il est sorti lui aussi. Merde. Elle s'assied sur les marches. Elle pèse le pour et le contre. Aoden est encore au boulot, mais son chauffeur doit bien dormir de temps en temps ? Elle n'a pas envie de le déranger, pas envie d'aller au manoir non plus. Elle se mord la lèvre quand elle entend. « bordel. Bien joué Ulrich, t'as encore brillé. » Un éclair de joie passe dans ses yeux. Ulrich. Puis elle le regarde mettre un pas devant l'autre et a envie d'éclater de rire. « Oh tu tombes si bien ! » Et elle lui saute dans les bras, sauf qu'elle n'avait pas songé à son élan et qu'ils s'écrasent tous les deux au sol. « Oups désolée. » dit-elle avant de l'aider à se relever.
Puis elle avoue, gênée. « J'ai oublié mes clefs et Achil n'est pas là, je peux squatter s'teupl ? » Clairement, elle va dormir sur le canapé, elle ne va pas embêter Achil pour qu'il rentre plus tôt ou qu'il rentre tout court, il dort ailleurs parfois. « Et échange je te fais un pansement sur le bobo que je t'ai fait. » Parce qu'en plus, elle a réussi à le faire saigner, idiote qu'elle est.
Elle a tapé fort la soirée, entre les clients exigeants de Lenaig et les verres un peu trop remplis qu'Ulrich a enchaîné. Ils sont loin d'être dans le même états tous les deux, pourtant la galère est la même. Il est tard, leur seul désir est de se vautrer dans un lit, mais ils restent assis sur les marches de l'immeuble à attendre que les minutes passent. Quand ils trouvent la force de se relever pour entrer, ils ne retiennent pas la lourde porte qui se referme dans un bruit de tonnerre et fait trembler le bâtiment. Quelques étapes au-dessus des chiens se mettent à aboyer, réveillés brutalement par le boucan. Evidemment que ce soit l'ascenseur est en panne, il ne reste que les escaliers pour aller au bon étage, mais c'est sans compter sur le vieil homme qui lui aussi a été tiré de son sommeil au milieu de la nuit. Bâton à la main, il sort de son appartement du rez-de-chaussée pour crier sur les perturbateurs. Que choisiront-ils alors, les chiens ou l'homme ?