BLAKE › Wherever I Go (DELAI JUSQU'AU 14/06)

(one) C'est le 3 février 1985 que Blake a poussé son premier cri dans un hôpital de NOLA. Enfant attendu et désiré, il grandit et s'épanouit dans une famille tout ce qu'il y a de plus classique. Ses parents s'aiment et s'épaulent l'un l'autre pour construire la vie qu'ils ont rêvé durant de longues années. Il ne manque jamais de rien, tant en terme matériel qu'affectif sans pour autant vivre dans l'opulence. Tout va toujours pour le mieux. (two) Six ans après lui, maman Lewis donne naissance à une magnifique petite fille, Sacha et peu de temps après, c'est Isaac qui vient compléter la fratrie. Blake accueille l'arrivée de son frère et de sa soeur sans appréhension aucune et ses parents n'hésitent pas à lui donner quelques responsabilités et à le laisser s'occuper des bébés s'il le souhaite. Haut comme trois pommes, c'est avec fierté qu'il donne le biberon ou berce les nouveaux nés pour qu'ils s'endorment. Il n'a pas souvenir d'avoir un jour éprouvé de la jalousie vis à vis de l'un d'entre eux, bien au contraire, il prend son rôle de grand frère très à coeur et l'on devine sur les nombreuses photos qui trônent encore ça et là dans la demeure familiale la complicité qui a toujours uni le trio et qui n'a eu cesse de grandir au fil des années. (three) Là où sa soeur excelle en lettre, Blake développe à l'inverse très vite un attrait pour les sciences. Il joue au chimiste en herbe, passe de nombreuses heures à construire de minuscules maquette et ravie ses professeurs par sa logique très cartésienne et son implication en classe. Il a la chance de savoir assez tôt quelle voie il voudra suivre plus tard et dès son onzième anniversaire, ses parents commencent à mettre de côté dans l'espoir d'un jour pouvoir l'aider à financer ses études de médecine. (four) Diplôme de fin d'étude en poche, couronné presque malgré lui roi du bal de promo - ce qui engendre l'hilarité de sa soeur - le voici qui s'envole (ou pas, d'ailleurs, puisqu'elle se situe à NOLA) pour l'université. Il choisit de suivre ses études en habitant toujours auprès de sa famille, malgré la proposition faite par ses parents de lui payer un studio sur le campus. Cela ne l'empêchera en rien de profiter de toutes les joyeusetés de la vie étudiante. Très entouré, il participe à de nombreuses fêtes et rejoint une fraternité au sein de laquelle il est plutôt populaire. Pour autant, jamais il ne perd de vue son objectif et c'est avec brio qu'il décroche le Bachelor of Science qui lui ouvre enfin les portes de l'école de médecine. (five) Des années qui suivent, il garde à la fois d'excellents et de terribles souvenirs. La complicité avec ses camarades mais aussi la compétition, dure et impitoyable, qui plane au dessus de leur tête. Le travail acharné qui paye mais la peur d'échouer, de décevoir, de ne pas pouvoir. Les fous rires et les fêtes mais la fatigue qui se fait si écrasante qu'on apprend à savourer la moindre minute de sommeil, où qu'on se trouve. (six) Au milieu de tout ça, il y a les filles bien sûr, qui l'enivrent et qui capturent son coeur et son corps. Volage devient-il un peu comme ça, un peu malgré lui, parce qu'il a pas le temps, tout simplement. Parce que l'idée de se poser n'est pas déplaisante mais que c'est difficile d'investir du temps dans une relation quand on cherche encore celui pour manger ou pour dormir, celui pour prendre une douche ou pour s'octroyer une soirée à ne rien faire. (seven) Elle est belle cette histoire n'est-ce pas ? Idyllique même. Le genre de success story qu'on observe chez les autres avec envie et une pointe de jalousie, parce que la vraie vie, c'est pas ça, parce que rien ne se passe jamais comme ça devrait. Les Lewis, ils l'apprennent à leurs dépends en octobre 2010, quand Isaac ne rentre pas après une journée d'école. Ils se rassurent au début, ils essaient de penser qu'il a dû faire une halte chez un copain et qu'il ne tardera pas. Même si ça ne lui ressemble pas. Il est du genre responsable et jamais - ou en de très rares occasions - on ne lui interdit quoi que ce soit donc il n'a aucune raison de mentir et d'ignorer les appels de sa famille. Bien vite, l'affaire est prise au sérieux par la police et à la nuit tombée, il est évident qu'il est arrivé quelque chose de grave, de très grave et que tout cela n'a rien à voir avec une vulgaire incartade d'adolescent. (eight) Des jours durants, l'affaire fait la une de la presse locale. Les journalistes se pressent pour recueillir les témoignages de la famille, pour capturer les larmes et les expressions douloureuses qu'ils préfèreraient tous les quatre taire aux yeux du monde. La police retourne la ville, interroge un à un tous les délinquants sexuels fichés à proximité. Malgré quelques arrestations infructueuses, rien, nada. Isaac reste introuvable. Et ils passent les jours, ils se transforment en mois et tout le monde oublie le jeune Lewis. Tout le monde sauf sa famille qui se meurt chaque instant un peu plus de son absence, de cet espoir qui semble s'éloigner toujours un peu plus de le serrer dans leurs bras. (nine) Blake, il est en plein internat lorsque le drame survient et même s'il tente de faire bonne figure, il sombre petit à petit. Il ne peut pas arrêter, pas alors qu'il est si près du but mais rien n'a plus d'importance, rien si ce n'est ce lit vide, ce frère dont le manque se fait toujours un peu plus grand à mesure que les jours passent. Bientôt, le paternel les quitte et leur mère s'enfonce dans une profonde dépression dont aucun psychiatre ni médicaments ne la sort. Elle ne parle plus, s'alimente à peine et devient bien malgré elle une charge en plus sur les épaules de Blake et Sacha qui font front, qui affrontent vents et marées ensemble, toujours. (ten) Jusqu'à ce qu'il parte, Blake, peu de temps après avoir décroché son diplôme de médecine. Parce qu'il y arrive plus, parce que ni la poudre blanche qui accompagne sans doute un peu trop son quotidien ni l'alcool ni le travail ne parviennent à le maintenir à flot et qu'il sait que s'il reste, il va s'effondrer à son tour. Il veut pas lui, que sa soeur doive s'occuper de lui, dealer avec une autre dépression. Il préfère fuir et devenir le méchant de l'histoire plutôt que de la faire affronter ça, quand bien même il sait à quel point elle souffrira de son absence. C'est auprès de l'armée qu'il s'engage, afin de servir son pays et d'exercer son métier là où on a le plus besoin de lui. C'est son paradoxe, celui d'oeuvrer pour les autres mais de n'avoir pas su protéger sa famille. (eleven) Sept ans plus tard, le voici réformé et de retour au bercail, rendu inapte par une blessure à la jambe qui rend tous ses déplacements fastidieux et plus lents. Heureusement, il peut toujours travailler et c'est donc au service des urgences de l'hôpital de NOLA qu'il va exercer. Il rentre à peine en ville et il sait qu'il va devoir affronter ses responsabilités et faire face à tout ceux qu'il a délaissé, sans savoir encore comment il va y arriver.