• degré 2 // Joanne, Lenaig, Ainoa

L'excitation d'une soirée dans le noir avait séduit la jeune blonde qui s'était discrètement échappée du manoir. En réalité, elle aurait pu prévenir son père ou Isaac, ils l'auraient même sûrement suivie avec plaisir, mais elle avait envie de faire la jeune gamine effrontée. C'était bizarre d'avoir enfin un père après toutes ces années sans et, même s'il ne lui devait rien, elle avait envie de jouer. Oh, elle ne rentrerait pas trop tard, elle ne ferait sûrement pas de bêtise et de toute manière, elle ne buvait jamais la moindre goutte d'alcool, alors, elle n'était pas l'enfant la plus insupportable de la terre ; elle pouvait bien se permettre de sortir en douce non ?

Les rues, éclairées à la bougie, la font sourire à toutes dents. Elle admire l'ingéniosité des habitants, ceux qui ont ressortis leurs guirlandes de Noël ou ceux qui ont un millier de bougies - led ou pas. Elle imagine leur vie aux travers des fenêtres qu'elle croise. Soudain, l'obscurité l'envahi et elle ne sait plus où aller. Droite ? Gauche ? Elle ne reconnaît plus les lieux et son téléphone est HS depuis trop longtemps. Elle hausse les épaules et avance en direction des voix. Sûrement pas sa meilleure idée, mais les tons qu'elle entend sont bien trop excité et enjoué pour avoir l'air dangereux.

Elle arrive en vue d'un groupe et l'éclair dans le ciel illumine toute la scène : des feux d'artifices. Lena n'hésite pas. « Je peux vous aider ? » Un sourire étire ses oreilles. « Bon, j'en ai jamais lancé, mais j'ai envie de participer à ça... » d'un geste de main elle englobe le tout. « L'idée est trop bien ! » Et la voilà excitée comme une puce à son tour.

Passant un fin gilet sur mes épaules dénudées, je claque la porte d'entrée de ma maison, furieuse. Je réalise que je ne suis pas allée de main morte, une légère fissure apparaît dans le bois rouge. Pff. Tant pis. Je réglerais ça plus tard. J'ai besoin de me défouler, je déborde d'ondes négatives. La raison de mon humeur massacrante? Je dirais surtout qu'il y en a deux : premièrement, cette coupure d'électricité qui prive l'intégralité de la ville de lumière. Cette obscurité me rend mal à l'aise. Je n'ai jamais aimé me retrouver dans le noir, depuis toute petite et jusqu'à maintenant, la quarantaine approchant à grands pas. Mais ma nervosité s'expliquait aussi à cause de ma fille, Alba. Mon adolescente de progéniture ne répondait à aucun de mes textos et ce depuis plusieurs heures. Alors, prenant mon courage à deux mains, je décide de sortir arpenter les rues de mon quartier, tremblante de fureur mais aussi d'angoisse.

Mais finalement, je retrouve un semblant de sourire. La situation n'est pas si catastrophique qu'elle en a l'air. De la lumière réussit à percer la nuit ambiante : des bougies, guirlandes dépareillées fonctionnant sur piles. Je retrouve enfin le sourire, trouvant cette ambiance inattendue très réussie. Quelques foulées plus tard, je tombe sur un attroupement qui décide de faire décoller des feux d'artifice. Je fronce les sourcils, intriguée. Une jolie blonde, très enjouée, demande si elle peut aider. J'en profite pour me lancer moi aussi, la voix beaucoup plus hésitante :

- Oui, moi aussi, je veux bien donner un coup de main. J'en ai déjà manipuler par le passé, enfin, dans ma jeunesse, quoi.

Super, très réussi Joanne, cette phrase de vieille réac. J'expire lentement, le regard vide. J'espère que ma dernière remarque n'a été entendue par personne, mais je pense espérer un miracle.

Lena est toute heureuse, toute en forme et elle sautille presque de joie. Enfin, vu l'épouvantable chaleur, elle évite, il y a déjà eu trop de malaise en ville. Mais elle est bien trop contente de sortir de l'ordinaire et de quitter la nuit ambiante à cause de la coupure d'électricité, pour rester calme.

Une autre femme se rapproche du groupe et Lena sourit en l'écoutant. « Vous allez pas nous faire croire que vous êtes vieille non plus ! » s'exclame-t-elle alors quelle parle de sa jeunesse. « Enfin vous avez quel âge ? » demande Lena sans même se préoccuper de savoir si sa question est embarrassante ou non. Elle lui sourit, bien trop à l'aise la gamine. « Moi j'ai presque 21 ans et je m'appelle Lena au passage. » Beaucoup trop bavarde, il est temps de se taire. Enfin, puisque les autres ont l'air occupé, elle a bien le droit de parler un peu, non ?