[Terminé] How lucky I am for having you [Lenaig]

How lucky I am for having you

Je courais sous la pluie sans m'arrêter, sans reprendre un seul instant mon souffle. J'avais quitté l'hôpital car je ne pouvais plus supporter de rester avec elle. Je l'aimais, mais je la haïssais à la fois, et c'était insupportable. Je n'arrivais pas à croire que tous mes efforts pour rester en vie, me raccrocher à celle-ci, réapprendre à marcher et tout ce que se relever d'une tentative de suicide implique avec ses doses d'hospitalisation et autres réjouissances puissent être anéanti par la perte de mon fils. Je m'étais accroché à son existence comme à un marin en perdition dans l'océan du désespoir se serait tenu à sa bouée. A présent que Liam n'était plus là, c'était mon monde, mon univers qui s'effondrait. Si j'avais pu m'en sortir grâce à Jordan, les efforts étaient aujourd'hui vain puisqu'elle était la cause, à mes yeux, de sa mort. Si elle n'avait pas réagi aussi idiotement, aussi insoucieusement et sans toute cette dose d'égo qu'un tel acte implique elle serait encore enceinte et nous attendrions sans nous en préoccuper la venue du bébé. Mais il n'y avait plus d'espoir, tout était détruit.

J'avais pris mon portable et envoyé un message à la seule et unique personne que j'avais envie de voir en cet instant-même. Pas Mike, non, mais Lena. La seule qui sache me faire sourire même dans les pires moments. J'avais besoin d'entendre sa voix et ses blagues parfois idiotes qui savaient toujours me faire rire. Et même si aujourd'hui je ne rirai pas, je voulais juste voir son sourire et entendre ses mots réconfortants. J'avais besoin de ma meilleure amie plus que jamais.

Les larmes lacéraient mon visage, se mêlant aux gouttes de pluie qui tombaient de manière diluvienne. Le temps auparavant ensoleillé s'était semble-t-il lui aussi endeuillé pour se mettre au diapason avec mon champ d'émotions bombardé sans vergogne par un destin cruel. Je tournai à l'angle au carrefour, et vis la rangée de maisons se dessiner devant moi. Quelques mètres plus loin je distinguais cette silhouette familière se tenir là, sous un parapluie, attendant patiemment que j'arrive. Je parcourais la distance qui nous séparait pour arriver enfin à sa hauteur et la prendre dans mes bras avec la force du désespoir. La tenant tout contre moi, le seul mot que je pus prononcer fut le suivant :

« Pourquoi... ? »

Elle n'aurait sans doute pas la réponse à ma question, mais j'étais désemparé. Ma vie trouverait-elle un sens à présent ? Sans Liam, tout était foutu...

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Ses textos m'ont alarmé et je suis sortie en courant. Sans manteau, juste avec un parapluie - de toute manière je vais finir trempée autant ne pas trop me couvrir - et je l'attends. Lui. Je suis si touchée qu'il fonce dans mes bras, mais ça me. fend le coeur aussi, de voir que je suis toujours là pour lui, mais pas comme j'aimerai vraiment.

Enfin, pour l'instant, je ne pense pas à moi, juste à lui et l'horreur qu'il traverse. Il en veut à la terre entière et ça c'est pas bon. Soudainement, il arrive et m'écrase de ses bras. « Pourquoi... ? »

Je sens sa tristesse autant que sa force. Je sens combien il souffre, j'ai mal pour lui.

« C'est injuste. » soupirai-je.

Je n'ai rien à lui offrir d'autre, c'est si peu. Si dur. Et je ne sais même pas concrètement ce qu'il traverse, je n'ai jamais eu ou perdu d'enfants.

Je reste sous la pluie, dans ses bras, en le serrant. Un peu. Qu'importe si on est trempé, j'ai besoin de ce temps et je crois que lui aussi. Finalement, je me détache doucement et lui prends la main.

« Viens. »

Je le tire vers l'intérieur et me débarrasse du parapluie. Son visage me fait peur tant il est ravagé par la tristesse. J'essaie de sourire.

« Un verre de coca et une partie de jeu, t'es prêt ? »

Je ne le laisse pas s'éloigner de moi, partir prendre une douche ou quoi, qu'importe si on trempe ma chambre, il faut qu'il oublie qu'il est seul. Il est avec moi et tout se passera bien.

Je prends le verre que j'ai préparé sur la table. « A moins que tu préfères un café ? » proposais-je en me retournant vers lui.

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J'étais enfin auprès d'elle. Mes bras autour de son corps, le visage perdu dans ses cheveux qui sentaient si bon, ce mot sortit d'entre mes lèvres pour mourir dans le silence de notre incompréhension mutuelle. Elle me confirma que la vie était injuste, et je hochai silencieusement la tête, retenant un énième sanglot, ceux qui ne m'avaient que trop secoués. Lena se détacha doucement de notre étreinte et glissa sa petite main chaude dans la mienne, m'invitant à entrer.

Une fois à l'intérieur de la maison en colocation, j'essuyais les larmes et l'eau de pluie mélangée sur mon visage terrassé par la douleur. Un timide sourire de sa part vint me cueillir et elle me proposa un verre de Coca Cola et de faire une partie de jeu. Hochant à nouveau la tête, je répondis d'une voix brisée :

« Je veux bien... »

Fixant le sol, je pris conscience de la flaque que je créais avec mes affaires trempées.

« Excuse-moi, j'en fous partout. » Lui dis-je avec embarras.

Me demandant si je préférais un café, je lui répondis :

« Non, non, un Coca c'est très bien. J'ai besoin d'un truc frais, j'ai l'impression de brûler de l'intérieur. » Lui expliquais-je.

J'avais pourtant la chair de poule mais je ne ressentais pas les effets de l'eau glacée qui perlait sur mon corps. En fait je ne ressentais plus rien. J'étais comme mort de l'intérieur. Moi aussi.

« J'espère que je ne te dérange pas à débarquer comme ça, à l'improviste. J'ai... pas vraiment vu le coup venir. » Lui dis-je en haussant une épaule.

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Sa voix brisée me consume. Il est au plus bas. Et je dois faire comme si tout allait bien, parce qu'il ne veut pas en parler. Alors que je n'ai qu'une envie, c'est m'effondrer avec lui.

Je souris et lui tends sa boisson. Un coca bien frais, alors que je rêve d'un plaid bien chaud. Je sais que j'ai dit que je voulais pas qu'il s'éloigne mias vu son regard... Je fais mine de ne m'en rendre compte que maintenant. « Oh merde t'es trempé, attend ! »

Je cours vers l'escalier, puis je reviens. J'ai l'air d'une girouette. « Enlève tes chaussures et ce que tu as en plus, et suis moi. »

J'attends deux secondes, puis je l'attrape par la main et le guide dans la salle de bain. « J'sais pas si tu veux vite fait prendre une douche ou juste te changer, mais bref, j'ai des fringues pour toi. »

Je me mords la lèvre et attendant sa réponse, puis j'avoue.

« Après la... dernière fois, j'suis allée t'acheter des fringues, histoire que ... bref, t'a compris. Du coup, je te fais un tas là et je reste avec toi dans tous les cas. »

Pas besoin de dire que je le regarderai pas, ce n'est ni le lieu, ni le moment de faire ce style d'humour, il est si mal. J'ai envie de l'embrasser, c'est atroce. Au moins je peux lui faire un câlin.

Je pose une serviette propre sur le rebord du lavabo et sors vers ma chambre. J'attrape le tee-shirt "you are the music in me" - dédicace à High School Musical - qui m'a fait de l'oeil dans le magasin, le jogging ultra confort, des sous-vêtements et même un pull dans lequel j'aime dormir en l'imaginant dedans. Quand je reviens devant la porte, je tends mon oreille pour voir si j'entends l'eau qui coule ou pas.

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Je pris volontiers le Coca, mais m'excusais pour toute l'eau que mon corps déversait sur le plancher. Lena ne semblait pas s'être rendue compte que j'étais trempé jusqu'aux os mais je ne lui en tenais pas rigueur : nous étions tous les deux secoués par les émotions et je me doutais que de me voir dans un tel état devait l'ébranler.

Elle me demanda de retirer mes chaussures et mon surplus de vêtements avant de la suivre. Je m'exécutai, retirant chaussures, chaussettes et le pull fin que j'avais par-dessus mon débardeur blanc. Je la suivis à l'étage dans la salle-de-bain et l'entendis me dire qu'elle avait des vêtements pour moi.

« Inutile d'emprunter des fringues à tes coloc's, je te piquerai ton séchoir, si ça ne t'ennuie pas, et me sècherai comme ça. »

Mais en parfaite meilleure amie, Lena m'annonça qu'elle était allée m'acheter des vêtements, histoire que l'on ne recommence pas comme la dernière fois que j'étais venu. Concluant qu'elle resterait dans tous les cas à côté de moi, je déposai un baiser sur son front et lui dis :

« T'es parfaite. »

Refermant la porte de la salle d'eau derrière moi, je me déshabillai puis me mis sous le jet d'eau brûlante et restai immobile quelques instants, pensif, jusqu'à ce que j'entende le bruit des pas de Lena qui revenait devant la porte. Immergeant ma tête sous l'eau, je demeurai ainsi quelques secondes, sans respirer, avant de me frictionner le corps et d'éteindre le débit.

Je sortis de la cabine et me séchai jusqu'à ce que mon regard ne s'attarde sur mes cicatrices aux avant-bras. Allais-je recommencer mes bêtises ? Non, je ne devais pas songer à ça... Je m'habillai d'un jean noir et d'un tee-shirt blanc tous neufs, séchai rapidement mes cheveux bouclés qui finiraient bien par sécher tous seuls et sortis de la salle-de-bain.

« J'ai fini. Pardon de t'avoir fait attendre. »

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Il ne sait même pas tout ce que je pourrais faire pour lui, il est si loin de la vérité. Utiliser un séchoir et se balader nu ? Pff. Ce n'est clairement pas le moment, après je ne répondrai plus de rien. Déjà que c'est si dur de rester distante et de ne pas lui sauter dessus.

Si j'étais une connasse, je profiterai de son état là, pour l'embrasser et au diable les conséquences. J'en suis pas une, mais pas loin puisque j'y songe très sincèrement.

A l'instant où je pose ma main sur la poignée, pour revenir dans la salle de bain, la porte s'ouvre. Déjà. Il est rapide. En réalité, il n'a sûrement pas envie d'être seul et je suis bien contente d'être là.

« J'avoue que j'allais entrer pour vérifier ce que tu faisais. »

C'est dit sur le ton de l'humour, mais c'était sincère. Même s'il avait été rapide, on ne sait jamais. Il est trop détruit pour que rien ne lui traverse l'esprit. Je refuse de le perde.

« A partir de maintenant, c'est fini, tu es mon prisonnier et je ne te laisse plus seul ! »

D'un geste tout à fait naturel, je lui attrape la main et passe mes doigts autour des siens. Sa paume est chaude et réconfortante et je l'attire vers ma chambre. J'ai du mal à le lâcher, mais il faut bien pour installer le jeu.

« Mario Kart ou Mario Bross ? On peut prendre Call of à l'un de me colocs aussi, j'suis pas très douée, mais bon... Il doit y avoir une wii aussi avec les trucs de sport. Ohh et je viens de récupérer Just Danse si tu préfères. »

Large sourire pour lui laisser le choix. Je pense que vu son état, je ferai mieux de choisir et lui laisser juste me suivre, mais bon... pour l'instant j'attends de voir sa réaction. Quand mon regard se plonge dans le sien, je perds pied.

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Je sortis de la salle-de-bain au moment-même où Lena me rejoignit, changée avec de nouveaux vêtements plus chauds et surtout plus secs. A l'étreindre comme je l'avais fait sous la pluie, la pauvre s'était retrouvée trempée de la tête aux pieds. C'est là qu'elle m'avoua qu'elle comptait rentrer pour surveiller ce que je faisais. Dans un triste et sombre sourire je lui répondis :

« Ca va, je ne vais pas me suicider chez toi si c'est ce qui t'inquiète. »

Jamais je ne lui ferai ça, même si mon humeur était si dépressive que n'importe quelle folle idée pouvait me passer par la tête. Je ne retins pas un léger rire lorsqu'elle me dit qu'à présent j'étais son prisonnier et qu'elle ne comptait plus me lâcher.

« Tu parles d'une peine, je ne demande que ça. » Lui dis-je en passant mon bras autour de ses épaules dans un clin d'œil complice.

A cet instant, Jordan ne me manquait pas. La seule personne que je pouvais supporter était ici, avec moi. Je lui en voulais beaucoup trop pour éprouver encore des sentiments positifs à son égard. Les choses changeraient peut-être avec le temps, peut-être mettrais-je de l'eau dans mon vin, mais rien n'était moins sûr.

Nous arrivâmes dans la chambre de Lena. Celle-ci déballa le choix de jeux qu'elle avait à me proposer.

« J'ai pas spécialement l'envie de danser, là... Ni de tuer des gens. Je veux bien retenter le Mario Kart, en espérant que tu ne te sois pas trop entraînée durant mon absence sinon je vais avoir du mal à suivre le rythme. »

Lena était une adversaire redoutable dont il fallait se méfier. Sous son air angélique se cachait une vraie démone des jeux vidéos, spécialité Mario Kart. Ca tombait bien, j'étais un acharné qui ne demandait qu'à gagner, peut-être que cette fois j'aurai un peu plus de chance.

Je m'installai auprès d'elle sur son lit, face à la télévision, et pris la manette qu'elle me tendait en la remerciant au passage.

« On pari quoi cette fois ? » Lui demandais-je, sentant des sanglots remonter le long de ma gorge mais que j'étouffais, essayant désespérément d'effacer Liam de mon esprit alors que je m'étais toujours dit que je jouerai à ce jeu-là avec lui un jour. Ce qui ne se produira jamais...

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Sa phrase est directe, trop pour moi. Pourtant je ne me décompose pas, je ne bredouille rien. Je me redresse et le regarde droit dans les yeux.

« Parfait parce que je te l'interdis, puis même ailleurs que chez moi hein, j'ai encore besoin de toi moi. »

Puis je lui prends la main et il m'attrape par les épaules. Notre oeillade complice me fait du bien. On va passer à autre chose, on va penser à nous ce soir, on va jouer, rire et oublier le temps d'un instant que la vie c'est de la merde et qu'on ne peut obtenir ce que l'on souhaite.

On entre dans ma chambre, pratiquement bien rangée pour l'occasion, mais il se fiche totalement du désorde. Je lui tends la manette et prends la mienne.

« Hum, intéressant des paris, j'y avais pas pensé. »

Faux. Et il le sent à mon sourire d'ailleurs. Bon, en réalité, toutes mes idées sont totalement déplacées donc je ne sais pas trop ce qu'on va pouvoir faire. J'allume vite le jeu quand je vois qu'il commence à se perdre.

« On commence doucement, histoire que tu ne te prennes pas une raclée trop vite. »

Je me suis améliorée au mario kart, mais Hayden a une de ces putains de rage de vaincre que je ne suis pas certaine de faire le poids.

« Celui qui perd doit envoyer un texto débile écrit par l'autre à ... son patron pour moi et pour toi, disons, le gérant de la salle de ton dernier concert ? » Je souris. Puis je déchante. « Faut pas qu'je perde. »

Je nous choisis une course - la route arc-en-ciel bien sûr - et démarre.

« Allez, on s'revoit sur la ligne d'arrivée ! » lançai-je en démarrant en trombe.

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J'eus un léger rire lorsque Lena me fit la remarque qu'elle n'avait pas pensé à mettre des paris en place et que c'était une bonne idée. A d'autres ! J'étais certain qu'elle préparait son coup depuis des lustres, la bougresse. Nous nous installâmes sur son lit, manette en main, et elle me dit que l'on allait commencer doucement pour que je ne me prenne pas de raclée trop vite. Pouffant de rire, je rétorquais :

« On verra ce que tu diras quand je t'aurai plumée, ma poule ! »

J'eus en revanche des sueurs froides lorsqu'elle déclara que le pari serait d'envoyer à nos boss - ou le gérant de la salle de concert pour moi - un SMS stupide. Là, je n'avais pas intérêt de perdre, ce type était hyper sérieux et jamais je n'avais vu l'ombre d'un sourire sur son visage malgré qu'il fut sympathique.

« T'es bien sûre de toi ? » Lui demandais-je alors que l'on pouvait entendre le chant du compte à rebours.

« Bon ben c'est parti, bye bye ! » Dis-je en appuyant sur les manettes.

On se revoit sur la ligne d'arrivée me dit-elle ?

« Dans tes rêves, poupée ! » Lui répondis-je en lui coupant la route et en traçant mon chemin.

La course fut très serrée, nous passions continuellement l'un devant l'autre, nous faisant les pires crasses à coup de poulpes et autres carapaces. Mais lorsqu'elle traversa la ligne d'arrivée devant moi après un combat acharné, je lâchai la manette en lâchant un joli « Putaaaain ! » des familles.

Attrapant mon téléphone portable dans un soupir de désespoir et de résignation à la fois, je sélectionnais le nom du patron de la salle de concert sur l'écran tactile et réfléchis.

« Qu'est-ce que je vais pouvoir marquer, moi. Je ne suis pas habitué aux trucs débiles, je suis pas blond, moi ! » Lui dis-je en lui octroyant une magnifique langue tirée.

Je fis tourner mes méninges quelques instants avant de me décider.

« J'arrive pas à croire ce que je suis en train de faire... »

Bonjour, Monsieur Flister. C'est Hayden Miller. Je voulais juste vous remercier pour le concert de la dernière fois. Je me suis senti comme un lapin dans une lapine : très à mon aise !

« Nooooon ! » Lâchais-je en me laissant tomber en arrière sur le matelas, le message étant parti.

« Je vais passer pour un gros pervers sexuel maintenant ! » Ajoutais-je, malgré moi à moitié hilare.

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Et le jeu était lancé. Boutade, mauvais coup, même un coup de coude une fois ! Bref, on était à fond. Lui comme moi. Jouant notre vie. Très sérieux pendant les virages dangereux.

Sauf que je passais la ligne d'arrivée. Quelques millièmes de secondes avant lui.

« YEEES. »

Et je me lève, et me mets à danser. Trop pleine de joie d'éviter ce gage-là, j'en étais pas peu fier, il était atroce. Puis je me retourne vers lui et ne peut m'empêcher d'exploser de rire devant ses fausses excuses et sa tête dégoutée.

« Fallait réfléchir avant de perdre. » lâchai-je faussement innocente.

Ah, qu'est-ce que je m'amusais. Et puis je lis par dessus son épaule et ... j'explose totalement de rire. Les larmes aux yeux et les abdos qui se resserrant.

« Oh merde l'imagination, j'a-do-re. Tu es excellent. » Puis je le rassure. « Boh, ton concert a fait carton plein, c'pas grave non ? » Je suis presque désolée pour lui. Presque, j'ai dit.

« Allez, à ton tour de choisir le gage et la course maintenant. » dis-je en lui indiquant l'écran.

Pas de doute, il allait se venger et tout mettre dans la course pour que je perde cette fois-ci. Mais pas grave, j'étais prête.

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« "Fallait réfléchir avant de perdre..." » Répétais-je en l'imitant d'un air bougon.

Le dit SMS envoyé, je ne savais plus où me mettre. Je priais un dieu qui n'existait officiellement plus dans ma vie depuis le départ de Liam d'avoir une once d'humour caché au fond de lui. Rien n'était moins sûr, mais il ne me restait que l'espoir pour espérer... Lorsque Lena me demanda si c'était vraiment si grave puisque j'avais fait salle comble au dernier concert, je lui répondis en me redressant pour être à nouveau en position assise :

« J'espère que ça suffira à lui faire oublier ce message ! »

A mon tour de choisir le gage et la course ? Parfait !

« La maison hantée. C'est celle que je préfère. Quant au gage... faudrait pas que j'en fasse un trop lourd de conséquences si je perds à nouveau... Que dis-je ! Je ne perdrai pas. Alors, hmm... » Réfléchissais-je à haute voix.

« Si tu perds tu devras sortir dans la rue en costume de lapin. Qu'est-ce que j'ai avec les lapins, moi ? » Demandais-je d'un air perplexe.

Soudain, mon portable se mit à biper. Je l'attrapai et découvris avec angoisse que le numéro provenait du directeur de la salle de concert.

« Oh putain... » Lâchais-je en ouvrant le message pour y lire :

Bonjour, Monsieur Miller. Je suis ravi d'avoir travaillé avec vous, nous devrions remettre cela. PS : cela vous a-t-il inspiré un peu de poésie ?

« La hooooonte ! » Riais-je de bon cœur.

« Allez, lance-moi cette course : j'ai une blonde à rétamer. »

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Le voir sourire me fait tant de bien ! J'ai envie de rester comme ça pendant des heures, lui permettre d'échapper sa vie et ses problèmes, créer une bulle protectrice autour de lui. J'aime le savoir heureux avec moi. Et je sais que je le rendrai vraiment heureux s'il restait plus longtemps. Toujours genre.

« J'avoue, tu as quelque chose à me partager sur les lapins ? Lena psychologue à votre écoute ? » terminai-je la voix haute perchée, totalement loufoque.

Le costume de lapin... clairement dans la rue, c'est pas quelque chose qui m'attire. Je fais très - trop - souvent attention à mon apparence. Toujours soignée, bien maquillée, prête pour être canon en toute circonstance. Alors m'humilier non merci. Il a vraiment toujours l'as pour trouver le petit truc drôle qui me touche, il me connait si bien.

« Genre tout de suite tout de suite en lapin ou après ? »

Pitié qu'il réponde après, parce que clairement, il y a moyen de le négocier pour le faire plus tard - c'est à dire jamais. Ou pour garder ce gage pour un autre jour où il aura besoin de rire.

« Alors go et j'vais pas m'laisser faire. »

Je suis concentrée sur ma manette. Je navigue comme si ma propre vie était en jeu. Je domine la course un bon temps, mais catastrophe ! Au dernier tour, je me prends une carapace bleue et m'immobilise dans un coin du manoir. Le temps de faire demi-tour et de voir à nouveau sur mon écran... il a passé la ligne d'arrivée.

« NAOOOOON. » hurlai-je. « En plus le proprio a été rigolo dans son message, pitié pitié pitié, pas ça ! »

Je le suppliai de mes yeux doux. Puis je regarde la fenêtre.

« De toute manière, soyons raisonnable, dehors il pleut et j'ai pas de costume, donc faudrait aller en acheter un. On fera ça ... demain ? » Repousser à demain c'est la facilité, c'est lui arracher une promesse aussi, celle qu'il reste encore chez moi et que toute la journée de demain soit à nous.

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Face à sa voix haut perchée et surtout à ses paroles, j'eus un rire moqueur :

« Toi, psychologue ? T'es aussi bonne à enfermer que moi ! Enfin... peut-être pas jusqu'à là quand même. Quoique, refais-moi ta voix pour voir ? » Riais-je de bon coeur.

Je lançai alors le pari du "costume de lapin", qu'il ne me fallait surtout pas perdre sinon autant se planter une épine dans le pied. De toute façon il ne pourrait y avoir qu'un seul vainqueur, alors autant s'élancer sur la piste et la bou-si-ller !

Nous nous élançâmes dans la course, et Lena semblait décidée à ne pas perdre. Me mordant durement la lèvre par la concentration, je ne lâchai rien, bien décidé à ne pas me faire avoir deux fois. Pour le moment, la bataille était féroce : nous ne nous faisions aucun cadeau. Cependant à la fin, son cri de défaite retentit dans la petite chambre tandis que je jubilais.

« Eh si ! Eh si, eh si, eh siiii ! » Chantonnais-je en la pointant du doigt comme si mes indexs étaient des éclairs venus d'un ciel punitif.

Elle avait beau me regarder comme un chien battu de ses beaux yeux bleus envoutants, je ne cèderai pas. Je m'étais ridiculisé face au patron de la salle, c'était à son tour de connaître la honte.

Je la regardai d'un air pensif lorsqu'elle négocia de faire ça demain. Finalement, je lui concédai cet arrangement.

« Allez, va pour demain. Mais tu n'y couperas pas ! » L'avertis-je.

Et mon regard noir alla vers la fenêtre, sur laquelle des centaines de gouttes de pluie s'écrasaient à la seconde. C'était un véritable déluge dehors et dans mon cœur, que les jeux et les rires ne pouvaient apaiser. Je ne sentis pas tout-de-suite les larmes couler sur mes joues, et lorsque ce fut le cas, je les effaçai rapidement d'un revers de manche avant que de nouvelles ne viennent se former.

« Excuse-moi... Tu dois me trouver bien faible mais... c'est trop tôt. Je n'aime pas me lamenter et tu le sais mais je me demande juste comment il aurait été. Quelle vie il aurait eu avec nous. Et Jordan... Je pensais vraiment que c'était la femme de ma vie. Mais je me suis gourré sur toute la ligne. Elle ne pense à personne d'autre qu'à elle... »

Pourtant je savais qu'elle avait réagit pour moi, pour me défendre. Mais, à l'heure actuelle, je n'avais pas la clarté d'esprit pour le concevoir. Elle avait tué notre enfant, c'est tout ce que je voyais.

« Je ne sais pas si j'aurai la force de continuer tout seul. Je ne vois même pas comment je vais pouvoir rentrer chez moi maintenant qu'on vit sous le même toit depuis le mariage de nos parents. Je vais être forcé de la côtoyer tous les jours... »

Tournant mes yeux plein de larmes vers elle, je lui demandais ou plutôt l'implorai avec timidité :

« Je peux rester un peu ? Je te paierai un loyer, ça y a pas de problème... si tu veux bien de moi. Je me ferai tout petit pour ne pas vous déranger avec tes colocs. » Osais-je espérer.

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so lucky to have you / @Hayden Miller

Je lui tire la langue, que puis-je faire d'autre quand il se moque de toute manière ? Mais il a bien raison, je suis tout aussi brisée que lui. Juste, ça se voit moins parfois. Et parfois, ça se voit plus. Là, c'est lui qui est blessé.

La course fait rage et je me donne à fond, mais cela ne suffit pas. Il gagne. C'était pas possible ! J'ai pas du tout envie de son gage atroce ! Il rigole de bon coeur.

Puis les larmes s'écoulent. Et le voir de cette manière, me détruit le coeur. J'ai mal pour lui, et je sais que je sais que je ne pourrais jamais combler ce vide, ce manque, ce trou. J'aurai beau faire tout ce que je peux, je ne serais que cette meilleure amie de trop, cette meilleure amie qui rêve de plus mais n'obtiendra rien.

« Et Jordan... Je pensais vraiment que c'était la femme de ma vie. Mais je me suis gourré sur toute la ligne. Elle ne pense à personne d'autre qu'à elle... »

Je l'écoutais avec attention, attendant le bon moment pour intervenir, mais cette phrase me fait l'effet d'une massue. J'ai à la fois la douleur pour lui et l'espoir pour moi. Cet espoir mauvais, méchant, égoïste, mais qui me fait un bien fou. Ce n'est donc pas la femme de sa vie ? Et Hayden l'aime tellement, qu'il ne peut pas juste dire ça sur le ton de la colère. J'ai envie de sourire, mais je me retiens. Mon visage est compatissant, rien de plus. Il le mérite.

« Oh Hayden, tu fais bien ce que tu veux, tu peux te plaindre ou ignorer, tu peux imaginer ou rêver. Vraiment, c'est toi seul qui gère et qui sait comment tu veux gérer, moi je suis juste là à t'accompagner, ok ? »

S'il veut que je rêve avec lui, alors j'imaginerai cet enfant. Pour lui. Toujours tout pour lui.

Puis, soudain, mon coeur gonfle et mes yeux s'écarquille.

« MAIS TROP. » Un peu trop d'enthousiasme. « Bien sûr, bien sûr ! Pas besoin de te faire petit, on a tous des horaires extrêmement différents et il y a du passage tout le temps. » Je souris en imaginant un peu le truc. « Par contre y a pas de chambre dispo, donc je te garde avec moi. Je crois que ya une brocante la semaine pro, on pourrait chercher un canapé lit pour le coincer ici. Clairement, il servira toujours dans la coloc pour quelqu'un, c'est un bon investissement. »

Je parle trop et avec trop de joie, ce n'est peut être pas le bon moment pour lui.

« Et pour le prix, vraiment, si on partage une chambre ça va être ridicule, donc même pas besoin de payer, ok ? »

Je redescends un peu en émotion, lui laissant le temps de tout bien peser, histoire de ne pas avoir un ascenseur émotionnel si, finalement, il préfère rentrer chez lui. « Tu es toujours plus que le bienvenue, tu le sais. » Et je le prends dans mes bras.

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J'étais brisé, abattu, anéanti. Je n'avais même pas eu le droit de voir son corps, étape trop violente psychologiquement selon le personnel médical. A côté de moi, Lena me jura qu'elle serait toujours là pour moi. Ca faisait du bien à entendre, car aujourd'hui plus que jamais j'avais l'impression d'être seul au monde. Sauf avec elle...

J'osai alors lui demander, avec anxiété, s'il était possible que je reste quelques temps chez elle, n'ayant nulle envie de rentrer chez moi et de croiser Jordan ou la bouille déconfite et empathique de mon père et de ma belle-mère. A ma plus grande surprise, Lena bondit de joie, organisant tout, jusqu'à aller m'acheter dans une brocante la semaine prochaine un lit clic-clac. Elle ajouta à cela qu'il était inutile que je lui paie un loyer et que je serai toujours le bienvenu chez elle. Sur ce, elle me prit dans ses bras et je nous laissai tomber sur le côté pour être allongé face à elle sur le lit, toujours dans enlacés.

Dégageant tendrement une mèche de ses cheveux pour la glisser derrière son oreille, je lui répondis avec calme :

« Primo, c'est moi qui achèterait le canapé-lit. Deuxio, même si c'est dérisoire, je tiens à participer. C'est la moindre des choses que je puisse faire. Et enfin tercio... merci, ma Lena. » Lui dis-je en m'approchant pour déposer un tendre baiser sur son front.

Puis je me réappuyai contre le matelas, ne quittant pas son regard bleu océan. Ma main sur sa taille fine, je repensai à tout ce que l'on avait vécu elle et moi, jusqu'à notre baiser passionné il y a quelques mois. Avait-ce été une erreur, finalement, ou le début de quelque chose de plus grand ? Je l'ignorais encore. Peut-être n'y pensait-elle même plus.

« Si t'avais le pouvoir de revenir en arrière, qu'est-ce que tu changerais ? » Lui demandais-je, curieux.

Il y avait tant de choses que j'aurais aimé effacer. Comme cette journée qui, plus que chaque jour passé à l'hôpital, était la pire de toute ma vie.

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so lucky to have you / @Hayden Miller

Quand je suis dans ses bras, j'oublie tout le reste. Je me sais trop enthousiaste par rapport à ce qu'il est en train de vivre, mais mon coeur semble exploser de bonheur à chaque fois qu'il me touche... comment pourrais-je faire autrement ?

J'inspire et expire doucement pendant que son baiser me brûle le front. La sensation de ses lèvres contre ma peau est si douce que j'ai envie que ce contact n'arrête jamais. D'ailleurs, en le regardant dans les yeux alors qu'il me tient encore la taille, j'ai l'impression qu'il ressent la même chose. Nos pupilles s'accrochent et je souris. Impossible de faire quoique ce soit d'autre.

Ce n'est pas bien. Mais je jubile, c'est fini avec Jordan non ? J'ai le droit d'espérer maintenant.

« Ok ok, j'accepte tout. »

Reddition complète, tant qu'il vient vivre chez moi. Avec moi. Je lui accorderai tout, et j'interdirai son clic-clac pour qu'il dorme contre moi dans mon lit. Pitié qu'on n'en trouve jamais.

« Hum... » Je fais mine de réfléchir, puis je me mords la lèvre. « Malgré tout, je crois que je ne changerai rien. Même si ça a été dur, maintenant, c'est bien. Et je ne veux pas prendre le risque de ne pas t'avoir eu sur ma route. Parce que tu vaux largement tout ce que j'ai enduré et une vie sans toi, ça vaut pas le coup. » J'aurai voulu lui faire une déclaration j'aurai pas pu faire autrement. C'est sorti tout seul. Il sait tout cela, mais cette fois-ci, mes joues roses, mes yeux brillants et mon coeur qui cherche sa chaleur ne peuvent que me trahir. Et tant pis. Je tente le tout pour le tout. J'ai tant besoin de lui.

« A part cette journée catastrophique, tu changerais quelque chose toi ? » Je ne veux pas qu'on parle de ce matin, mais je lui pose la question pour qu'il comprenne ce que je ressens. Le passé, une fois digéré, on peut l'accepter. Et le futur que je veux avec lui dépend de maintenant.

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Nous étions tous les deux allongés sur le lit, face à face. Je lui posai cette fameuse question qui me trottait dans la tête : changerait-elle quelque chose au passé ? Réfléchissant un instant, elle me répondit qu'elle pensait ne rien avoir à changer. Les choses allaient bien mieux maintenant pour elle, et elle ne voulait pas prendre le risque de ne pas croiser ma route car je la consolais de tout ce qu'elle avait pu vivre et qu'elle ne voulait pas vivre sans moi. Profondément touché, je lui adressai un sourire infiniment doux et reconnaissant.

Puis elle me retourna la question : est-ce qu'à part cette journée foireuse jusqu'à présent je changerai quelque chose ? Réfléchissant un instant je lui répondis :

« Je n'aurai jamais pu être père. J'aurais vécu avec la peur omniprésente qu'il lui arrive quelque chose, et ça c'est pas une vie. S'il y a un truc que je changerais aussi... c'est ce que je t'ai fait. » Lui avouais-je.

Passant ma main dans ses cheveux en une caresse, j'ajoutai :

« Je regrette de t'avoir fui comme je l'ai fait. Mais je n'effacerai pas le fait de t'avoir embrassée... »

Et si ça n'était pas Jordan la femme de ma vie ? Et si c'était Lena ? Ou alors et si je passais ma frustration de ma rupture sur Lena et la prenait pour un pansement au cœur ? Je ne savais plus ce que je ressentais. Je ne savais plus quoi en penser. Tout ce que je savais, c'était que je me sentais bien, en confiance et en sécurité auprès d'elle. Comme si notre relation était évidente. On se comprenait sans avoir à se parler, et ça faisait un bien fou. Je n'avais pas besoin de me justifier, ou de prétendre quoi que ce soit. Elle comprenait...

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« S'il y a un truc que je changerais aussi... c'est ce que je t'ai fait. »

Pendant un instant, j'ai le souffle coupé. Il regrette qu'on se soit embrassé ? Et mon coeur qui se serrait de joie commence à imploser. Je le savais, je n'étais rien pour lui. Tous mes espoirs s'envolent et me brisent peu à peu. J'inspire. Je l'ai mérité, mais bon sang, que ça fait mal !

« Je regrette de t'avoir fui comme je l'ai fait. Mais je n'effacerai pas le fait de t'avoir embrassée... »

Je relève la tête, doucement, timidement. Oserai-je espérer à nouveau ? Suis-je complètement déboussolée ET accroc ? Oui, il n'y a pas le moindre doute.

« Je ne veux pas le regretter non plus. » soufflai-je doucement en choisissant mes mots. Je voulais lui dire que j'en voulais encore, au moins dix milles autres des baisers de sa part.

Et soudain, je n'ai plus peur, tant pis si je ne suis qu'un réconfort pour lui après sa relation complexe avec Jordan. Tant pis si mon coeur se brise après tant qu'il est au complet maintenant. Seul le présent compte et je ne dois jamais passer à côté de cette occasion.

« Hayden je suis là, toujours là. »

Et ce petit sourire en coin, ce sourire avec les yeux, cette invitation aussi. La partie de mario kart n'a plus aucune importance, seules ses lèvres comptent.

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J'avais l'impression que mes mots la chamboulaient. Pourtant je me devais d'être honnête avec elle. Et plus explicite, car j'avais comme l'impression de la faire souffrir à cet instant-même. Je voulais qu'elle sache... Alors je le lui dis, ce que j'avais sur le cœur. Je lui avouais que je regrettai de l'avoir fuie, mais pas de l'avoir embrassée. A ce mots, son regard retrouva sa lumière. Elle releva son beau visage vers moi et me dit qu'elle était là. Toujours là. Et c'était vrai, je ne pouvais plus fuir dans mes doutes à présent. Elle au moins, elle ne me ferait pas souffrir comme Jordan l'a fait.

Me redressant légèrement, je m'appuyai sur mon avant-bras et m'approchai lentement d'elle, magnétiquement. De ses yeux mon regard s'abaissa vers ses lèvres. Nous étions si proches l'un de l'autre... A présent je pouvais ressentir son souffle sur ma peau. Je m'arrêtai à quelques millimètres de ses lèvres, effaçai l'image mentale que je pouvais avoir de Jordan qui demeurait omniprésente dans un coin de ma tête, puis me l'autorisai. Je me permis d'être bien à nouveau.

Alors doucement mes lèvres se posèrent sur les siennes, ma main sur sa taille, et je l'embrassai d'abord timidement puis avec, au fur et à mesure, plus d'intensité. A la gêne se succéda une envie irrépressible, un besoin de ne plus me détacher d'elle. Son goût sucré m'enivrait, ses lèvres en appelaient encore et toujours au baiser.

Oublié le Mario Kart, le costume de lapin et le SMS foireux envoyé au patron de la salle. Oublié aussi durant un instant Jordan et le bébé. Pendant ces quelques secondes, j'avais retrouvé un peu de bonheur, même si tout cela me rattrapait bien vite.

Elle était là. Elle était mienne et j'étais sien.

« Merci de ne pas m'avoir fui après tout ce que je t'ai fait. Merci d'être toujours là... » Lui dis-je dans un murmure intime.

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Son regard me perd. Je ne vois plus rien d'autre que lui, cet homme que j'ai appris à aimer malgré tout ce qui aurait du m'en empêcher. Cet homme qui me donne envie de faire des folies, cet homme qui fait battre mon coeur à toute allure et me donne des bouffées de chaleur. Et là, son souffle chaud, suave, me fait succomber. Il est proche, à la fois si proche et trop loin. J'ai envie de combler cette distance et de prendre possession de ses lèvres, mais je le laisse décider. Il sait ce que je souhaite, il doit bien le sentir, mais c'est à lui de choisir.

Je suis toute à lui.

Et là enfin. Ses douces lèvres qui prennent possession des miennes. Le frisson qui parcourt ma peau me fait un bien fou. Et dans ma tête je n'avais qu'un seul mot en boucle "encore". S'il était gêné au début, le voilà plus entreprenant. Il serre ma taille et mes doigts remontent sur son dos jusqu'à sa nuque. Je réponds à baiser de la même manière que lui. Avec ivresse et délice. Je veux sentir ses lèvres, sa bouche, sa langue. Je veux le toucher et ne plus jamais me séparer de lui.

« Merci à toi d'être toujours revenu. » murmurai-je en retour.

Je m'approche de sa joue pour me coller à son oreille comme si j'allais lui dire quelque chose, mais à la place je lui mordille le lobe. « Reste » murmurai-je finalement.

Et, avec ferveur, je retourne à ses lèvres en embrassant toutes les parties de son visage entre les deux.

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